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autres, occafionner de ces applications odieuses fi contraires à la charité qui ne penfe point le mal; mais ce fera contre notre intention : des motifs plus purs & plus chrétiens nous ont fait entreprendre ce travail.

11 eft peu de gens du monde qui lifent des Livres de piété & de religion. Pour fe difpenfer de ce devoir, plus effentiel que l'on ne pense communément, les prétextes ne manquent jamais. Ce font les affaires qui emportent tout le tems, & qui n'en laiffent point pour ces fortes de lectures: c'eft qu'on eft incapable d'une longue application; l'efprit fe fatigue & fe perd dès qu'il faut fuivre le fil d'un difcours & une fuite de raisonnemens c'est qu'on ne prétend lire que pour s'amufer; le férieux des Livres de piété ennuie, l'on n'y trouve aucune forte d'agrément. Voilà les prétextes; la vraie raifon, c'eft qu'il n'y a ni piété ni religion dans le cœur de la plupart des hommes; & l'on n'aime guères à s'occuper de ce qui tient fi peu au cœur. Donnez-moi un vrai chrétien au milieu des embarras du fiécle, il faura, fans nuire à fes affaires, fe ménager du tems pour les bonnes lectures; loin que ces lectures le fatiguent, elles lui tiendront

lieu d'un délaffement auffi agréable qu'utile.

Mais ce n'eft point ici le lieu d'attaquer ces prétextes, nous voulons même en quelque forte y avoir égard. Dans cette vûe , nous préfentons à ceux qui les alléguent une lecture qui demande peu de tems, une application légère, & qui pouvant être d'une grande utilité, a cependant des agrémens qui valent bien ceux de tant de livrets auffi frivoles que pernicieux dont le Public eft inondé ; livrets auffi propres à gâter les efprits qu'à corrompre les cœurs.

Toutes les penfées qui compofent ce Recueil font courtes, détachées les unes des autres, & fans aucune liaison néceffaire entr'elles. L'on peut n'en lire qu'une ou deux à la fois, paffer d'une matière à l'autre, revenir fur fes pas fans aucun inconvénient; & il n'eft aucune de ces penfées qui ne contienne ou quelque grand principe ou quelque réflexion judicieuse, ou des vérités édifiantes; le tout mis dans le plus beau jour, & revêtu de toutes les graces de l'élocution. Pourrionsnous craindre qu'il y eût quelqu'un affés occupé pour ne pouvoir dérober impunément à fes affaires les inftans que demande une pareille lecture,

quelque tête affés peu forte pour en être fatiguée, quelqu'homme affés dégoûté du férieux pour y être insenfible?

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A l'égard de ces derniers, qui ne veulent lire que pour s'amufer, nous leur rendrions un grand fervice, fi la lecture que nous leur offrons, en les amufant par ce qu'elle a d'agréable pouvoit les guérir par fa folidité de ce goût dépravé pour le frivole, qui devient, fi l'on n'y prend garde, le goût dominant & diftinctif de notre Na tion, & dépare étrangement les autres qualités dont nous nous flattons, peut-être un peu légèrement.

PRÉFACE.

Es Sermons du P. Maffillon ont été prêchés vingt ans de fuite à Paris ou à la Cour, avec un fuccès toujours égal. C'eft le préjugé le moins équivoque & le plus décifif, en faveur de ce genre d'ouvrages. Un talent médiocre a quelquefois la vogue; & tant qu'il ne fera pas effacé par un talent fupérieur, on le verra s'attirer, & fe conferver même pour un tems, l'eftime & les applaudiffemens du Public. Mais, réunir en fa faveur, & fixer conftamment les fuffrages d'une multitude libre & indépendante, toujours prête à fe retirer dès qu'on ceffe de l'attacher & de lui plaire, c'est ce qui n'est donné qu'aux génies du premier ordre. Il n'appartient qu'aux Boffuets, aux Bourdaloues, & à ceux qui leur reffemblent, d'exercer un empire

perpétuel fur les efprits & fur les

cœurs.

Nous pouvons donc nous difpenfer de faire ici l'éloge des Sermons du P. Maffillon. Qu'ajoûterionsnous à l'approbation conftante & unanime de toute la France ? D'ailleurs le Public s'appercevra bientôt que les Sermons que nous lui préfentons, font dans le vrai goût de la Chaire; c'eft au cœur que parle le P. Maffillon, c'est le cœur qu'il affecte & qu'il intéreffe: or quiconque a le fecret d'aller au cœur, foit qu'on l'écoute, foit qu'on le life, est für de plaire, & de plaire toujours. Ce pathétique qui fait la principale force de l'éloquence & le caractère propre de notre Orateur, manquoit prefqu'entiérement à la Chaire, lorfque le ministère de la parole lui fut confié. On en avoit heureufement banni tous ces traits entaffés d'une érudition déplacée, affemblage bizarre du facré & du profane, propre à imposer au vulgaire ignorant, plus propre encore à ré

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