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Сугор. 1. 7,

Cette circonstance a pu échapper à Xénophon dans le récit qu'il nous a laissé de cette bataille.

On convient que Cyrus, fut principalement redevable pag. 180. de la victoire à la cavalerie persane, qui était un nouvel établissement, et le fruit de l'attention et de l'activité de ce prince à former et perfectionner sa nation dans cette partie de l'art militaire, qui jusqu'à son temps, lui avait manqué. Les chariots armés de faux rendirent aussi un bon service, et l'usage s'en conserva toujours depuis chez les Perses. Les chameaux ne furent pas inutiles dans ce combat, mais Xénophon n'en fait pas grand cas; et il remarque que de son temps on ne s'en servait plus que pour porter les bagages.

Je n'entreprends point de relever le mérite de Cyrus; il me suffit de dire qu'on voit briller ici en lui toutes les qualités d'un grand capitaine. Avant le combat, sagacité et prévoyance admirable pour découvrir et déconcerter les mesures de l'ennemi; détail infini pour que rien ne manque dans l'armée, et que tous ses ordres soient exécutés à point nommé; merveilleuse industrie pour gagner le cœur des soldats, et pour les remplir d'ardeur et de confiance. Dans le feu même de l'action, quelle activité, quelle ardeur, quelle présence d'esprit pour donner les ordres à propos! quelle intrépidité de courage, quelle bonté pour les ennemis mêmes, dont il respecte la valeur, et dont il se croit obligé d'épargner le sang! Nous verrons bientôt l'usage qu'il fera de sa victoire.

Mais ce qui me paraît plus remarquable dans Cyrus, et plus digne encore d'admiration que tout le reste, c'est son attention continuelle à rendre à la Divinité, en toute occasion, le culte qu'il croyait lui être dû. On

a sans doute été frappé, en lisant le récit que j'ai fait du combat, de voir combien de fois Cyrus, à la vue de toute l'armée, fait mention des dieux, leur offre des sacrifices, leur présente des libations, leur adresse des prières, se met sous leur protection, et implore leur secours. Je n'ai rien ajouté au texte de l'historien, qui était aussi homme de guerre, et qui n'a pas craint de se déshonorer en rapportant ce détail. Quelle honte, quel reproche serait-ce pour des généraux et des officiers chrétiens, si, dans un jour d'action et de bataille, ils rougissaient de paraître aussi religieux qu'un prince païen, et si le Dieu des armées, qu'ils reconnaissent pour tel, faisait moins d'impression sur leur esprit que le respect pour les fausses divinités du paganisme n'en faisait sur l'esprit de Cyrus!

Pour Crésus, il ne fait pas ici un beau personnage. Il n'est pas dit un mot de lui dans le combat. Ce profond silence que garde Xénophon à son égard me paraît en dire beaucoup, et nous faire entendre qu'on peut être un puissant roi et un riche potentat sans être un grand guerrier.

Je reviens dans le camp des Perses. On s'imagine P. 184-186, aisément quelle fut la désolation de Panthée quand on lui annonça la mort d'Abradate. Ayant fait porter le corps de son mari dans un chariot sur le bord du Pactole, et tenant sa tête sur ses genoux, tout hors d'ellemême, et arrêtée fixement sur ce triste objet, elle ne songeait qu'à nourrir sa douleur et à repaître ses yeux de ce lugubre et sanglant spectacle. Cyrus l'ayant appris, y accourut aussitôt, et, mêlant ses larmes à celles de cette épouse infortunée, il fit ce qu'il put pour la consoler, et donna des ordres pour rendre au mort des hon

Herod. l. 1,

neurs extraordinaires. Mais à peine se fut-il retiré, que Panthée, succombant à sa douleur, se perça le sein d'un poignard, et tomba morte sur son mari. On leur éleva dans le lieu même un tombeau commun, qui subsistait encore du temps de Xenophon.

pour

§ VI. Prise de Sardes et de Crésus.

Cyrus, dès le lendemain matin, marcha vers Sardes. cap. 79-84. Si l'on en croit Hérodote, Crésus n'attendit pas qu'il l'y enfermât; il sortit à sa rencontre avec ses troupes lui livrer bataille. Selon cet historien, les Lydiens étaient les peuples de l'Asie les plus braves et les plus belliqueux. Leur principale force consistait dans la cavalerie. Cyrus, pour la rendre inutile, fit d'abord avancer ses chameaux, dont elle ne put en effet soutenir ni la vue ni l'odeur, et prit la fuite sur-le-champ. Les cavaliers mirent pied à terre, et revinrent au combat, qui fut fort opiniâtre; mais enfin les Lydiens cédèrent, et furent obligés de se retirer dans la ville. Cyrus en forma le siége, et fit dresser ses machines Cyrop. 1.7, contre les murailles et préparer des échelles comme

Xenoph.

pag. 180.

pour l'assaut. Mais pendant qu'il amusait les Sardiens par tous ces apprêts, la nuit suivante il se rendit maître de la citadelle, ayant appris par un esclave persan, qui en avait servi le gouverneur, une route dérobée qui y conduisait. A la pointe du jour il entra dans la ville, où il ne trouva plus de résistance. Son premier soin fut d'en empêcher le pillage; car il s'aperçut que les Chaldéens, ayant quitté leurs rangs, s'étaient deja répandus de côté et d'autre. Il fallait avoir autant d'autorité qu'en avait Cyrus pour arrêter et lier en quelque sorte par un simple ordre les mains avides de soldats

étrangers, dans une ville aussi remplie de richesses que l'était Sardes. Il fit déclarer aux bourgeois qu'ils auraient la vie sauve, et qu'on ne toucherait ni à leurs femmes ni à leurs enfants, pourvu qu'ils lui apportassent tout leur or et tout leur argent. Ils y consentirent sans peine. Crésus, qu'il s'était fait amener, leur en avait donné l'exemple, en livrant tous ses trésors au vain

queur.

Quand Cyrus eut donné dans la ville tous les ordres Pag. 181-184 nécessaires, il eut un entretien particulier avec le roi, à qui il demanda sur-tout ce qu'il pensait de l'oracle de Delphes et des réponses du dieu qui y préside, dont on disait qu'il avait toujours fait grand cas. Crésus commença par avouer qu'il s'était justement attiré l'indignation de ce dieu en lui témoignant de la défiance sur la vérité de ses réponses, et l'ayant pour cela mis à l'épreuve par une question absurde et ridicule; que cependant il ne pouvait pas s'en plaindre : car, l'ayant consulté pour savoir ce qu'il avait à faire pour mener une vie heureuse, l'oracle lui avait fait une réponse dont le sens était qu'il posséderait un bonheur parsait et constant lorsqu'il se connaîtrait lui-même. Faute de cette connaissance, continua-t-il, et se croyant, par les louanges qu'on lui donnait sans mesure, tout autre qu'il n'était en effet, il s'était laissé nommer généralissime de toute l'armée, et s'était mal à propos engagé dans cette guerre contre un prince qui lui était infiniment supérieur en tout. Maintenant donc qu'instruit par ma défaite je commence à me connaître, je compte aussi que je vais commencer à être heureux; et je le serai certainement, si vous m'êtes favorable, car mon sort est entre vos mains. Cyrus, touché de compassion

Tome II. Hist. anc.

II

cap. 85.

pour le malheur de ce roi, déchu en un moment d'un si haut rang, et admirant son égalité d'ame dans un tel renversement de fortune, le traita avec beaucoup de clémence et de bonté, et lui laissa le nom et l'autorité de roi, mais en lui interdisant le pouvoir de faire la guerre : c'est-à-dire, comme il le reconnut lui-même, qu'il le déchargea de ce que la royauté a de, plus onéreux, et le mit véritablement en état de mener une vie heureuse et exempte de tout soin et de toute inquiétude. Il le mena toujours ensuite avec lui dans ses expeditions, soit par estime, pour profiter de ses conseils, soit plutôt par politique, pour s'assurer de sa personne.

Hérodote, et après lui d'autres auteurs, ajoutent à ce récit quelques circonstances fort remarquables, que je ne crois pas devoir omettre ici, quoiqu'elles me paraissent tenir plus du merveilleux que du vrai.

J'ai deja remarqué que l'unique fils qui restait à Herod. 1. 1, Crésus était muet 1. Ce prince voyant, dans la prise de la ville, un soldat près de décharger un coup de sabre sur la tête du roi, qu'il ne connaissait point, sa crainte et sa tendresse pour son père lui firent faire un effort qui rompit les liens de sa langue, et il s'écria : Soldat, ne tue point Crésus.

Id. Ibid.

Plut.

Crésus, ayant été fait prisonnier, fut condamné par cap. 86-91. le vainqueur à être brûlé vif. On dressa donc le bûcher, et ce malheureux prince, ayant été mis dessus, sur le point de l'exécution rappela dans son esprit 2

in Solone.

'Ce jeune homme était en même temps sourd, διεφθαρμένος τὴν ἀκοήν, selon le texte d'Hérodote (c. 36); mais Reiske et Larcher pensent avec raison que τὴν ἀκοήν est une glose de co

piste; ces mots rendraient le fait bien extraordinaire pour ne pas dire absurde. - L.

2 Cet entretien a été rapporté cidevant, p. 84 et suiv.

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