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gers, un bonheur qu'ils ont sous la main. La manie du roi d'Epire le précipita dans une foule de disgraces, et ruina sa puissance. Si les dieux de la terre savoient mieux régler l'aveugle ambition qui les transporte l'univers seroit plus paisible: il y auroit moins de héros et plus d'heureux.

13. Antigone, roi de Macédoine, consultoit le philosophe Ménédème, pour savoir s'il devoit se trouver à certaine partie de débauche. Le sage, pour toute réponse, lui dit : « Seigneur vous êtes roi. »

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14. Théodose-le-Grand ayant fait proclamer auguste Honorius son second fils, embrassa le jeune César avec tendresse, et lui donna ces conseils qui peuvent servir à tous ceux qui commandent : « Mon fils, si << vous étiez destiné à régner sur les Perses, vous n’au<«<riez besoin que d'être issu d'Artaxerxès, pour por<<< ter le diadême. Mais celui dont je viens d'orner votre << tête, exige un titre supérieur à la naissance : c'est << la vertu. Pour bien régner sur les autres, il faut «savoir régner sur soi-même. C'est un devoir com«mun à tous les hommes, il est vrai : mais vous devez <«< apprendre pour l'univers, ce que les particuliers n'apprennent que pour eux. Vous serez esclave sous «< la pourpre, si les passions vous tyrannisent. Com<< bien il est difficile à un prince de les maîtriser! La « facilité de les satisfaire, leur prête l'attrait le plus << dangereux. Elles font courir les autres hommes vers «les objets de séduction; mais elles viennent les offrir <<< aux princes; elles les amènent au pied de leur trône. <«< Ils peuvent tout ce qu'ils veulent. Songez donc à « régler tous vos désirs: songez que vous allez être « placé sur un théâtre éclatant de lumière, en vue à << toutes les nations du monde, environné de regards << perçans, qui pénétreront jusques dans votre cœur ; <«<et ne comptez pas que la renommée vous fasse au«< cune grace. Soyez clément comme Dieu même << prudent sans défiance, vrai et sincère. Faites le bien <«< que vous souhaitez qu'on dise de vous, sans vous in« quiéter si l'on vous rend justice. L'amour de vos su<< jets sera votre garde la plus sûre: méritez d'être aimé.

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« Quelque puissance que vous ayez, le cœur de vos << peuples sera toujours libre. Occupez-vous de leur « intérêt plutôt que du vôtre; ou plutôt ne séparez « pas ce qui est inséparable: leur félicité seule peut « vous rendre heureux, Si quelqu'un doit trembler << c'est celui qui fait trembler les autres. Soyez-vous« même une loi vivante. Vos exemples donneront à << vos ordres plus de force que ni les menaces, ni les << châtimens. Vous gouvernerez des Romains : ce n'est << pas l'orgueil et la fierté qui les tiendront soumis : << plus vous vous rapprocherez d'eux par la bonté et par « la douceur, et plus ils yous élèveront au-dessus de « leurs têtes. Apprenez la guerre ; étudiez-en toutes <«<les parties: endurcissez-vous à tout ce quelle a de << pénible. Laissez aux rois asiatiques ce luxe incom<< mode qui accable les armées, et qui met obstacle << aux succès. Partagez avec vos soldats toutes les fati<< gues: ils n'en sentiront que l'honneur. En attendant << que l'âge ait fortifié votre corps, formez-vous l'esprit « et le cœur ; remplissez-vous de grands exemples: << l'histoire de vos prédécesseurs vous montrera ce que << vous devez suivre; et ce qu'il vous faut éviter.»

15. Un homme demandoit au philosophe Aristippe, quelle sorte de femme il devoit prendre. « Je n'en << sais rien, répondit-il belle elle vous trahira; <«< laide, elle vous déplaira ; pauvre, elle vous rui« nera ; riche, elle vous dominera. Mon ami, conseil<< lez-vous vous-même.»

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CONSIDÉRATION.

1.C'ÉTOIT sur-tout au célèbre Thémistocle, que la Grèce devoit l'heureux succès de la journée de Salamine: aussi n'oublia-t-elle rien pour lui prouver la grande estime qu'elle faisoit de son rare mérite. Les Lacédémoniens, l'ayant mené à Sparte, pour lui rendre les honneurs qui lui étoient dûs, lui décernèrent une couronne d'olivier, et lui firent présent

du plus beau char qui fût dans la ville. A son départ, ils le firent accompagner jusqu'aux frontières du pays, par trois cents jeunes hommes de la première naissance honneur que, jusqu'alors, ils n'avoient encore rendu à aucun général. Dès qu'il parut aux jeux olympiques, tout le monde se leva pour lui faire honneur. Personne n'étoit attentif aux jeux ni aux combats : Themistocle seul faisoit le spectacle. Tous les yeux étoient tournés vers lui; et chacun s'empressoit de le montrer de la main aux étrangers qui ne le connoissoient pas. Il avoua depuis à ses amis, qu'il regardoit ce jour comme le plus beau de sa vie ; que jamais il n'avoit ressenti une joie si douce ni si vive, et que cette récompense passoit tous ses désirs.

2. François I, plein d'estime pour la valeur du chevalier Bayard, voulut être armé chevalier de sa main. Il assembla les principaux capitaines de son armée ; lenr proposa son dessein, et regardant Bayard:» Jene <«< connois, dit-il, personne dans l'armée plus généra<«<lement estimé que ce chevalier ; je veux honorer en « lui la voix publique. Oui, Bayard mon ami, je serai << aujourd'hui chevalier de votre main, parce que celui << qui s'est trouvé en tant d'assauts et de batailles, tou<< jours en parfait chevalier, est le plus digne d'en faire << d'autres.» Bayard représenta qu'un si grand honneur ne lui appartenoit pas. Mais le roi persista dans sa résolution. Il se mit à genoux ; et Bayard, tirant son épée, l'en frappa du plat sur le cou, en répétant ces mots qui n'étoient point préparés : «Sire, autant vaille << que si c'étoit Roland ou Olivier, Godefroy ou Bau<< douin son frère. Certes, vous êtes le premier prince << que oncques fis chevalier : Dieu veuille qu'en guerre << ne preniez fuite!» Et regardant ensuite son épée avec une joie ingénue: «Tu es bienheureuse, mon « épée, dit-il, d'avoir aujourd'hui à un si vertueux et << puissant roi, donné l'ordre de chevalerie. Certes, « bonne épée, vous serez moult bien comme relique <«< gardée et sur toutes autres honorée ; et ne vous «< porterai jamais, si ce n'est contre Turcs, Sarrasins << ou Maures. »

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3. Louis XI, n'étant encore que dauphin, quitta la cour; et dans l'espérance de faire la loi à son père Charles VII, ou d'être puissamment secondé dans sa révolte, il se retira auprès du duc de Bourgogne. Mais l'estime que ce prince faisoit du monarque étoit trop grande, pour l'engager à suivre aveuglément les impressions du dauphin rebelle. « Monseigneur, lui << dit-il, mes soldats et mes finances sont à votre ser« vice, excepté contre monseigneur le roi votre père; « et pour ce qui est d'entreprendre de réformer son « conseil, cela ne convient ni à vous ni à moi. Je le << connois si sage et si prudent, que nous ne saurions « mieux faire que de nous en rapporter à lui. » Voyez ESTIME.

1.

CONSOLATION.

SOLON voyant un de ses amis plongé dans la

douleur, et ne pouvant le consoler, conduisit au haut de la citadelle d'Athènes. Quand ils y furent arrivés, il lui dit de jeter les yeux sur toutes les maisons qu'on découvroit à l'entour. « Songez, ajouta«<t-il ensuite, quel soucis dévorans, quelles peines << cruelles, quels chagrins, quels maux habitent sous «< ces toits, et supportez des malheurs que vous par<< tagez avec tant d'autres. »

2. Henri IV demandoit un jour au duc de Sully son confident, s'il n'étoit pas bien malheureux, après avoir essayé, pendant sa jeunesse, plus de disgraces lui seul, que tous les rois de France n'en avoient jamais éprouvées ensemble, de ne pouvoir jouir d'aucun plaisir durant le cours de sa plus brillante fortune, de ne point posséder le cœur de sa femme, et de voir au nombre de ses ennemis la plupart de ceux qu'il avoit comblés de bienfaits. « Tous ces mal« heurs, sire, répondit le due, ne seroient rien, si « vous n'y ajouliez celui d'y être trop sensible. » Voyez CONSTANCE.

<< demande que mon procès me soit fait conformément « à la loi ; et l'on ne peut me refuser ma prière sans <«< la dernière injustice. Ce n'est pas que j'ignore que << mon bon droit ne me servira de rien, non, plus que << la franchise des autels; mais je veux montrer au <«< moins que mes ennemis ne respectent ni les dieux << ni les hommes. Je m'étonne seulement que des gens << sages comme vous ne voient pas qu'il est aussi facile « de rayer leur nom du rôle des citoyens, que celui

« de Théramène. » Alors Critias ordonna aux officiers de la justice de l'arracher de l'antel. Tout étoit dans le silence et dans la crainte, à la vue des soldats armés qui environnoient le sénat. De tous les sénateurs, Soérate seul, dont Théramène avoit été disciple, prit sa défense, et se mit en devoir de s'opposer aux officiers de la justice; mais ses foibles efforts ne purent délivrer l'infortunée victime de l'ambition des tyrans ; et, malgré le plus sage des hommes, Théramène fut conduit au lieu du supplice, à travers une foule de citoyens qui fondoient en larmes, et qui voyoient dans le sort d'un homme également considérable par son zèle pour la liberté, et par ses grands services, ce qu'ils devoient craindre pour eux-mêmes. Théramène parut seul insensible à sa disgrace. Il vit approcher avec indifférence l'instant qui devoit être le dernier de sa vie il triompha du despotisme par sa constance héroïque. Quand on lui eut présenté la ciguë, il prit la coupe empoisonnée d'un air intrépide; et après l'avoir bue, il en jeta le reste sur la table, comme on faisoit du vin dans les repas de réjouissance. « Cette << libation, disoit-il est pour le beau Critias. »

6. Sylla, s'étant rendu maître de Rome, forca le sénat à déclarer Marius, son rival, ennemi de la république, et l'on rendit un décret qui ordonnoit à tout le monde de le poursuivre, et de le tuer par-tout où l'on pourroit le prendre. L'infortuné Marius, sans se laisser abattre par la disgrace, s'embarqua promptement à Ostie; et porté par un vent favorable, il côtoya l'Italie. Mais une violente tempête s'éleva tout-àcoup, et les matelots craignirent que le vaisseau ne

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