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Cyrop. 1. 6, pag. 166.

Lydiens, des Phrygiens, des Cappadociens, des peuples de l'Hellespont et des Egyptiens, au nombre de trois cent soixante mille. Les derniers, c'est-à-dire les Égyptiens, faisaient eux seuls un corps de six vingt mille hommes. Ils avaient des boucliers qui les couvraient jusqu'aux pieds, des piques fort longues, et des épées courtes, mais larges. Le reste était des Phéniciens, des Cypriotes, des Ciliciens, des Lycaoniens, des Paphlagoniens, des Thraces et des Ioniens.

L'armée de Crésus se mit en bataille sur une seule ligne, l'infanterie au centre, et la cavalerie sur les ailes. Toutes les troupes, tant de pied que de cheval, avaient trente hommes de profondeur; mais les Égyptiens, dont nous avons vu que le nombre montait à six vingt mille hommes, et qui faisaient la principale force de l'infanterie de Crésus, dont ils occupaient le centre, étaient partagés en douze gros corps ou bataillons carrés de dix mille hommes chacun, qui avaient cent hommes de front et autant de profondeur, avec quelques intervalles entre les bataillons, afin d'agir et de combattre indépendamment les uns des autres. Crésus aurait voulu les engager à se ranger sur une moindre hauteur, pour faire un plus grand front. Les armées étaient dans une plaine immense qui permettait d'étendre ses ailes à droite et à gauche; et son dessein, sur lequel seul il fondait l'espérance de la victoire, était d'envelopper l'armée des Perses: mais il ne put obtenir des Égyptiens qu'ils changeassent l'ordre de bataille auquel ils étaient accoutumés. L'armée, ainsi rangée sur une ligne, occupait de terrain presque quarante stades, c'est-à-dire près de deux lieues.

Araspe, qui, sous prétexte d'un mécontentement,

s'était retiré dans l'armée de Crésus, et qui avait eu ordre sur-tout de bien examiner la manière dont ce général rangerait ses troupes, était revenu dans le camp des Perses la veille du combat. Cyrus, pour former son ordre de bataille, se régla sur la disposition de l'armée de Crésus, dont ce jeune seigneur mède lui avait rendu un compte exact.

Les troupes persanes combattaient ordinairement Pag. 167. sur vingt-quatre de hauteur: Cyrus changea cette disposition. Il lui importait de former le plus grand front qu'il lui serait possible sans trop affaiblir ses phalanges, pour ne pas être enveloppé. Son infanterie était excellente, armée avantageusement de cuirasses, de pertuisanes, de haches et d'épées; et pourvu qu'elle pût joindre l'ennemi corps à corps, il n'y avait pas lieu de croire que les phalanges lydiennes, armées sculement de boucliers légers et de javelots, en pussent soutenir l'attaque. Cyrus dedoubla donc les files de son infanterie, et les mit sur douze de hauteur seulement : elle était composée de quatre-vingt-treize mille hommes. La cavalerie était rangée sur les deux ailes, la droite commandée par Chrysante, et la gauche par Hystaspe. Le front entier de l'armée n'occupait en tout qu'un terrain de trente-deux stades', c'est-à-dire un peu plus d'une lieue et demie; et par conséquent il était debordé de plus de trois stades de chaque côté par l'armée ennemie.

Derrière cette première ligne, et à une très-petite

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Cyrop. 1. 6,

distance, Cyrus plaça les lanceurs de javelots; après eux, les archers. Ils étaient couverts les uns et les autres par les soldats qui étaient avant eux, au-dessus de la tête desquels ils pouvaient lancer contre l'ennemi leurs javelots et leurs flèches.

Il forma une dernière ligne, pour composer l'arrièregarde, de ce qu'il y avait de plus braves soldats dans l'armée. Leur fonction était d'avoir l'œil sur ceux qui étaient placés devant eux, d'encourager ceux qui faisaient leur devoir, d'arrêter par des menaces ceux qui s'ébranlaient, et d'aller même jusqu'à tuer les fuyards comme des traîtres, afin d'opposer de leur part aux lâches une crainte plus grande que celle qui pouvait leur venir du côté des ennemis.

Derrière l'armée persane étaient ces tours roulantes dont j'ai parlé plus haut. Elles formaient une ligne égale et parallèle à celle de l'armée, et ne servaient pas seulement à incommoder l'ennemi par les décharges continuelles des archers dont elles étaient garnies, mais pouvaient encore être regardées comme des espèces de forts ou de redoutes mobiles, sous lesquelles les troupes persanes pouvaient se rallier, en cas qu'elles fussent rompues et poussées par l'ennemi.

Tout proche de ces tours, il y avait deux autres lignes, parallèles aussi et égales au front de l'armée, formées l'une par les bagages, et l'autre par les chariots qui portaient les femmes et les personnes inutiles.

Pour former toutes ces lignes, et les mettre hors pag. 168. d'état d'être insultées par l'ennemi, Cyrus avait placé à la queue deux mille hommes d'infanterie, deux mille chevaux, et la troupe des chameaux, qui était assez nombreuse.

Le dessein de Cyrus, en formant deux lignes de ces bagages, était non-seulement de faire paraître son armee plus nombreuse qu'elle n'était en effet, mais d'obliger les ennemis, en cas qu'ils voulussent l'envelopper, comme il savait que c'était leur projet, de faire un plus long circuit, et par conséquent de s'affaiblir en s'allongeant.

Restent les chariots persans armés en guerre. Ils étaient partagés en trois corps, de cent chacun. L'un de ces corps, commandé par Abradate, roi de la Susiane, fut placé au front de la bataille, et les autres sur les deux flancs de l'armée.

Tel fut l'ordre de bataille des deux armées, et elles Pag. 169. furent ainsi rangées le jour qui précéda le combat.

Le lendemain, dès le grand matin, Cyrus fit un sacrifice, pendant lequel l'armée prit de la nourriture; et les soldats, après avoir fait des libations aux dieux, allèrent se revêtir de leurs armes. On ne vit jamais rien de plus leste ni de plus magnifique : cottes d'armes, cuirasses, boucliers, casques, on ne savait ce qu'on devait le plus admirer. Hommes et chevaux, tout brillait d'airain et d'écarlate.

Abradate étant sur le point de mettre sa cuirasse, P. 169, 170. qui n'était que de lin piqué, selon la mode de son pays, Panthée, sa femme, lui vint présenter un casque, des brassards et des bracelets, tout cela d'or, avec une cotte d'armes de sa hauteur, plissée par en bas, et un grand panache de couleur de pourpre. Elle avait fait préparer toute cette armure à l'insu de son mari, pour lui ménager le plaisir de la surprise. Malgré les efforts qu'elle faisait, elle ne put, en le revêtant de cette armure, s'empêcher de répandre quelques larmes : mais

Сугор. 1. 6, pag. 170.

quelque tendresse qu'elle eût pour lui, elle l'exhorta à mourir plutôt les armes à la main que de ne se pas signaler d'une manière digne de leur naissance, et digne de l'idée qu'elle avait tâché de donner de lui à Cyrus. « Nous lui avons, dit-elle, des obligations infi« nies. J'ai été sa prisonnière, et, comme telle, desti« née pour lui; mais je ne me suis point trouvée esclave <«< entre ses mains, ni ne me suis point vue libre à des << conditions honteuses. Il m'a gardée comme il aurait gardé la femme de son propre frère; et je lui ai bien promis que vous sauriez reconnaître une telle grace.« O Jupiter! s'écria Abradate en levant les yeux vers <«<le ciel, fais que je paraisse en cette occasion digne << mari de Panthée, et digne ami d'un si généreux bien«< faiteur. » Cela dit, il monta sur son char. Panthée ne pouvant plus l'embrasser, voulut encore baiser le char où il était ; et, après l'avoir suivi des yeux le plus loin qu'il lui fut possible, elle se retira.

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Quand Cyrus eut achevé son sacrifice, qu'il eut donné aux officiers les ordres et les instructions nécessaires pour le combat, et qu'il les eut avertis de rendre aux dieux l'hommage qui leur est dû, chacun alla L. 7, p. 172. prendre son poste. Ses officiers lui apportèrent du vin et des viandes. Il en mangea un peu tout debout, et fit distribuer le reste aux assistants. Il prit aussi du vin, dont il versa une partie en offrande aux dieux avant que de boire, et tous les autres en firent autant. Après cela, il pria encore de nouveau le dieu de ses pères de vouloir être son guide, et de venir à son secours; et aussitôt il monta à cheval, et commanda à chacun de le suivre.

Comme il examinait de quel côté il fallait marcher,

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