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30.Le maréchal de Fabert étoit si peu attaché aux richesses, qu'il sacrifioit généreusement tout son bien au service du roi. Il faisoit, en beaucoup d'occasions travailler les soldats, et élever des fortifications à ses dépens. Lorsque son épouse et ses plus intimes amis lui représentoient que, par ces dépenses, il ôtoit à sa famille un bien qu'il étoit obligé de lui conserver, il répondoit: «Si pour empêcher qu'une place que le roi m'auroit confiée, ne tombât au pouvoir des ennemis, il falloit mettre à une brèche que je verrois faite «ma personne, ma famille, tout ce que je possède, « je ne balancerois point à le faire.»

DEVOIRS.

1.Un jeune roi de Perse s'abandonnoit à la dissipa

ces

tion et à tous les plaisirs que lui préparoient les courtisans. Un jour il chantoit, dans un festin, paroles: » Je jouissois du moment qui est passé ; et je << commence à jouir de celui qui succède. Content et <<< tranquille, l'espérance d'aucun bien, la crainte d'au<< cun mal ne me donne d'inquiétude. « Un pauvre, assis sous la fenêtre de la salle du festin, entendit le monarque, et lui cria; «Si tu es sans inquiétude pour << ton sort, n'en as-tu jamais pour le nôtre ? » Le roi fut touché de son discours. Il s'approcha de la fenêtre, regarda quelque temps le pauvre avec attention, et, sans lui parler, lui fit donner une somme considérable. Il sortit ensuite de la salle du festin, en faisant des réflexions sur sa vie passée. Elle avoit été opposée à tous ses devoirs. Il en eut honte. Il prit en main les rênes du gouvernement, qu'il avoit jusqu'alors abandonnées à ses favoris. On le vit travailler assidument; et, en peu de temps il rétablit l'ordre dans l'empire. Depuis qu'il étoit occupé de l'administration de ses états, on lui faisoit souvent des plaintes de la licence et du désordre dans lesquels vivoit le pauvre qu'il avoit enrichi. Enfin, il le vit un jour à la porte du palais.

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Il étoit couvert de lambeaux, et il revenoit demander l'aumône. Le roi, le montrant à l'un des sages de sa cour, lui dit : «Vois-tu les effets de la bonté ? Tu << m'as vu combler cet homme de richesses : vois-tu quel << en est le fruit? Mes bienfaits ont corrompu ce pau« vre; ils ont été pour lui une source de nouveaux vices << et d'une nouvelle misère. Cela est vrai, répondit « le sage, parce que tu as donné à la pauvreté ce que « tu ne devois qu'au travail. »

2. Henri IV ne faisoit point consister la grandeur et la gloire dans l'étendue de la puissance d'un souverain, mais dans le bon usage qu'il en sait faire. On lui reprochoit un jour le peu de pouvoir qu'il avoit dans la Rochelle. «Vous avez tort, répondit-il, je fais dans cette « ville tout ce que je veux, parce que je n'y fais que * ce que je dois. »

3. Aureng-Zeb, mort empereur des Mogols en 1707, sortoit d'une longue maladie, et travailloit plus que sa foiblesse ne pouvoit lui permettre. Un ministre lui représenta combien cet excès d'application étoit dangeroux, et quelles suites il pouvoit avoir, Le monarque lui lança un regard d'indignation et de mépris; puis se tournant vers les autres courtisans: « N'avouez« vous pas, leur dit-il, qu'il y a des circonstances où « un roi doit hasarder sa vie, et périr les armes à la « main, s'il le faut, pour la défense de sa patrie ? Et <«ce vil flatteur ne veut pas que je consacre mes veilles « au bonheur de mes sujets!Croit-il donc que j'ignore «que la Divinité ne m'a conduit sur le trône, que « pour la félicité de tant de millions d'hommes qu'elle «m'a soumis? Non, non, Aureng-Zeb n'oubliera « jamais le vers de Sadi:

» Rois, cessez d'être rois, ou régnez par vous-mêmes,

« Hélas! la grandeur et la prospérité ne nous tendent « déjà que trop de piéges. Malheureux que nous som« mes! tout nous entraîne à la mollesse ; tout nous « éloigne de nos devoirs. Faudra-t-il que des ministres « élèvent encore leur voix perfide pour combattre la G

Tome II

<< vertu tonjours foible et chancelante des rois, et les « perdre par de funestes conseils ?>>>

DEVOTION.

1.Le divin Maris, dit Théodoret, non content d'a

voir passé toute sa vie dans les exercices de la vertu, et de s'être toujours conservé dans la chasteté du corps et de l'ame, fit une petite maison, où, s'étant enfermé, il demeura trente-sept ans reclus. Agé de quatre-vingt-dix ans, il n'avoit pour tout habit qu'une peau de chèvre, et ne vivoit que d'un peu de pain et de sel. Comme il y avoit fort long-temps qu'il souhaitoit de voir célébrer le saint sacrifice de la messe, il me pria de l'offrir dans sa cellule : j'y consentis, et j'envoyai chercher les vases sacrés dans l'église voisine. Au lieu d'autel, je me servis des mains des diacres, et j'offris de la sorte la mystique, la divine, là salutaire victime. Durant la célébration du sacrifice, cet homme de Dieu fut rempli d'une joie si sainte et si spirituelle, qu'il s'imaginoit être dans le ciel, et que depuis, il disoit qu'il n'avoit jamais eu, en toute sa vie, une telle consolation, ni été comblé d'un semblable coutentement.

2. S. Palémon dit, un jour de Pâques, à S. Pacôme, son disciple, d'apprêter à manger en considération de cette grande fête. Celui-ci, contre son ordinaire, mêla un peu d'huile avec du sel pilé, et y ajouta quelques herbes. Le saint vieillard, après la prière accoutumée, s'approcha de la table: voyant cette huile et ce sel, il dit, en versant une abondance de larmes: «Mon maître « a été crucifié, et je mangerois maintenant de l'huile!»> Quelques instances que Pacôme lui fit, il n'en voulut jamais goûter, et ne prit que du pain et du sel, selon leur coutume.

3. S. Homebon étoit de Crémone en Lombardie : il se retira de la compagnie des hommes pour s'appliquer aux jeûnes, aux veilles, à la prière, et distribuoit aux

pauvres ce qu'il avoit gagné par son trafic; car il avoit été marchand. Il avoit sur-tout une singulière dévotion pour le très-saint sacrifice de la messe. Il alloit toutes les nuits à l'église ; et après matines, il demeuroit devant le crucifix prosterné en oraison jusqu'à la célébration des ineffables mystères, auxquels il assistoit avec une ardeur et un recueillement qui portoient l'édification dans tous les cours. Un jour, ayant assisté à matines, et prié jusqu'à la messe à son ordinaire, il se prosterna au Gloria in excelsis, les mains étendues en croix. Comme on vit qu'il ne se levoit point à l'évangile, on crut qu'il s'étoit endormi; on voulut l'éveiller, on trouva qu'il étoit mort.

la

elle

4. La bienheureuse Julienne, religieuse de la maladrerie de Mont-Cornillon, au au faubourg de Liège n'étant encore âgée que de seize ans, vit en songe lune dans son plein, qui avoit néanmoins une brèche. Cette vision, qui arriva l'an 1210, s'offrit encore depuis à son imagination, presque toutes les fois qu'elle se mettoit en prières. Elle comprit enfin, deux ans après, que la lune étoit l'Eglise, et que la brèche pouvoit marquer le défaut d'une fête du Saint-Sacrement. Elle avoit une grande dévotion au saint sacrifice de la messe elle y apportoit volontiers toutes ses pensées. Elle garda le silence de sa vision jusqu'en 1230, qu'ayant été élue prieure de la maison de Mont-Cornillon, s'en ouvrit à un chanoine de S. Martin de Liège, nommé Jean; et elle lui persuada de communiquer son projet aux pasteurs et aux théologiens. Le chanoine étant entré dans ses vues, intéressa dans cette affaire une foule de personnes pieuses, et sur-tout l'archidiacre de l'église de Liège, nommé Jacques de Troye, qui fut depuis pape sous le nom d'Urbain IV. La bienheureuse Julienne, assurée de tant d'approbations, fit composer un office du Saint-Sacrement, dont elle-même donna le plan, et elle le fit approuver ensuite par les principaux théologiens du pays. Les chanoines de S. Martin furent les premiers qui s'en servirent, et qui solennisèrent la fête du Saint Sacrement, dès l'an 1247 et bientôt, par les soins de l'évêque de Liège, et de

la vénérable Eve, recluse, confidente de Juliennė, Urbain IV la fit célébrer par toute la terre.

5. L'odeur de la piété de S. Louis, roi de France, s'était répandue jusques dans les pays les plus éloignés. Baudouin, empereur de Constantinople, étant venu en France pour implorer les secours du roi contre les Grecs, qui assiégeoient la ville impériale, crut gagner tout d'un coup le cœur de Louis, en lui faisant présent de la sainte couronne d'épines. Il ne fut pas trompé; le roi l'assista de troupes et d'argent. La sainte couronne fut retirée des mains des Vénitiens, à qui les Grecs l'avoient engagée, et elle fut apportée en France. S. Louis alla la recevoir à cinq lieues de Sens, suivi de toute la cour et du clergé. Il l'accompagna jusqu'à Paris, avec des sentimens de componction et d'humilité, dont tout son extérieur donnoit des marques bien sensibles. Il porta lui-même la relique, assisté de son frère le comte d'Artois, étant nu-pieds, et ayant la tête découverte, depuis l'église de S. Antoine-des-Champs, dans un des faubourgs de Paris, jusqu'à celle de Notre-Dame; et elle fut déposée dans la chapelle de S. Nicolas, qui tenoit à son palais. Quelque temps après, il reçut encore un morceau de la vraie croix, que les Vénitiens avoient eu du roi de Jérusalem; il fit abattre la chapelle de S. Nicolas, et bâtit en la même place. l'église de la Sainte-Chapelle: il y mit les divines reliques enchâssées dans l'or et les pierreries; il y fonda des chanoines, pour y chanter, jour et nuit, les louanges de Dieu, en présence de ces précieux monumens de notre rédemption; et il eut pour ce lieu une dévotion particulière. Tous les ans, le vendredi saint, il s'y rendoit, revêtu des habits royaux, la couronne sur la tête; et if exposoit lui-même la vraie croix à la vénération du peuple; mais il commencoit par donner l'exemple de l'humiliation avec laquelle on doit s'approcher de ces sacrés instrumens du salut: il se tenoit la tête décou verte, les pieds nus, sans épée, et il se prosternoit d'abord, priant Dieu quelque temps: il se traînoit sur les genoux, et s'arrêtoit de nouveau pour prier

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