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soumettre aux anciennes lois du royaume. « Ou du << moins, lui dit-il, si vous êtes résolu de sauver votre << domestique des rigueurs de la loi, adressez-vous au roi << votre père, et demandez-lui grace pour le coupable. » Ce sage discours fitsi peu d'impression sur le jeune prince, qu'ayant renouveléses ordres avec la même chaleur, il protesta que si l'on différoit un moment à les suivre, il alloit employer la violence. Le lord, chef de justice, qui le vit disposé sérieusement à l'exécution de cette menace, leva la voix avec beaucoup de fermeté et de présence d'esprit, et lui commanda, en vertu de l'obéissance qu'il devoit à l'autorité royale, de se retirer à l'instant de la cour, dont il troubloit les exercices par des procédés si scandaleux. C'étoit attiser le feu et souffler sur la flamme. La colère du prince éclata d'une manière terrible: il s'approcha du juge avec un airfurieux, et crut peut-être l'épouvanter par ce mouvement hardi.Mais sir William se rendant maître de lui-même, soutint parfaitement la majesté d'un siége sur lequel il représentoit le roi. << Prince, << s'écria-t-il d'une voix ferme, je tiens ici la place de votre << souverain seigneur, de votre roi, de votre père : vous << lui devez une double obéissance à ces deux titres. Je << vous ordonne, en son nom, de renoncer à votre des<<< sein, et de donner désormais un meilleur exemple à << ceux qui doivent être vos sujets; et, si vous êtes sage, << afin de réparer la désobéissance et le mépris que vous <<< venez de marquer pour la loi, vous vous rendrez vous<< même en ce moment dans la prison, où je vous enjoins << de demeurer jusqu'à ce que le roi votre père vous fasse <«< déclarer sa volonté. » La gravité du juge, et la force de l'autorité, produisirent l'effet d'un coup de foudre.Le prince en fut si frappé, que remettant sur-le-champ son épée à ceux qui l'accompagnoient,il fit une profonde révérence au lord; et sans répliquer un seul mot, il se rendit droit à la prison du même tribunal. Les gens de sa suite allèrent aussitôt faire ce rapport au roi, et ne manquèrent pas d'y joindre toutes les plaintes qui pouvoient le prévenir et l'indisposer contre sir William. Ce sage monarque se fit expliquer jusqu'aux moindres circonstances ensuite il parut rêver un moment; mais, levant

tout d'un coup les yeux et les mains au ciel, il s'écria, dans une espèce de transport : « O Dieu! quelle recon« noissance ne dois-je pas à ta bonté ! Tu m'as fait pré<< sent d'un juge qui ne craint pas d'exercer la justice, << et d'un fils, qui non seulement sait obéir, mais qui a << la force de sacrifier sa colère à l'obéissance ! »>

23. Le comte d'Anjou, frère du roi S. Louis, avoit un procès contre un simple gentilhomme de ses vassaux, pour la possession d'un chateau. Les officiers du prince jugèrent en sa faveur : le chevalier en appela à la cour du roi. Le comte, piqué de sa hardiesse, le fit mettre en prison. Le roi en fut averti, et manda sur-le-champ au comte de le venir trouver : « Croyez-vous, lui dit-il, <<< avec un visage sévère, croyez-vous qu'il doive y avoir << plus d'un souverain en France, ou que vous serez au<< dessus des lois, parce que vous êtes mon frère ? » En même temps il lui ordonna de rendre la liberté à ce malheureux vassal, pour pouvoir défendre son droit au parlement.Le comte obéit.Il ne restoitplusqu'à instruire l'affaire ; mais le gentilhomme ne trouvoit ni procureurs, ni avocats; tant on redoutoit le caractère violent du prince Angevin. Louis eut encore la bonté de lui en donner d'office, après leur avoir fait jurer qu'ils le conseilleroient fidellement. La question fut scrupuleusement discutée, le chevalier réintégré dans ses biens, et Charles, comte d'Anjou, frère du roi, condamné.

24. Philippe IV, roi d'Espagne, n'étant encore que prince d'Espagne, avoit obtenu la grace d'un seigneur qui avoit commis un grand crime. Ce seigneur ayantnégligé de la faire entérineroù il falloit, fut pouisuivi vivement après la mort de Philippe III, et condamné à avoir la tête tranchée.Ses parens et ses amis eurentrecours au nouveau roi,tenantpour assuré que ce prince accorderoit volontiers une grace qu'il avait lui-même demandée au feu roi son père; mais ils furent étrangementsurpris, lorsque le monarque leur dit : « Messieurs, tandis que << j'étois homme privé, j'ai préféré la compassion à la ri> gueur des lois; maintenant que je suis roi, je dois la « justice à mes sujets, et par conséquent je dois laisser punir les criminels. » Voyez EQUITÉ, JUGEMENT.

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LIBÉRALITÉ.

1. CYRUS regardoit la libéralité comme une vertu

véritablement royale; et ce prince ne trouvoit rien de grand, rien d'estimable dans les richesses, que le plaisir de les distribuer aux autres. « J'ai d'immenses trésors, << disoit-il à ses courtisans, je l'avoue, et je suis charmé << qu'on le sache; mais vous devez compter qu'ils ne << sont pas moins à vous qu'à moi. En effet, dans quelle << vue amasserois-je tant de biens? Pour mon propre « usage, pour les consumer moi-même ? Mais le pour<< rois-je, quand je le voudrois? C'est afin d'être en état << de distribuer des récompenses à ceux qui servent uti«lement l'état, et d'accorder quelque soulagement « à ceux qui me feront connoître leurs besoins. >>

Un jour, Crésus lui représenta qu'à force de donner, il se rendroit lui-même indigent, au lieu qu'il auroit pu être le plus riche potentat du monde, et amasser des sommes prodigieuses. « Dites-moi, je vous prie, de<< manda Cyrus, à quoi elles pourroient monter? » Crésus fixa une certaine somme qui étoit immense. Cyrus fit écrire un petit billet aux seigneurs de sa cour, par lequel il leur faisoit savoir qu'il avoit besoin d'argent. Aussitôt il lui en fut apporté beaucoup plus que la somme fixée par le roi de Lydie. « Prince, lui dit-il, << voilà mes trésors, le cœur et l'affection de mes su<< jets sont les coffres où je garde mes richesses. »

2. Denys l'ancien, tyran de Syracuse, avoit les vertus d'un roi, et peut-être eût-il été digne du trône, s'il ne fût pas né dans une république.Une des grandes qualités de ce prince étoit la magnificence et la libéralité:ilcroyoit qu'un monarque n'étoitplacé au-dessus descitoyens,que pour imiter les dieux, en répandant sans cesse des bienfaits. Etant allé voir son fils, encore jeune, et apercevant dans sa maison une grande quantité d'or et d'argent: << Jeune homme, lui dit-il, avec un mouvement de « colère, est-ce donc là vous comporter en fils de roi ?

<< Ces vases dont je vous ai fait présent, ne doivent pas « être employés à parer votre buffet, mais à vous faire << des amis. » Denys agissoit conformément à ses maximes. Dion, son beau-frère, qui, par ses grands talens, avoit mérité toute sa confiance, peut servirentr'autres à prouver la généreuse profusion du tyran. Il ordonna à ses trésoriers de fournir à ce grand homme tout l'argent qu'il demanderoit, pourvu qu'ils vinssent lui dire, le jour même, ce qu'ils lui auroient donné.

3. En allant dans son gouvernement, le duc de Montmorency passa par Bourges, pour y voir le jeune duc d'Enguien, son neveu, qui y faisoit ses études, et lui donna une bourse de cent pistoles pour ses menus plaisirs. A son retour, il le vit encore, et lui demanda quel usage il avoit fait de cet argent. Le jeune homme lui présenta sa bourse toute pleine. Le duc de Montmorency la prit, et, tout en colère, la jeta par la fenêtre : « Monsieur, lui dit-il, apprenez qu'un aussi << grand prince que vous ne doit point garder l'argent; << puisque vous ne vouliez pas l'employer à vos amu<< semens, il falloit en faire des aumônes et des libé«<ralités. L'avarice qui est hideuse dans les particu<liers, est encore plus horrible dans les princes. >>

4. « Donner et pardonner, sont les vrais caractères « d'un souverain, disoit Charles Emmanuel I, duc de << Savoie ; et je me croirois le plus malheureux des « hommes, si Dieu ne m'avoit mis en état de faire l'un << et l'autre. » Unjour, Meinier, son secrétaire, lui ayant présenté plusieurs expéditions à signer,oùil y avoit des dons et des récompenses pour des personnes qui l'avoient servi; le duc, après les avoir signées, eut la curiosité de Jui demander à quoi se montoit ce qu'il avoit donné? << Aquatre mille ducatons, répondit Meinier.—Quoi!» reprit le duc, en lui ôtant des mains toutes ces expéditions, pour les jeter au feu, « osez-vous bien me faire << tant signer pour un jour, et donner si peu ? »

5. Un des trésoriers d'Alfonse V, roi d'Aragon, venoit de lui apporter dix mille écus d'or, somme très-considérable pour le temps; un courtisan, qui croyoit n'être point entendu du prince, dit à quelqu'un : « Voilà une

somme qui me rendroit heureux pour toute ma vie.« Soyez-le,» interrompit le monarque, en la lui donnant.

6. Le duc de Montmorency, petit-fils du connétable, étant âgé de treize ans, apprit qu'un gentilhomme de son père avoit ses affaires fort dérangées. Ille prit en particulier, et lui parla avec l'intérêt le plus tendre et le plus généreux. Le gentilhomme laissa apercevoir qu'il le croyoit trop jeune pour pouvoir lui être utile: « Il est « vrai que je suis tropjeune pour mériter votre confiance, <«< lui dit le duc; mais, mon brave, voilà une enseigne << de diamans dont je puis disposer, recevez-la pour << l'amour de moi. » Il jouoit un jeu où il se trouva un coup de trois mille pistoles. Il entendit un gentilhomme qui disoit à voix basse : « Oh! voilà une somme qui << feroit la fortune d'un honnête homme ! » Le duc gagna le coup, et présenta aussitôt la somme au gentilhomme, en lui disant : « Je voudrois, monsieur, « que votre fortune fût plus grande. »

7. Le duc de Guise avoit joué avec le surintendant d'O, et lui avoit gagné cent mille livres. D'O lui envoya, dès le lendemain, cette somme. Il y avoit soixante-dix mille livres en argent, et trente mille livres en or, renfermées dans un sac de cuir. Un commis, appelé de Vienne, fut chargé de faire porter cette somme, et de la présenter au duc. Il s'acquitta exactement de sa commission. Le duc de Guise, quid'un côté croyoit devoir user de gratification à l'égard de ce commis, et qui, de l'autre, simaginoit que le sac de cuir n'étoit remplique d'argent, le prit et le donna à de Vienne, qui, ne sachant pas non plus ce qu'il contenoit, n'osa le refuser. Quand il fut de retour à l'hôtel du surintendant, et qu'il eut vu la libéralité qu'on venoit de lui faire, il jugea qu'elle étoit exorbitante: il la rapporta à l'instant au duc de Guise.Mais le prince ne voulut pas la recevoir : « Puisque la fortune « vous a été si favorable, lui dit-il, cherchez un autre « que le duc de Guise pour vous porter envie. » Ainsi les dix mille écus restèrent à de Vienne.

8. Un des officiers de François 1 se plaignoit de ce que ceprince,qui combloit de biens tant de gens fort riches,

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