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la lutte, pour affermir l'âme contre les incertitudes auxquelles elle peut être en proie dans certaines crises de la vie. Il est bien vrai que tout homme, par nature, a le sens du devoir; mais cela veut dire seulement que tout homme sait d'instinct que quelque chose doit être fait, quelque chose non : savoir quoi au juste, savoir exactement ce qui convient, ce qui est le mieux dans chaque cas, voilà qui est plus difficile. « Dans les temps troublés, dit Guizot*, il est souvent plus difficile de connaître son devoir que de le faire. » Cela s'apprend, et par conséquent cela s'enseigne.

3o La morale courante et ce qu'on appelle la conscience commune proviennent en grande partie des théories des moralistes. Enfin cette morale courante qu'on respire dès le berceau, et dont quelques-uns voudraient se contenter, est déjà elle-même, pour une grande part, le fruit de la réflexion et de la science. La conscience commune est, à chaque époque, formée des théories des moralistes, lesquelles sont descendues, avec le temps, des livres ou des chaires les plus élevées, dans les couches profondes de la société. La conscience publique est très sujette à se corrompre, à s'égarer, comme aussi à s'épurer. Elle a fait, au cours des siècles, de singuliers progrès il suffit de rappeler qu'elle a autrefois, sans scrupules et avec la complicité des plus grands esprits, justifié l'esclavage, qui paraît aujourd'hui monstrueux au plus ignorant d'entre nous.

Dans les pays libres, n'est-il pas particulièrement nécessaire de répandre des principes fermes et clairs touchant la conduite de la vie? Rien au monde ne saurait être d'une utilité plus évidente et plus pressante pour une nation dont la destinée collective dépend précisément de la sagesse individuelle. Mais, quand on ferait abstraction de l'intérêt social, quand on n'aurait égard qu'au bien de l'individu, n'est-il pas clair que la science de ce que nous devons faire nous importe entre toutes? Pascal, qui tout à l'heure nous fournissait la formule la plus brève de l'objection, nous donne aussi la meil

leure formule de la réponse. « La science des choses extérieures, dit-il, ne me consolera pas de l'ignorance de la morale au temps de l'affliction, mais la science des mœurs me consolera toujours de l'ignorance des choses extérieures. »

V. Grandes divisions de la morale. Cette science de la morale se divise en deux grandes parties: 1o La morale théorique, qui a pour objet la recherche des principes. 2o La morale pratique, qui a pour objet l'application des principes à la pratique de la vie.

1o Morale théorique; son objet, les principes. · En réalité toute la morale est théorique, il s'agit toujours de fixer les règles générales de la conduite; mais il faut en premier lieu établir que l'homme a des devoirs; ce que c'est que le devoir, sa nature, ses conditions; les rapports de l'obligation morale avec les notions voisines ou contraires de l'agréable, de l'utile, du bonheur, etc.; bref, il faut avant tout dégager et fixer les prescriptions et les formules les plus générales du devoir, celles qui s'appliqueront à tous les cas possibles; et c'est là l'objet propre de la morale théorique.

En

2o Morale pratique; son objet, l'application. second lieu, comme les devoirs varient évidemment avec les circonstances de la vie, il faut montrer comment les formules générales précédemment établies s'appliquent à toutes ces circonstances. Pour cela, on distingue plusieurs grandes catégories de devoirs.

Les grandes catégories de devoirs. On considère d'abord, par abstraction*, l'individu seul (morale personnelle ou individuelle); puis on le replace au milieu de la nature, on le considère dans ses rapports avec elle et notamment avec les animaux, et l'on trouve ces rapports régis par de nouvelles obligations. Le prenant ensuite dans son véritable milieu, la société de ses semblables, on aborde la morale sociale; et après avoir énuméré les devoirs généraux de tout homme envers tout homme, on examine les relations plus spéciales des personnes entre elles, dans la famille (morale domestique), dans la pa

trie (morale civique), dans l'humanité considérée comme composée de groupes distincts (morale internationale ou droit des gens). Enfin, dans la morale religieuse, revenant sur les rapports de la morale avec la religion naturelle, on cherche ce que prescrit le devoir à l'égard de la Cause première, dès que la raison la conçoit, à l'égard de l'Etre parfait, dès qu'il est entrevu comme le modèle dont nous rapproche la vertu.

VI. Méthode de la morale.-En quel sens et jusqu'à quel point la morale est une science déductive et démonstrative. Pour traiter toutes ces questions, quelle méthode emploiera-t-on? A quelle science avons-nous affaire? La morale est-elle une science déductive et dé

monstrative? Oui et non. Oui, en ce sens que le devoir a quelque chose de l'exactitude mathématique; ce qu'il commande, il le commande absolument, et, une fois les principes posés, les conséquences en découlent rigoureusement, dans chaque cas, par une déduction impitoyable.

En quel sens c'est une science d'expérience et qui procède par induction*. — Mais, dans la recherche même des principes, quand il s'agit précisément de trouver et de dégager la formule du devoir, la démonstration rigoureuse n'est plus de mise. Le point de départ ne peut être que dans les faits: or, l'idéal* ne se tire pas des faits, il les dépasse, les domine et les juge; par conséquent, la déduction ne suffit pas tout d'abord. Pour dégager la notion pure du devoir, c'est par induction* que l'on procède; on part de l'expérience psychologique*, on constate, on analyse les faits de la conscience morale, et tout esprit de bonne foi est par là conduit à une vue intuitive* de la perfection à réaliser.

Qu'elle met en jeu l'âme tout entière et comporte une certitude d'un genre à part. Dans ce travail délicat, toutes les facultés entrent en jeu. La logique nous enseigne qu'en toute recherche, même purement scientifique, l'esprit, pour trouver le vrai, pour achever la plus simple démonstration, a besoin de bonne volonté, qu'il

doit faire acte de foi en lui-même et en la raison. Or, dans la morale surtout il en est ainsi, et là s'applique plus que partout ailleurs cette belle parole de Platon*: « C'est avec toute l'âme qu'il faut philosopher. » Il s'agit ici, en effet, de ces vérités dont Pascal* dit : « Il faut les aimer pour les connaître. » Un moderne a écrit dans le même sens : « La résolution de vivre selon la règle prépare à la découvrir; pour trouver le vrai, il faut chercher le bien; >> et ailleurs : « la pierre de touche de la vérité est dans les profondeur d'une volonté droite sans les lumières de l'esprit cette volonté peut errer, mais sans cette volonté l'esprit s'égare. » (Doudan*, notice sur Mme Necker de Saussure *.)

Il existe, en effet, une certitude morale, distincte à quelques égards de la certitude scientifique : elle ne peut pas toujours se justifier par des raisons qui empruntent la forme rigoureuse d'un syllogisme* ou d'une preuve expérimentale; elle tient à toute la disposition morale de la personne qui l'éprouve. Elle doit sa force au choix de la volonté et à l'élan du cœur autant et plus qu'à l'évidence logique; mais elle n'en est que plus féconde pratiquement et plus irrésistible.

II LEÇON

Morale théorique.-Analyse de la conscience morale. La responsabilité, ses conditions et ses degrés. L'intention.

Objet et plan de la morale théorique: 1o Y a-t-il une loi morale et où faut-il la chercher? 2° A quels caractères la reconnaîtra-t-on ? 3o Examen critique des principales doctrines proposées; 4° Le devoir pur; 5° Principes auxiliaires du devoir; 6° Les sanctions du devoir: Le devoir et la destinée humaine.

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Ses rapports avec la conscience psycholo

gique*. - Qu'il est nécessaire de partir des faits qu'elle nous offre, et pourquoi. Sur quoi elle porte; faits qui lui échappent, même dans la conduite humaine; seuls les actes conscients et voulus relèvent d'elle.

Analyse Jugements que nous portons sur les actes de nos semblables Sentiments qu'ils nous inspirent. Jugements que nous portons sur notre propre conduite, et sentiments correspondants. Ces jugements et ces sentiments varient, mais décèlent partout un idéal moral et la responsabilité de l'homme. - Quatre éléments de la responsabilité: 1° Conscience de ce qu'on fait ; 2° Discernement et réflexion; 3° Sentiment de la liberté; 4° Notion d'une règle. Degrés de la responsabilité; comment elle croît et diminue; comment l'instruction l'augmente. - Les irresponsables. L'intention. Si c'est d'elle seule qu'on est responsable: dangers de cette opinion; la direction d'intention (Pascal). —- Excès inverse de la doctrine janséniste*. Conclusion La loi morale est bien avant tout, et même uniquement, une loi de la volonté, mais elle suppose, sinon quelque chose de plus que la bonne volonté, du moins certaines règles et conditions qui la garantissent.

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Objet et plan de la morale théorique.- La partie théorique de la morale a pour objet la recherche des principes de la conduite; il s'agit de déterminer la règle des mœurs, c'est-à-dire, le devoir.

Comment allons-nous procéder à cette recherche ? La première question qui se pose, est de savoir s'il y a réellement une loi morale et où il faut la chercher; puis à quels caractères on la reconnaîtra, de quels phénomènes elle doit rendre compte, à quelles conditions elle doit satisfaire. Quand nous le saurons, nous pourrons soumettre à un examen critique les principales doctrines proposées: morale du plaisir, morale de la sympathie, morale de l'intérêt général, etc. Eliminant tour à tour les systèmes qui donnent une idée imparfaite et plus ou moins grossière de l'idéal* que nous cherchons, nous arriverons à dégager la notion pure du devoir. Mais le devoir pur est par lui-même une abstraction* froide et morte à l'analyse qui nous aura fourni cette idée abstraite, il faudra faire succéder une synthèse*, rétablir plusieurs principes auxiliaires du devoir, retrouver et montrer les attaches du devoir avec le bonheur, les rapports de la vertu avec tout ce qui, à la vérité, n'est pas

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