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l'entretien qu'il avait eu autrefois avec Solon; et reconnaissant la vérité de ses avis, il s'écria par trois fois, Solon, Solon, Solon! Cyrus, qui était présent à ce spectacle avec les principaux de sa cour, ayant appris pourquoi, dans cette extrémité, il prononçait avec tant de vivacité le nom de ce célèbre philosophe, touché de l'incertitude des choses humaines et du malheur de ce prince, le fit retirer du bûcher, et l'honora toujours pendant qu'il vécut. Ainsi Solon eut la gloire d'avoir d'un seul mot sauvé la vie à l'un de ces deux rois, et donné une salutaire instruction à l'autre.

Deux réponses sur-tout, parties de l'oracle de Delphes, avaient beaucoup contribué à engager Crésus dans cette guerre, qui lui fut si funeste : l'une était que Crésus devait se croire en danger lorsqu'un mulet régnerait sur les Mèdes ; l'autre que, quand il passerait le fleuve Halys pour faire la guerre aux Mèdes, il détruirait un grand empire. Le premier de ces oracles lui fit conclure que, vu l'impossibilité de la chose, il était en pleine sûreté : le second lui laissait espérer qu'il renverserait l'empire des Mèdes. Quand il vit que les choses avaient tourné tout autrement, il dépêcha, avec la permission de Cyrus, des courriers à Delphes, qu'il chargea de présenter au dieu de sa part des chaînes d'or, et de lui faire en même temps des reproches de ce que, malgré les présents infinis qu'il lui avait faits, il l'avait si indignement trompé par ses oracles. Le dieu n'eut pas de peine à justifier sa réponse. Cyrus était le mulet dont l'oracle avait voulu parler, parce qu'il tirait sa naissance de deux différents peuples, étant Perse par

* Καὶ δόξαν ἔσχεν ὁ Σόλων ἑνὶ λόγῳ τὸν μὲν σώσας, τὸν δὲ παιδεύ

σας τῶν βασιλέων. ( Ριυτ. In Solone. § 28, fin. )

Herod. 1. 1,
C. 141-152-

153.

son père, et Mède par sa mère. A l'égard de l'empire qu'il devait renverser, ce n'était pas celui des Mèdes, mais le sien propre.

C'est par ces sortes d'oracles, faux et trompeurs, que le démon, cet esprit de mensonge qui en était l'auteur, abusait le genre humain dans ces temps de ténèbres et d'ignorance, répondant à ceux qui le consultaient en des termes si douteux et si ambigus, que, quel que fût l'événement, ils pouvaient recevoir un sens qui s'y rapportât.

Quand les peuples d'Ionie et d'Éolie eurent appris que Cyrus s'était rendu maître des Lydiens, ils lui envoyèrent des députés à Sardes pour demander d'être reçus sous son empire aux mêmes conditions qu'il avait accordées aux Lydiens. Cyrus, qui, avant sa victoire, les avait inutilement sollicités d'embrasser son parti, et qui se voyait alors en état de les y contraindre par la force, ne leur répondit que par l'apologue d'un pêcheur qui, ayant joué en vain de la flûte pour faire venir à lui des poissons, ne vint à bout de les prendre qu'en jetant son filet dans l'eau. Exclus de cette espéils implorèrent le secours des Lacédémoniens, qui députèrent vers Cyrus pour l'avertir qu'ils ne souffriraient pas qu'il entreprît rien contre les Grecs. Ce prince ne fit que rire d'une telle députation, et les avertit à son tour de se mettre en état de se bien défendre eux-mêmes.

Les insulaires n'avaient rien à craindre de Cyrus, parce qu'il n'avait pas encore dompté les Phéniciens, que les Perses étaient sans flotte.

et

ARTICLE II.

Histoire du siége et de la prise de Babylone par

Cyrus.

passa

p.

cap. 177.

186-188.

Cyrus resta dans l'Asie mineure jusqu'à ce qu'il eût Herod. 1. 1, entièrement soumis les divers peuples qui l'habitaient, Cyrop. 1.7, depuis la mer Égée jusqu'à l'Euphrate. Il de là dans la Syrie et dans l'Arabie, qu'il subjugua pareillement; après quoi il entra dans l'Assyrie, et s'avança vers Babylone, qui était la seule ville d'Orient qui lui résistât encore.

Le siége de cette importante place n'était pas une entreprise facile. Les murailles en étaient d'une hauteur extraordinaire, et paraissaient inaccessibles, sans compter que le nombre de ceux qui les defendaient était immense: la ville d'ailleurs était pourvue de toutes sortes de provisions pour vingt ans.

Ces difficultés n'empêchèrent pas Cyrus de pousser son dessein. Désespérant de prendre la place d'assaut, il laissa croire qu'il songeait à la réduire par la famine. Il fit donc tirer d'abord une ligne de circonvallation tout autour de la ville, avec un fossé large et profond; et pour ne pas accabler ses troupes de fatigue, il divisa son armée en douze parties, et assigna à chacune son mois pour la garde des tranchées. Les assiégés, se croyant en pleine sûreté à la faveur de leurs remparts et de leurs magasins, insultaient à Cyrus du haut de leurs murailles, et se moquaient de la peine inutile qu'il se donnait, et de tout ce qu'il faisait

contre eux.

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SI. Prédictions des principales circonstances siége et de la prise de Babylone, marquées différents endroits de l'Écriture sainte.

Comme la prise de Babylone est un des plus gran événements de l'Histoire ancienne, et que les principale circonstances qui l'ont accompagnée ont été prédite plusieurs années auparavant dans l'Écriture sainte avant que de raconter ce qu'en ont dit les auteurs profanes, je crois qu'il est à propos de rapporter ici en en abregé ce qui s'en trouve dans les livres saints, afin que les lecteurs soient plus en état de comparer l'accomplis sement avec les prédictions.

I. Prédiction de la captivité des Juifs à Babylone, et de sa durée.

Dieu ne s'était pas contenté de faire prédire longtemps auparavant la captivité que son peuple devait souffrir à Babylone, mais il avait encore marqué le nombre précis d'années qu'elle devait durer. Il en avait fixé le terme à soixante-dix ans, après lesquels il avait promis de le délivrer, en détruisant avec éclat et sans retour la ville de Babylone, qui lui avait servi de prison. Jerem. 25, Servient regi Babylonis septuaginta annis.

II.

II. Raison de la colère de Dieu contre Babylone.

Ce qui allume la colère de Dieu contre Babylone, est l'orgueil insupportable de cette ville, la dureté inhumaine qu'elle exerce contre les Juifs, et l'impiété sacrilége de son roi.

Son orgueil1. Elle se croit invincible. Elle dit en son nces ir Je suis reine, et je le serai toujours. Aucune uée re puissance ne m'est égale : toutes me sont assu

ties, ou tributaires, ou alliées. Je ne serai jamais ni uve, ni stérile; et l'éternité est marquée dans ma is stinée, selon tous ceux qui l'ont étudiée dans les

inci

tres.

pre Sa dureté. C'est Dieu lui-même qui s'en plaint2. J'ai 2 Sa oulu punir mon peuple, dit-il, mais en père. Je l'ai xilé pour un temps à Babylone, dans le dessein de l'en ter appeler quand il serait devenu plus reconnaissant et

aut

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plus fidèle. Mais Babylone et son prince ont joint à un Cochâtiment paternel de ma part une cruauté et une inhumanité très-opposée à ma clémence. Leur dessein a eté de perdre, et le mien était de sauver. Ils ont converti le bannissement en une dure captivité, où ni Tåge, ni la faiblesse, ni la vertu, n'ont trouvé de compassion et d'égards.

L'impiété sacrilege de son roi. Baltasar joignit à que l'orgueil et à la dureté de ses prédécesseurs une impiété qui lui fut particulière. Il ne prefera pas seulement ses fausses divinités au vrai et unique Dieu, il crut encore l'avoir vaincu, parce qu'il avait dans son pouvoir les vaisseaux qui avaient servi à son culte; et, comme pour lui insulter, il affecta de les destiner à des usages profanes. C'est ce qui mit le comble à la colère de Dieu.

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