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à Apollon, furnommé Abéen, qui y rendoit les oracles; mais le Domaine du Dieu ne fut pas refpecté par les Perfes, comme il le fut depuis par les Romains; car ils rendirent à ceux d'Abe leurs loix & leur liberté, par refpect pour Apollon; au lieu que les Perfes brûlérent jufqu'à fon temple; ce qui arriva la première année de la 75e Olympiade, 480 ans avant J. C. Ce Temple effuya un fecond incendie, qui acheva de le ruiner. Ce fut durant la guerre facrée. Un corps de Phocéens ne pouvant plus foûtenir l'effort des ennemis, fe réfugia dans la ville d'Abe, & de la ville dans le temple,; mais les Thébains eurent la cruauté d'y mettre le feu. Auffi de tous les temples de la Gréce celui-là étoitil le plus endommagé. Près de ce grand édifice, il y en avoit un moins vafte, que l'empereur Adrien dédia à Apollon. Il étoit orné de statues d'une très-grande antiquité, qui avoient été données par les habitans. Apollon, Diane & Latone y étoient debout en bronze.

On voyoit à Abe un théâtre & une place publique, l'un & l'autre d'un goût fort ancien. C'eft de cette ville, qu'une colonie de Thraces partit pour aller s'établir dans l'ifle d'Eubée, dont les habitans prirent le nom d'Abantes. Le territoire d'Abe eft aujourd'hui au pouvoir des Turcs.

ABED, Abed, O'bul, (a) fils de Jonathan. Il defcendoit des enfans d'Adan, & avoit avec lui

(a) Efdr. L. I. c. 8. v. 6.

cinquante hommes, lorfqu'on revint de la captivité de Babylone.

ABÉEN, [APOLLON] Apollo Abaus. (b) tel eft le furnom qu'on donna à Apollon, à cause d'un temple qu'il avoit à Abe, ville de la Phocide en Gréce. On prétend que ce Dieu y rendit même ses oracles anciennement, avant qu'il eut fixé fon féjour à Delphes. Pendant que les Phocéens travailloient à la construction d'une forteresse auprès de la ville d'Abe, les Bootiens, accompagnés des troupes Macédoniennes,qu'ils venoient de recevoir de Philippe, fondirent fur eux avec tant de furie, que ceux-ci ayant d'abord pris l'épouvante, se sauvérent à toutes jambes, les uns dans les villes les plus prochaines, & les autres au nombre de cinq cens fe refugiérent dans le temple d'Apol lon Abéen, où ils périrent tous par une avanture, que Diodore de Sicile croit tenir du prodige, mais qui paroît être une chose fort naturelle.

En effet, continue cet Historien, entre tous les autres fignes, par lefquels la colère célefte fe fit alors fentir aux Phocéens, il n'y en eut point, ni de plus évident, ni de plus marqué que celui-ci ; car il eft hors de doute, que ceux qui s'étoient renfermés dans le temple, avoient penfé,que le Dieu qui y étoit adoré les prendroit fous fa protection, & que par conféquent ils y feroient à l'abri de tous les dangers. Il en arriva néanmoins tout autrement

Lett. T. XII. p. 199,200. Antiq. expl, (6) Mém. de l'Acad. des Infc, & Bell, par Dom B. de Montf. T. I. p. 197.

qu'ils ne l'avoient efpéré; la vengeance divine leur ayant fait fubir au milieu même du temple, la peine qui étoit dûe à leur crime. Les Phocéens avoient des tentes dreffées le long des murs de ce Temple, & il y avoit dans ces tentes beaucoup de lits de foldats, compofés d'herbes féches, de paille & d'autres matières combustibles. Or, il arriva qu'un foldat ayant, fans y penser, laiffé du feu dans fa tente, le feu fe communiqua en un instant de celle-ci à toutes les autres, & il s'éleva une flamme épouvantable qui gagna d'abord le toit du temple; de forte que tous ceux qui s'y étoient réfugiés, furent brûlés vifs, & le temple lui-même confumé; d'où il faute aux yeux, felon Diodore de Sicile, qu'Apollon avoit voulu marquer par-là qu'il n'avoit aucun égard aux prieres des impies, & qu'il ne prétendoit pas que fon temple leur fervit d'afyle.

y

ABEILLES [les] (a) font célébres dans la fable. Elles furent, felon la tradition la plus commune des habitans de Delphes, les architectes du fecond temple, qui fut conftruit dans cette ville. Elles le compoférent de leur cire & des plumes de différens oiseaux.Quand il eut été bâti, Apollon l'envoya chez les Hyperboréens, auxquels il étoit fort commode, parce qu'il étoit portatif. Ces peuples, qui erroient dans les bois, & qui n'avoient point de demeure certaine, transportoient par-tout avec eux

le temple d'Apollon, qu'ils pla çoient au milieu de leurs habitations. Ils révéroient particulièrement ce Dieu, & lui envoyoient tous les ans à Délos les prémices de leur récolte. Suivant une tradition beaucoup plus vraisemblable, ce fecond temple avoit été bâti par un homme de Delphes, nommé Ptéras, ce qui avoit apparemment donné lieu à la fable des Abeilles; car Ptéras; formé du Grec πτερον, fignifie une plume, une aîle.

Les anciens donnoient des Abeilles pour nourrices à Jupiter, ainfi qu'aux poëtes; mais ils ne faifoient cet honneur qu'aux grands Poëtes, tels que Daphnis. Ils les confacroient à la Lune, l'Ifis d'Égypte. C'est pourquoi les figures de ces petits animaux, trouvées dans le fameux tombeau du roi Childéric, font, au rapport de M. l'Abbé de Fontenu, des preuves incontestables du culte que les Francs rendirent à cette divinité. Les médailles d'Éphèse en l'honneur de Diane, portent fouvent l'empreinte, des Abeilles.

Paufanias dit du mont Hymette dans l'Attique, que c'est le lieu le plus propre qu'il y ait au monde pour la nourriture des Abeilles, fi on en excepte le païs des Halisons. Car chez ces peuples, ajoûte-t'il, les Abeilles font fi douces & fi familières, qu'elles vont aux champs avec les hommes, & qu'il n'eft pas befoin de les renfermer dans des ruches. Elles travaillent çà &

(a) Paufan. pag. 60, 618. Myth. | Lett. Tom. III. p. 73, 147. Tom. V、 par M. l'Abb. Ban. Tom. III. p. 345. p. 8s. T. VI. p. 463. T. VII. p. 149% Mém, de l'Acad. des Infcrip. & Bell.

là, comme il leur plaît ; & leur ouvrage eft fi bien lié & d'un tiffu fi fort, que l'on a de la peine à féparer le miel d'avec la cire. On trouve une description fort étendue de ce qui concerne les Abeilles, dans le quatrième livre des Géorgiques de Virgile; on peut confulter ce livre, fi on le juge à

propos.

ABEL, Abel, A Bex, (a) fut le fecond fils d'Adam & d'Eve. Son frere aîné fe nommoit Caïn. Ils étoient tous les deux d'une humeur bien différente; car Abel, qui étoit berger, & même le premier qu'il y ait eu au monde, étoit un homme très - jufte, il regardoit Dieu comme préfent à toutes fes actions, & ne penfoit qu'à lui plaire. Caïn, au contraire, qui fut le premier laboureur, étoit très - méchant, il ne cherchoit que fon profit & fon intérêt. Ils offrirent l'un & l'autre des facrifices au Seigneur. Caïn préfenta une oblation des fruits de la terre, & Abel offrit les premiers-nés de fon troupeau, & ce qu'il y avoit de plus gras. Le Seigneur regarda favorablement Abel & fes préfens; mais il se détourna de Cain, & de ce qu'il lui avoit offert. L'orgueil de Ĉain ne put fouffrir que Dieu eut préféré fon frere à lui; il en fut irrité, & fon vifage abattu. Pour s'en venger, il engagea Abel à aller avec lui a la campagne. Lorsqu'ils étoient dans les champs, il fe jetta fur lui & le tua. Il eut foin de cacher fon corps, espérant que par ce moyen

(a) Génef. c. 4. v. 2. & feq. Jofeph Jud. Antiq. L. I. c. 2. Matth. c. 23. v. 35. Luc. c. 11. v. 51, Hébr. c. 11, v. 4. c. 12,

perfonne n'auroit connoiffance de fon crime.

Dieu, aux yeux duquel rien n'eft caché, demanda à Caïn où étoit fon frere, qu'il ne voyoit plus depuis quelques jours, au lieu qu'ils étoient auparavant toujours enfemble. Cain, ne fçachant que répondre, dit d'abord qu'il s'étonnoit auffi de ne le plus voir; & comme Dieu le preffoit, il lui répondit infolemment, qu'il n'étoit ni le conducteur ni le gardien de fon frere, & qu'il ne s'étoit point chargé du foin de ce qui le regardoit. Alors Dieu demanda, comment il osoit dire qu'il ne fçavoit pas ce que fon frere étoit devenu, puisqu'il l'avoit tué lui-même. Et fi Caïn ne lui eut offert un facrifice pour adoucir fa colere, il l'auroit châtié à l'heure même, comme fon crime le méritoit. Dieu néanmoins le maudit, le menaça de punir fes defcendans jufqu'à la feptième génération, & le chaffa avec fa femme.

S. Paul nous apprend la raison pourquoi Dieu eut égard au facrifice d'Abel, plutôt qu'à celui de fon frere,lorfqu'il dit que » c'eft » par la foi qu'Abel offrit à Dieu » une plus excellente hoftie que » Caïn, & qu'il fut déclaré jufte; » Dieu, lui-même, rendant témoi"gnage qu'il acceptoit fes dons, & » que c'est à caufe de cette foi, qu'il

parle encore après fa mort.« IIajoûte ailleurs, que fon fang ne parle pas néanmoins d'une manière auffi avantageufe que celui de

v. 24. Mém. de l'Acad. des Infc. & Bell. Lett, T. IV. p. 310. T. XVIII, p. 12.

3. C. le médiateur de la nouvelle Alliance, qui difoit un jour aux Juifs, qu'on leur demanderoit compte de tout le fang, qui avoit été répandu fur la terre, depuis le fang d'Abel le jufte, jufqu'au fang de Zacharie fils de Barachie, qu'ils avoient tué entre le temple &

l'autel.

M. Morin, dans fon hiftoire critique du Célibat, remarque qu'à parler jufte, il n'y a qu'Abel à qui l'on puiffe attribuer avec fondement l'honneur de l'avoir gardé pendant toute fa vie, avant le déJuge. L'Écriture fainte ne lui

donnant en effet ni femme ni enfant, on eft en droit de fuppofer qu'il n'en eut point: Auffi eft-il traité de παρθένος par les Grecs, & de premier vierge par quelques Auteurs. Son nom eft inféré dans le canon de la 'Meffe, à côté de ceux d'Abraham & de Melchifédech.

ABEL DOMUS MAACHA, ville de la tribu de Nephthali, qu'on dit être la même que l'Écriture appelle ailleurs Abéla. Voyez Abéla.

ABEL LE GRAND, Abel magnum, (a) nom d'une pierre, fituée dans le champ de Jofué, auprès de Bethfamès. On y plaça l'Arche d'Alliance, lorfque les Philiftins l'eurent renvoyée fur un chariot attelé de deux vaches, qui allaitoient chacune un veau, & qui ne laifférent pas d'aller jufques-là,fans s'arrêter. Cinquante mille & foixante-dix perfonnes du peuple fu

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rent frappées de mort, pour avoir regardé l'Arche du Seigneur; ce qui répandit la confternation parmi les Bethfamites.

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ABELA, Abela Aber. ABEL DOMUS MAACHA, Abel Domus Maacha Αβελ οικου Maaxa, A BELMAIN, Abelmain, A'ßexuais. (b) Tels font les divers noms qu'on croit avoir été donnés à la même ville. Elle étoit fituée au milieu de la tribu de Nephthali, & alloit être ruinée après la défaite d'Absalon, fi une femme ne l'eût préfervée de ce ce malheur. Un certain Séba, qui avoit levé l'étendard de la révolte contre David, & attiré dans fon parti plufieurs tribus, alla s'enfermer dans cette ville. Joab reçut ordre de le fuivre de près. Ce général ayant mis le fiége devant Abéla, réduifit les habitans à la dernière extrémité, les menaçant même de les exterminer tous fans diftinction, & de rafer leur ville. Mais une femme, touchée des maux qui alloient fondre fur fa tête, ainfi que fur les têtes de fes concitoyens, les affembla, & leur parla avec tant de force, qu'ils réfolurent de prévenir ces calamités, en livrant à l'ennemi celui qu'il cherchoit. Séba fut donc décapité, & fa tête jettée du haut du mur dans le camp dé Joab. Auffi-tôt on leva le fiége.

4

Cet événement doit être placé vers l'an 1022. avant J. C. Ábéla fut cependant détruite près d'un fiécle après, l'an du monde 3095.

L. III. c. 15. v. 20. Paral. L. II. c. 16, Seq. v. 4..

⚫ On en attribue la destruction à un roi de Syrie nommé Bénadab, qui marcha au fecours d'Afa roi de Juda, contre Baafa roi d'Ifraël.

ABÉLA, Abela, (a) autre ville de Judée dans la tribu de Manaffé au païs des Ammonites. Les environs de cette ville étoient plantés de vignes.

ABELLANIENS, Abellani, peuple, de la Campanie en Italie. Leur ville s'appelloit Abelle. Voyez Abelle, dont l'article eft ciaprès.

ABELLE, Abella, A'bama, (b) ville de la Campanie, province d'Italie. Ses habitans étoient, felon Juftin, une colonie de Chalcidiens. Elle eft appellée dans Pline Abelline. Les noix de cette ville étoient fort célébres. Elle en produifoit en effet une grande quantité. C'eft pourquoi les noix Abeilines étoient paffées en proverbe. On a furnommé les habitans d'Abelle, les Marfes, pour les diftinguer de ceux d'une autre ville de même auffi fituée en nom , Italie vers les mons Hirpins. C'eft aujourd'hui Avella au royaume de Naples, dans la terre de Labour, avec titre de marquifat à quatre milles de Nole, & à quinze de Naples.

ABELLIO OU ABELLION, (c) nom d'une divinité, qu'on adoroit dans les Gaules au païs de Comminges, ainfi que le prouvent trois infcriptions rapportées par

(a) Jud. c. 11. v. 33.

(6) Juft. L. XX. c. 1. Strab. p. 249. Ptol. L. III. c. 1. Plin. L. III. c. 5. & 11. L. XV. c. 22.

Gruter. Cet antiquaire, fuivi en
cela par Reinéfius, eft perfuadé
que ce Dieu étoit le même que
Bélénus, adoré dans toutes les
Gaules; & le dernier prétend
même dériver le nom d'Abellio de
celui de Bélénus. La divinité à
laquelle les peuples de Pamphilie,
& les habitans de l'ifle de Créte
rendoient des honneurs, s'appel-
loit auffi Abélion. On croit avec
raifon que c'étoit le même Dieu,
c'est-à-dire, le Soleil ou Apollon,
que
les Romains nommérent d'a-
bord Apellon.

ABELMAIN, Abelmain, (d) A Genuar, ville de Judée dans la tribu de Nephthali au royaume d'Ifraël. Bénadab roi de Syrie, follicité par Afa roi de Juda, de marcher à fon fecours > contre Baafa roi d'Ifraël envoya fes généraux qui prirent, entre autres villes, celle d'Abelmain. Elle étoit murée, ainfi que toutes celles qu'on força. On croit que cette ville eft la même qui eft appellée ailleurs Abel Domus Maacha, ou Abela, voyez Abela.

ABELMEULA ou ABELMÉHULA, Abelmeula, vel Abelmehula, A'Cenμsound, (e), ville fituée en de-çà du Jourdain au païs de Madian, dans la demi-tribu de Manaffé. Ce fut auprès de cette ville que Gédéon remporta une

victoire célébre fur les Madianites.
Il en fut redevable principalement
à ceux d'Ephraim à qui il avoit

P. 475. Antiq. expl. par Dom B. de
Montf. Tom. II. p. 433.

(d) Paral. L. II. c. 16. v. 4. (e) Judic. L. VII. v. 22. & feq. Reg. (c) Myth, par M. l'Abb, Ban, T. V. ] L. III. c. 4. v. 12. C. 19. V, 16,

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