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toutes sur la loi primitive que la main du Créateur a gravée dans nos cœurs, concouroient à ne former qu'une seule famille de tant de milliers d'hommes.

Dans la plupart des monarchies, le prince ne reconnoît d'autre règle de ses actions, que sa volonté et son bon plaisir; termes que l'adulation ou le despotisme a imaginés. En Egypte, le roi étoit le premier esclave de la loi : elle marquoit la qualité des viandes dont il pouvoit user, la mesure du boire et du manger et l'emploi de tous les instans de la journée.

Le meurtre volontaire étoit puni de mort, de quelque condition que fût celui qui avoit été tué, libre

ou non.

Le parjure subissoit la même peine, parce que ce crime attaque en même temps et les dieux, dont on outrage la majesté, en attestant leur nom par un faux serment; et les hommes, en rompant le lien le plus ferme de la société, la bonne foi.

Le calomniateur étoit impitoyablement condamné au même supplice qu'auroit éprouvé l'accusé, si le crime avoit été véritable.

Celui qui, pouvant sauver un homme attaqué, ne le faisoit pas, étoit puni de mort aussi rigoureusement que l'assassin. Si l'on ne pouvoit secourir le malheureux, il falloit du moins dénoncer l'auteur de la violence: ainsi, par la loi, les citoyens étoient confiés à la garde les uns des autres; et tout le corps de l'état étoit uni contre les méchans.

Il n'étoit pas permis d'être inutile. Chaque particulier étoit obligé tous les ans de faire inscrire chez les magistrats son nom, sa profession, sa demeure. Les fainéans, les vagabonds, ceux qui exerçoient des métiers infames, étoient punis de mort.

La loi ne condamnoit point à mort un père pour avoir tué son fils; mais elle l'obligeoit à rester trois jours entiers auprès de son cadavre. La douleur et le repentir qu'un tel objet devoit exciter dans son ame étoient la peine dont elle punissoit sa cruauté.

Pour empêcher les emprunts, qui produisent ordinairement la fainéantise, les fraudes et la chicane, le roi

Asychis fit une ordonnance très-sage. Sans toucher à la liberté personnelle des citoyens, sans ruiner les familles, il trouva moyen de presser continuellement le débiteur, par la crainte de passer pour infame, s'il manquoit d'être fidelle. Il n'étoit permis d'emprunter qu'à condition d'engager aux créanciers le corps de son père, que chacun, dans l'Egypte, faisoit embaumer avec soin, et conservoit avec honneur dans sa maison. Or, c'étoit une impiété et une infamie tout ensemble, de ne pas retirer promptement un gage si précieux ; et celui qui mouroit sans s'être aquitté de ce devoir, étoit privé des honneurs qu'on avoit coutume de rendre aux morts. 8. Les habitans de Thurium, ville grecque, voisine de Sybaris et de Crotone, ayant établi parmi eux le gouvernement populaire, voulurent l'affermir par de sages lois, et, pour cet effet, choisirent un citoyen respectable, appelé Charondas, élevé dans l'école de Pythagore. Voici quels furent les principaux réglemens de ce sage législateur.

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Il donna exclusion du sénat et de toute dignité publique à quiconque passeroit à des secondes noces après avoir eu des enfans du premier lit; persuadé qu'un homme si peu attentif aux intérêts de ses enfans, ne le seroit pas davantage à ceux de la patrie ; et que, s'étant montré mauvais père, il seroit mauvais magistrat.

Il condamna les calomniateurs à être conduits par toute la ville, couronnés de bruyère, comme les plus méchans de tous les hommes; ignominie à laquelle, le plus souvent, ils ne pouvoient survivre.

Il permit de citer en justice ceux qui se lieroient d'amitié et de commerce avec les méchans, les condamner à une amende considérable.

et de

Il voulut que tous les enfans des citoyens fussent instruits dans les belles-lettres, dont l'effet propre est de polir, de civiliser les esprits, d'inspirer des mœurs plus douces, de porter à la vertu ; et, dans cette vue, il stipendia des maîtres publics, afin que l'instruction, étant gratuite, pût devenir générale.

Il fit une loi en faveur des orphelins, qui paroît bien sensée. Il confia le soin de leur éducation aux parens du

côté maternel, de qui ils n'avoient rien à craindre pour leur vie; et l'administration de leurs biens aux parens du côté paternel, qui avoient intérêt de les conserver, pouvant en devenir les héritiers par la mort des pupilles.

Au lieu de punir de mort les déserteurs et ceux qui fuyoient dans le combat, il se contenta de les condamner à paroître pendant trois jours, dans la ville, revêtus d'un habit de femme.

Pour empêcher que ses lois ne fussent abrogées avec trop de facilité et de témérité, il imposa une condition bien dure et bien hasardeuse à ceux qui proposeroient d'y faire quelques changemens. Ils devoient paroître dans l'assemblée publique avec une corde au cou; et si le changement proposé ne passoit point, être étranglés sur-le-champ. Dans toute la suite du temps, il n'arriva que trois fois de proposer de telles innovations, et elles furent acceptées.

Charondas ne survécut pas long-temps à ses lois. Revenant un jour de poursuivre des voleurs, et trouvant la ville en tumulte, il entra tout armé dans l'assemblée, ce qu'il avoit défendu par une loi expresse. Un particulier lui reprocha qu'il violoit lui-même ses lois. «Non, dit-il, je ne les viole point, mais je vais les << sceller de mon sang. » En prononçant ces mots, il tira son épée et se tua.

9. L'empereur Antonin porta une loi qui ordonnoit que, si un mari poursuivoit sa femme en justice, comme lui ayant manqué de fidélité, il falloit que le juge examinât si le mari avoit lui-même gardé fidélité à sa femme, et que supposé qu'ils fussent trouvés tous deux coupables, ils fussent tous deux punis.

10. Zaleucus, législateur des Locriens, voulant écarter le luxe de sa république, défendit aux femmes de porter des étoffes riches et précieuses, des habits brodés, des pierreries, des pendans d'oreilles, des colliers, des brasselets, des anneaux d'or, et d'autres ornemens de cette sorte, n'exceptant de cette loi que les femmes prostituées.

11. Henri IV, voyant que tous les édits portés contre le luxe devenoient inutiles, en rendit enfin un, dans

lequel, après avoir expréssement défendu à tous ses sujets de porter ni or, ni argent sur leurs habits, il ajouta: « Excepté pourtant aux filles de joie et aux << filous, en qui nous ne prenons pas assez d'intérêt, << pour leur faire l'honneur de donner notre attention. << à leur conduite. »

MAGNANIMITÉ.

1.Les Espagnols, charmés des vertus de Scipion

ES

l'Africain, et pleins d'une vive reconnoissance pour les bienfaits dont les combloit ce grand homme, l'environnèrent un jour, et le saluèrent du nom de roi avec une acclamation et un consentement général. Scipion leur répondit, après avoir fait faire silence par un héraut, qu'il ne connoissoit point de titre plus glorieux que celui d'Imperator qu'il avoit reçu de ses soldats; que le nom de roi, estimé et respecté partout ailleurs, étoit insupportable à Rome; que s'ils croyoient en remarquer en lui les qualités, et s'ils le regardoient comme ce qu'il y a de plus grand dans l'homme, ils pouvoient penser de lui ce qu'il leur plairoit; mais qu'il les prioit de ne lui point donner ce nom.»> Ces peuples, tout barbares qu'ils étoient, sentirent quelle grandeur d'ame il y avoit de mépriser ainsi, comme du haut de sa vertu , un nom qui fait l'objet des vœux et de l'admiration du reste des mortels.

2.Bélisaire ayant vaincules Gothts, ces peuples, sincères admirateurs des qualités héroïques de ce grand homme, vinrent en corps le supplier de vouloir bien régner sur eux, et d'accepter la couronne qu'ils lui offroient de concert avec leur roi. Le général romain les remercia, et leur dit qu'il n'oubleroit jamais cette preuve de leur bienveillance; mais qu'il ne pouvoit répondre à leurs désirs.Les Goths, surpris d'un refus si magnanime, renouvelèrent leurs instances avec plus de vivacité. « Quoi! lui dirent-ils, vous êtes le défenseur de Justi<< nien, et vous voulez en être l'esclave ! Honteuse mo

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« destie, qui préfère la servitude à la royauté! Celui << qui a vaincu les Goths est-il donc incapable de les gouverner? Ildibad est notre roi, mais il vous recon<< noît pour le sien ; il est prêt à vous rendre hommage << et à mettre sa couronne à vos pieds.» Bélisaire, qui savoit faire de grandes choses sans appareil, parce qu'il les faisoit sans efforts, repartit deux mots : « Je << suis sujet de Justinien, et je ne l'oublierai jamais. » Ensuite il partit pour Constantinople, où l'empereur, qui suspectoit sa fidelité, l'avoit rappelé.

5. L'empereur Valentinien II, et Justine sa mère, voulant autoriser les ariens par une loi, s'adressèrent, pour la rédiger, à Bénévole, secrétaire des brevets. C'étoit un homme intègre et généreux, que le saint évêque Philastre avoit formé dans la véritable doctrine. Il refusa de prêter son ministère à l'hérésie; et comme l'impératrice le pressoit d'obéir, en lui promettant un emploi plus relevé : « C'est en vain, dit-il, qu'on << tente de m'éblouir; il n'est point de fortune qui « mérite d'être achetée par une action impie : ôtez« moi plutôt la charge dont je suis revêtu, pourvu que << vous me laissiez ma foi et ma conscience. » En parlant ainsi, il jeta aux pieds de Justine la ceinture qui étoit la marque de son office.

4.Alexandre-le-grand, ayant fait prisonnier Porus, l'un des plus puissans rois des Indes, le fit venir devant lui, et lui demanda comment il vouloit être traité? «En « roi, répondit-il. Mais, ajouta le conquérant, ne << demandez-vous rien davantage?- Non: ce seul mot << dit tout. >> Charmé de cette grandeur d'ame, Alexandre lui rendit ses états, auxquels il ajouta plusieurs autres provinces ; et Porus reconnoissant, lui demeura fidelle jusqu'à la mort.

5. Edgar, roi d'Angleterre, étoit petit, mais d'une valeur éprouvée. Kennet, roi d'Ecosse, le railla un jour dans un festin sur la petitesse de sa taille: «Je m'étonne, << dit-il, que tant de milliers de braves gens obéissent à << un si petit homme.» Edgar, instruit de cette insulte, dissimula son ressentiment, jusqu'à ce qu'il pût se vengerd'une manièrenoble et digne d'un roi. Le monarque

ecossais

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