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s'étonnant de cet excès de courage : « Prince, lui dit <«<l'intrépide jeune homme, tous mes compatriotes en << ont autant que moi; et, si vous en doutez, cette << autre main, que je vais punir de la mal-adresse de << la première, vous prouvera la vérité de mes pa« roles. » Et en même temps, il la porta sur le brasier; mais le prince l'en empêcha, et le renvoya sans lui faire aucun mal.

3. Caton d'Utique, étant encore enfant, fut conduit dans la maison de Sylla. Voyant qu'on apportoit au dictateur la tête de plusieurs illustres citoyens, il demanda à Sarpedon, son précepteur, pourquoi personne ne tuoit Sylla? « Parce que les Romains, ré« pondit le pédagogue, craignent plus Sylla qu'ils << ne le haïssent. Eh! que ne me donniez-vous une « épée ! répondit vivement le jeune homme; j'aurois « délivré Rome de ce monstre sanguinaire. >>

4. Lorsqu'on menoit S. Symphorien au supplice, sa mère lui cria de dessus les murailles de la ville: « Mon fils, souvenez-vous du Dieu vivant; armez<< vous de constance et de force élevez votre cœur « vers le Ciel, et regardez celui qui règne dans ce << séjour de gloire. On ne vous ôte point la vie; on ne << fait que vous la changer en une meilleure on vous

<<< conduit au bonheur éternel. Le chemin est étroit <<< et difficile; mais il est court. » Le courage de cette pieuse mère passa dans l'ame de son fils. Plein d'une sainte ardeur de consommer son sacrifice, et de donner sa vie pour son Dieu, il rit sous le glaive du bourreau; il expire avec la gaieté d'un héros qui triomphe.

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5. Origène soupiroit avec tant d'ardeur après la gloire du martyre, qu'à peine sortí de l'enfance il suivoit tous les chrétiens que les magistrats païens faisoient arrêter. Il les accompagnoit au tribunal de leurs juges; il entroit, malgré les gardes, dans les cachots où l'on jetoit ces innocentes victimes; il faisoit, en un mot, tout ce qui dépendoit de lui pour être chargé des mêmes fers, et pour partager leurs tourmens. Mais, soit que les persécuteurs ne fussent plus si sévères, et qu'ils pardonnassent à la foiblesse de son âge,

soit plutôt que la Providence le réservât à des travaux plus utiles à la religion, il n'eut que le mérite de son généreux héroïsme. Léonide son père, qui fut depuis évêque, ayant été mis en prison avec les autres Fidèles, et devant subir le lendemain son interrogatoire, Origène, plus animé que jamais, résolut de s'y trouver; mais, pendant la nuit, sa mère profitant de son sommeil, entra doucement dans sa chambre, et enleva ses vêtemens. Se voyant donc frustré de son espérance, et ne pouvant se montrer en public, il écrivit à son père une lettre pleine d'éloquence et de feu, pour l'exhorter à la persévérance.

6. Desmarets, avocat-général, célèbre parsa douceur, par son éloquence, par son intégrité, ayant été condamné, par le crédit de ses ennemis, à perdre la tête sur un échafaud, malgré les importans services qu'il avoit rendus à Charles VI, exhortoit, en allant au supplice, ses concitoyens à la fidélité et à l'obéissance qu'ils devoient à leur souverain, et se montroit extrêmement sensible à la compassion qu'ils lui témoignoient. Il subit la mort avec un courage et une fermeté audessus de son grand âge : il avoit soixante-dix ans.

7. Le courage d'un jeune Lacédémonien mérite d'autant plus notre admiration, que son âge nous offre peu d'exemples semblables. Il étoit esclave: son maître avoit toujours loué la promptitude avec laquelle il le servoit ; mais un jour, lui ayant ordonné de lui apporter le bassin destiné aux besoins de la nature, cet office indigne le révolta; et, se rappelant la liberté qu'il avoit perdue, il refusa d'obéir. Voyant son maître irrité de ce refus : « Achetez des esclaves << plus dociles, » lui dit-il; et sur-le-champ il se précipita par la fenêtre.

8. Le fils de Crassus, ce Romain si célèbre par ses richesses et par sa puissance, s'étant trop abandonné à l'ardeur de son courage, fut tué dans un combat. Les ennemis mirent la tête du jeune guerrier au bout d'une lance; et s'approchant du camp des Romains, ils leur montroient avec insulte ce trophée, triste monument de leur défaite. Ce funeste spectacle n'abattit point le

courage du père. Il couroit de rang en rang pour exhorter les soldats : « Romains, leur disoit-il, la <«< mort de mon fils est le malheur d'un particulier; « cette perte me regarde seul, et je m'en console en <«< pensant que ceux qui lui survivent peuvent, par « leur courage, sauver la république. »

9. Le célèbre Marius avoit des verrues aux jambes: un chirurgien s'offrit de les lui couper. Durant cette cruelle opération, l'intrépide Romain ne souffrit pas qu'on le liât, ni que personne le tînt. Il ne poussa pas 'même un gémissement; et il supporta avec tant de patience ces douloureuses incisions, qu'on eût dit qu'elles se faisoient sur un corps étranger, ou qu'il avoit entiérement perdu le sentiment. Cependant, lorsque l'opération fut achevée sur une jambe, et qu'il fallut donner l'autre, Marius dit au chirurgien : « Pour éviter une légère difformité, ce n'est pas la << peine de souffrir un si cruel tourment ; » paroles qui montrent que Marius n'avoit pas été insensible à la douleur, mais qu'il l'avoit surmontée par son courage.

10. Dans un combat contre les Anglais, le fameux duc de Guise, surnommé le Balafré, fut frappé, entre le nez et l'œil droit, d'une lance qui, s'étant rompue par la violence du coup, lui laissa dans la plaie tout le fer avec un tronçon du bois. Un coup si violent ne lui fit cependant pas perdre les arcons; et il eut la force de revenir au camp à cheval. Il y entra dans un état à faire horreur. Ses armes, ses habits, son visage étoient couverts de sang. La profondeur et la largeur de la plaie effrayèrent les chirurgiens: plusieurs d'entre eux ne voulurent point toucher à la plaie, disant qu'il étoit inutile de faire souffrir un homme qui n'avoit pas deux heures à vivre. Ambroise Paré, premier chirurgien du roi, arrive, avec ordre de tout risquer pour sauver la vie du prince. Le chirurgien voyant que troncon de la lance étoit entré de telle sorte dans la tête, qu'on ne pouvoit le saisir avec le mains, prend des tenailles de maréchal; et, en présence d'une foule d'officiers, il demande au blessé s'il consentoit qu'il risqual l'opération, et qu'on lui mît le pied sur le visage

le

pour arracher le troncon de la lance? « Je consens à « tout, dit le prince; travaillez. » Cette manière de panser une blessure fit frémir tous les spectateurs. Guise seul parut tranquille, jusqu'à ce que les tenailles tirant le bois avec force, il s'écria: « Ah! mon << Dieu ! » Cette exclamation fut le seul témoignage de douleur qu'il donna pendant toute la durée de cette cruelle opération.

11. Au siége de Pultava, que Charles XII entreprit en 1709, ce monarque, l'Alexandre du Nord, recut un coup de carabine qui perca sa botte au talon, et le blessa dangereusement. Mais son courage lui faisant surmonter la douleur, il continua de visiter les travaux, et resta encore à cheval pendant près de six heures, sans donner aucune marque qui pût faire soupçonner qu'il étoit blessé. Un domestique du général Sparre s'étant aperçu qu'il sortoit beaucoup de sang de la botte du roi, en avertit son maître. On crut d'abord que c'étoit quelque grand coup d'éperon qui avoit piqué son cheval; mais le domestique ayant assuré que c'étoit de la botte du roi que le sang sortoit, on fit venir des chirurgiens pour le visiter. Sa jambe s'étoit enflée considérablement : il fallut le descendre de cheval. Les chirurgiens, après avoir examiné sa plaie, craignirent que la gangrène ne s'y mît, et jugèrent qu'il falloit lui couper la jambe ; arrêt qui répandit la consternation dans toute l'armée. L'un d'eux, nommé Newman, plus éclairé que les autres, dit qu'il y avoit un moyen de guérir la jambe du roi sans la couper, mais qu'il étoit douloureux, et qu'il n'osoit l'employer. << Comment! dit le monarque en colère, je ne prétends << pas que vous ayez plus d'égard pour moi que pour << le dernier de mes soldats je veux que vous tran<< chiez de même ; je vous l'ordonne, obéissez. » Newman, rassuré par ce discours, fit de profondes incisions dans la jambe du roi, sans que ce prince donnât le moindre signe de douleur, et le mit, en peu de temps, en état de soutenir le brancard.

12. Léonidas, roi de Sparte, étant près de livrer aux Persans le fameux combat des Thermopyles, donna la

permission de se retirer à Eutiche, très-brave soldat, mais fort incommodé de la vue. Cet homme, en s'en retournant, réfléchit sur la démarche qu'il faisoit ; et, jugeant qu'il seroit houteux pour lui de survivre à ses compagnons, il revint sur ses pas, et se rendit au camp en tâtonnant. La mêlée étoit commencée: il s'y fit conduire par un esclave; et, quoiqu'il pût à peine distinguer l'ennemi d'avec ses compatriotes, il combattit avec valeur, et mit le comble à son courage en périssant glorieusement, comme les autres, pour la liberté de la Grèce et l'honneur de sa patrie.

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13. Le plus grand embarras de Catherine de Médicis, mère du roi Charles IX, étoit d'arrêter l'ardeur que ce jeune monarque montroit pour la guerre. «Eh! « pourquoi, disoit-il en se plaignant, pourquoi me <<< conserver avec tant de soin? Veut-on me retenir << toujours enfermé dans une boîte, comme les meu<< bles de la couronne?-Mais, sire, lui remontroit-on, << ne peut-il pas arriver quelque accident fàcheux à « votre personne ? Qu'importe ? répondit-il ; quand << la France me perdroit, n'ai-je pas des frères pour << prendre ma place? » L'éclat des journées de Jarnac et de Moncontour lui inspira la plus vive jalousie contre le duc d'Anjou son frère. Après la mort d'Anne de Montmorenci, la reine-mère, qui sembloit n'avoir un cœur que pour le duc d'Anjou, demanda pour lui la dignité de connétable, qui donnoit un pouvoir presque absolu sur les gens de guerre, par l'étendue infinie des droits qui y sont attachés. Le roi qui, tout jeune qu'il étoit, pénétra sans peine le but de sa mère, lui répondit avec fermeté : « Madame, je me «sens assez de force pour porter mon épée ; et quand << cela ne seroit pas, mon frère, plus jeune que moi, << seroit-il plus propre à s'en charger? » Souvent il se désespéroit de ce qu'on ne lui permettoit pas d'être à la tête des troupes. Au siége de Saint-Jean-d'Angely, on le voyoit chaque jour dans la tranchée et dans les postes les plus exposés. Il dit publiquement : « Je << m'accorderois volontiers avec le duc d'Anjou mon << frère, pour commander alternativement l'armée

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