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AN. M. 3422

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dement, aucun lieu de plainte contre lui ni à son père ni à sa patrie. On connut dans cette occasion combien il était tendrement aimé. A son départ tout le monde l'accompagna, ceux de son âge, les jeunes gens, les vieillards: Astyage même le conduisit à cheval assez loin; et quand il fallut se séparer, il n'y eut personne qui ne versât des larmes.

Ainsi Cyrus repassa en Perse, où il demeura encore un an dans la classe des enfants. Ses compagnons, après le sejour qu'il avait fait dans une cour aussi voluptueuse et remplie de faste qu'etait celle des Mèdes, s'attendaient à voir un grand changement dans ses mœurs; mais quand ils virent qu'il se contentait de leur table ordinaire, et que, s'il se rencontrait dans quelque festin, il était plus sobre et plus retenu que les autres, ils le regardèrent avec une nouvelle admi

ration.

Il passa de cette première classe dans la seconde, qui est celle des jeunes gens, où il fit voir qu'il n'avait point son pareil en adresse, en patience, en obéissance.

Dix années après, il fut admis dans la classe des Av. J.C.572. hommes faits, et il y demeura pendant treize ans, jusqu'au temps où il partit à la tête de l'armée de Perse pour aller au secours de son oncle Cyaxare.

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Av. J.C. 560.

§ III. Première campagne de Cyrus, qui va au secours de son oncle Cyaxare contre les Babyloniens.

Astyage, roi des Mèdes, étant mort, Cyaxare son Cyrop. 1. 1, fils, frère de la mère de Cyrus, lui succéda. A peine fut-il monté sur le trone, qu'il eut une rude guerre à

22-27.

soutenir. Il apprit que le roi des Babyloniens (Nériglissor) armait puissamment contre lui, et qu'il avait déja engagé dans sa querelle plusieurs princes, entre autres, Crésus roi de Lydie. Il avait aussi envoyé des ambassadeurs vers le roi des Indes, pour jeter dans son esprit de mauvaises impressions contre les Mèdes et les Perses, en lui représentant qu'il était à craindre que ces deux peuples, déja fort puissants d'ailleurs, s'étant unis par de nouvelles alliances, ne s'assujettissent à la fin toutes les autres nations, si l'on ne s'opposait au progrès de leur puissance. Cyaxare dépêcha donc vers Cambyse pour lui demander du secours, et chargea ses députés de faire en sorte que Cyrus eût le commandement de l'armée qu'on lui enverrait. Ils n'eurent pas de peine à l'obtenir. La joie fut universelle quand on sut que Cyrus marcherait à la tête de l'armée. Elle était de trente mille hommes, d'infanterie seulement (car les Perses n'avaient point encore de cavalerie), mais tous hommes d'élite, et qui avaient été élevés d'une manière particulière. D'abord Cyrus avait choisi parmi la noblesse deux cents officiers des plus braves qui furent chargés d'en choisir chacun quatre autres de même sorte, ce qui faisait mille en tout, et c'étaient ces officiers qu'on appelait ouótuot, et qui se signalèrent si fort dans la suite en toute occasion. Chacun de ces mille eut charge de lever parmi le peuple dix piquiers armés à la légère, dix frondeurs et dix archers: ce qui montait en tout à trente-un mille hommes.

I

Avant qu'on procédât à ce choix, Cyrus crut devoir parler aux deux cents officiers, dont il loua extrêmement le courage, et qu'il remplit de l'espérance assurée

1.Officiers de même dignité.

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d'un heureux succès. « Savez-vous, leur dit-il, à quels <<< ennemis vous aurez affaire? A des hommes mous, <«< lâches, efféminés, déja à demi vaincus par les délices; qui ne peuvent souffrir ni la faim ni la soif; également incapables de soutenir ou le poids du travail ou la vue «< du péril : au lieu que vous, accoutumés dès l'enfance « à une vie sobre et dure, la faim et la soif font le << seul assaisonnement de vos repas, Jes fatigues votre

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plaisir, les dangers votre joie, l'amour de la patrie « et de la gloire votre unique passion. Comptez-vous << pour peu la justice de notre cause? Ce sont les ennemis qui nous attaquent ce sont nos alliés qui nous appellent. Y a-t-il rien de plus juste que de repousser l'injure qu'on veut nous faire? Y a-t-il rien de plus honorable que de voler au secours de nos amis? Mais «< ce qui doit faire le principal motif de votre confiance, «< c'est que je ne me suis point engagé dans cette expé<«<dition sans avoir auparavant consulté les dieux et imploré leur secours; car vous savez que c'est par où « j'ai toujours coutume de commencer toutes mes actions « et toutes mes entreprises.

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Cyrus partit bientôt après sans perdre de temps, Av. J.C.559. mais ce ne fut qu'après avoir encore invoqué les dieux du pays; car sa grande maxime, et il la tenait de son père, était qu'on ne devait jamais former aucune entreprise, soit grande, soit petite, sans consulter les dieux. Cambyse lui avait souvent représenté que la prudence des hommes est fort courte, leurs vues fort bornées, qu'ils ne peuvent pénétrer dans l'avenir, et que souvent ce qu'ils croient devoir tourner à leur avantage devient la cause de leur ruine; au lieu que les dieux, étant éternels, savent tout, l'avenir comme

le passé, et inspirent à ceux qu'ils aiment ce qu'il est à propos d'entreprendre : protection qu'ils ne doivent à personne, et qu'ils n'accordent qu'à ceux qui les invoquent et les consultent.

Cambyse voulut accompagner son fils jusqu'aux frontières de la Perse. Dans le chemin, il lui donna d'excellentes instructions sur les devoirs d'un général d'armée. Cyrus croyait n'ignorer rien de tout ce qui regarde le métier de la guerre, après les longues leçons qu'il en avait reçues des maîtres les plus habiles qui fussent de son temps. Vos maîtres, lui dit Cambyse, vous ont-ils donné quelques leçons d'économie, c'està-dire de la manière dont il faut pourvoir aux besoins d'une armée, préparer des vivres, prévenir les maladies, songer à la santé des soldats, fortifier leurs corps par de fréquents exercices, exciter parmi eux de l'émulation, savoir se faire obéir, se faire estimer, se faire aimer des troupes? Sur chacun de ces points et sur beaucoup d'autres que le roi parcourut, Cyrus répondait qu'on ne lui en avait jamais dit un mot, et que tout cela était nouveau pour lui. Hé! que vous a-t-on donc montré? A faire des armes, reprit le jeune prince, à tirer de l'arc, à lancer un javelot, dessiner un camp, tracer un plan de fortification, ranger des troupes en bataille, en faire la revue, les voir marcher, défiler, camper. Cambyse se mit à rire, et fit entendre à son fils qu'on ne lui avait rien enseigné de ce qu'il y a de plus essentiel pour un bon officier et pour un habile général; et dans une seule conversation, qui mériterait certainement d'être bien étudiée par les jeunes gens de qualité destinés à la guerre, il lui en apprit infiniment plus que n'avaient fait pendant plusieurs années

Cyrop. 1. 2, p. 38-40.

tous ces maîtres si vantés. Un seul exemple, quoique fort court, pourra donner quelque idée du reste.

Il s'agissait de savoir comment on pouvait rendre les soldats soumis et obéissants. Le moyen m'en paraît bien facile et bien sûr, dit Cyrus; il ne faut que louer et récompenser ceux qui obéissent, punir et noter d'infamie ceux qui refusent de le faire. Cela est bon, répondit Cambyse, pour se faire obéir par force; mais l'important est de se faire obéir volontairement. Or, le moyen le plus sûr d'y réussir, c'est de bien convaincre ceux à qui l'on commande qu'on sait mieux ce qui leur est utile qu'eux-mêmes; car tous les hommes obéissent sans peine à ceux dont ils ont cette opinion. C'est de ce principe que part la soumission aveugle des malades pour le médecin, des voyageurs pour un guide, de ceux qui sont dans un vaisseau pour le pilote. Leur obéissance n'est fondée que sur la persuasion où ils sont que le médecin, le guide, le pilote, sont plus habiles et plus prudents qu'eux. Mais que faut-il faire, demanda Cyrus à son père, pour paraître plus habile et plus prudent que les autres? Il faut, reprit Cambyse, l'être effectivement; et pour l'être, il faut se bien appliquer à sa profession, en étudier sérieusement toutes les règles, consulter avec soin et avec docilité les plus habiles maîtres, ne rien négliger de ce qui peut faire réussir nos entreprises, et sur-tout implorer le secours des dieux, qui seuls donnent la prudence et le succès.

Quand Cyrus fut arrivé en Médie, près de Cyaxare, la première chose qu'il fit, après les compliments ordinaires, fut de s'informer de la qualité et du nombre des troupes de part et d'autre. Il se trouva, par le

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