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reculés. Il y a peu d'emprunts à faire à ce que la tradition nous rapporte des Sept Sages. Les Sept Sages étaient, pour la plupart, des législateurs, des magistrats, des chefs de cités; leur sagesse est plutôt un bon sens pratique, à tendance utilitaire, qu'une aspiration morale vraiment élevée. Chez quelques-uns pourtant, on trouve de beaux aphorismes*: « Il vaut mieux pardonner que punir.» (Pittacus*.) « Le pire des animaux sauvages est le tyran, et des animaux domestiques, le flatteur. » (Pittacus.) « Les véritables victoires sont celles qui ne coûtent pas de sang, on les remporte sur soi-même. » (Bias.) « Pendant que vous êtes jeune, faites-vous de la sagesse un viatique pour la vieillesse, car c'est le moins fragile de tous les biens.» (Bias.) « Le gain honteux est un trésor bien lourd. » (Périandre*.) « Plutôt une perte qu'un gain honteux, l'un n'afflige qu'une fois, l'autre est une source éternelle de regrets. »(Chilon*.) « Que le malheur d'un ami vous trouve plus empressé que sa bonne fortune.» (Chilon.) « Éclairez les hommes pour n'avoir pas à les punir. »> (Pythagore*.) Mais ces préceptes épars ne font pas un corps de doctrine.

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Son démon,

Son dogme de la Provi-
Mais le pre-

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Socrate*. dence. Sa dialectique* des actions. mier des moralistes de l'antiquité est Socrate*. Cette voix que Socrate entendait et qu'il appelait « son démon » n'était autre que la voix de la Divinité parlant dans sa conscience et lui dictant son devoir. Le dogme fondamental de la philosophie de Socrate est, en effet, la croyance en un Dieu unique, ordonnateur de toutes choses et Providence. Ce Dieu, qui a fait la beauté du monde, a posé aussi la loi du bien; il sera juge de nos actions.

Pour Socrate, la science et la vertu sont presque une seule et même chose : personne n'est méchant sciemment et volontairement; pour faire le bien, il suffit de le voir avec une parfaite clarté; ceux qui ne le font pas, c'est qu'ils ne le voient point. La vertu s'enseigne donc comme la science; comme la science, elle a son principe dans la

raison. En quoi consiste la science? Dans la classification des choses, dans l'ordre des idées, qui fait qu'on met chaque chose à sa place et à son rang. En science et en philosophie, la méthode est la dialectique, c'est-à-dire l'art de coordonner les pensées. Or, la vertu n'est qu'une science ou une dialectique* des actions. Dans notre conduite aussi, il faut mettre les choses à leur place, c'est-àdire les traiter selon leur valeur et leur dignité. Cette formule si simple implique, entre autres choses, le respect des personnes.

Elle conduit Socrate* à des applications admirables. Par exemple, il est en prison et son disciple Criton* le supplie de fuir: il s'y refuse; il imagine les lois d'Athènes se dressant devant lui et lui barrant en quelque sorte passage O Socrate, pourquoi veux-tu donc nous quitter? Il y a longtemps que tu nous connais, tu nous trouvais bonnes pour te protéger, et tu ne nous trouverais pas bonnes pour te juger! Puis, il montre que les lois ne seraient pas les lois, si l'on pouvait s'y soustraire dès que ce qu'elles commandent nous est pénible.

Sa vie et sa mort. Le plus bel enseignement de Socrate, ce fut sa vie, et, mieux encore, sa mort. Sa vie fut une lutte continuelle contre les erreurs et les préjugés de son temps. Par une causerie pleine de grâce, de bonhomie, d'ironie pénétrante et impitoyable, il savait démasquer les prétentions vaines de la fausse sagesse. C'est ainsi que, sans enseigner d'une manière dogmatique*, il consacra sa vie à détruire l'erreur et à faire triompher la vérité. On le voyait dans les gymnases, sur les places publiques, s'entretenir avec les jeunes gens, cherchant à les convaincre, à ouvrir leur esprit au vrai, leur cœur au bien. Rien ne l'arrêta dans cette œuvre il eut souvent à déployer cette énergie morale qui, plus encore que la beauté des pensées, fait les grandes âmes. De bonne heure, il avait fait preuve de courage militaire appelé à servir son pays, dans la il se guerre, battit en bon soldat et sauva la vie à deux de ses amis dans les combats. Mais le courage civique beaucoup plus

rare, était chez lui plus remarquable encore: seul, il s'opposa à la condamnation des généraux victorieux aux îles Arginuses*, heurtant de front, en cette occasion, le plus violent des préjugés populaires'.

Quant à sa mort, nous la connaissons par le récit que nous en a laissé Platon* dans le Phédon. Ce dialogue nous fait assister aux derniers moments de Socrate*. Accusé par d'infâmes calomniateurs de corrompre la jeunesse et d'enseigner le mépris de la religion nationale, parce qu'il enseignait un Dieu unique, il ne tenait qu'à lui de se disculper, ou de faire réduire sa peine : il se défendit en homme dont le choix est fait, qui n'a rien à rétracter ni à expliquer et qui ne craint pas la mort. Avant de mourir, dans sa prison, il s'entretient avec ses amis de l'immortalité de l'âme, console et raffermit ceux qui l'entourent et boit la ciguë avec une sérénité souriante, qui arrache des larmes au bourreau

Platon*.

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L'idée du bien; l'expiation; la vie future; la morale et la politique. - Il est assez difficile de distinguer la morale de Platon* de celle de Socrate*, car nous connaissons Socrate surtout et presque uniquement par Platon. Malgré la parole célèbre prêtée au maître par la tradition : « Que de belles choses ce jeune homme me fait dire auxquelles je n'avais jamais songé! il est certain que Platon lui dut le premier fonds de sa doctrine, particulièrement en morale. C'est dans le Gorgias surtout que nous trouvons la morale platonicienne. Pour Platon*, le dernier mot de la science, l'idée des idées, le soleil du monde intelligible, c'est l'idée du bien. Toutes les choses sensibles ne sont que des apparences vaines en comparaison des idées, ce que le vulgaire prend pour la réalité n'est qu'illusion au prix de l'idéal; mais la plus haute des idées est la perfection suprême, le souverain idéal, c'est le Bien; et qu'est ce bien éternel, im

1. Après la victoire, une tempête avait forcé les généraux athéniens à s'éloigner sans rendre aux morts les devoirs funèbres, ce qui, dans la croyance populaire, devait à jamais les priver de la béatitude et constituait, par suite, un sacrilège.

muable, absolu, si ce n'est Dieu lui-même? Autour de cette idée du bien, autour de ce soleil du monde intelligible gravitent les âmes de toute éternité. Dans une vie antérieure à celle d'ici-bas, nous avons vu le Bien de plus près, notre âme l'a contemplé face à face: nous le connaissons et nous en parlons par une sorte de souvenir ou de réminiscence. L'idéal de la vie spéculative, c'est de nous élever de nouveau par la philosophie à la contemplation de cette idée pure; l'idéal de la vie pratique, c'est d'y subordonner tous nos actes.

La vertu par excellence est la justice, c'est-à-dire l'harmonie de l'âme. Il ne faut jamais plaindre l'homme juste, quelque mal qui lui arrive, car c'est un moindre mal sans comparaison de subir l'injustice que de la commettre. » Quand on l'a commise, le plus grand bien est de l'expier. De même que le malade va trouver le médecin et lui dit : guérissez-moi à tout prix, et, s'il le faut, par le fer et le feu; de même le coupable doit aller trouver les juges et, dénonçant lui-même sa faute, demander en grâce qu'on le châtie, car le châtiment c'est la purification. Expier le mal qu'on a fait, voilà le plus grand bonheur, pour qui a perdu l'innocence.

La vie future est un dogme de la philosophie platonicienne comme de la philosophie socratique : une Providence vigilante assure à chacun dans une autre vie, le sort qu'il a mérité en celle-ci.

La doctrine politique de Platon*, quoique fausse en bien des points, est d'une inspiration généreuse. Le but de l'Etat, selon lui, est de faire régner la vertu : les lois civiles doivent être l'expression de l'idéal* moral, et imposer à tous par la force tout ce que le devoir commande. Idée fausse, nous le verrons 1, mais qui provient d'une haute inspiration morale, du culte exclusif de la perfection.

1. Voir ci-dessous, dans la Morale pratique, la leçon sur le rôle de l'État et ses rapports avec les citoyens.

XI LEÇON

Le souverain bien. Théories anciennes
du souverain bien (suite).

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Morale

Les Stoïciens grecs et latins: Zénon* et Chrysippe*; Sénèque*; Épictète; Marc-Aurèle *. La métaphysique* stoïcienne*. de l'effort; Lutte de la passion et de la liberté ; Le souverain bien des stoïciens. - Grandeur et défauts de cette doctrine. - Mot de Pascal sur Épictėte*. Citations d'Épictète et de Marc-Aurèle*.

Aristote*: le souverain bien, la vertu, l'amitié. En morale comme en métaphysique*, Aristote* est, à la fois, disciple de Platon* et en réaction contre lui. Il combat la théorie des idées, tout en lui empruntant ce qu'elle a de meilleur; de même, il corrige la morale de Platon, tout en conservant les tendances idéalistes* qui en font la grandeur.

Le dieu d'Aristote* est, au fond, analogue au dieu de Platon*. Pour Platon, dieu est l'idée du bien autour de laquelle gravitent toutes choses. Pour Aristote, c'est le souverain désirable, le suprême intelligible, vers lequel sont tournés et attirés tous les êtres, les uns sans le savoir, les autres avec conscience parce que leur activité s'accompagne de raison. Quel est le souverain bien pour l'homme? C'est l'activité conforme à sa nature, c'està-dire l'activité raisonnable. Quand cette activité se tourne sciemment, volontairement vers la perfection, elle est vertueuse, et un bonheur proportionné à sa bonne volonté lui est assuré. Nous avons vu, en effet, dans notre cours de psychologie*, que le bonheur, d'après Aristote*, naît de l'action même, de toute action qui est à la fois énergique et dans l'ordre; le bonheur résulte donc naturellement pour l'homme de l'action vraiment humaine, c'est-à-dire raisonnable l'activité raisonnable, avec le

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