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paysans de s'acquitter facilement de leurs impôts. Dans les autres gouvernements où le sol est ingrat, les seigneurs n'ayant plus la ressource de l'abrok, obligés de cultiver des terres dont le revenu dépasse difficilement le taux de la main-d'œuvre, ont été en partie ruinés, et les paysans, obligés de payer d'une part l'impôt de la capitation et de l'autre l'impôt sur la terre, n'ont guère acquis que des charges en devenant propriétaires.

La communauté rurale ou Obschestvo a conservé son autonomie : c'est elle qui procède à la répartition de la terre, quand elle le juge à propos, suivant l'augmentation des bras ou leur diminution; qui veille aux partages lorsqu'une famille se divise, et traite les questions purement locales dans des assemblées libres et dénuées de toute forme, où les anciens ont encore la principale influence.

L'Obschestvo correspond à l'ancienne terre seigneuriale, moins le seigneur et son bien propre; il y a généralement plusieurs Obschestvo par village : la réunion de plusieurs villages forme un Volost, dont le chef est un paysan, le Starchina.

Le Volost est la première unité administrative que l'on rencontre en Russie, et cette unité possède encore toute son autonomie. Le

conseil du Volost n'est composé que de paysans; le Starchina en est le président, élu pour trois ans par tout le Volost réuni; il est assisté de deux Svidiétiel, du Sborschik ou collecteur d'impôts, d'un écrivain et de deux gardiens de l'isba où se tient le conseil.

Le chef de l'Obschestvo est le Starosta; il n'est pas rétribué; il n'a d'autres fonctions que celles de réunir les assemblées, et de surveiller l'exécution des mesures de police ou de sûreté prescrites pour sa communauté.

Le Starchina veille à la collection des impôts et à leur rentrée, tant dans la caisse du Volost que dans celle du district. Il préside les juge. ments pour des vols d'une somme inférieure à trente roubles, pour des contestations ou des rixes au sujet des terres, pour des infractions graves à la morale ou au respect dû aux parents. Dans un cas semblable, tout le Volost s'assemble et nomme des juges en nombre indéterminé. Le tribunal ainsi formé peut faire donner au coupable jusqu'à trente coups de verges, et la sentence est exécutée séance tenante. Le genre de châtiment varie suivant les usages locaux, et les arrêts de ce tribunal ont force de loi. L'assemblée du Volost fixe ellemême les impôts locaux et le traitement de ses fonctionnaires.

Les paysans, on le voit, règlent librement leurs propres intérêts, et les fonctionnaires du gouvernement, soit de la police, soit de la justice, soit de la trésorerie, soit de l'armée, n'interviennent que là où finissent les attributions des conseils communaux. Les points de contact de la vie administrative et de la vie autonome sont délicats à saisir, parce qu'ils varient suivant les usages locaux; mais partout existe un grand respect de la coutume, et la loi écrite n'est invoquée que dans. les questions que la coutume est impuissante à résoudre.

Le paysan émancipé est admis aujourd'hui, dans une proportion notable, dans les jurys des cours d'assises, dans les Zemstvo ou États de district et mème quelquefois dans les États de province. Dans ces assemblées, où les diverses classes de la société, nobles, marchands, prêtres, paysans envoient des représentants librement et sagement élus, sans pression administrative et sans les influences parasites de l'Occident, les paysans apportent, à défaut de culture d'esprit, un grand bon sens et un jugement sain des affaires pratiques.

On voit, en comparant l'ancien régime au nouveau, que les propriétaires sont aujourd'hui tout à fait séparés de leurs anciens serviteurs: donc en recouvrant la liberté, les paysans ont

perdu la protection du maître et son autorité pour maintenir les liens de la famille ou les droits paternels.

A cet égard, l'influence de la commune est moindre, sa principale préoccupation étant le paiement des impôts, dont elle est responsable. Néanmoins, dans les assemblées rurales, les décisions des anciens sont respectées la crainte d'une flétrissure ou même d'un châtiment public arrête encore de trop grands écarts dans les mœurs et les devoirs réciproques des membres de la communauté. Tant que la famille est réunie, l'autorité de son chef est à peu près complète; mais à sa mort, par suite de divergence d'intérêts ou d'incompatibilité d'humeurs, la division s'accentue et la famille s'émiette.

Les anciens s'en plaignent souvent tout en appréciant les bienfaits du nouveau régime, ils regrettent cette action du seigneur, qui maintenait l'union du foyer et, en arrêtant l'éparpillement de la famille, empêchait son appauvrissement. Aussi continuent-ils toujours à consulter leur ancien maître dans les cas difficiles, et le profond respect que tous ont conservé pour lui témoigne que la liberté ne les a pas rendus accessibles au faux principe d'égalité.

Les droits du paysan, membre de la communauté rurale, sont tous identiques, quel que soit le degré d'aisance qu'il possède, et il accepte facilement la contrainte qui le maintient dans la communauté. En effet, s'il s'élève à la fortune, il peut s'y soustraire à prix d'argent; s'il reste dans sa condition de médiocrité, il trouve dans cette contrainte, avec l'indépendance du foyer domestique, une protection contre la misère et l'abandon.

Des trois garanties morales et matérielles que constituaient autrefois, au profit de la famille, l'assistance seigneuriale, le conseil communal et les chefs de maison, la première a donc disparu et les deux autres ont diminué. Il y a là un élément de faiblesse, dont le principal contre-poids serait indiqué dans la pratique de la liberté testamentaire. En fait, le père de famille dispose de son bien à peu près comme il l'entend, et, à cet égard, le droit coutumier est très-variable; mais la pratique et la coutume indiquent le partage, et la loi le confirme.

On peut encore regretter, comme un dangereux symptôme, la multiplication des cabarets et le développement des grandes industries aux abords des villes importantes.

Néanmoins le peuple russe conserve toujours

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