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sances en usage, et afin promit hardiment cette eau si désirée, et qui s'étoit dérobée à tant d'autres ingénieurs. Il marchoit, son niveau à la main; et dès qu'il put voir les maisons de la ville, il assura que l'eau seroit plus haute. Quelques-uns des principaux habitans qui, par impatience ou par curiosité, étoient allés au devant de lui, coururent porter cette nouvelle à leurs concitoyens, ou pour leur avancer la joie, ou pour se donner une espèce de part à la gloire de la découverte. Cependant M. Couplet continuoit son chemin, en marquant avec des piquets les endroits où il falloit fouiller, et en prédisant dans le même temps à quelle profondeur précisément on trouveroit de l'eau; et, au lieu qu'un autre eût pu prendre un air imposant de divination, il expliquoit naïvement les principes de son art, et se privoit de toute apparence de merveilleux. Il entra dans Coulanges, où il ne vit rien qui traversât les idées qu'il avoit prises; et il repartit pour Paris, après avoir laissé les instructions nécessaires pour les travaux qui devoient se faire en son absence. Il restoit à conduire l'eau dans la ville par des tranchées et des canaux, à lui ménager des canaux de décharge en cas de besoin; et tout cela emportoit mille détails de pratique, sur quoi il ne laissoit rien à désirer. Il promit de revenir au mois de Décembre, pour mettre à tout la dernière main. Il revint en effet; et, le 21 de Décembre, l'eau arriva dans la ville. Jamais la plus heureuse vendange n'y avoit répandu tant de joie. Hommes, femmes, enfans, tous couroient à cette eau pour en boire, et ils eussent voulu s'y pouvoir baigner. Le premier juge de la ville, devenu aveugle, n'en crut que le rapport de ses mains, qu'il y plongea plusieurs fois. On chanta un Te Deum, où les cloches furent sonnées avec tant d'emportement, que la plus grosse fut démontée : l'allégresse publique fit cent folies. La ville, auparavant toute défigurée par des maisons brûlées qu'on ne réparoit point, prit dès ce moment une face nouvelle : on y bâtit, on vint même s'y établir, au lieu qu'on l'abandonnoit peu à peu. Voyez GAIETÉ, HUMEUR (bonne), Ris.

JUGEMEN S.

1. DAN's les tribunaux d'Athènes, la vérité seule

étoit écoutée pour que nul objet extérieur n'en détournât point l'attention des juges, ils tenoient leurs séances de nuit ou dans les ténèbres; et il étoit défendu aux orateurs d'employer ni exorde, ni péroraison, ni digression, ni les ornemens souvent trompeurs de l'éloquence.

2. Deux scélérats s'accusoient `mutuellement en présence de Philippe, père d'Alexandre-le-Grund. Ce prince ayant entendu les deux parties, jugea comme le singe de la fable: il ordonna que l'un d'eux sortît de la Macédoine, et que l'autre le suivit.

3. Un fermier de Southams, dans le comté de Warwick en Angleterre, fut assassiné en revenant chez lui. Le lendemain, un homme vint trouver la femme de ce fermier, et lui demanda si son mari étoit rentré le soir précédent. Elle répondit que non, et qu'elle en étoit fort inquiète. « Vos inquiétudes, répliqua cet homme, « ne peuvent égaler les miennes; car, comme j'étois <«< couché cette nuit, sans être encore endormi, votre << mari m'est apparu; il m'a montré plusieurs blessures << qu'il avoit reçues sur son corps, et m'a dit qu'il avoit « été assassiné par un tel, et que son cadavre avoit été « jeté dans une marnière. » La fermière alarmée fit des perquisitions. On découvrit la marnière, et l'on y trouva le corps blessé aux endroits que cet homme avoit désignés. Celui que le prétendu revenant avoit accusé, fut saisi et mis entre les mains des juges, comme violemment soupçonné de meurtre. Son procès fut instruit à Warwick; et les jurés l'auroient condamné aussi téméraiment que le juge du paix l'avoit arrêté, si le lord Raimond, le principal juge, n'avoit suspendu l'arrêt. Voici ce qu'il dit aux jurés : « Je crois, messieurs, << que vous paroissez donner au témoignage d'un reve<< nant, plus de poids qu'il n'en mérite. Je ne peux pas << dire que je fasse beaucoup de cas de ces sortes d'his

<«<toires; mais, quoiqu'il en soit, nous n'avons aucun << droit de suivre nos inclinations particulières sur ce << point. Nous formons un tribunal de justice, et nous << devons nous régler sur la loi. Or, je ne connois au«< cune loi existante qui admette le témoignage d'un ré« venant; et, quand il y en auroit une qui l'admettroit, << le revenant ne paroit pas pour faire sa déposition. « Huissier, ajouta le juge, appelez le revenant ; » ce que l'huissier fit par trois fois, sans que le revenant parût, comme on le pense bien. « Messieurs les jurés, con« tinua le juge, le prisonnier, qui est à la barre, est, << suivant le témoignage de gens irréprochables, d'une << réputation sans tache ; et il n'a point paru, dans le <«< cours des informations, qu'il y ait eu aucune espèce << de querelle entre lui et le mort. Je le crois absolu« ment innocent; et, comme il n'y a contre lui aucune « preuve ni directe, ni indirecte, il doit être renvoyé. << Mais, par plusieurs circonstances qui m'ont frappé « dans le procès, je soupçonne fortement la personne « qui a vu le revenant, d'être le meurtrier; auquel cas, << il n'est pas difficile de concevoir qu'il ait dési<< gner la place des blessures, lá marnière et le reste, << sans aucun secours naturel. En conséquence de ces << soupcons, je me crois en droit de le faire arrêter, <«< jusqu'à ce qu'on fasse de plus amples informations.»> Cet homme fut effectivement arrêté : on donna un ordre pour faire des perquisitions dans sa maison. On trouva des preuves de son crime, qu'il avoua luimême à la fin ; et il fut exécuté aux assises suivantes. ; 4. Un voyageur espagnol avoit rencontré un Indien au milieu d'un désert. Ils étoient tous deux à cheval. l'Espagnol, qui craignoit que le sien ne pût faire sa route, parce qu'il étoit très-mauvais, demanda à l'Indien, qui en avoit un jeune et vigoureux, de faire un échange: celui-ci le refusa. L'Espagnol lui cherche une mauvaise querelle : ils en viennent aux mains; l'agresseur, bien armé, se saisit facilement du cheval qu'il désiroit, et continue sa route. L'Indien le suit jusques dans la ville la plus prochaine, et va porter ses plaintes au juge. L'Espagnol est obligé de comparoître et

pu

d'amener le cheval. Il traite l'Indien de fourbe, assurant que le cheval lui appartient, et qu'il l'a élevé tout jeune. Il n'y avoit point de preuves du contraire; et le juge indécis alloit renvoyer les plaideurshors de cour et de procès, lorsque l'Indien s'écria : « Le cheval est à « moi! et je le prouve. » Il ôte aussitôt son manteau, en couvre subitement la tête de l'animal; et s'adressant au jnge: «Puisque cet homme, dit-il, assure avoir élevé «< ce cheval, commandez-lui de dire duquel des yeux <«< il est borgne. » L'Espagnol ne veut point paroître hésiter, et répond à l'instant : « De l'œil droit.» Alors l'Indien découvrant la tête du cheval : « Il n'est borgne, <«< dit-il, ni de l'œil droit, ni de l'oeil gauche.» Le juge, convaincu par une preuve si ingénieuse et si forte, lui adjugea le cheval, et l'affaire fut terminée.

5.Un seigneur très-riche légua tout son bien, par testament, à des Bénédictins. Il avoit marqué expressément que ces religieux ne donneroient à ses enfans que ce qu'il leur plairoit. Dès qu'il fut mort, le couvent s'empara de tout le bien. Les pauvres enfans du défunt s'adressèrent au duc d'Ossone, vice-roi de Naples, et le prièrent de leur faire accorder quelque chose. Ce seigneur, touché de leur infortune, fit venir les Bénédictins, et leur demanda ce qu'ils vouloient donner à ces enfans? Les bons pères lui répondirent : « Huit mille << livres. Et que vaut le bien que vous retenez ? » répliqua le duc. Les Bénédictins répondirent qu'il pouvoit valoir environ cent mille francs. «Mespères, dit << alors le duc, il faut suivre l'intention du testateur, « qui a été que ses enfans auroient ce qu'il vous plai<< roit; et par conséquent, il faut leur remettre ces cent << mille francs; car je vois qu'ils vous plaisent beau<<coup.» Les moines voulurent répliquer; mais le duc, sans les écouter, fit exécuter sur-le-champ sa sentence. 6. Un Espagnol étant en procès pour une jeune esclave qu'il avoit à son service, demanda que son affaire fût décidée par l'autorité d'Alphonse V, roi d'Aragon, qui venoit de monter sur le trône. Voici ce dont il s'agissoit. Les lois en Espagne accordent la liberté aux femmes esclaves qui ont eu des enfans de leurs maîtres,

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En vertu de cette loi, l'esclave de l'Espagnol demandoit à être déclarée libre, prétendant avoir eu un enfantde son maître; mais comme le maître craignoit beaucoup de. perdre son esclave, il assuroit toujours qu'il n'avoit jamais eu avec elle aucun commerce, et que l'enfant n'étoit point à lui. Celle-ci cependant affirmoit le contraire. Dans cet embarras, Alphonse décida, comme Salomon, que l'enfant seroit vendu publiquement sur la place et adjugé au plus offrant. Le jugement étoit sur le point de s'exécuter, lorsque le père, sentant tout-à-coup réveiller sa tendresse, ne putretenir ses larmes, et récla ma l'enfant. Alphonse sur-le-champ le lui fit rendre, et en même temps déclara que l'esclave étoit libre.

7. Deux dames de qualité étant en dispute pour le pas dans une église, l'empereur Charles-Quint évoqua cette affaire à son tribunal. Après s'être fait expliquer les raisons de part et d'autre : « Que la plus folle des << deux passe la première,» dit-il. Če jugement termina les ridicules prétentions des deux rivales, qui ne s'avisèrent plus de disputer sur le pas.

8. Une jeune fille de Bologne en Italie ayant demandé en justice la réparation des violences qu'un jeune homme avoit exercées contre elle, et celui-ci traitant l'accusation d'imposture, on ne laissa point de le condamner à une amende considérable, parce que la plainte devoit prévaloir sur la justification de l'accusé, qui se contentoit de nier le fait. La somme fut comptée en pleine audience, et mise entre les mains de la fille, qui la serra fort soigneusement, et même avec joie. Un moment après, le magistrat permit au garcon de la lui enlever de force, s'il le pouvoit. Ses efforts furent inutiles; et la fille fut amenée devant le juge, auquel elle alloit se plaindre de ce que le condamné vouloit lui ravir son argent « Vous l'a-t-il pris, demanda le juge?

«

Non vraiment, répondit-elle ; et tant que je res<<< pirerai, il ne le prendra jamais. - Ma fille, je vous «< condamne maintenant à le rendre : si vous eussiez << gardé votre honneur avec autant de soin, jamais on << ne vous l'eût ravi. Allez, et que cette leçon vous «rende sage à l'avenir. »

9. Un riche marchand de Nuremberg vint se plaindre

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