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DICTIONNAIRE

HISTORIQUE

D'ÉDUCATION.

COMPLIMENT.

1. La première fois que le P. Séraphin, fameux ora

teur, prêcha devant Louis XIV, au lieu de lui faire un compliment à l'ordinaire, il lui dit: Sire, je n'ignore pas << la coutume, mais je prie votre majesté de m'en dispen<< ser: j'ai cherché un compliment dans l'Ecriture, << et j'ai eu le malheur de n'y en point trouver. >>

2. M. de Montausier, geuverneur du grand-dauphin, n'aimoit pas qu'on flattât ce jeune prince. Il le fit bien sentir un jour, en badinant, au marquis de Créqui. Le dauphin, étant jeune, s'amusoit à tirer au blanc, et tiroit fort loin du but. Son gouverneur se moqua de lui, et dit au marquis de Créqui, qui étoit fort adroit, de tirer; mais ce jeune seigneur tira beaucoup plus loin du but que M. le dauphin : « Ah! petit corrompu,»> s'écria M. de Montausier, «il faudroit vous étrangler. >> Le dauphin, devenu plus grand, fut mis à la tête des armées; et ce prince, digne de son auguste père et de son sage gouverneur, emporta la ville de Philisbourg, qui passoit pour imprenable. Ponr l'en féliciter, M. de Montausier lui écrivit en ces termes : « Je ne << vous fais point compliment, monseigneur, sur la prise << de Phislisbourg; vous aviez une bonne armée, des << bombes, du canon, et Vauban. Je ne vous en fais << point aussi sur ce que vous êtes brave: c'est une vertu « héréditaire dans votre maison; mais je me réjonis << avec vous de ce que vous êtes libéral, généreux, <<< humain, et faisant valoir les services de ceux qui font <«< bien: voilà sur quoi je vous fais mon compliment. » Tome II. А.

5. Dans une conférence que le célèbre Annibal eut avec Scipion, général des Romains, on vint à parler des grands capitaines; et Scipion ayant demandé celui qu'Annibal croyoit le premier de tous ? Il répondit : «Alexandre-le-Grand. - Et le second? - Pyrrhus, <«<roid'Epire. Quel est le troisième, reprit le général romain, impatient peut-être de ne s'entendre point nommer. «Moi-même, répondit Annibal.--Etsi vous m'aviez << vaincu, lui dit Scipion?-Je me serois mis le premier,» répliqua-t-il. Cette manière délicate de donner la préférence à Scipion sur tous les autres généraux, fait voir qu'Annibal n'étoit pas moins bel esprit que grand capitaine.

4. Raoul de Lannoi, tout jeune encore, s'étoit fort distingué à un assaut; Louis XI le fit venir après l'action et lui dit : « Pasque-Dieu, mon ami, (c'étoit son ser<«<ment ordinaire) vous êtes trop furieux en un combat: «il faut vous enchaîner; car je ne vous veux point per<< dre, désirant me servir de vous plus d'une fois. » En prononcant ces flatteuses paroles, le monarque passoit au cou du guerrier, une chaîne d'or, quivaloit cinq cents écus: ce présent fut suivi de plusieurs autres qui servirent de récompense à une bravoure supérieure.

5. Il étoit un temps que tout le monde disoit gros pour grand; une grosse chose, une grosse maison, une grosse réputation. Louis XIV étant un jour chez madame de Montespan, où se trouvoit Despréaux, lui témoigna qu'il n'aimoit pas cette expression nouvelle. << Il est surprenant, lui dit le satirique, qu'on veuille << par-tout mettre gros pour grand. Par exemple, <<< ajouta-t-il en fin courtisan, il y a bien de la diffé<< rence entre Louis-le-Grand et Louis-le-Gros, etja<«< mais la postérité ne prendra l'un pour l'autre. »

6. Louis XIV devoit se rendre à l'église de NotreDame de Paris, pour assiter à une bénédiction de drapeaux, et avoit témoigné qu'il souhaitoit qu'on ne lui fit. point de harangue. M. de Harlay de Chanvallon, qui étoit pour lors archevêque de Paris, se contenta de lui. dire, à la porte de l'église, où il le recut : « Sire, vous me fermez la bouche, pendant que vous l'ouvrez à la joie publique. » Voyez ELOGES.

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COMPONCTION.

Un homme qui, toute sa vie, avoit fait profession

de voler, vint dans un monastère pour y embrasser la vie religieuse. Le supérieur, qui étoit consommé dans la conduite des ames, lui commanda de demeurer en repos pendant sept jours, après lesquels il lui fit déclarer tous les péchés qu'il avoit commis dans le monde. Le voleur les lui confessa très-sincèrement. Le supérieur lui dit ensuite pour l'éprouver: « Je << désire que vous les déclariez en présence de tous <«<les frères du monastère. » Cet homme, qui étoit pénétré de cette divine componction qui brise le cœur, et qui fait détester véritablement les crimes dont on a souillé son ame, consentit sans peine à subir toute la confusion que méritoicnt ses désordres passés, et dit qu'il étoit prêt à les déclarer tous, non-seulement devant les frères, mais même, s'il le vouloit, au milieu de la ville d'Alexandrie. Alors le supérieur assembla tous les religieux, qui étoient au nombre de trois cent trente; et comme c'étoit un dimanche, après l'Evangile, il fit venir le coupable déjà justifié. Il avoit les mains attachées derrière le dos il étoit revêtu d'un cilice; sa tête étoit couverte de cendres; et des frères le conduisoient en le frappant doucement. Un spectacle si touchant, dont on ignoroit la cause, fit une telle impression sur tous les cénobites, qu'ils se mirent à fondre en larmes. Dans ce moment le saint abbé cria au pénitent: «Demeurez là; vous n'êpas digne d'entrer ici. » Ces paroles l'épouvantèrent au point qu'il tomba le visage par terre : il croyoit entendre la voix de Dieu même. L'abbé le voyant en cet état, et tout trempé de ses larmes, lui dit de déclarer tous les péchés qu'il avoit commis. Il obéit avec humilité; après quoi, l'abbé lui coupa les cheveux, et le recut au nombre des frères, dont il devint l'édification et le modèle.

2. Un insigne brigand, appelé Jonathas, se voyant A 2

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poursuivi à cause de ses crimes, vint embrasser la colonne de S. Siméon Stylite; et pénétré d'une véritable douleur à la vue des forfaits qu'il avoit commis, il pleura amèrement. Siméon étonné lui demanda qui il étoit ? << Hélas! mon père, lui répondit-il, je suis <«<le voleur Jonathas, qui n'ai jamais fait que du <«< mal, et qui viens pour faire pénitence sous vos << auspices. C'est à ceux-là, dit le saint, que le <«< royaume des Cieux sera ouvert; mais, prenez gar<< de, ajouta-t-il, de ne me pas tromper, et de retom<< ber jamais dans vos crimes. » Les officiers de la justice d'Antioche arrivèrent aussitôt, et commandérent à Siméon de leur rendre le scélérat Jonathas, ennemi public. « Mes enfans, leur dit le saint, ce << n'est pas moi qui l'ai fait venir ici : celui qui l'y a «< amené est plus puissant que nous et assistè ceux << qui, comme nous, sont touchés de repentir. Si vous « pouvez, entrez, enlevez-le ; mais pour moi, je ne << saurois le faire, car je crains celui qui me l'a en<< voyé. » Ce discours épouvanta ces archers, qui s'en retournèrent à Antioche sans oser toucher au voleur Jonathas. Après donc qu'il eut demeuré sept jours, embrassant toujours la colonne de Siméon, répandant sans cesse des larmes abondantes, il dit au saint: « Mon « père, si vous le trouvez bon, je vais m'en aller.— « Vous êtes bien pressé, lui répondit Siméon, de re<< tourner dans vos crimes.-Non, mon père, repartit Jonathas; mais mon temps est accompli. » En achevant cette parole, il rendit l'esprit. Voyez CONSCIENCE, PÉNITENCE, REMORDS, REPENTIR.

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CONCORDE.

1. LÉON de Byzance, sophiste célèbre, voulant exhor

ter les Athéniens à la paix et à la concorde, monta sur la tribune. A sa vue, le peuple éclata de rire, parce qu'il avoit le ventre extrêmement gros. Mais l'orateur, sans se troubler, dit au peuple : « Athéniens, << pourquoi ces ris? Que seroit-ce, si vous voyez ma

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