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<< en s'adressant à l'un d'eux qui ne disoit rien, qu'avez« vous appris dans votre prison? - Sire, répondit le <«<courtisan, j'ai appris à n'y plus retourner. >>

4. Pendant que l'empereur Claude interrogeoit les complices d'une conspiration formée contre lui, et qu'il venoit de découvrir, on voyoit ses affranchis assis à ses côtés prendre eux-mêmes connoissance des affaires. Narcisse recut en ce moment une bonne leçon d'un certain Galésus, affranchi de Camille, un des chefs de la conjuration : l'impudent favori le fatiguoit par ses questions continuelles, et lui demandoit, entre autres choses, ce qu'il auroit fait si son patron fût devenu empereur. « Je me serois tenu debout auprès de lui, << répondit Galésus, et j'aurois gardé le silence.»

5. Des courtisans s'entretenoient devant Louis XIV, qui n'avoit que quinze ans, du pouvoir absolu des sultans turcs, et disoient qu'ils disposoient, au gré de leurs caprices, du bien et de la vie de leurs sujets. «Voilà, dit le roi, ce qui s'appelle régner. » Le maréchal d'Estrées, qui étoit présent, craignant avec raison les conséquences d'un semblable discours dans un jeune prince, lui repartit : « Sire, deux ou trois de << ces empereurs ont été étranglés de mon temps. >>

6. Thyng-Ti, empereur de la Chine, avoit des vertus ; mais il étoit foible, et plusieurs fois il se seroit déshonoré sans les conseils de sa mère Pan-Hyay. Il devint éperdument amoureux d'une comédienne. Sa passion l'entraîna si loin, qu'il répudia l'impératrice, pour mettre l'histrionne à sa place. Il voulut que toutes ses reines assistassent à son couronnement. Enchanté de sa maîtresse, il demanda à sa mère ce qu'elle en pensoit : « Elle est à merveille, répondit Pan-Hyay : <«<elle joue avec beaucoup de vérité, et un premier «< rôle ne lui messied pas. « L'empereur réfléchit sur cette réponse. On le vit pàlir et rougir successivement; enfin, il prit son parti. «Vous avez raison, s'écria-t-il; << son élévation n'est aussi qu'une comédie; » et il essaya en effet de persuader que le projet qu'il avoit eu n'étoit qu'un jeu.

7. Lorsque l'empereur Antonin n'étoit encore que

proconsul d'Asie, il prit pour son logement dans Smyrne, la maison du sophiste Polémon, actuellement en voyage. A son retour, cet homme vain et arrogant fut très-indigné de la voir occupée par le souverain magistrat de la province. Il cria ; il s'emporta ; et, par ses plaintes amères, il obligea le proconsul d'aller en plein minuit chercher ailleurs une autre retraite. Dans la suite, qaand la fortune eut placé le sage Antonin sur le trône des Césars, il ne se vengea de l'orgueilleux sophiste que par des railleries aussi douces qu'ingénieuses.Polémon étan tvenu à Rome, l'empereur l'embrassa, et dit : « Qu'on lui donne un logement, et que << personne ne le déplace. » Un comédien lui ayant porté ses plaintes contre Polémon, qui l'avoit chassé du théâtre: << Quelle heure étoit-il, demanda l'empe<< reur, lorsqu'il vous a chassé ?-Il étoit midi, ré« pondit l'acteur.-Eh bien, reprit Antonin, il m'a <«< chassé de sa maison à minuit, et j'ai pris patience.>> C'est ainsi que ce grand homme prétendoit punir et corriger l'insolence d'un sujet.

8. Un jeune homme, à qui Charlemagne venoit de donner un évêché, s'en retournoit très-satisfait. S'étant fait amener son cheval, il y monta si légèrement, que peu s'en fallut qu'il ne sautât par-dessus. L'empereur, qui le vit d'une fenêtre de son palais, l'envoya chercher : « Vous savez, lui dit-il, l'embarras où je suis << pour avoir de bonne cavalerie; étant aussi bon écuyer << que vous êtes, vous seriez fort en état de me servir. << J'ai envie de vous retenir à ma suite: vous m'avez << tout l'air d'y réussir, et d'être encore meilleur cava<«<lier que bon prélat. » Il s'en tint à cette leçon, qui dut inspirer au jeune évêque l'esprit de son état.

9. Une femme de qualité, vieille et fort parée, demanda un'entretien secret au saint roi Louis IX. Le monarque la fit entrer dans son cabinet où il n'y avoit que son confesseur, et l'écouta aussi long-temps qu'elle voulut. « Madame, lui dit-il, j'aurai soin de votre af<«<< faire, si; de votre côté, vous voulez avoir soin de « votre salut. On dit que vous avez été belle : ce "temps n'est plus, vous le savez. La beauté du corps

<< passe comme la fleur des champs : on a beau faire, on ne la rappelle point. Il faut songer à la beauté de « l'ame, dont l'éclat est immortel. » Ce discours fit impression: la dame s'habilla plus modeștement dans la suite.

10. Le médecin Ménécrate, dont l'extravagance alloit jusqu'à se croire Jupiter, écrivit en ces termeş à Philippe, roi de Macédoine : « Ménécrate-Jupiter à

Philippe, salut. » Philippe lui répondit : « Philippe à « Ménécrate, santé et bon sens.» Ce prince n'en demeura pas là ; et, pour guérir son visionnaire, il imagina une plaisante recette. Il le pria d'un grand repas. Ménécrate eut une table à part, sur laquelle on ne servit pour tout mets que de l'encens et des parfums, pendant que les autres conviés goûtoient tous les plaisirs de la bonne chère. Les premiers. tramsports de joie qu'il ressentit en voyant sa divinité reconnue, lui firent oublier qu'il étoit homme mais quand la faim le forca de s'en souvenir, il se dégoûta d'être Jupiter, et prit brusquement congé de la compagnie, bien désabusé de sa divinité.

11. Un courtisan de Denys l'ancien, nommé Damoclès, exaltoit l'opulence de ce prince, le nombre de ses troupes, l'étendue de son pouvoir, la magnificence de ses palais, ses richesses en tout genre, et concluoit que jamais personne n'avoit été si heureux. « Eh bien puisque cela vous paroît si beau, lui dit 《 le despote, seriez-vous d'humeur à en goûter un peu, « et à voir par vous-même quel est mon sort?-Très

volontiers, seigneur.» Aussitôt on le place sur un lit d'or, couvert de riches carreaux, et d'un tapis dont l'ouvrage étoit superbe ; on étale sur plusieurs buffets une magnifique vaisselle d'or et d'argent; on fait venir de jeunes esclaves, tous d'une rare beauté, et qui, les yeux fixés sur lui, devoient le servir au moindre signe. On prodigue les essences, les guirlandes, les parfums; on couvre la table des mets les plus exquis. Voilà Damocles qui nage dans la joie. Au milieu de cet apparcil, le tyran fit suspendre au plancher un glaive étincelant, qui ne tenoit qu'à un crin de cheval, et

qui

qui donnoit précisément sur la tête de cet homme si enchanté de son bonheur. A l'instant, ses yeux ne virent plus ni ces beaux esclaves qui le servoient, ni cette magnifique vaisselle: il perdit l'envie de toucher aux ragoûts délicieux : déjà ses guirlandes tomboient d'elles-mêmes. Il demanda enfin au tyran la permis sion de se retirer, et lui dit qu'il ne vouloit plus être heureux. Damoclès quitta la cour, bien convaincu que ce n'est pas sur le trône qu'on trouve le vrai bonheur. 12. Ovinius Camille, seigneur des plus distingués de Rome sous l'empire d'Alexandre-Sévère, méditoit secrètement une révolte, et aspiroit au trône. Il se mêloit dans toutes les affaires; il se rendoit maître des décisions du sénat: affable, doux, honnête envers tout le monde, il ne refusoit son secours à personne; il n'y avoit aucune partie du gouvernement à laquelle ses soins ne s'étendissent. Sa vigilance et son zèle eussent été très-utiles, si le motifen eût été meilleur. L'empereur fut informé de ses desseins; et pour ne pas perdre un homme estimable d'ailleurs, il le punit d'une manière toute nouvelle. Il le manda; et après l'avoir remercié des soins qu'il prenoit pour la conduite de l'état, il l'introduisit lui-même au sénat, le déclara publiquement son associe à l'empire; le fit loger dans son palais, et revêtir des ornemens impériaux: enfin, il le pria de l'accompagner dans un voyage qu'il avoit à faire; et tandis qu'il marchoit lui-même à pied, il voulut qu'Ovius allât à cheval. C'est ainsi qu'après l'avoir comblé d'honneurs, il le renvoya bien corrigé.

13. M. de Turenne, étant dans son camp près de Lens, envoyale comte de Grand-Pré, depuis maréchal de Joyeuse, à la tête de quelques escadrons, pour escorter un convoi qui venoit d'Arras. Le jeune comte, par attachement pour une femme, laissa partir le convoi sous les ordres du major de son régiment, et se flatta de le rejoindre avant qu'il arrivât au camp. Un parti espagnol qui rôdoit attaqua l'escorte; mais il fut repoussé et défait par le major, qui amena heureusementle convoi à Lens. Turenne apprit la faute du comte de Grand-Pré; et sachant qu'elle l'auroit perdu à la Tome II. D

cour, il dit aux officiers qui l'environnoient. «Le comte « de Grand-Pré sera fàché contre moi, à cause d'une <«< commission secrète que je lui ai donnée, et qui l'a « arrêté à Arras, dans un temps où il auroit eu occa<«<sion de signaler son courage. » Le comte, de retour, apprit ce qu'avoit dit son général. Il courut à sa tente, se jeta à ses genoux, et lui marqua sa reconnoissance et son repentir par des larmes pleines de tendresse. Le vicomte lui parla alors avec une sévérité, paternelle. Ses remontrances firent un tel effet sur l'esprit de ce jeune officier, que, bien loin de tomber dans la même faute, il se signala par les plus grandes actions, pendant le reste de la campagne, et devint un des meilleurs capitaines de son siècle.

14. Khan-Hi, empereur de la Chine, avoit coutume de faire servir sur sa table des vins d'Europe. Un jour, ce prince ordonna à un mandarin, son plus fidelle favori, de boire avec lui. Il s'enivra. Le mandarin, qui craignoit les suites de cette intempérance, passa dans l'antichambre des eunuques, et leur dit que l'empereur étoit ivre; qu'il étoit à craindre qu'il ne contractât l'habitude de boire avec excès; que le vin aigriroit encore davantage son humeur déjà trop violente, et que, dans cet état, il n'épargneroit pas même ses plus chers favoris. << Pour éviter un si grand mal, ajouta le sage man<< darin, il faut que vous me chargiez de chaînes, et « que vous me fassiez mettre dans un cachot, comme << si l'ordre en étoit venu de l'empereur.» Les eunuques approuvèrent cette idée, pour leur propre intérêt. Le prince, surpris de se trouver seul à son réveil, demanda ce qu'étoit devenu son compagnon de table? On lui répondit qu'ayant eu le malheur de déplaire à sa majesté, on l'avoit conduit, par son ordre, dans une étroite prison, où il devoit recevoir la mort. Le monarque parut quelque temps rêveur, et commanda enfin que le mandarin fût amené. Il parut chargé de chaînes, et se jeta aux pieds de son maître, comme un criminel qui attend l'arrêt de sa mort. «Qui t'a mis « en cet état? quel crime as-tu commis? » lui demanda le prince. « Mon crime? je l'ignore, » lui répondit le

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