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les armes hors du pays quand ils avaient passé cinquante ans.

Enfin ils passaient dans la dernière classe, où l'on choisissait les plus sages et les plus expérimentés pour former le conseil public et les compagnies des juges.

Par là tous les citoyens pouvaient aspirer aux premières charges de l'état ; mais aucun n'y pouvait arriver qu'après avoir passé par ces différentes classes, et s'en être rendu capable par tous ces exercices. Ces classes étaient ouvertes à tous; mais il n'y avait ordinairement que ceux qui étaient assez riches pour entretenir leurs enfants sans travailler qui les y envoyassent.

Cyrus fut élevé de la sorte, et surpassa toujours Cyrop. l. 1, ses égaux, soit par la facilité à apprendre, soit par le pag. 8-12. courage ou par l'adresse à exécuter tout ce qu'il entreprenait.

§ II. Voyage de Cyrus chez Astyage son grand-père,

et son retour en Perse.

Av.J.-C.586.

Quand Cyrus eut atteint l'âge de douze ans, sa mère AN. M. 3418 Mandane le mena en Médie, chez Astyage son grandpère, à qui tout le bien qu'il entendait dire de ce jeune prince avait donné une grande envie de le voir. Il trouva dans cette cour des mœurs bien différentes de celles de son pays. Le faste, le luxe, la magnificence, y régnaient par-tout. Astyage était superbement vêtu, avait les yeux peints, le visage fardé, des cheveux

I

Les Anciens, pour relever la beauté du visage et donner plus de vivacité au teint, formaient les sourcils en arcs parfaits, et les teignaient en noir. Ils ajoutaient aux paupières

la même teinture, pour donner aux
yeux plus de brillant. Cet artifice
était en usage chez les Hébreux. Il
est dit de Jézabel : Depinxit oculos
suos stibio. 4 Reg. 9, 30. Cette

ajoutés parmi les siens; car les Mèdes affectaient de vivre dans la mollesse, et de se vêtir d'écarlate, de porter des colliers et des bracelets, au lieu que les Perses étaient vêtus fort grossièrement. Cyrus ne fut point ebloui de tout cet éclat, et, sans rien critiquer ni condamner, il sut se maintenir dans les principes qu'il avait reçus dès son enfance. Il charmait son grandpère par des saillies pleines d'esprit et de vivacité, et et gagnait tous les cœurs par des manières nobles et engageantes. J'en rapporterai un seul trait qui pourra faire juger du reste.

Astyage, voulant faire perdre à son petit-fils l'envie de retourner en son pays, fit préparer un repas somptueux, dans lequel tout fut prodigué, soit pour la quantité, soit pour la qualité et la délicatesse des mets. Cyrus regardait avec des yeux assez indifférents tout ce fastueux appareil; et comme Astyage en paraissait surpris: « Les Perses, dit-il, au lieu de tant de détours « et de circuits pour apaiser la faim, prennent un <«< chemin bien plus court pour arriver au même but; un « peu de pain et de cresson les y conduit. » Son grand

drogue avait aussi une force astringente qui rétrécissait les paupières, et faisait paraître les yeux plus grands, ce qui était regardé pour lors comme une beauté. PLIN. lib. 33, cap. 6. De là vient cette épithète qu'Homère donne si souvent aux déesses memes βόωπις Ηρη, Junon grands yeux.

аих

= = Quand on douterait que le mot Bówi eût cette origine, il n'en serait pas moins certain que cet usage a été général dans l'Orient. Outre le passage du livre des Rois, on

peut citer Jérémie (IV, 30) et Ézechiel (XXIII, 40), pour prouver que les Hébreux employaient, comme les Perses, le stibium qui était une préparation d'antimoine. Les anciens Égyptiens avaient le même usage; on trouve fréquemment dans les hypogées ou souterrains de Thèbes, de petits vases contenant cette substance, sous la forme d'une sorte de pommade noire. Cet usage subsiste encore en Égypte, en Nubie et en Abyssinie. -- L.

père lui ayant permis de disposer à son gré de tous les mets qu'on avait servis, il les distribua sur-le-champ aux officiers du roi qui se trouvèrent présents; à l'un, parce qu'il lui apprenait à monter à cheval; à l'autre, parce qu'il servait bien Astyage; à un autre, parce qu'il prenait grand soin de sa mère. Sacas, échanson d'Astyage, fut le seul à qui il ne donna rien. Cet officier, outre sa charge d'échanson, avait celle d'introduire chez le roi ceux qui devaient être admis à son audience; et comme il ne lui était pas possible d'accorder cette faveur à Cyrus aussi souvent qu'il la demandait, il eut le malheur de déplaire à ce jeune prince, qui lui en marqua, dans cette occasion, son ressentiment. Astyage témoignant quelque peine qu'on eût fait cet affront à un officier pour qui il avait une considération particulière, et qui la méritait par l'adresse merveilleuse avec laquelle il lui servait à boire: «Ne faut-il que cela, mon papa, reprit Cyrus, « pour mériter vos bonnes graces? je les aurai bientôt gagnées; car je me fais fort de vous servir mieux que « lui. »> Aussitôt on équipe le petit Cyrus en échanson.. Il s'avance gravement d'un air sérieux, la serviette sur l'épaule, et tenant la coupe délicatement de trois doigts; il la présenta au roi avec une dextérité et une grace qui charmèrent Astyage et Mandane. Quand cela fut fait, il se jeta au cou de son grand-père, et, en le baisant, il s'écria plein de joie: 1 O Sacas, pauvre Sacas, te voilà perdu! j'aurai ta charge. Astyage lui témoigna beaucoup d'amitié. « Je suis « très-content, mon fils, lui dit-il; on ne peut pas « mieux servir. Vous avez cependant oublié une céré

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<< monie qui est essentielle : c'est de faire l'essai.» En effet, l'échanson avait coutume de verser de la liqueur dans sa main gauche, et d'en goûter avant que de présenter la coupe au prince. « Ce n'est point du tout «< par oubli, reprit Cyrus, que j'en ai usé ainsi. Et pourquoi donc? dit Astyage. C'est que j'ai appré

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« hen dé que cette liqueur ne fût du poison. Du poison! et comment cela? Oui, mon papa; car il n'y a pas long-temps que, dans un repas que vous << donniez aux grands seigneurs de votre cour, je m'aperçus qu'après qu'on eut un peu bu de cette liqueur, la tête tourna à tous les convives. On criait, <«< on chantait, on parlait à tort et à travers. Vous pa<< raissiez avoir oublié, vous, que vous étiez roi, et eux,

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qu'ils étaient vos sujets. Enfin, quand vous vouliez <«< vous mettre à danser, vous ne pouviez pas vous << soutenir. Comment, reprit Astyage, n'arrive-t-il pas <«< la même chose à votre père? Jamais, répondit Cyrus. Et quoi donc? Quand il a bu, il cesse d'avoir « soif; et voilà tout ce qui lui en arrive. »

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--

On ne peut trop admirer ici l'habileté de l'historien dans l'excellente leçon qu'il donne sur la sobriété. Il pouvait la faire d'une manière grave et sérieuse, et prendre le ton de philosophe; car Xénophon, tout guerrier qu'il était, n'était pas moins philosophe que Socrate son maître. Au lieu de cela, il la met dans la bouche d'un enfant, et la déguise sous le voile d'une petite histoire, racontée dans l'original avec tout l'esprit et toute la gentillesse possibles.

Mandane étant sur le point de retourner en Perse: Cyrus se rendit avec joie aux instances réitérées que lui fit son grand-père de rester en Médie; afin, disait

il, ne sachant pas encore bien monter à cheval, qu'il eût le temps de se perfectionner dans cet exercice inconnu en Perse, où la sécheresse et la situation du pays, coupé par des montagnes, ne permettaient pas de nourrir des chevaux.

Pendant cet intervalle de temps qu'il passa à la cour, il s'y fit infiniment estimer et aimer. Il était doux, affable, officieux, bienfaisant, libéral. Si les jeunes seigneurs avaient quelque grace à demander au prince, c'était lui qui la sollicitait pour eux. Quand il y avait contre eux quelque sujet de plainte, il se rendait leur médiateur auprès du roi : leurs affaires devenaient les siennes, et il s'y prenait toujours si bien, qu'il obtenait tout ce qu'il voulait.

I

Il était à peu près dans sa seizième année lorsque le fils du roi des Babyloniens (c'était Evilmerodac, fils de Nabuchodonosor), ayant fait une partie de chasse un peu avant son mariage, s'avisa, pour faire montre de sa bravoure, de faire une irruption dans les terres des Mèdes; ce qui obligea Astyage de se mettre en campagne pour s'y opposer. Ce fut pour-lors que Cyrus, ayant suivi son grand-père, fit son apprentissage dans la guerre. Il s'y comporta si bien, que la victoire que les Mèdes remportèrent sur les Babyloniens fut principalement due à sa valeur.

Av. J.C. 583.

L'année d'après, Cambyse l'ayant rappelé pour lui AN. M.3421. faire achever son temps dans les exercices des Perses, il partit sur-le-champ, pour ne donner, par son retar

1 Ces peuples sont toujours appelés Assyriens dans Xénophon ; et en effet, ce sont les Assyriens, mais de Babylone, qu'il ne faut pas confondre avec ceux de Ninive, dont nous

avons vu auparavant que l'empire
avait été entièrement détruit par la
ruine de Ninive, qui en était la ca-
pitale.

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