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et l'Éthiopie, portait ses armes victorieuses jusqu'aux extrémités de l'Asie, répandant par-tout la terreur et la consternation. Mais Sardanapale, comme s'il eût entièrement renoncé à son sexe, passait toute sa vie dans le fond de son palais, environné continuellement d'une troupe de femmes, dont il avait pris l'habit et encore plus les mœurs, maniant comme elles le fuseau et la quenouille, ne sachant et ne faisant autre chose que filer, manger, boire, et se livrer aux plaisirs les plus infames. Aussi, après sa mort, lui érigea-t-on une statue où il était représenté dans l'attitude d'un homme qui danse ; et on y mit une inscription dans laquelle il apostrophe ainsi le passant: Mange, bois, divertis-toi bien; tout le reste n'est rien2: inscription bien conforme à celle que nous avons vu qu'il avait ordonné lui-même qur l'on mît sur son tombeau 3. 3.

Plutarque juge ici de Sémiramis comme le font presque tous les historiens profanes, de la gloire des conquérants. Mais, à juger sainement des choses, l'ambition effrénée de cette reine est-elle bien moins condamnable que la mollesse de Sardanapale? Lequel des deux défauts a fait le plus de mal au genre humain?

J

Plutarque ajoute, en faisant craquer ses doigts au-dessus de sa téte: καὶ τοῖς δακτύλοις ὑπὲρ κεφαλῆς οἷον ὑποψοφοῦσαν. Aussi Strabon (XIV, pag. 672), et Athénée (XII, p. 530), rapportent-ils ainsi l'inscription : ἔσθιε, πῖνε, παίζε· ὡς τ ̓ ἄλλα ΤΟΥΤΟΥ οὐκ ἄξια, c'est-à-dire, mange, bois, divertis-toi; car tout le reste ne vaut pas même cela, voulant désigner par ce dernier mot le craquement de ses doigts. 2 ᾔσθιε, πῖνε, ἀφροδισίαζε· τ ̓ ἄλλα δὲ οὐδέν. C'est ainsi que la rap

L.

porte Plutarque. — L.

3 Il est bien vraisemblable que ce · tombeau n'a pas plus existé que la statue et les inscriptions. En un mot, tout ce que les auteurs grecs nous racontent de Sardanapale, mérite à peine le nom de roman.

Plusieurs chronologistes, pour expliquer la discordance des témoignages, ont reconnu deux et trois Sardanapale; on pourrait avec ce moyen multiplier beaucoup d'autres personnages de l'antiquité. —L.

Il ne doit pas paraître étonnant de voir finir l'empire des Assyriens sous un tel prince : ce fut sans doute après avoir passé par beaucoup d'accroissements, d'affaiblissements et de révolutions qui sont ordinaires aux états, et même aux plus grands, pendant la suite de plusieurs siècles. Celui-ci avait duré plus de 1450 ans.

Des débris de ce vaste empire se formèrent trois grands royaumes: celui des Mèdes, qu'Arbace, le principal chef de la conjuration, rétablit dans leur liberté; celui des Assyriens de Babylone, qui fut donné à Bélésis, qui en était gouverneur; enfin, celui des Assyriens de Ninive, dont le premier roi se fit appeler Ninus le jeune.

Pour entendre l'histoire du second empire des Assyriens, qui est fort obscure, et dont les historiens n'ont pas beaucoup parlé, il est utile, et même absolument nécessaire, de comparer ce qu'en disent les auteurs profanes avec ce que l'Écriture sainte nous en apprend, afin que, réunissant cette double lumière, on puisse avoir une idée claire et précise des deux empires de Ninive et de Babylone, qui ont été pendant quelque temps séparés, puis réunis ensemble et confondus. Je commencerai par ce second empire des Assyriens, après quoi je reviendrai à celui des Mèdes.

1

AN. M. 3257
Av.J.-C.747.

CHAPITRE II.

SECOND EMPIRE DES ASSYRIENS, TANT DE NINIVE
QUE DE BABYLONE.

CE second empire dura 210 ans, en le conduisant jusqu'à l'année où Cyrus, devenu maître absolu de l'Orient par la mort de Cambyse, son père, et de Cyaxare, son beau-père, donna ce célèbre édit qui permettait aux Juifs de retourner dans leur patrie, après avoir été captifs à Babylone pendant 70 ans.

§ I. Rois de Babylone. Bélésis ou Nabonassar, Mérodach-Baladan.

BÉLÉSIS. C'est le même que Nabonassar, du règne duquel commence à Babylone, une fameuse époque astronomique, appelée de son nom, l'ère de Nabonassar. Il est nommé dans l'Ecriture sainte Baladan. 2 Reg. 20, Il ne régna que douze ans. Il eut pour successeur son fils

12-13.

1-2.]

MÉRODACH BALADAN. C'est celui qui envoya des [Isai. xxxix, ambassadeurs au roi Ézéchias pour le féliciter sur sa Can. Ptol. convalescence, comme nous le dirons bientôt 1. Depuis lui, il y eut encore à Babylone quelques rois, dont l'histoire est absolument inconnue : c'est pourquoi je passerai aux rois de Ninive.

C'est le Mardokempad du canon des rois (attribué à Ptolémée ). J'observe qu'entre Nabonassar et Mardokempad, ce canon, ainsi que les au

teurs cités par le Syncelle, placent les trois rois Nadius, Chinzerus, Zugæus.-L.

§ II. Rois de Ninive, qui le furent aussi ensuite de Babylone: Théglathphalasar, Salmanasar, Sennacherib, Asarhaddon, Saosduchin ou Nabuchodonosor I, Saracus, Nabopolassar, Nabuchodonosor II, Évilmerodac, Nériglissor, Laborosoarchod, Labynit ou Baltasar.

Av. J.C. 747

Lib. 12,

C. 21. Castor apud Euseb.

Chron. p. 49. 16, 7, etc.

4 Reg.

THÉGLATHPHALASAR. C'est le nom que l'Écriture AN. M. 3257 sainte donne au roi que l'on croit avoir régné le premier à Ninive depuis la destruction de l'ancien empire des Assyriens. Il est appelé Thilgame1 par Élien. On dit qu'il se fit appeler Ninus le jeune, pour honorer hist.- anim. son règne par le nom d'un prince si ancien et si illustre. Achaz, roi de Juda, dont l'impiété n'avait pu être vaincue ni par les bienfaits de Dieu ni par ses châtiments, se voyant attaqué en même temps par le roi de Syrie et par celui d'Israël, dépouilla le temple d'une partie de l'or et de l'argent qu'il y trouva, et l'envoya à Théglathphalasar, pour l'engager à venir à son secours, lui promettant outre cela de devenir son vassal et de lui payer tribut. Le roi d'Assyrie, trouvant une occasion si favorable d'ajouter la Syrie et la Palestine à son empire, accepta sans balancer cette proposition. Il s'avança de ce côté-là avec une grande armée, et, ayant battu Razin, il prit Damas, et mit fin au royaume que les Syriens y avaient établi, comme Dieu l'avait fait prédire par Isaïe et par Amos. De là il marcha contre Phacée, et se saisit de tout ce qui appartenait au royaume d'Israël au-delà du Jourdain, comme aussi Amos. 1-5. de toute la Galilée. Mais il fit acheter bien cher sa

2 Tilgame ou Gilgame, dans les manuscrits.-L.

Is. 8, 4.

AN. M. 3276

Av. J.C. 728.

protection à Achaz, exigeant encore de lui des sommes d'argent si considérables, qu'il fut obligé, pour les fournir, de ramasser tout l'or et l'argent qui se put trouver dans la maison du Seigneur et dans ses propres trésors. Ainsi cette alliance ne servit qu'à épuiser le royaume, et à lui donner pour voisins les puissants rois de Ninive, dont Dieu se servit dans la suite comme d'autant d'instruments pour châtier son peuple.

SALMANASAR. Sabacus l'Éthiopien, que l'Écriture 4 Reg. 17. appelle Sua, s'étant rendu maître de l'Égypte, Osée, roi de Samarie, fit alliance avec lui, espérant de s'affranchir par son secours du joug des Assyriens. Dans cette vue il se tira de la dépendance de Salmanasar, et ne voulut plus lui payer le tribut, ni lui faire les présents accoutumés.

Tob. cap. I.

Pour l'en punir, Salmanasar marcha avec une puissante armée contre lui; et, ayant subjugué tout le plat pays, il l'enferma dans Samarie, où il le tint assiégé pendant trois ans, au bout desquels, s'étant rendu maître de la ville, il chargea de chaînes Osée et le mit en prison pour le reste de ses jours, emmena le peuple en captivité, et l'établit dans Hala et dans Habor, villes des Mèdes; et il détruisit ainsi le royaume d'Israël ou des dix tribus, comme Dieu les en avait si souvent menacés par ses prophètes. Ce royaume, depuis sa séparation de celui de Juda, avait subsisté pendant 254 années.

Ce fut alors que Tobie, avec Anne sa femme et Tobie son fils, fut emmené captif en Assyrie, où il devint l'un des principaux officiers du roi Salmanasar.

Salmanasar mourut après quatorze ans de règne, et eut pour successeur son fils.

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