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la chasse. Elle devint ainsi, comme le prophète l'avait prédit, la demeure des animaux cruels et ennemis de l'homme, ou fugitifs et timides. Ses citoyens furent convertis en des sangliers, des léopards, des ours, des ânes sauvages, des cerfs. Babylone fut la retraite des bêtes funestes, sauvages, ennemies de la lumière. Requiescent ibi bestiæ, et replebuntur domus illorum Is. 13, v. 21draconibus, etc.

22.

V. 22.

Saint Jérôme nous a conservé cette précieuse re- AN. J.C.400. marque ; et il la tenait d'un religieux persan, qui avait vu ce qu'il lui avait rapporté. Didicimus a quodam In Isai. 13, fratre elamita, qui, de illis finibus egrediens, nunc Jerosolymis vitam exigit monachorum, venationes regias esse in Babylone, et omnis generis bestias murorum ejus ambitu tantùm contineri.

VI. Mais c'était encore trop que les murs de Babylone subsistassent. Ils tombèrent en plusieurs endroits, et ne furent pas réparés. Le reste suivit par divers accidents. Les bêtes qui servaient aux plaisirs des rois de Perse sortirent. Les serpents et les scorpions demeurèrent, et elle devint un lieu redoutable pour ceux qui auraient eu quelque curiosité pour visiter ses antiquités 1. L'Euphrate, qui la traversait, n'ayant plus un canal libre, prit avec le temps son cours ailleurs 2;

la

' L'emplacement de Babylone est près de Hillah, à 16 lieues S. de Bagdad. (Voyez plus haut, pag. 20, not. 2.) Des éminences formées par décomposition des bâtiments, couvertes, à la surface, de morceaux de briques, de bitume et de pots de terre; quelques pans de murailles, et des débris de bâtiments en briques, parmi lesquels on croit reconnaître la tour de Bélus et les jardins sus

pendus, voilà tout ce qui reste de
cette ville superbe. (Voyez RICHE,
Voyage aux Ruines de Babylone,
trad. par Raymond.) — L.

2 α

Euphrates quondam urbem ipsam mediam dividebat ; nunc autem fluvius conversus est in aliam viam, et per rudera minimus aquarum meatus fluit. » (THEODOR. in cap. 50. Jerem. v. 38 et 39.)

23.

et il ne restait, au temps de Théodoret, qu'un filet d'eau qui coulait à travers les masures, et qui, n'ayant plus de pente ni d'écoulement libre, dégénérait nécessairement en un marais.

VII. Par tous ces changements, Babylone devint entièrement déserte, et tous ses environs devinrent aussi affreux et aussi abandonnés que le lieu qu'elle avait occupé; et les géographes les plus habiles ne savent aujourd'hui où le déterminer. Ainsi fut accompli Isai. 14, 22- à la lettre ce que Dieu avait prédit : Je perdrai le nom de Babylone ... je couvrirai d'un marais le lieu qu'elle occupe maintenant. Je rechercherai avec soin jusqu'à ses moindres vestiges pour les effacer. Je ferai moimême la recherche, dit le Seigneur, avec un œil jaloux, pour découvrir s'il ne restera rien d'une ville ennemie de mon nom et de Jérusalem. Je balaierai avec soin la place où elle aura été, et je la rendrai si nette, en effaçant jusqu'aux moindres vestiges d'une ville, que personne ne pourra conserver la mémoire du lieu choisi par Nemrod, et aboli par moi, qui suis le Seigneur. Scopabo eam in scopa terens, dicit Dominus

exercituum.

VIII. Dieu ne s'était pas contenté de faire prédire tous ces changements; il avait voulu terminer et sceller cette prédiction par un serment, pour en marquer Id. 14, 24. davantage la certitude. Le Seigneur des armées a fait ce serment: Je jure que ce que j'ai résolu arrivera, et que ce que j'ai arrêté s'exécutera. Mais, pour donner à ce formidable serment toute son étendue, il ne faut pas le borner ni à Babylone, ni au peuple qui l'a habitée, ni aux princes qui y ont régné.

I « Nunc omnino destructa; ita ut vix ejus supersint rudera. » (BAU.)

DRAN.

C'est la malédiction du monde entier que nous lisons ici; c'est l'anathême général des impies; c'est l'arrêt foudroyant qui séparera pour toujours les deux cités de Babylone et de Jérusalem, et qui mettra un éternel divorce entre les saints et les réprouvés. Les Écritures qui l'ont prédit subsisteront jusqu'au jour où il sera exécuté. La sentence en est écrite ici, et mise comme en dépôt dans les archives publiques de la religion. Juravit Dominus exercituum, dicens: Si non, ut putavi, ita erit; et quomodò mente tractavi, sic eveniet.

Ce que j'ai dit sur la prophétie qui regarde Babylone est presque entièrement tiré d'un excellent ouvrage encore manuscrit sur Isaïe.

§ IV. Suites de la prise de Babylone.

p. 192.

Cyrus, étant entré dans la ville de la manière que nous Cyrop. 1.7, l'avons marqué, fit faire main-basse sur tous ceux qui se rencontrèrent dans les rues; puis il ordonna aux bourgeois de lui apporter toutes leurs armes, et de se tenir ensuite renfermés dans leurs maisons. Le lendemain, à la pointe du jour, quand la garnison qui était dans la citadelle eut appris que la ville était prise et le roi tué, elle se rendit à Cyrus. Ainsi, presque sans coup férir et sans trouver aucune résistance, il se vit maître paisible de la plus forte place qui fût au monde. Cyrus commença par remercier les dieux de l'heureux succès qu'ils venaient de lui accorder. Il assembla les principaux officiers, dont il loua publiquement le courage, la sagesse, le zèle et l'attachement pour sa personne, et distribua des récompenses à toute l'armée. Il leur remontra ensuite que l'unique moyen de conser- P. 197-200 ver ce qu'ils avaient acquis était de persévérer dans leur

Cyrop. 1. 7, pag. 202.

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ancienne vertu que le fruit de la victoire n'était pas de s'abandonner aux délices et à l'oisiveté : qu'après avoir vaincu les ennemis par la force des armes, il serait honteux de se laisser vaincre par les attraits de la volupté qu'enfin, pour conserver leur ancienne gloire, il fallait maintenir à Babylone, parmi les Perses, la même discipline qui était observée dans leur pays, et pour cela donner leurs principaux soins à la bonne éducation des enfants. « Par là, dit-il, nous devien<<< drons nous-mêmes plus vertueux de jour en jour, << en nous efforçant de leur donner de bons exemples; « et il sera bien difficile qu'ils se corrompent, lorsque parmi nous ils ne verront et n'entendront rien qui ne « les porte à la vertu, et qu'ils seront continuellement <«< dans une pratique d'exercices louables et honnêtes. »> Cyrus confia à différentes personnes, selon les qualités qu'il leur connaissait, différentes parties et différents soins du gouvernement; mais il se réserva à lui seul celui de former des généraux, des gouverneurs de provinces, des ministres, des ambassadeurs, persuadé que c'était là proprement le devoir et l'occupation d'un roi, et que de là dépendaient sa gloire, le succès des affaires, le repos et le bonheur de l'empire. Son grand talent était d'étudier le caractère des hommes, afin de marquer à chaque personne sa place; de donner de l'autorité à proportion du mérite; de faire concourir le bien particulier au bien public, et de conduire tout l'état par un mouvement si réglé, que tout se liât et s'entretînt, et que la force des uns ne fût employée que pour l'utilité des autres. Chacun avait son district et son objet particulier, dont il rendait compte à celui qui était au-dessus de lui, et celui-là à un troisième,

et ainsi de tous les autres, jusqu'à ce que, par ces differents degrés et par cette subordination réglée, la connaissance des affaires parvînt jusqu'au roi, qui ne demeurait point oisif au milieu de tout ce mouvement, mais était comme l'ame du corps de l'état, qu'il gouvernait par ce moyen avec autant de facilité qu'un père gouverne sa famille.

Lorsque dans la suite il envoya des gouverneurs, Cyrop. 1. 8, qu'on appelait satrapes, dans les provinces qu'il avait pag. 229. subjuguées, il ne voulut pas que les gouverneurs particuliers des places, ni les officiers des troupes entretenues pour la sûreté du pays, dépendissent d'eux, ni obeissent à d'autres qu'à lui, afin que, si un satrape, enflé de sa grandeur et de ses richesses, venait à abuser de son autorité, il trouvât dans son propre gouvernement des témoins et des censeurs de sa mauvaise conduite car il n'évitait rien tant en tout genre que de confier un pouvoir absolu à un seul homme, sachant qu'un prince se repentira bientôt d'avoir élevé cet homme unique, s'il consent qu'il abaisse tous les autres.

Il établit un ordre merveilleux pour la guerre, pour les finances, pour la police. Il avait dans toutes les provinces des personnes d'une probité reconnue, qui lui rendaient compte de tout ce qui s'y passait. Il était Pag. 209. attentif à honorer et à récompenser tous ceux qui se distinguaient par leur mérite, et qui excellaient en quelque genre que ce fût. Il préférait infiniment la clémence au courage guerrier, parce que celui-ci entraîne souvent la ruine et la désolation des peuples, au lieu que l'autre est toujours bienfaisante et salutaire. Il savait que les lois peuvent beaucoup contribuer au Pag. 204. réglement des mœurs; mais, selon lui, le prince devait

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