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Herod. 1. 3, cap. 70-73.

Cap. 74-75.

Cap. 76-78.

pour faire cette épreuve; et ayant trouvé que celui avec qui elle couchait n'avait point d'oreilles, elle en avertit son père; et la fraude fut ainsi sûrement découverte et constatée.

Otanes sur-le-champ forma une conspiration avec cinq des plus grands seigneurs persans; et Darius, illustre seigneur persan, dont le père, Hystaspe, était gouverneur de la Perse, étant survenu fort à propos dans le moment même, fut associé aux autres, et pressa fort l'exécution. L'affaire fut conduite avec un grand secret, et fixée au jour même, de peur qu'elle ne s'éventât.

Pendant qu'ils délibéraient ainsi entre eux, un événement auquel on ne pouvait pas s'attendre déconcerta étrangement les mages. Pour détourner tout soupçon, ils avaient proposé à Prexaspe de déclarer devant le peuple, qu'ils feraient assembler pour cet effet, que le roi était véritablement Smerdis, fils de Cyrus; et il l'avait promis. Ce jour-là même le peuple fut assemblé. Prexaspe parla du haut d'une tour; et, au grand étonnement de tous les assistants, il déclara avec une entière sincérité tout ce qui s'était passé; qu'il avait tué de sa propre main Smerdis par l'ordre de Cambyse son frère; que celui qui occupait le trône était le mage, qu'il demandait pardon aux dieux et aux hommes du crime qu'il avait commis malgré lui et par la nécessité. Après avoir ainsi parlé, il se jeta du haut de la tour la tête en bas, et se tua. Il est aisé de juger quel trouble cette nouvelle répandit dans le palais.

Les conjurés, qui ne savaient rien de ce qui venait d'arriver, y entrèrent sans qu'on soupçonnât rien d'eux. Comme c'étaient les plus grands seigneurs de la cour,

la première garde ne songea pas même à leur demander à qui ils en voulaient. Mais quand ils furent près de l'appartement du roi, et que les officiers firent mine de leur en refuser l'entrée, alors tirant leurs sabres, ils firent main-basse sur tout ce qui se présenta à eux. Smerdis le mage et son frère, qui délibéraient ensemble sur ce qui venait d'arriver, ayant entendu du bruit, prirent leurs armes pour se défendre, et blessèrent quelques-uns des conjurés. L'un des deux frères fut tué sur-le-champ; l'autre, s'étant sauvé dans une chambre plus reculée, y fut poursuivi par Gobryas et Darius. Le premier, l'ayant saisi par le corps, le tenait serré fortement entre ses bras. Comme ils étaient dans les ténèbres, Darius n'osait lui porter de coup, de peur de tuer l'autre en même temps. Gobryas, sachant son embarras, l'obligea de passer son épée à travers le corps du mage, dût-il les perçer tous deux ensemble; mais il le fit avec tant d'adresse et de bonheur, que le mage seul fut tué.

Dans le moment même, les mains encore ensan- Herod. 1. 3, glantées, ils sortirent du palais, parurent en public, cap. 79. exposèrent aux yeux du peuple la tête du faux Smerdis et celle de son frère Patisithe, et découvrirent toute l'imposture. Le peuple en fut si transporté de fureur, qu'il se jeta sur tous ceux qui étaient de la secte de de l'usurpateur, et en massacra autant qu'il en put rencontrer. Pour cette raison, le jour où cette exécution fut faite devint dans la suite une fête annuelle chez les Perses, qui la solennisaient avec grande joie. Elle fut appelée le massacre des mages. Aucun d'eux, ce jour-là, n'osait paraître en public.

Quand le tumulte et le trouble, inséparables d'un Cap. 80-33.

Tome II. Hist. anc.

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tel événement, furent apaisés, les seigneurs qui avaient fait périr l'usurpateur tinrent conseil, et délibérèrent ensemble sur la forme de gouvernement qu'il était à propos d'établir. Otanes parla le premier, et commença par se déclarer contre la monarchie, dont il exagéra avec force les dangers et les inconvénients, tels, selon lui, sur-tout à cause du pouvoir absolu et sans bornes qui y est attaché, que le plus homme de bien ne peut pas tenir contre, et en est presque infailliblement renversé. Il conclut à remettre l'autorité entre les mains du peuple. Mégabyse, qui opina le second, adoptant tout ce que le premier avait dit contre l'état monarchique, réfuta ce qui regardait le gouvernement populaire. Il représenta le peuple comme un animal violent, féroce, indomptable, qui n'agit que par caprice et par passion, Encore un roi, disait-il, sait ce qu'il fait; mais le peuple ne connaît rien, n'écoute rien et se livre aveuglément à ceux qui ont su se rendre maîtres de son esprit. Il se rabattit donc à l'aristocratie, où un petit nombre d'hommes sages et expérimentés ont tout le pouvoir. Darius parla le troisième, et montra les inconvénients de l'aristocratie, appelée autrement l'oligarchie, où règnent l'envie, la défiance, la discorde, le desir de l'emporter sur les autres, sources naturelles des factions, des séditions, des meurtres, auxquels, pour l'ordinaire, on ne trouve de remède qu'en se soumettant à l'autorité d'un seul, ce qu'on appelle monarchie, qui, de tous les gouvernements, est le plus Iouable, le plus sûr, le plus avantageux, rien n'étant comparable au bien que peut faire dans un état un bon prince, dont le pouvoir égale la bonne volonté. « Enfin, dit-il, pour << terminer la question par un fait qui me paraît decisif

« et sans réplique, à quelle sorte de gouvernement << l'empire des Perses doit-il la grandeur où nous le <«< voyons? n'est-ce pas à celle que je propose?» Tous les autres seigneurs se rangèrent de l'avis de Darius, et il fut arrêté que la monarchie serait continuée sur le même pied que Cyrus l'avait établie.

Il ne s'agit plus que de savoir qui d'entre eux serait Herod. 1. 3, roi, et de déterminer la manière dont on procéderait à cap. 84-87. cette élection: ils crurent devoir s'en rapporter au choix des dieux. Pour cela on convint que le lendemain ils se trouveraient à cheval au lever du soleil dans un certain endroit du faubourg de la ville qui fut marqué, et que celui-là serait roi, dont le cheval hennirait le premier; car, le soleil étant la grande divinité des Perses, ils pensèrent que de prendre cette voie, ce serait lui déférer l'honneur de l'élection. L'écuyer de Darius, ayant appris ce dont ils étaient convenus s'avisa d'un artifice pour assurer la couronne à son maître. Il attacha la nuit d'auparavant une cavale dans l'endroit où ils devaient se rendre le lendemain matin, et il y amena le cheval de son maître. Les seigneurs s'étant trouvés le lendemain au rendez-vous, le cheval de Darius ne fut pas plus tôt dans l'endroit où il avait senti la cavale, qu'il hennit : sur quoi Darius fut salué roi par les autres, et placé sur le trône. Il était fils d'Hystaspe, Perse de nation, de la famille royale d'Achémène.

par

L'empire des Perses étant ainsi rétabli et affermi la sagesse et par la valeur de ces sept seigneurs, ils furent élevés sous le nouveau roi aux plus grandes dignités, et honorés des plus grands priviléges. Ils eurent le droit d'approcher de sa personne toutes les

Id. ibid.

fois qu'ils le voudraient, et d'opiner les premiers sur toutes les affaires de l'empire. Au lieu que tous les Perses portaient la tiare ou le turban le bout renversé en arrière, à la réserve du roi qui le portait droit, ceux-ci eurent le privilége de le porter le bout tourné en avant, en mémoire de ce que, lorsqu'ils attaquèrent les mages, ils l'avaient tourné de cette manière, afin de se mieux reconnaître dans la confusion. Depuis ce temps -là les rois de Perse de cette race ont toujours eu sept conseillers ainsi privilégiés.

Je termine ici l'histoire du royaume des Perses, réservant le reste pour les volumes suivants.

CHAPITRE IV.

MOEURS ET COUTUMES DES ASSYRIENS, DES BABYLONIENS, DES LYDIENS, DES MÈDES ET

DES PERSES.

JE joins ici ce qui regarde les mœurs et les coutumes de toutes ces nations, parce qu'elles ont ensemble une grande conformité sur plusieurs points; que je me trouverais exposé à de fréquentes redites, si je voulais les traiter séparément; et qu'à l'exception des Perses, les auteurs anciens nous apprennent peu de choses des mœurs des autres peuples. Dans ce que je me propose d'en dire, je traiterai principalement quatre chefs : le gouvernement, la guerre, les sciences et les arts, la religion; après quoi j'exposerai quelles ont été les principales causes de la décadence et de la ruine du grand empire des Perses.

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