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sur notre pierre, un savant archéologue Anglais, qui a examiné notre pierre en 1863, attribuait la pierre en question au III ou au IVe siècle, et au Gnosticisme, et certainement les caractères de l'inscription ne le contredisent point.

Il est en effet des auteurs qui croient que ces représentations énigmatiques se rapportent à la secte des Gnostiques. Le chanoine J. Chiflet, dans son Abraxas protevs sev gemmae basilidianae multiformis portentosa varietas'), donne (Pl. 17 n. 70) une pierre ovale, d'un côté tout à fait semblable à la nôtre (sauf que la figure du centre est plus grande et mieux caractérisée), et dont il dit p. 118: « Ad Abraxam ... etiam refero sequens humanum caput radiatum anguibus septem, in cuius averso inscriptio Gnostica, ut apparet, quamquam minus compertae significationis »; la face opposée porte une inscription contenant, sauf quelques additions, les deux inscriptions de notre pierre. Cette pierre fut reproduite par le savant Bénédictin, Bernard de Montfaucon, qui a publiè1) environ 300 pierres, connues sous le titre d'Abraxas.

M. U. Fr. Kopp publie une pierre du même genre, ayant d'un côté une face humaine dont sortent sept serpents entortillés, de l'autre une inscription pareille à celle de Chiflet).

On sait que la secte des Ophites adorait le serpent comme leur Sauveur, tandis qu'une autre secte gnostique, les Marcionites (ainsi appelés d'après leur fondateur Marcion) vénéraient le serpent comme le symbole du principe du mal. Cette dernière secte existait encore au Ve siècle, et c'est à elle que notre hématite pourrait se rapporter. D'un autre côté, la croix tenue par notre figure et qui se trouve également sur une des pierres reproduites par Montfaucon (pl. 273), dans la main d'un cavalier nu, pour

') Imprimé dans Jo. Macarii, canonici Ariensis, Abraxas sev Apistopistvs; quae est antiqvaria de gemmis basilidianis disqvisitio, Antv. 1657.

*) L'antiquité expliquée et représentée en figures, Paris, 1722 t. II part. 2 p. 355.

*) De difficultate interpretandi ea quae aut vitiose vel subobscure aut alienis a sermone litteris scripta sunt, vol. alterum (Palaeographiae criticae pars IV) p. 343.

rait indiquer la secte de Valentin, qui comptait la croix (σTaupos) parmi ses Eons').

Dans la supposition que notre sceau a une origine gnostique, quel rapport pourrait-il avoir avec S. Servais?

Notre Saint est connu comme le champion infatigable de l'orthodoxie contre l'hérésie et notamment contre l'Arianisme. Mais avant l'Arianisme, depuis le deuxième siècle, les Gaules furent infectées par le Gnosticisme, qui cherchait surtout à se répandre par l'influence des femmes'). C'est donc aussi contre cette secte que S. Servais a dû exercer son zèle. Or un auteur du Ve siècle, Gennadius), rapporte qu'au IVe siècle, un évêque Gaulois, du nom de Sabbatius, cédant aux instances de la chaste et pieuse vierge Secunda, écrivit un livre apologétique, dont la première partie était dirigée contre les Gnostiques Marcion et Valentin, et la seconde contre les Ariens Aëtius et Eunomius. Ce Sabbatius, selon divers auteurs), n'est autre que l'évêque de Maestricht S. Servais, dont le nom, dans les écrits de S. Athanase et dans les Actes du Concile de Sardique, est écrit Sarbatius. Ainsi ce ne serait pas sans une haute signification, que cet objet caractéristique d'une hérésie, qui niait l'humanité de Jésus-Christ et son immolation réelle sur la croix, et que S. Servais a si vaillamment combattue, eut été attaché, comme un trophée glorieux, à l'autel, sur lequel le Saint avait coutume d'offrir le sacrifice non-sanglant de la Messe.

Cependant il n'est pas nécessaire de recourir au Gnosticisme pour trouver une explication plausible de notre pierre. Voici une interprétation chrétienne des deux inscriptions, que nous fournit le R. P. F. Heynen S. J. et qui a l'avantage, en reliant les deux inscriptions, de donner un sens coulant et fondé :

4) MONTFAUCON, 1. c. p. 564 et CHAMLOUILLET, Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées de la bibliothèque impériale, etc. Paris, p. 283 et suiv.

2) S HIERONYMUS, Ep. 75 ad Theodoram (dans MIGNE Patrol. lat. t. 22, col. 687). De scriptoribus ecclesiasticis, Cap. 25 (MIGNE, Patrol. lat. t. 58 col. 1075). Histoire literaire de la France, t. I part. 2 p. 242, PAQUOT, Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des XVII Provinces des PaysBas etc., Louv. 1764 t. III p. 293.

1r Inscription: + CEPA MEAANH O COOH')

()στέρα μελάνῃ ὁ ζῶν (ου σόος)

2me Inscription: H HC AпOEXE OCA

* (ὅ)φις άποίχε όσα (=όσον).

Cette leçon donne le sens suivant:

1°+ En ce dernier terrible jour le Vivant (à savoir JésusChrist) ou le Sauvé! (à savoir le fidèle Chrétien, triomphera), 2° Auquel (jour) le serpent sera complètement vaincu. En faveur de cette leçon le Rév. Père Heynen invoque l'analogie existant entre notre inscription et celles que portent les pierres décrites par Chiflet et Kopp. En effet sur la pierre de M. Kopp (défectueuse en haut, comme nous l'indiquons par des points), on lit:

+ v c....

MEAAHHME

AANOMENHOC

ОФИСНАНЕСЕК

EOCAEONBPV

XACEKEOCAPN

OCKVMACE

+ ύσ (τέρα ἡμέρα

μελάνη μετ λανομένη, ὡς

ὄφις εἰλήεσε, κ

αἱ ὡς λέων βρυ

χασε καὶ ὡς ἀρν

ος κοίμασε.

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Kopp, qui lit cette inscription de la manière suivante : vorépa (ἡμέρα), Μέλανι μελανομένη, ὅς ὄφις, εἰλήσῃ ̇ καὶ ὅς λέων, βρυχήσῃ καὶ ὅς aprio, pochon in atra illa die, per melum atrata, qui serpens sinuaberis, et qui leo rugies, et qui agnus quiesces; et ajoute: Dicta sunt in solatium eorum qui mortis angores aequo animo patiantur. Cette prase destinée, d'après Kopp, à encourager ceux qui désirent mourir avec calme, n'atteindrait pas moins ce but s'il eût traduit plus littéralement ainsi : « En ce dernier terrible et effrayant jour, il (l'homme) se tordra comme un serpent, ou rugira comme un lion, ou reposera comme un agneau.

La pierre de M. Kopp jette une lumière inattendue sur l'inscription publiée par Chiflet, où le savant De Montfaucon ne put déchiffrer que les mots suivants : ἔφης ..... ὡς λέων βρύχασε καὶ ὡς ἀρνίον .....Le serpent a rugi comme un lion et (est doux)

') Le H et le N, de même que le o et le w, sont souvent confondus dans les inscriptions de ce genre, comme c'est aussi le cas avec l'inscription publiée par M. Kopp, que nous donnons plus loin.

comme un agneau, car en comparant les deux inscriptions, on trouve qu'elles sont presque entièrement identiques. Voici celle de Chiflet, où la mutilation de la pierre, à gauche, a fait disparaître la première lettre de la 2me jusqu'à la 4 ligne :

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Les différences accidentelles des deux inscriptions et les incorrections qu'on y trouve, doivent être attribuées, comme l'insinue M. Kopp dans le titre même de son ouvrage, à la manière d'écrire défectueuse de l'époque et au choix des caractères qui ne répondent pas toujours aux exigences du langage

correct.

Après ces observations le R. P. Heynen conclut :

1 L'inscription de notre pierre est du même genre que celles de Kopp et de Chiflet, dont l'identité est incontestable; or, comme rien ne prouve que ces deux dernières aient une origine gnostique, il n'est pas non plus nécessaire d'attribuer une semblable origine à l'inscription du sigillum de S. Servais.

2. Ce qui plaide singulièrement en faveur d'une origine et d'une destination chrétiennes de notre pierre, c'est la figure du Saint, tenant de la gauche une croix et bénissant de la droite. Les initiales 10 П, environnant la tête du Saint, paraissent indiquer clairement S. Jean, le prophète de l'Apocalypse, 10(άvns) П(popτns), et l'adversaire décidé du Gnosticisme.

3 Loin d'être en contradiction avec l'interprétation donnée de l'inscription et de la figure du Saint, le serpent à sept têtes confirme plutôt cette double interprétation, car plus d'une fois ce serpent est mentionné dans l'Apocalypse.

Observons toutefois que notre pierre n'a jamais été considérée

comme Relique de S. Servais, car il n'en est fait aucune mention, ni dans les Actes de la Translation, ni dans l'énumération des Reliques portées dans la grande procession de 1628, ni dans les diverses biographies du Saint. Le nom de sceau (sigillum), que lui donnent les auteurs cités plus haut, prouve qu'ils ignoraient la destination de cette pierre.

L'autel de S. Servais, que nous voyons figurer à la procession de 1628 (v. aux App. p. XLVII), fut racheté des mains d'un Chanoine, auquel il était échu en partage à la fin du siè

cle dernier. C'e te chandine Maurissen

SARCOPHAGE EN PIERRE

Longueur 1,56 m.; hauteur 1,32 m.; largeur 1,09 m.

IV SIÈCLE.

'est aux jours de S. Servais, peut-être à une époque plus éloignée, que nous devons assigner le grand Sarcophage en pierre que représente la Figure 13 (a et b) et qui autrefois était placé sur un socle derrière l'autel de la grande crypte.

Lorsqu'en 1623, le 22 Avril, le Chapitre fit examiner le contenu de ce monument'), on y trouva un cercueil avec couvercle, en plomb, long d'environ 4 pieds, large d'un pied et demi, et haut d'un pied, divisé en quatre compartiments qui contenaient séparément, à commencer par le côté gauche du spectateur, les corps des SS. Évêques Candide, Gondulphe, Valentin) et Monulfe, comme l'indiquaient les titres en plomb attachés au couvercle; près des Reliques de S. Valentin on trouva un suaire contenant des Cineres S. Servatii, peut-être le même, qui est actuellement enfermé dans la Châsse de S. Ser

') V. les Appendices n. 14 et n. 16 sub 8.

*) Les Reliques de S. Valentin ne constituaient pas un corps entier; les os manquants sont peut-être ceux qui se trouvent à l'antique église collégiale de Susteren, et qui portent le nom de S. Valentin.

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