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Cyrop. 1. 4,

Lib. 6,

pag. 160.

religieuse ardeur (coceb), y répondirent à haute voix. Ce n'était dans toute l'armée de Cyrus qu'allégresse, qu'émulation, que courage, qu'exhortations mutuelles, que dévouement universel à faire tout ce que le chef ordonnerait; car, dit ici l'historien, on a remarqué qu'en ces occasions ceux qui craignent le plus la Divinité ont le moins de peur des hommes. Du côté des Assyriens, les archers, les frondeurs et les gens de trait firent leurs décharges avant que l'ennemi fût à portée; mais les Perses, animés par la présence et l'exemple de Cyrus, en vinrent tout d'un coup aux mains, et enfoncèrent les premiers bataillons. Les Assyriens, quelque effort que fissent et Crésus et leur propre roi pour les animer, ne purent soutenir un choc si rude, et prirent tous la fuite. La cavalerie des Mèdes s'ébranla en même temps pour attaquer celle des ennemis, qui fut aussi bientôt mise en déroute. Ils furent vivement poursuivis jusque dans leur camp. Il s'en fit un effroyable carnage, et le roi des Babyloniens (c'était Nériglissor) y perdit la vie. Cyrus ne se crut pas en état de les forcer dans leurs retranchements, et il fit sonner la retraite.

Cependant les Assyriens, après la mort de leur roi pag. 87-104. et la perte des plus braves gens de l'armée, étaient dans une étrange consternation. Dès que Crésus les vit en désordre, il tourna le dos, sans se mettre en peine de les secourir. Les autres alliés perdirent aussi toute espérance, et ne pensèrent plus qu'à se sauver à la faveur de la nuit.

Cyrus l'avait bien prévu, et il se préparait à les poursuivre vivement; mais il avait besoin pour cela de cavalerie, et, comme on l'a déja remarqué, les Perses

n'en avaient point. Il alla donc trouver Cyaxare, et lui proposa son dessein. Cyaxare l'improuva fort, et lui représenta le danger qu'il y avait de pousser à bout des ennemis si puissants, à qui l'on inspirerait peut-être du courage en les réduisant au desespoir; qu'il était de la sagesse d'user modérément de la fortune, et de ne pas perdre le fruit de la victoire par trop de vivacité; que d'ailleurs il ne voudrait pas contraindre les Mèdes, ni les empêcher de prendre un repos qu'ils avaient si justement mérité. Cyrus se réduisit à lui demander la permission d'emmener ceux qui voudraient bien le suivre, à quoi Cyaxare consentit sans peine; et il ne songea plus qu'à passer le temps en festins et en joie avec les officiers, et à jouir de la victoire qu'il venait de remporter.

Presque tous les Mèdes suivirent Cyrus, qui se mit en marche pour poursuivre les ennemis. Il rencontra en chemin des courriers qui venaient de la part des Hyrcaniens, qui servaient dans l'armée ennemie, lui déclarer que dès qu'il paraîtrait ils se rendraient à lui; et en effet ils le firent. Il ne perdit point de perdit point de temps, et ayant marché toute la nuit, il arriva près des Assyriens. Crésus avait fait partir ses femmes pendant la nuit pour prendre le frais, car c'était en été; et il les suivait avec quelque cavalerie. La désolation fut extrême parmi les Assyriens, quand ils virent l'ennemi si près

1 Ce ne sont point ici les Hyrcaniens de la mer Caspienne. En suivant les campements de Cyrus dans la Babylonie, on conjecture que ceux dont il s'agit sont à quatre ou cinq journées au midi de la Babylonie.

Tome II. Hist. anc.

= Xénophon dit seulement ( Cyrop. IV, 2, 1) que les Hyrcaniens étaient voisins des Assyriens. M. de Sainte-Croix conjecture qu'il s'agit d'un corps d'Hyrcaniens qui était venu s'établir dans les plaines de l'Assyrie. L.

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d'eux. Plusieurs furent tués dans la fuite, où on les poursuivit vivement. Tous ceux qui étaient demeurés dans le camp se rendirent la victoire fut complète, et le butin immense. Cyrus se réserva tous les chevaux qui se trouvèrent dans le camp, songeant dès-lors à former parmi les Perses un corps de cavalerie; ce qui leur avait manqué jusque-là: il fit mettre à part pour Cyaxare tout ce qu'il y avait de plus précieux. Tous les prisonniers furent renvoyés libres dans leur pays. sans qu'on exigeât d'eux d'autre condition, sinon qu'eux et ceux de leur pays livreraient leurs armes et ne feraient plus la guerre, Cyrus se chargeant de les défendre contre leurs ennemis et de les mettre en état de cultiver leurs terres en toute sûreté.

Pendant que les Mèdes et les Hyrcaniens étaient à la poursuite des ennemis, Cyrus fit tout préparer pour le repas, jusqu'aux bains même, afin qu'à leur retour ils n'eussent qu'à se mettre à table. Il crut aussi devoir suspendre jusque-là la distribution du butin. Ce fut pour-lors que ce général, qui songeait à tout, exhorta les Perses à se piquer de générosité à l'égard des alliés, de qui ils avaient déja reçu de grands services, et de qui ils en attendaient encore de plus considérables; à vouloir bien les attendre et pour le repas, et pour la distribution du butin; à préferer les commodités et les intérêts des autres aux leurs propres, leur faisant entendre que c'était un moyen sûr de se les attacher pour toujours, et par ce moyen de remporter sur l'ennemi de nouvelles victoires qui leur procureraient tous les biens qu'ils pouvaient espérer, et les dédommageraient avantageusement des pertes volontaires qu'ils auraient pu faire pour gagner l'affection des allies. Ils

entrèrent tous dans ses sentiments. Quand les Mèdes et les Hyrcaniens furent revenus de la poursuite des ennemis, Cyrus leur fit prendre le repas qui leur avait éte préparé, en les avertissant d'envoyer seulement du pain aux Perses, qui avaient d'ailleurs, soit pour les ragoûts, soit pour la boisson, tout ce qui leur était nécessaire. Leur ragoût était la faim, et leur boisson, l'eau de la rivière: c'était la manière de vivre à laquelle ils étaient accoutumés dès leur enfance.

Le lendemain matin, on proceda au partage des dépouilles. Cyrus fit appeler d'abord les mages, et leur commanda de choisir parmi le butin ce qui devait être offert aux dieux en pareilles occasions; puis, il chargea les Mèdes et les Hyrcaniens de partager le reste à toute l'armée. Ils demandèrent avec instance que les Perses présidassent à cette distribution; mais ceux-ci le refusèrent absolument, et il fallut s'en tenir à l'ordre de Cyrus, qui fut exécuté au grand contentement de

tous.

p. 104-108.

La nuit même que Cyrus était parti pour aller à la Cyrop. 1. 4, poursuite de l'ennemi, Cyaxare l'avait passée dans la joie et dans les festins, et s'était enivré avec ses principaux officiers. Le lendemain, à son reveil, il fut etrangement étonné de se voir presque seul et sans troupes. Plein de colère et de fureur, il dépêcha surle-champ un courrier à l'armée, avec ordre de faire de violents reproches à Cyrus, et de faire revenir tous les Mèdes sans aucun delai. Cyrus ne s'effraya point d'un commandement si injuste. Il lui écrivit une lettre respectueuse, mais pleine d'une généreuse liberté, où il justifiait sa conduite, et le faisait souvenir de la permission qu'il lui avait donnée d'emmener tous ceux

Cyrop. 1. 5, pag. 114-117 et 1. 6,

des Mèdes qui voudraient bien le suivre. Il envoya en même temps en Perse pour faire venir de nouvelles troupes, dans le dessein qu'il avait de pousser plus loin ses conquêtes.

Parmi les prisonniers de guerre qu'on avait faits, il se trouva une jeune princesse d'une rare beaute qu'on p. 153-155. avait réservée pour Cyrus : elle se nommait Panthée,

Lib. I, pag. 34.

et était femme d'Abradate, roi de la Susiane. Sur le récit qu'on fit à Cyrus de sa beauté, il refusa de la voir, dans la crainte, disait-il, qu'un tel objet ne l'attachât plus qu'il ne voudrait, et ne le détournât des grands desseins qu'il avait formés. Cette grande retenue de Cyrus venait sans doute de l'excellente éducation qu'il avait reçue; car c'était un principe chez les Perses de ne parler jamais devant les jeunes gens de rien qui eût rapport à l'amour, de peur que la violente inclination qu'ils ont naturellement pour la volupté, jointe à la légèreté de leur âge, ne fût réveillée par de tels discours et ne les jetât dans les dernières debauches. Araspe, jeune seigneur de Médie, qui l'avait en garde, ne se defiait pas tant de sa faiblesse, et prétendait qu'on est toujours maître de soi-même. Cyrus lui donna de sages avis, en lui confiant de nouveau le soin de cette princesse. J'ai vu, lui dit-il, beaucoup de personnes qui se croyaient bien fortes succomber néanmoins comme malgre elles à cette violente passion, et avouer ensuite, avec honte et douleur, que cette passion etait un asservissement et un esclavage dont on ne pouvait plus se tirer, une maladie incurable et au-dessus des remèdes et des efforts humains, une sorte de lien et de necessité plus difficile à rompre que les chaînes de fer les

* Δεδεμένους ἰσχυροτέρᾳ τινὶ ἀνάγκῃ, ἢ εἰ σιδηρῶ ἐδέδεντο.

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