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et gouverner le royaume. A cette condition, je lui « verrois avec plaisir porter la couronne pendant six << mois. >>

14. A la bataille de Rosebecque, Boucicaut, depuis maréchal de France, très-jeuue encore, et nouvellement armé chevalier, combattoit où le péril étoit le plus grand, ne prenant conseil que de son courage. Il remarqua un chevalier flamand qui, à coups de sabre, abattoit tout ce qni se trouvoit davant lui: rien ne pouvoit résister aux efforts de son bras victorieux. Boucicaut court à lui, l'attaque, la hache à la main, et le menace d'un ton intrépide. Le Flamand, remarquant sa jeunesse, le méprise, et, d'un coup violent lui fait tomber sa hache: «Va teter, enfant,'» lui dit-il; et tournant d'un autre côté, il ne daignoit pas achever sa victoire. Boucicaut, outré de colère, tire son épée, s'élance sur lui, et vient à bout, après quelques momens de combat, de la lui passer au travers du corps.

15. Agis II, roi de Lacédémone, passant auprès de Corinthe, et considérant la hauteur, la force et l'étendue des murailles de cette ville: «Quelles sont les <«< femmes, dit-il, qui font là leur séjour ? »

16. Antalcidas, général lacédémonien, disoit que les jeunes gens étoient les murs de Sparte, et que les pointes de leurs javelots étoient les bornes de leurs Etats.

17.La valeur intrépide et le courage intelligent d'un seul homme sont quelquefois le salut d'une armée entière. Les Romains, commandés par le consul Cornélius, faisoient la guerre aux Samnites. Ce général conduisit imprudemment ses troupes dans une forêt, où l'on ne pouvoit arriver que par une vallée assez profonde, sans avoir pris la précaution d'envoyer devant lui quelque détachement pour reconnoître les lieux. Il ne s'aperçut que les ennemis s'étoient emparés des hauteurs, et qu'ils étoient sur sa tête, que lorsqu'il ne fut plus en état de reculer. Les Samnites attendoient, pour l'attaquer, que toute l'armée fût engagée dans le vallon. Dans cette extrémité, P. Décius Mus,

tribun dé l'armée, aperçoit dans la forêt une colline élevée, qui commandoit le camp des ennemis, et dont l'accès n'étoit pas impraticable à des soldats légèrement armés. Il s'adresse au consul, lui communique son projet, et demande un détachement de quatre mille hommes, promettant de sauver l'armée. Le consul lui donne de grands éloges, et lui accorde tout ce qu'il demande. Le héros traverse la forêt, sans être apercu de l'ennemi, qui ne le vit que lorsqu'il fut près du lieu vers lequel il marchoit. Il s'empare de la colline, tandis que, suivant le plan concerté, le consul fait défiler ses troupes. Les Samnites, étonnés de ce mouvement soudain, n'osent poursuivre le consul, ni s'engager dans le vallon, de peur d'être accablés par Décius, dont la contenance fière inspiroit la terreur. Pendant qu'ils délibèrent, l'armée romaine se met en sureté : la nuit vient, sans qu'ils aient encore fait aucun mouvement. Décius, dont l'oeil pénétrant suivoit toutes leurs démarches, envoie reconnoître leurs retranchemens ; et, vers le milieu de la nuit, il y conduisit ses soldats, en grand silence, par les endroits où il n'y avoit point de sentinelles. Tous y passèrent sans exception, et ils étoient déjà arrivés à la moitié du camp, lorsqu'un soldat, ayant heurté le bouclier d'un Samnite qui étoit endormi, l'éveilla celui-ci en éveilla d'autres, et l'alarme se répandit dans tous les rangs. Aussitôt les Romains poussent de grands eris: l'ennemi, saisi de frayeur, et à moitié endormi, ne peut ni prendre les armes, ni s'opposer à leur passage. Décius avance à la faveur de ce désordre, tuant tout ce qui se présente devant lui, et arrive enfin dans un endroit sûr et inexpugnable. Il attendit le jour pour entrer dans le camp du consul, où il fut recu comme en triomphe; mais ce brave officier, sans s'arrêter à de vains applaudissemens, s'adresse à Cornélius : « Mon général, lui dit-il, les momens sont << précieux ; l'ennemi, à peine revenu de sa frayeur << nocturne, erre maintenant sans ordre dans la forêt <«<et autour de la colline, occupé à me poursuivre : << profitons de ce tumulte, et courons l'attaquer. » Il

dit: on applaudit à cet avis courageux. Les légions partent; elles tombent à l'improvisite sur les Samnites dispersés; elles en font un grand carnage, et s'emparent de leur camp. Tous ceux qui s'y rencontrèrent furent passés au fil de l'épée, et le nombre des morts monta à plus de trente mille. Le consul reconnut devoir à la valeur du généreux Décius le glorieux succès de cette bataille, et combla ce héros des honneurs et des' présens militaires qui étoient dûs à son courage.

18. Le célèbre Bertrand du Guesclin pensa périr au siége du château d'Essay, situé dans le Bas-Poitou. La place fut emportée à la première attaque. L'intrépide Bertrand, qui venoit de planter son enseigne sur la muraille, voulant passer d'un endroit à un autre, mit le pied sur un morceau de bois pourri, et tomba dans la cour du château. Il eut la jambe cassée de cette chute. Ce vaillant homme s'étant relevé avec beaucoup de peine, s'appuya le dos contre la muraille; et, se soutenant seulement sur une jambe, il attendit qu'on vînt le secourir. Il n'avoit pas abandonné sa hache: il la tenoit d'une main, et de l'autre il soulevoit sa jambe blessée. Il étoit couvert de sang; ses armes étoient faussées en plusieurs endroits: il étoit accablé de douleur et de foiblesse. Cinq Anglais, l'ayant aperçu en cet état, se hàtèrent de le joindre, dans l'espérance de s'enrichir de ses dépouilles. Ils l'attaquèrent tous cinq à la fois ; mais ils virent bientôt leur nombre diminuer de deux de leurs camarades, que du Guesclin étendit morts à ses pieds : les autres redoublèrent leurs efforts, mais avec précaution. Bertrand, se croyant près de sa fin, vouloit illustrer ses derniers momens par une résistance vigoureuse. Il alongeoit à ses ennemis de terribles coups de hache qui les obligeoient à se tenir éloignés ; mais le sang qui sortoit de sa blessure diminuoit ses forces, à mesure qu'il en avoit le plus besoin ; et sans doute il alloit succomber, malgré son grand courage, si un officier breton, nommé Honger, ne fût venu charger les Anglais qui l'entouroient. Il les eut bientôt mis en fuite; puis, aidé de quelques gentils-hommes, il porta du Guesclin dans sa tente.

10. Au siége d'Agria par les Turcs, en 1566, les femmes, animées d'un beau zèle, disputèrent aux hommes la gloire de défendre la patrie. Elles portoient aux guerriers de l'huile, de la poix, de l'eau bouillante , que l'on versoit sur les Infidèles qui vouloient escalader les remparts. L'une s'avancantavec une pierre qu'elle alloit jeter sur les Turcs, fut atteinte par un boulet de canon qui lui emporta la tête. Sa fille, la voyant tomber à ses côtés, prit la pierre, la lança contre les ennemis; courut en fureur au milieu d'eux, à travers la brèche; en tua plusieurs; en blessa d'autres, et sacrifia sa vie à la vengeance de celle dont elle l'avoit recue. Une de ses concitoyennes, combattant sur le parapet, vit son gendre renversé par terre, d'un coup de feu, et dit à sa femme d'emporter le cadavre pour lui rendre les derniers devoirs. << Il en est un autre plus pressant, répondit<< elle; c'est de défendre la religion et la patrie : >> celles-ci doivent passer devant la tendresse ; et je » leur donnerai jusqu'à la dernière goutte de mon << sang. Les officiers qui commandoient dans la place, n'eurent point de motifs plus puissans pour animer les soldats, que de leur proposer l'exemple de ces femmes courageuses, qu'ils avoient sans cesse devant les yeux. Voyez BRAVOURE, INTREPIDITÉ, Valeur.

CREDIT.

1. NICOLAS de Harlay de Sancy, n'étant encore que

maître des requêtes, se trouva dans le conseil de Henri III, lorsqu'on délibéroit sur les moyens de soutenir la guerre contre la Ligue. Il proposa de lever une armée de Suisses. Le conseil, qui savoit que le roi n'avoit pas le sou, se moqua de lui. « Messieurs, dit « Harlay, puisque de tous ceux que le roi a comblés << de ses bienfaits, il ne s'en trouve pas un qui veuille «<le secourir, je vous déclare que ce sera moi qui « lèverai cette armée. » On lui donna sur-le-champ la commission, sans argent; et il partit pour la Suisse.

Jamais

Jamais négociation ne fut si singulière. D'abord il persuada aux Genevois et aux Suisses de faire la guerre au duc de Savoie, conjointement avec la France. Il leur promit de la cavalerie, qu'il ne leur donna point, leur fit lever dix mille hommes d'infanterie, et les engagea de plus à donner cent mille écus. Quand il se vit à la tête de cette armée, il prit quelques places au duc de Savoie ensuite il sut tellement gagner les Suisses qu'il engagea l'armée à marcher au secours du roi.

«

2. Pélopidas, général thébain, s'étant transporté à la cour d'Artaxerxès, roi de Perse, y recut tous les honneurs dûs à la grandeur de ses vertus. En l'appercevant, tous les satrapes s'écrioient, pleins d'admiration : <«< Voilà cet homme qui a ôté aux Lacédémoniens l'en.<< pire de la terre et de la mer, et réduit Sparte à se <<< renfermer entre le Taïgète et l'Eurotas; Sparte qui, « depuis peu encore, sous la conduite d'Agésilas, ne << tendoit à rien moins qu'à nous venir attaquer dans << Suze et dans Ecbatane. » Le roi, ravi de son arrivée, fit ses efforts pour lui prouver son estime, et bientôt il ne dissimula point l'extrême considération qu'il avoit pour lui, et la préférence qu'il lui donnoit sur tous les autres. Pélopidas usa de son crédit en bon citoyen, en politique habile. Il fit sentir au monarque de quelle importance il étoit, pour les intérêts de sa couronne ; de protéger une puissance naissante, qui n'avait jamais porté les armes contre les Perses, et qui, formant une espèce d'équilibre entre Sparte et Athènes, pouvoit faire une utile diversion contre ces deux républiques, ennemies perpétuelles, et irréconciliables de la Perse: Le roi goûta ses raisons, et les ratifia; puis, voulant récompenser dignement l'utile avis du capitaine thébain, il lui demanda quelle faveur il vouloit de lui? « Je souhaiterois, sire, répondit Pélopidas, que Mes« sène demeurât libre et affranchie du joug de Lacédé<< mone; que les Athéniens, qui s'étoient mis en mer << pour infester les côtes de la Béotie, retirassent leurs « galères, ou qu'on leur déclarât la guerre ; que ceux qui ne voudroient pas entrer dans la ligue, ou marcher contre les réfractaires, fussent attaqués les attaqués Tome II: E

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