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Cyrop. 1. 5, p. 141-147.

miner leur querelle par un combat singulier. Son défi ne fut pas accepté; mais, pour mettre ses alliés en sûreté pendant son absence, il fit avec lui une espèce de trève et de traité, par lequel on convint de part et d'autre de ne point inquiéter les laboureurs, et de leur laisser cultiver les terres avec une pleine liberté. Après avoir reconnu le pays, examiné la situation de Babylone, s'être fait un grand nombre d'amis et d'alliés, et avoir considerablement augmenté sa cavalerie, il reprit le chemin de la Medie.

Quand il fut près de la frontière, il députa aussitôt vers Cyaxare pour lui donner avis de son arrivée, et pour prendre ses ordres. Celui-ci ne jugea pas à propos de recevoir dans son pays une armee si considerable, et qui allait encore être augmentée de quarante mille hommes nouvellement arrivés de Perse. Le lendemain il se mit en chemin avec ce qui lui était resté de cavalerie. Cyrus alla au-devant de lui avec la sienne, qui était fort nombreuse et fort leste. A cette vue, la jalousie et le mécontentement de Cyaxare se réveillèrent. Il fit un accueil très-froid à son neveu, détourna son visage pour ne point recevoir son baiser, et laissa même couler quelques larmes. Cyrus commanda à tout le monde de s'éloigner, et entra avec lui en éclaircissement. Il lui parla avec tant de douceur, de soumission, de raison, lui donna de si fortes preuves de la droiture de son cœur, de son respect, et d'un inviolable attachement à sa personne et à ses intérêts, qu'il dissipa en un moment tous ses soupçons, et rentra parfaitement dans ses bonnes graces. Ils s'embrassèrent mutuellement, en répandant des larmes de part et d'autre. On ne peut exprimer quelle fut la joie des

Perses et des Mèdes, qui attendaient avec inquiétude et tremblement de quelle façon se terminerait cette entrevue. A l'instant, Cyaxare et Cyrus remontèrent à cheval et alors tous les Mèdes se rangèrent à la suite de Cyaxare, comme Cyrus leur en avait fait signe. Les Perses suivirent Cyrus, et les autres nations leur prince particulier. Quand ils furent arrivés au camp, ils conduisirent Cyaxare dans la tente qu'on lui avait dressée. Il fut aussitôt visité de la plupart des Mèdes, qui vinrent le saluer et lui faire des présents, les uns de leur propre mouvement, les autres par ordre de Cyrus. Cyaxare en fut extrêmement touché, et commença à reconnaître que Cyrus ne lui avait point ́debauché ses sujets, et que les Mèdes ne lui étaient pas moins affectionnés qu'auparavant.

Telle fut l'issue de la première expédition de Cyrus contre Crésus et contre les Babyloniens, et il fut résolu dans le conseil qui se tint en présence de Cyaxare et de tous les officiers que l'on continuerait la guerre. Comme je ne trouve dans Xenophon nulle date qui fixe précisément les années où les divers événements dont il parle sont arrivés, je suppose avec Ussérius, quoique le récit de Xénophon ne paraisse pas donner cette idée, qu'entre les deux combats contre Crésus et les Babyloniens il se passa plusieurs années, pendant lesquelles on fit de part et d'autre les préparatifs nécessaires pour l'importante guerre à laquelle on se disposait; et je place dans cet intervalle le mariage de Cyrus.

Cyrop. 1. 1,
[5]
p. 148-151.

p. 228 et 229.

Il songea donc, environ dans ce temps-ci, à faire Cyrop. 1 8, un voyage en Perse, cinq ou six ans à peu près depuis qu'il en était sorti pour commander les troupes.

Cyrop.

1. 8, [6], p. 151.

avant que

Cyaxare lui donna pour-lors une grande preuve
cas qu'il faisait de son mérite. Il n'avait point d'enfa sai
mâle, mais une fille unique, qu'il lui offrit en mariag
avec assurance de la Medie pour dot. Cyrus fut for
sensible à une offre si avantageuse, et en marqua une vive a
reconnaissance; mais il ne crut pas devoir l'accepte
d'avoir eu le consentement de son père et de
sa mère, laissant pour tous les siècles un rare exemple
de la respectueuse soumission et de l'entière depen
dance que doivent montrer en pareille occasion à
l'égard de père et de mère tous les enfants, quelque
âge qu'ils puissent avoir, et à quelque degré de puis-
sance et de grandeur qu'ils soient parvenus. Cyrus
epousa la princesse à son retour de Perse. Ce fut d'elle
qu'il eut Cambyse.

Après la célebration de son mariage il retourna au camp, et sut bien profiter du temps qui lui restait pour assurer ses nouvelles conquêtes et pour prendre avec les alliés toutes les mesures capables de faire réussir le grand dessein qu'il avait dans l'esprit.

Comme il prévoyait, dit Xénophon, que les préparatifs de la guerre pourraient traîner en longueur, il

Xénophon ne place ce mariage qu'après la prise de Babylone. Mais comme pour-lors Cyrus avait plus de soixante ans, et qu'il n'est pas vraisemblable qu'il ait attendu cet åge pour songer au mariage, j'ai cru devoir en avancer le temps. D'ailleurs Cambyse n'aurait eu que sept ans quand il monta sur le trône, et que quatorze ou quinze quand il mourut ce qui ne peut s'accorder avec ses expéditions en Égypte et en Éthiopie, ni avec tout ce que

l'histoire raconte de son règne. Peutêtre que Xenophon avançait de beaucoup la prise de Babylone; mais je m'en tiens aux dates que nous marque Ussérius. J'ai supprimé aussi ce qu'on lit dans la Cyropédie (liv. 8, pag. 228) que, dès le temps que Cyrus avait été à la cour de son grand-père Astyage, cette princesse avait dit qu'elle n'aurait point d'autre mari que Cyrus. Cyaxare, père de cette princesse, n'avait alors que treize ans.

construire un camp dans un lieu fort commode et t sain, et le fortifia extrêmement. Il y exerçait ses upes, et les tenait en haleine comme si l'ennemi teté présent.

On apprit par les transfuges, et par les prisonniers a'on amenait tous les jours dans le camp, que le roi e Babylone était passé en Lydie, et qu'il avait emorté avec lui de grandes sommes d'or et d'argent. Les simples soldats s'imaginèrent aussitôt que c'était la rayeur qui lui avait fait détourner ses trésors; mais Cyrus jugea qu'il n'avait entrepris ce voyage que pour ui susciter quelque nouvel ennemi, et il travailla avec une ardeur infatigable aux préparatifs d'une seconde bataille.

Il s'appliqua sur-tout à fortifier sa cavalerie persane et à faire construire un grand nombre de chariots de guerre, mais d'une nouvelle forme, ayant trouvé de grands inconvénients dans les anciens, dont la mode venait de Troie, et qui jusque-là avaient été en usage dans toute l'Asie.

Сугор. 1. 6,

Sur ces entrefaites, les ambassadeurs du roi des Indes arrivèrent avec quantité d'argent qu'ils appor- p. 156-157. taient à Cyrus de la part du roi leur maître, qui leur avait aussi commandé de lui dire qu'il était fort aise qu'il l'eût averti de ce qui pouvait lui manquer; qu'il voulait être son ami et son allié; que, s'il avait encore besoin d'argent, il n'avait qu'à le lui faire savoir; qu'enfin ses ambassadeurs avaient ordre de lui obéir absolument comme à lui-même. Cyrus reçut des offres si obligeantes avec toute la reconnaissance et toute la dignite possible. Il combla les ambassadeurs d'honnêtetés et de présents, et, profitant de leur bonne volonté,

Cyrop. 1.6, pag. 157.

le

il les pria de vouloir bien en detacher trois d'entre eux pour aller chez les ennemis comme envoyés par roi des Indes pour faire alliance avec eux, mais en effet pour découvrir leurs desseins et lui en venir rendre compte. Ils se chargèrent de cette commission avec joie, et s'en acquittèrent avec habileté. Je ne reconnais point ici la conduite ni la bonne foi ordinaire de Cyrus. Pouvait-il ignorer que c'etait violer ouvertement le droit des gens que d'envoyer chez les ennemis, comme espions, des ambassadeurs, à qui le caractère dont ils étaient revêtus ne permettait point de faire un tel personnage ni d'user d'une telle perfidie?

Cyrus faisait ses préparatifs pour la bataille en homme qui ne méditait rien que de grand. Non-seulement il avait soin des choses qui avaient été résolues dans le conseil, mais il prenait plaisir à faire naître une noble jalousie parmi les officiers, à qui aurait de plus belles armes, à qui serait le mieux monté, à qui lancerait plus adroitement un dard, à qui tirerait mieux une flèche, à qui supporterait plus patiemment le travail. Il faisait cela en les menant avec lui à la chasse, et en donnant toujours des récompenses à ceux qui s'y distinguaient le plus. S'il voyait aussi des capitaines qui prissent soin de leurs soldats, il les louait hautement, et les favorisait de tout son pouvoir, afin de les animer. Quand il faisait quelque fête, il ne proposait point d'autres jeux que les exercices militaires, et donnait des prix considérables aux victorieux; ce qui allumait une merveilleuse ardeur dans son armée. En un mot, c'était un général qui, dans l'action, dans le repos, dans ses plaisirs mêmes, dans les repas, les conversations, les promenades, n'était presque occupe

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