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et de l'inquiétude aux grands seigneurs de sa cour. Il le présenta même aux princesses, qui l'honorèrent de leur affection, et lui donna les entrées chez elles. On rapporte, comme une marque spéciale de faveur, que, par son ordre, il fut admis à entendre les lecons et les discours des mages, et instruit par eux dans tous les secrets de leur philosophie. Thémistocle, parvenu à ce haut degré de faveur, honoré et recherché de tout le monde, qui s'empressoit de lui faire la cour, dit un jour à ses enfans, voyant sa table magnifiquement servie : «<< Mes « enfans, nous périssions, si nous n'eussions péri. »

Comme on crut que l'intérêt du roi demandoit que Themistocle fitson séjour dans quelqu'une des villes de l'Asie mineure, pour y être à portée de lui rendre service dans l'occasion, on l'envoya à Magnésie, située sur le Méandre. Ce fut dans cette circonstance que la généreuse honnêteté d'Artaxerxès à l'égard de son hôte se manifesta dans toute son étendue : outre tous les revenus de Magnésie, qui étoient de cinquante mille écus, il lui assigna quatre autres villes qui devoient lui fournir, l'une du pain, l'autre du vin, la troisième la viande, et la dernière les meubles et les habits. Voyez CIVILITÉ, POLITESSE, SAVOIR-VIVRE, URBANITÉ.

HONNEUR.

QUELQU'UN disoit au roi Agésilas : « Seigneur,

<< vous vous rappellerez bien que vous m'avez promis « une grace: or, il est du devoir d'un monarque de << tenir, non- seulement les promesses qu'il fait de << bouche, mais encore celles qu'il fait par un signe « de tête; » et par ces paroles et d'autres semblables, il pressoit vivement le prince de remplir la promesse qu'il lui avoit faite. Mais la grace qu'il demandoit étoit contraire aux règles de l'honneur; et Agésilas ne l'avoit promise que par inattention. Pour se défaire de cet importun solliciteur: « Mon ami, lui dit-il, je sais « que je vous ai bien promis ce que vous me deman<< dez; mais je sais aussi qu'il ne faut demander aux << rois que ce qu'ils peuvent honnêtement accorder. >>

2. Aristide aimoit à rendre service à ses amis; mais jamais il ne cherchoit à leur être utile, ni à leur plaire aux dépens de la justice. Il évitoit avec grand soin d'employer leur recommandation pour arriver aux charges, craignant que ce ne fût pour lui un engagement dangereux, et pour eux un prétexte plausible d'exiger de lui les mêmes services en pareille occasion. Ce grand homme avoit coutume de dire que le véritable citoyen, l'homme de bien ne doit faire consister son crédit et son pouvoir qu'à pratiquer lui-même, en toute occasion, et à conseiller aux autres ce qui est honnête et juste. 3. Le chevalier Bayard avoit été blessé mortellement en combattant pour sa patrie et pour son roi; et ce héros, l'honneur et la fleur de la chevalerie, étoit couché au pied d'un arbre. Le connétable duc de Bourbon, qui poursuivoit l'armée des Français, passant près de lui,et l'ayant reconnu, lui dit qu'il avoit grande pitié de lui, le voyant en cet état, pour avoir été si vertueux chevalier. << Monsieur, lui répondit Bayard, il n'y a point << de pitié en moi, car je meurs en homme de bien « mais j'ai pitié de vous, de vous voir servir contre « votre prince, et votre serment. »

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4. Le maréchal de Brissac, qui avoit épuisé sa fortune pour servir la patrie, eût aisement rétabli ses affaires s'il eût voulu entrer dans les intrigues des Guises; mais ce seigneur trouva qu'il achèteroit trop cherleurs bienfaits, s'il en coûtoit quelque chose à son devoir; et sur ce que ses confidens lui représentoient qu'il laisseroit sa maison sans fortune : « Au moins, répondit-il, je lui << laisserai ce qu'il a dépendu de moi de lui donner, de << l'honneur et de bons exemples; il ne me convient << point de rétablir mes affaires aux dépens de la France, << moi qui ne me suis ruiné que pour la servir. »

5. Ferdinand, roi d'Espagne, ne cherchoit qu'à se jouer de la bonne foi de Louis XII. Ce prince s'en plaignit un jour au roi des Romains, gendre de Ferdinand. Le jeune monarque tâcha d'excuser son beau-père : << Non, non, dit Louis, si votre beau-père a fait une << perfidie, je ne veux pas lui ressembler, et j'aime" << beaucoup mieux avoir perdu mon royaume de Na

« ples, que je saurai bien reconquérir, que non pas « l'honneur qui ne se peut jamais recouvrer. »

HONTE.

1. L▲ honte peut souvent enfanter l'honneur, mais il

faut pour cela que ses motifs soient nobles. Un Lacédémonien, nommé Panthites, avoit accompagné le roi Léonidas dans la fameuse journée des Thermopyles. Avant le combat, ce prince l'envoya, avec une lettre, en Thessalie, afin d'instruire les Grecs alliés de l'état actuel des choses : cette commission priva Panthites de l'honneur de mourir avec ses compagnons pour le salut de la patrie. Ses concitoyens crurent qu'il ne s'étoit chargé de cette lettre qu'afin d'avoir un prétexte plausible pour ne point combattre. Ce préjugé, qu'il pouvoit aisément détruire, lui causa une telle honte qu'il ne put soutenir cet affront, et préférant une mort volontaire, regardée alors comme le plus grand effort du courage, à une vie dont il ne pouvoit plus jouir sans rougir, il se pendit.

2. Lucius-Crassus demandoit le consulat. Il étoit d'usage que les candidats allassent briguer le suffrage des principaux citoyens qui composoient l'assemblée du peuple. Crassus avoit déjà commencé à se conformer à cette coutume; et, d'un air suppliant, il prioit ses compatriotes de lui être favorables. Dans ce moment, il aperçoit Quintus Scévola, grave et sage personnage, et son beau-père. A cette vue il rougit des démarches humiliantes qu'il vient de faire, il n'ose les continuer devant Scévola. Cependant, comme il n'avoit que ce moyen de réussir, il va prier son beau-père de vouloir bien se retirer, s'il veut le voir consul.

3. Le lendemain de la bataille de Pharsale, le grand Pompée, vaincu par César, se retiroit à Larisse. Tout le peuple de cette ville sortit à sa rencontre «< Mes << amis, leur dit l'infortuné général, je ne mérite pas <<< de tels honneurs allez les rendre à mon heureux « rival.» Voyez RESPECT HUMAIN.

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HOSPITALITÉ.

1. S'IL passoit un étranger dans le pays des Quades,

nation germanique, il étoit reçu avec affabilité dans leurs cabanes on se disputoit l'honneur de l'avoir pour hôte. On le logeoit, on prévenoit ses besoins, ses désirs même ; et le maître, sa femme, ses enfans, tous s'empressoient à le servir, et regardoient comme une faveur du ciel, le hasard qui l'avoit conduit chez eux.

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2. Jean Basilowitz, czar de Moscovie, s'habilla un jour en paysan, et alla dans un village demander de porte en porte un asile pour passer la nuit. Il ne reçut par-tout que des refus, excepté dans la cabane d'un vre homme, dont la femme étoit près d'accoucher. Il l'accueillit de son mieux; et en le quittant, le czar, sans se faire connoître, lui promit de venir le voir le lendemain, et de lui amener un parrain pour son enfant. Ilrevint en effet, avec tout l'éclat de sa dignité, et combla son hôte de présens. Ensuite il commanda à ses gardes de mettre sur-le-champ le feu à toutes les maisons du village, et d'obliger les habitans à passer la nuit en pleine campagne, afin qu'ils devinssent plus charitables, en éprouvant ce qu'on souffre pendant une nuit très-froide sans feu, sans nourriture et sans couvert. 3. Les habitans de Cumes envoyèrent consulter l'oracle d'Apollon, pour savoir s'ils devoient livrer au roi de Perse un certain Pactyas, qui s'étoit mis sous leur protection. L'oracle dit qu'il falloit le livrer. Aristodicus, un des premiers de la ville, soutint que l'oracle n'avoit pu faire une réponse si injuste, et qu'il falloit nécessairementque les députés eussentfait un fauxrapport. La ville, sur cette représentation, chargea Aristodicus d'y aller lui-même avec denouveaux députés. L'oracle fit la même réponse.Aristodicus,,peu satisfait,se promenant autour du temple, aperçut un nid d'oiseaux qu'il chassa à coups de pierres. Alors il sortit du sanctuaire une voix qui lui cria : « Détestable mortel! qui te donne la hardiesse de

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<< chasser d'ici ceux qui sont sous maprotection?-Eh << quoi ! grand dieu ! répondit aussitôt le citoyen de Cu« mes, ne nous avez-vous pas ordonné vous-même cette << action si injuste, en nous commandant de livrer Pac<< tyas, qui s'est refugié sous notre protection? - Im<< pie que vous êtes, reprit le dieu, puisque vous savez << que c'est un crime d'abandonner ceux qui se jettent << entre vos bras, pourquoi venez-vous me consulter? »

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HUMANITÉ.

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DURANT les attaques de Ménin, en 1745, on dit au roi Louis XV, qui commandoit le siége en personne, qu'en brusquant un peu, en perdant quelques hommes, on seroit quatre jours plutôt dans la ville. «< Eh << bien, répondit le monarque, prenons-la quatre jours « plus tard. J'aime mieux perdre quatre jours devant « une place, qu'un seul de mes sujets. »

2. A la journée de Dettingue, en 1743, un mousquetaire, nommé Girardeau, blessé dangereusement, fut porté près de la tente du duc de Cumberland. On manquoit de chirurgiens, assez occupés ailleurs. On alloit panser le duc, à qui une balle avoit percé les chairs de la jambe : « Commencez, dit ce généreux prince, commencez par soulager cet officier francais. << Il est plus blessé que moi. Il manqueroit de secours, << et je n'en manquerai pas. »

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3. Alfonse V, roi de Sicile et d'Aragon, assiégeoit la ville de Gayette. Cette place commençant à manquer de vivres, les habitans furent obligés d'en faire sortir les femmes, les enfans et les vieillards qui étoient autant de bouches inutiles. Ces pauvres gens se trouvèrent réduits à la plus affreuse extrémité. S'ils approchoient de la ville, les assiégés tiroient sur eux; s'ils avançoient vers le camp des ennemis, ils y rencontroient le même danger. Dans cette triste situation, ces malheureux imploroient tantôt la clémence du roi, tantôt la compassion de leurs compatriotes, pour qu'on ne les laissât pas mourir de

faim.

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