toient corrompues, & éloignées de ce que prescrivent les faintes Loix de l'Evangile.

- VI. LES (a) brouilleries, au fujet de l'Extychianisme, continuent dans le VI. Siéele. L'Empereur ANASTASE favorife les Eutychiens: JUSTIN, fon Succeffeur, leur eft contraire, auffi bien qu'aux Ariens. Les Eutychiens fe di vifent entr'eux, fur la corruptibilité du Corps de JESUS-CHRIST,& autres queftions qui naiffoient de là, agitées avec beaucoup de chaleur fous JUSTINIEN. L'Impératrice Théodore prend le parti de ceux qui tenoient le Corps de Nôtre Seigneur pour incorruptible, contre l'opinion commune des Catholiques. L'affaire des trois Chapitres, qui en elle-même n'étoit qu'une bagatelle, vient là-deffus caufer de grands trou bles dans l'Eglife pendant tout ce Siecle. VIGILE, Evêque de Rome, tantôt défend, tanttôt condamne (b) les Ecrits ainfi appellez. PELAGE, fon Succeffeur, varie de même là-deffus, felon qu'il eft fimple Diacre, ou qu'il occupe le Siége de Rome. Il naît de là un Schis-me, qui dure cent-vint ans: Grande (c) preuve de ce que peuvent les Paffions, pour exciter & entretenir des conteftations fur des ", chofes de néant. Auffi rapporte-t-on, que

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Theodore [Eutychien] dit ingénument, (d) Que ,, lui, & Pélage, qui avoient été les auteurs de " ces fcandales, méritoient d'être brûlez tout vifs.

(a) Pag. so, & feqq.

(b) De Théodore, Evêque de Mopfuefte; de Théodoret, Evêque de Cyr; d'Ibas, Evêque Edeffe,

(4) Pag. 55. (d) Liberatusz Breviar. Cap. 14.

On (a) trouve, dans ce Siécle, beaucoup » d'Ecrivains Eccléfiaftiques, mais peu de con" fidérables. Entre les principaux font FUL» GENCE de Ruspe, FACOND d'Hermiane, "CASSIODORE, BOECE &c. & fur la fin » du Siécle, GREGOIRE I. Evêque de Ro» me, que l'on a furnommé le Grand. Il eut en >> effet plufieurs belles qualitez, mais mêlées des » défauts du Siécle. Il fut en grande dispute a "vec JEAN le Jeuneur, Evêque de Confianti » nople, qui avoit pris le titre d'Evêque Oecumé »nique: titre que Grégoire blâmoit, comme mar» quant un orgueil infupportable, jusqu'à dire, » que c'étoit un figne que l'Antechrift viendroit » bientôt. L'état de l'Eglife empiroit de jour », en jour, & le même Grégoire le compare affez bien à un Vaiffeau qui pourrit, & qui eft en » danger de faire naufrage.

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VII. Au commencement du (b) VII. Siécle, un autre Evêque de Rome, BONIFACE III. obtient ce titre d'Evêque Oecuménique, de l'Empereur PHOCAs, le meurtrier de MAURICE fon Prédéceffeur. On voit presque en mêmetems le Mahométisme se former, fous HE'R ACLIUS, Succeffeur & Meurtrier auffi de Pho cas. L'Eutychianisme, dont les disputes subsis toient encore, donne lieu au Monothelisme: & HONORIUS, Evêque de Rome, fe range à cette nouvelle opinion, qui pofoit une feule Volonté & une feule opération en JE's US-CHRIST. Le Chriftianisme fe corrompt de plus en plus. L'étude

(4) Pag. $7. (b) Pag. 19, & seqq.

L'étude des Lettres eft presque éteinte, par les irruptions des Peuples Barbares. Il y avoit une fi grande difette de Savans dans les Eglifes Occidentales, que le Pape Agathon (a) s'excufe fur ce malheur des tems, de ce qu'il n'avoit pû envoier fi-tôt à un Concile de Conftantinople les Légats, qui même n'avoient pas beaucoup de lumiéres. La plupart des Ecrivains de ce Siécle, d'ailleurs en affez petit nombre, font de purs Copiftes, & quelques-uns Conteurs de Fables Monachales, comme JEAN MOSCHUS, Auteur du Pré Spirituel.,, Il ne faut donc pas s'étonner, fi la Superftition, compagne infé» parable de l'Ignorance, s'accrut à proportion; & fi toute la Piété de ces Siécles confiftoit ,, presque à bâtir des Eglifes, à fonder & enrichir des Monaftéres, à inventer des Images, des Reliques, des Croix, des Vêtemens, des Tonfures, des Jeûnes, & autres femblables fottifes.

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VIII. L'EMPIRE (b) Romain, qui, depuis plufieurs Siécles, alloit en décadence, fouffre de grands échecs, dans le VIII. par les Conquêtes des SARAZINS en Orient, en Afrique, en Efpagne même; & par celles des Rois de France, qui jettent les fondemens d'un nouvel Empire en Occident. Pendant ces mouvemens politiques, s'élève une grande Dispute fur les Images, qui remplit presque toute l'Hiftoire de ce Siècle, au delà duquel même elle s'étendit, Tout fut divífé

(a) Dans une Lettre à l'Empereur CONSTANTIN Pogonate. (b) Pag. 67, & feqq.

fé en Iconolatres, & Iconociaftes, les prémiers, qui adoroient les Images, & en maintenoient le culte avec ardeur; les autres, qui vouloient l'abolir. LE'ON l'Ifaurien, Empereur d'Orient, appuia les derniers par fon autorité: mais le mal avoit pris de trop fortes racines; cela fit naître des Séditions à Conftantinople, où l'Evêque même, nommé GERMAIN, étoit des prémiers à foûtenir le parti contraire. Mais les plus zélez Défenfeurs des Images, furent deux Papeš de Rome, GREGOIRE II. & GREGOIRE III. Ils écrivirent là-deffus à l'Empereur Léon des Lettres pleines d'ignorance & de fuperftition; & n'aiant pû le faire changer d'opinion, ils l'excommuniérent. Ils firent plus: ils détâchérent de fon obéïffance Rome, & toute l'Italie. C'eft 95 (#) au moins ce que difent la plupart des ane ciens Auteurs, Grecs & Latins; quoi que d'autres, pour fauver l'honneur des Papes, les disculpent de ce crime de Léze-majesté. Quoi qu'il en foit, les Provinces d'Italie, qui reftoient encore fous la domination de l'Empe ,, reur, favoir, celle de Ravenne, Siége de l'E» xarque, la Pentapolitaine, la Campanie, &c Ro me même, fe révoltérent ouvertement; refu férent de paier à l'Empereur les Tributs ordi naires; tuérent Paul, Exarque de Ravenne; maltraitérent les autres Ducs; de forte que les Guerres & les Troubles ne cefférent, que par la destruction entiére de l'autorité des Empe reurs Grecs en Italie, après celle de l'Exarcat

(4) Pag. 72, 73,

de

de Ravenne. Elle fut l'ouvrage d'A1STUL"PHE, Roi des Lombards, & cela arriva en l'année 752. &c.

Pour revenir aux Images, on voit ici Concile contre Concile. Celui de Conftantinople, tenu en l'Année 754. condamne cet ufage fuperftitieux; & deux Empereurs, Succeffeurs de Léon, favoir, CONSTANTIN Copronyme, &t LEON IV. en maintiennent les décisions par leur autorité. Un autre, tenu à Nicée en 787. & convoqué par une Femme, qui gouvernoit l'Empi re, je veux dire, IRENE, autorife le Culte de la Croix, & des Images, excepté celles de DIEU. Les Grecs, & les Latins, chacun de leur côté, regardent leur Concile comme Oecuménique. Cependant, quoi que le Pape HADRIEN I. fe fût joint à ce fecond Concile de Nitée, & l'eût approuvé, il fut rejetté par une grande partie des Eglifes d'Occident; entr'autres de celles de la Grande Bretagne. CHARLEMAGNE fit encore plus: il le réfuta, &t en traita d'impies les décifions. Nous avons (a) encore les IV. Livres qui furent publiez fous fon nom. Il convoqua auffi à Francfort en 794. un autre ConciJe, où celui de Nicée fut rejetté.

Malgré ces oppofitions à l'autorité fpirituelle des Papes, (6) jamais ils ne gagnérent plus,que

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» dans

(*) Ce Livre, qui étoit rare, eft devenu commun, par une bonne Edition que Mr. HEUMAN en a donnée, en 1731. fur la prémiere, revuë, & accompagnée de petites Notes; outre les Préfaces, & la Differtation Critique d'un Anonyme, fur le Livre de Charlemagno, (6) Pag. 75, 76,