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que de ce qui regardait le bien du service. C'est par de tels moyens qu'on devient grand homme de guerre.

Cependant les ambassadeurs indiens, étant revenus Cyrop. I. 6, du camp des ennemis, rapportèrent que Crésus avait pag. 158 été élu generalissime de leur armée; que tous les rois et princes alliés étaient convenus de fournir les sommes nécessaires pour lever des troupes ; que les Thraces s'etaient deja enroles; qu'il leur venait par mer un secours d'Égypte, qu'on faisait monter à six-vingt mille hommes; qu'ils attendaient encore une armée de Cypre; que deja les Ciliciens, les peuples de l'une et de l'autre Phrygie, les Lycaoniens, les Paphlagoniens, les Cappadociens, les Arabes et les Phéniciens, étaient arrivés; que les Assyriens étaient pareillement venus avec le roi de Babylone; que les Ioniens, les Éoliens, et la plupart des Grecs qui demeuraient en Asie, avaient été forcés de prendre parti; que Crésus avait envoyé à Lacédémone pour traiter d'alliance; que l'armée s'assemblait autour du Pactole, et que de là elle devait s'avancer à Thymbrée, où était le rendez-vous de toutes les troupes. Ce rapport était confirmé par celui des prisonniers et des espions.

Ces nouvelles jetèrent la frayeur dans l'armée de Cyrus; mais ce prince ayant assemblé les officiers, et leur ayant marqué la difference infinie qu'il y avait entre les troupes ennemies et les leurs, leur rendit bientôt le courage.

Pag. 159.

Cyrus avait pris toutes les mesures nécessaires pour P. 158-163. que son armée ne manquât de rien, et avait donné ses ordres tant pour la marche que pour la bataille qu'il se préparait à livrer, étant descendu pour cela

Cyrop. 1. 5, p. 131-132.

p.

Lib. 6,

dans un détail étonnant que Xénophon rapporte fort au long, et qui s'étendait depuis les premiers commandants jusqu'aux plus bas officiers, parce qu'il savait bien que c'est de telles précautions que dépend le succès des entreprises, qui souvent échouent par les plus légères négligences, comme il arrive quelquefois que le jeu et le mouvement des plus grandes machines est arrêté par le dérangement d'une seule roue, quelque petite qu'elle soit.

Ce prince connaissait tous les officiers de l'armée par leurs noms, et, se servant d'une comparaison triviale, mais expressive, il avait coutume de dire qu'il trouvait bien étrange que les artisans sussent les noms de tous leurs outils, et qu'un général fût si indifférent que de ne savoir pas les noms de ses capitaines, qui sont autant d'instruments dont il se sert dans toutes ses entreprises. D'ailleurs il jugeait que cet usage avait quelque chose de plus honorable pour les officiers, de plus engageant et de plus propre à les porter à faire leur devoir, en leur laissant penser qu'ils étaient connus et estimés du général.

Lorsque tous les préparatifs furent achevés, Cyrus 160-161. prit congé de Cyaxare, qui demeura en Médie avec la troisième partie seulement de ses troupes, pour ne pas laisser son pays entièrement dégarni.

Cyrus, qui savait qu'il était toujours avantageux de faire la guerre dans le pays ennemi, n'attendit pas que les Babyloniens vinssent l'attaquer dans le sien, mais il marcha à leur rencontre, dans le dessein de faire consumer leurs fourrages par ses troupes, et encore plus de les déconcerter par la promptitude et

par la hardiesse de cette entreprise. Après une trèslongue marche, il joignit les ennemis à Thymbrée 1, ville de la Lydie, située assez près de Sardes, capitale du pays. Ils n'avaient point cru que ce prince, avec une armée plus faible de la moitié que la leur, pût songer à les venir chercher dans leur pays; et ils furent étrangement surpris de l'y voir arriver, sans qu'ils eussent eu le temps ni de ramasser les vivres qui étaient nécessaires pour la subsistance d'une armée aussi nombreuse que la leur, ni d'assembler toutes les troupes qu'ils voulaient lui opposer.

V. Bataille de Tymbrée entre Cyrus et Crésus.

Tome VI des l'Académie

Mémoires de

des Belles

Lettres,

Cette bataille est un des plus considérables événements de l'antiquité, puisqu'elle décida de l'empire de l'Asie entre les Assyriens de Babylone et les Perses. C'est ce qui a engagé M. Fréret, l'un de mes confrères dans l'Académie des Belles-Lettres, à l'examiner avec un soin particulier, d'autant plus volontiers, comme il le remarque, que c'est ici la première bataille rangée pag. 532. dont nous connaissions le detail avec quelque étendue. Je me suis mis en possession de profiter du travail et des lumières des autres, mais sans leur en dérober la gloire, et sans m'oter aussi la liberté d'y faire les changements que je juge nécessaires. Je donnerai à la description de cette bataille plus d'étendue que je n'ai coutume de faire, parce que, Cyrus étant considéré comme un des plus grands capitaines dont il soit parlé dans l'antiquité, les gens du métier seront bien aises de le suivre ici dans toutes ses demarches; et d'ailleurs

1 Le texte de la Cyropédie porte Thymbrara, de même que celui d'Étienne de Byzance. — L.

Tome II. Hist. anc.

ΙΟ

Сугор. 1. 6,

la manière dont les anciens faisaient la guerre et donnaient les combats fait une partie essentielle de leur histoire.

Dans l'armée de Cyrus, les compagnies d'infanterie pag. 167. étaient de cent hommes, sans compter le capitaine. La compagnie avait quatre escouades, qui étaient de vingt-quatre hommes chacune, non compris celui qui la commandait. L'escouade se partageait en deux files, chacune de douze hommes. Dix compagnies avaient un chef pour les commander, qui répond assez à ce que nous appelons colonel; et dix de ces corps avaient un commandant, qu'on pourrait appeler brigadier.

Lib. 2, p. 39-40.

Lib. 4,

et l. 5, p.138.

J'ai déja remarqué que Cyrus, lorsqu'il vint à la tête de trente mille Perses au secours de son oncle Cyaxare, fit dès-lors un changement considérable dans ses troupes. Les deux tiers ne se servaient que de javelots ou d'arcs, et par conséquent ne pouvaient combattre que de loin. Au lieu de cela, Cyrus les arma pour la plupart de cuirasses, de boucliers, et d'épées ou de haches, et laissa peu de soldats armés à la légère.

que

Les Perses ne savaient alors ce que c'était de pag. 99-100 combattre à cheval. Cyrus, convaincu que rien n'est plus décisif pour le gain d'une bataille que la cavalerie, sentit bien cet inconvénient, et de loin il prit de sages précautions pour y remédier. Il en vint à bout, et peu

peu il forma un corps de cavalerie persane qui monta jusqu'à dix mille hommes, qui étaient les meilleures troupes de l'armée.

Je parlerai ailleurs du changement qu'il introduisit dans les chariots de guerre. Il est temps de venir au dénombrement des troupes de l'une et de l'autre armée,

que l'on ne peut fixer que par conjecture, et en réunissant plusieurs endroits de Xénophon, cet auteur ayant omis d'en marquer ici précisément le nombre ; ce qui me paraît fort étonnant pour un homme habile dans la guerre comme l'était cet historien.

L'armée de Cyrus montait en tout à cent quatrevingt-seize mille hommes, infanterie et cavalerie. Dans ce nombre il y avait soixante-dix mille Perses naturels, savoir dix mille cuirassiers à cheval, vingt mille cuirassiers à pied, vingt mille piquiers, et vingt mille hommes armés à la légère. Le reste de l'armée, au nombre de cent vingt-six mille hommes, comprenait vingt-six mille chevaux, Mèdes, Arméniens, et Arabes de la Babylonie, et cent mille fantassins des mêmes nations.

Lib. 6,

p. 152, 153,

157.

Outre ces troupes, Cyrus avait trois cents chariots de guerre armés de faux, dont chacun était tiré par quatre chevaux attelés de front, et bardés à l'épreuve du trait, de même que ceux des cuirassiers persans. Cyrus avait encore fait construire un grand nombre Pag. 156. de chariots beaucoup plus grands, sur lesquels il y avait des tours hautes environ de dix-huit ou vingt pieds, qui contenaient vingt archers. Ces chars étaient traînés sur des roulettes par seize bœufs attelés de front.

158.

Il y avait aussi un grand nombre de chameaux, Pag. 153 et montés chacun de deux archers arabes adossés; en sorte que l'un regardait la tête, et l'autre la croupe du chameau.

L'armée de Crésus était plus forte du double que Pag. 158. celle des Perses, et montait à quatre cent vingt mille hommes, dont il y en avait soixante mille de cavalerie. Les principales troupes étaient des Babyloniens, des

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