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fes dont chaque jour de ma vie je rendois grâce au Cicl; & tous mes concitoyens penfoient alors comme moi. C'est ce noble enthousiasme, répandu dans rous les efprits & dans tous les cœurs, qui ý faifoit circuler, en même temps que le fang dans nos veines, la valeur, l'honneur, le patriotifme, & qui foutenoit la dignité du nom François (f). On nous montroit nos rois comme nos chefs, comme nos pères; toujours à notre tête, pour nous conduire dans les fentiers de la gloire; roujours les premiers dans les dangers, au milieu des hazards, pour les partager avec nous; honorant la nation jufque dans leur défaite, & par la captivité même que quelques-uns d'eux ont éprouvée en combattant pour fa défenfe ; au fein de la paix, veillant fur nos intérêts, effentiellement inféparables

de

*Il n'y a point, fi je ne me trompe, nation qui ait eu un auffi grand nombre de fes rois faits prifonniers de guerre, que la nôtre;, parce qu'il n'y en a point eu dont les chers ayént eu autant de valeur.

des leurs *; adouciffant nos maux; gémilfant fur ceux qu'ils n'avoient pu empêcher, & s'appliquant à les réparer ; généreux, magrifiques; les plus aimables des princes, les plus aimans, les plus dignes d'être aimés, &, dans l'augufte Maifon qui nous gouverne, faifant toujours chérir en eux le cœur des Bourbons. Remplis de teles images, les François. étoient invincibles; ou s'ils étoient malheureux,... l'honneur leur reftoit.

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Aujourd'hui tous ces grands fentimens fent abforbés par un efprit particulier, par un intérêt bas & fordide, par des principes républicains, par un Anglicifme plus deftructeur pour nous que le fer & la mort. Hélas! ne valions-nous pas affez par nous-mêmes ? & falloit-il

* Eh, qui ne fait en effet que le bonheur des fujets fait effentiellement celui du Monarque ; qu'il n'eft vraiment riche qu'autant qu'ils le font eux-mêmes ; que l'abus du pouvoir en eft la ruine; & que, comme l'a fi bien dit l'Orateur le plus éloquent du dernier fiècle, » tout ce qui outre l'autorité l'affoiblit & la >> dégrade «<?

nous dénaturer par une ridicule imitation (g)?

Eh, mon fils, dans quel temps le prince, la patrie, euffent-ils dû nous être plus chers que dans le fiècle où nous vivons? Si quelquefois nous y fommes exercés par des épreuves du moment, inévitables pour tout Empire; au moins a-t-on fait difparoître toutes les caufes de nos anciennes révolutions & de nos plus grands malheurs: nous ne connoillons plus ces démembremens fi funeftes, & çes partages entre les enfans de nos Rois; les grands fiefs, & la tyrannie des Scigneurs (h), ces Hauts Jufticiers qui redoutoient les frais de la juftice qu'ils devoient à leurs vaffaux; l'énorme & dangereufe puiffance des Grands; cette valeur mal entendue des chefs, qui nous a fait éprouver tant de défaites; cette rivalité entre plufieurs commandans, qui nous a dérobé tant de victoires; ces conquêtes éloignées, qui nous faifoient perdre de vue notre propre pays; le conflit des autorités; les divifions de fecte & de parti, & les entreprifes des fec

taires, formant comme une république à -part au fein de la monarchie : nous n'avons plus d'ennemis dans le cœur du Royaume & fur nos frontièrès; tout enfin parmi nous eft rappelé à l'unité.

Unité précieufé, qui rend aux ieux des vrais fages notre genre de gouvernement fi refpectable (i), & qui fait de nos rois l'image de Dieu fur lá terrë ! Les François font, tous, les membres d'une même fa mille; ils font un peuple de frères, fous l'autorité d'un père commun. C'est cette autorité fainte qui les unit entre eux, en les uniffant à leur chef; & dans cette union fi belle, leur amour pour la patriè s'identifie avec celui qu'ils ont pour le monarqué.

Elevés eux-mêmes dans ces maximes, nos princes, après avoir obéi comme nous avec respect, avec tendreffe, apprennent à régner un jour fur nous dans le même efprit que leur père. Leur pouvoir tranfmis par droit de fucceffion, fans altération, fans partage, les invite à le tranfmettre avec les mêmes avantages à leurs enfans. Les intérêts de leur propre M ;

fang leur deviennent communs avec les nôtres; affurés de l'héritage qu'ils lui laiffent, & par leurs droits & par notre amour, ils ne font point tentés, comme les defpotes & les tyrans, d'en cimenter la durée par la violence; & leur empire se perpétue fans effort, comme il s'est établi fans contrainte. Auffi, mon fils, à bien peu de règnes près, ne comptonsnous dans nos fastes que de bons rois (k .

Eh, quelle douce récompenfe ne trouvent-ils pas à leur amour pour nous, dans ce cri du François, fi vif, fi répété, quand il voit fon prince & qu'il fait qu'il en eft chéri ! Dans ce cri public, quel motif d'encouragement pour eux, à nous aimer toujours davantage & à nous rendre toujours plus heureux! Quelle leçon au contraire, quand ce cri s'affoiblit ! Parmi des peuples efclaves, on a vu des empereurs fe déguiser pour favoir ce qu'on penfoit d'eux: ici, le prince n'a qu'à se

montrer.

Jours brillans & fortunés, jours d'enchantement & de gloire, que ceux où nos rois, échappés à des périls qui avoient

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