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maxime sublime, digne d'être gravée dans les palais des monarques, et plus encore dans leurs cœurs!

2. Après la mort d'Auxence, évêque arien de Milan, Valentinien écrivit en ces termes aux prélats assemblés dans cette ville « Choisissez un pasteur qui, par sa << vertu et par sa doctrine, mérite que nous le respections, <«<et qui puisse nous donner de salutaires avis; car, << étant comme nous le sommes, des foibles mortels, «nous ne pouvons éviter de faire des fautes. » Les évêques prièrent l'empereur de désigner lui-même celui qu'il croyoit le plus capable. Il leur répondit que ce choix étoit au-dessus de ses lumières, et qu'il n'appartenoit qu'à des hommes éclairés de la grace divine. Milan étoit rempli de troubles : la cabale arienne faisoit les derniers efforts pour placer sur le siège d'Auxence un prélat imbu des mêmes erreurs. Ambroise, aussi distingué par la beauté de son génie et par la pureté de ses mœurs, que par sa noblesse et par ses richesses, gouvernoit alors la Ligurie et l'Emilie. Instruit dans les lettres humaines, il avoit d'abord exercé à Rome la profession d'avocat, et étoit devenu assesseur de Probe, préfet d'Italie. Lorsqu'il avoit été chargé du gouvernement de la province dont Milan étoit la capitale, ce préfet, en lui faisant ses adieux, lui avoit dit : « Gouvernez, non pas en magistrat, mais en « évêque. » Cette parole devint une prophétie. La contestation sur le choix de l'évêque s'échauffant de plus en plus, faisoit craindre une sédition. Ambroise, obligé par le devoir de sa charge, de maintenir le bon ordre, vint à l'église, et fit usage de son éloquence pour calmer les esprits, et les engager à choisir avec discernement et sans tumulte celui qui devoit être pour eux un ange de lumière et de paix. Il parloit encore, lorsque tous, d'une commune voix, catholiques et ariens, s'écrièrent qu'ils demandoient Ambroise pour évêque. Ambroise, saisi d'effroi, prit la fuite, et n'oublia rien pour résister au désir du peuple. Les évêques, qui approuvoient ce choix, s'adressèrent à l'empereur, parce que les lois défendoient de recevoir dans le clergé ceux qui étoient engagés dans les

emplois civils. Valentinien fut flatté d'apprendre que les magistrats qu'il choisissoit fussent jugés dignes de l'épiscopat; et, dans le transport de sa joie : « Sei<< gneur,» s'écria-t-il, « graces vous soient rendues de << ce que vous voulez bien commettre le salut des ames « à celui à qui je n'avois confié que le soin des corps! » L'autorité du prince, jointe aux instances des prélats et à la persévérance du peuple, forca enfin la modestie d'Ambroise. Il fut baptisé; car il n'étoit encore que catéchumène, quoique âgé d'environ trente-cinq ans. Il recut l'onction épiscopale; et, par le crédit que lui procura auprès des empereurs l'élévation de son ame, soutenue d'une éminente sainteté, son élection fut un événement aussi avantageux pour l'état que pour l'Eglise. Dès les premiers jours de son épiscopat, on vit un heureux présage de la généreuse liberté dont il feroit usage avec les princes, et des égards que les princes auroient pour ses avis. Il se plaignit à l'empereur de quelques abus qui s'étoient glissés dans la magistrature. Valentinien lui répondit : «Je connoissois votre « franchise; elle ne m'a pas empêché de vous donner << mon suffrage. Continuez, comme la loi divine vous << l'ordonne, de nous avertir de nos erreurs. »

3. Le sophiste Antiochus s'emportoit facilement ; mais la philosophie lui avoit appris à connoître son défaut. Comme il n'étoit pas assez maître de luimême pour parler tranquillement sur les abus de son siècle, il s'abstenoit de monter à la tribune aux harangues, et de se mêler du gouvernement. Quelqu'un se moquoit de cette sage défiance, et l'accusoit d'être à cet égard d'une timidité condamnable : « Ce n'est << pas le peuple, » répondit-il, « c'est Antiochus que <<< je crains. >>

4. La défiance, dans un gouverneur de place, est l'effet d'une prudence active et éclairée. Le grand-duc de Toscane, François, avoit fait dire à César Cavaniglia, castellan de Livourne, de rendre les plus grands honneurs à un vice-roi de Naples, qui eut la curiosité de voir la citadelle où il commandoit. Dom César le prie d'y venir avec peu de suite; et, avant de le

recevoir, y fait entrer une compagnie d'infanterie. Comme il s'aperçoit que ces précautions blessent le vice-roi << Monseigneur, « lui dit-il, « j'ai ouï assurer << à nos pères, qu'anciennement on couvroit d'une peau « d'âne ceux à qui l'on confioit des places importantes, << pour les avertir que le devoir de leur charge les << exemptoit de toute cérémonie et de toute civilité << afin d'éviter toute surprise. » Voyez MÉFIANCE,

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DÉLICATESSE.

CLOTAIRE

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1. LOTAIRE II, roi de France, manda S. Eloi à sa cour pour lui faire prêter serment de fidélité. Le monarque lui proposa de jurer sur les saintes reliques. Eloi promettoit bien de demeurer toujours fidèle ; mais il ne put se résoudre à mettre la main sur la châsse, moins encore à jurer, parce qu'il savoit que Jésus-Christ a défendu tout jurement, hors le cas d'une indispensable nécessité. Plus le roi le pressoit de se lier à son service par un serment, plus Eloi s'en défendoit avec humilité; en sorte que, craignant d'offenser Dieu en obéissant auroi, et d'offenser le roi en obéissant à Dieu, il n'opposoit que des larmes aux instances du prince. Clotaire en fut touché; et jugeant que ces scrupules ne venoient que de la délicatesse de sa conscience, et du respect qu'il avoit pour les choses sacrées, il n'insista pas davantage. « Votre « répugnance, » lui dit-il en le congédiant, «m'assure « beaucoup mieux de votre fidélité, que tous les ser« mens que vous pourriez faire. »

2. Les martyrs Alexandre et Caïus, firent voir jusqu'où les chrétiens de leur siècle portoient la délicatesse, et ce religieux scrupule qui est, pour ainsi dire, la boussole d'une ame sainte. Ces deux héros de notre religion auguste, ayant été condamnés à mort, et conduits au supplice avec des Marcionites, demandèrent, comme une grace singulière à leurs bourreaux, d'être décapités séparément, afin que leur sang, consacré par

la pureté de leur foi, ne se mêlat et ne se confondit point avec celui de ces hérétiques.

3. « Lorsque j'éprouve quelque mouvement de co« lère,» dit St. Jérôme, « quand une mauvaise pensée « m'est entrée dans l'esprit, ou quand j'ai eu quelque << illusion pendant le sommeil, je n'oserois entrer dans «<les basiliques des martyrs, tant j'ai le corps et l'esprit << saisis de frayeur et de tremblement ! »

4.St. Jean-Chrysostome n'ayant pu réconcilier deux évêques, dont l'un accusoit l'autre avec chaleur dans une assemblée composée de vingt-deux prélats, en ressentit quelque émotion: son ame pacifique et amie de la concorde, se troubla. Le sentiment qu'il éprouva étoit un peu vif, il est vrai; mais il n'avoit rien que de louable dans son principe, et l'on pouvoit lui donner le nom de sainte indignation. Le religieux prélat n'en jugea pas de la sorte. L'agitation de son esprit alarma sa conscience: il s'abstint d'offrir le saint sacrifice, pria l'évêque Pansophius de le faire en sa place, et sortit de l'église pour aller, suivant le précepte du Sauveur, se réconcilier avec son frère, avant d'approcher de l'autel.

5. Après une victoire remportée sur les ennemis de la religion et de l'état, le grand Théodoses'abstint de communier, à cause de la mort de ses ennemis qui avoient été tués à la bataille ; et il ne s'approcha du sacrement de l'eucharistie, qu'après avoir fait une espèce de pénitence de tant de meurtres involontaires.

6.St. Grégoire-le-Grand, pape, ayant appris qu'on avoit trouvé mort un pauvre habitant d'un village voisin de Rome, s'abstint, pendant quelques jours, de dire la messe il craignit que ce malheureux ne fût mort de faim et de misère: il se regardoit comme coupable de ne l'avoir pas secouru ; et l'on eût dit, à voir les austérités qu'il s'imposa, qu'il avoit tué cet infortuné de ses propres mains. Que les peuples seroient heureux, si tous ceux qui commandent portoient à ce point la délicatesse!

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1.

DÉPENSE.

Ox faisoit au maréchal de Biron des représentations sur les dépenses considérables de sa maison, et sur le grand nombre de ses domestiques. «Vous pour<<< riez économiser beaucoup, » lui disoit-on, « en ren<< voyant cette foule de gens inutiles.- Je ne suis pas << riche pour thésauriser,» répondit-il ; «et, si je puis « me passer de mes gens, qui vous a dit qu'ils pour<«<roient se passer de moi ?»

2. A la fin d'une guerre qui avoit épuisé les finances du royaume, quelques courtisans proposèrent à Louis XIV de donner une fête superbe, qui pût faire concevoir aux étrangers une grande idée des ressources de la France. Ce prince, naturellement magnifique, approuva ce projet ; mais il n'osa long-temps en parler à Colbert, qui se plaignoit tous les jours de l'épuisement des finances. Enfin, après avoir bien balancé, il communiqua son dessein au ministre, mais d'une manière détournée et avec des restrictions. Colbert, au seul mot de dépense, fronça le sourcil; et donnant une nuance de plus à son air froid et sévère, le roi se trouva dans une espèce d'embarras ; il chercha à s'excuser, et lui dit que son dessein n'étoit pas de faire une grande dépense, qu'il choisiroit, de tous les plans qu'on lui avoit présentés, celui qui pourroit être rempli à moins de frais. Mais il fut bien étonné, lorsque Colbert, sans entrer dans ses vues d'épargne, lui répondit: << Puisqu'il est question de donner une fête, il faut la << rendre digne du plus grand roi du monde. » Il prit ensuite les plans qu'on avoit présentés au roi pour le carrousel, et s'en retourna. Arrivé chez lui, le ministre fit venir tous les fermiers-généraux, et leur dit que l'intention du roi étoit de compter avec eux de clerc à maître, et que, pour les dédommager de la peine que ce dérangement leur causeroit, sa majesté leur accordoit un million de gratification. Colbertretourna ensuite

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