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pag. 205.

Cyrop. 1.8, être par son exemple une loi vivante; et il ne croyait pas qu'il fût digne de commander aux autres, s'il n'avait Pag. 204. plus de lumières et plus de vertu que ses sujets. Il était persuadé aussi que le moyen le plus sûr de s'attirer le respect des grands de sa cour et de tous ceux qui l'approchaient, était de leur en porter assez de son côté pour ne vouloir jamais en leur présence rien faire ni rien dire qui fût contraire aux règles de l'honnêteté et de la pudeur.

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La libéralité lui paraissait une vertu véritablement royale, et il ne trouvait rien de grand ni d'estimable dans les richesses que le plaisir de les distribuer aux autres. « J'ai de grandes richesses, disait-il à ses cour<< tisans; je l'avoue, et je suis bien aise qu'on le sache; <«< mais vous devez compter qu'elles ne sont pas moins « à vous qu'à moi. En effet, dans quelle vue les amas« serais-je ? Serait-ce pour mon propre usage, et pour « les consumer moi-même? cela me serait impossible, quand je le voudrais ; c'est pour être en état de distri<< buer des récompenses à ceux qui servent utilement « le public, et d'accorder quelque soulagement à ceux qui me feront connaître leurs besoins. >>

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Un jour Crésus lui représenta qu'à force de donner il se rendrait lui-même pauvre, au lieu qu'il aurait pu être le plus riche prince du monde, et amasser des trésors infinis. Et à quelle somme pensez-vous, reprit Cyrus, qu'auraient pu monter ces trésors? Crésus fixa une certaine somme, qui était immense. Cyrus fit écrire un petit billet aux seigneurs de sa cour, par lequel il leur faisait savoir qu'il avait besoin d'argent. Sur-lechamp il lui en fut apporté beaucoup plus que la somme que Crésus avait marquée. Voilà, lui dit-il, mes tresors;

voilà les coffres où je garde mes richesses: le cœur et l'affection de mes sujets.

Il estimait donc beaucoup la libéralité; mais il faisait encore plus de cas de la bonté, de l'affabilité, de l'humanité, qualités propres à gagner les cœurs et à se faire aimer des peuples, ce qui est proprement régner: outre que, d'aimer plus que les autres à donner, quand on est infiniment plus riche qu'eux, est une chose moins surprenante que de descendre en quelque sorte du trône pour s'égaler à ses sujets.

Mais ce qu'il préférait à tout, était le culte des dieux Pag. 204. et le respect pour la religion. Ce fut aussi à quoi il crut devoir donner ses premiers soins, dès que, par la conquête de Babylone, il se vit plus libre et plus maître de son temps. Il commença par y établir des mages pour chanter des cantiques dès le matin en l'honneur des dieux, et pour leur offrir des sacrifices; ce qui fut toujours pratiqué de la même sorte dans les temps

suivants.

L'exemple et le goût du prince devinrent bientôt, comme cela est ordinaire, le goût et la règle des sujets. Les Perses, qui voyaient que le règne de Cyrus n'avait été qu'une suite et un enchaînement de prospérités continuelles, crurent qu'en servant les dieux comme lui, ils jouiraient d'un bonheur semblable au sien; et d'ailleurs ils sentaient bien que c'était là le moyen le plus sûr de lui plaire et de lui faire utilement leur cour. Cyrus, de son côté, était fort aise de voir en eux ces sentiments, persuadé que quiconque était vertueux et craignant Dieu était en même temps bon et fidèle serviteur des rois, et inviolablement attaché à leur personne

Сугор. 1. 7,

et au bien de l'état. Tout cela est admirable, mais n'est vrai et réel que dans la vraie religion.

Cyrus, ayant résolu d'établir sa principale demeure pag. 196. à Babylone, ville puissante qui ne pouvait pas lui vouloir de bien, crut devoir prendre plus de précautions qu'il n'avait fait jusque-là pour la sûreté de sa personne. Les temps les plus dangereux pour les princes, dans l'intérieur du palais, et où l'on pourrait le plus facilement attenter à leur vie, sont ceux du bain, de la table et du sommeil. Il songea donc à ne laisser approcher de lui que ceux sur la fidélité desquels il pouvait absolument compter; et les eunuques lui parurent, préférablement à tous autres, du caractère qu'il cherchait ; parce qu'étant sans femme, sans enfants, sans famille, et d'ailleurs généralement méprisés par la bassesse de leur naissance et par la honte de leur état, toutes sortes de raisons les engageaient à s'attacher uniquement à leur maître, de la vie duquel dépendait toute leur fortune, et de qui seul ils tenaient et biens et considération. Il leur confia donc tous les ministères de sa maison, et cet usage, deja connu avant lui, devint général dans tout l'Orient.

On sait qu'il passa aussi dans la suite chez les empereurs romains, auprès desquels les eunuques étaient tout puissants et cela n'est pas étonnant. Il était tout naturel que le prince, leur ayant confié le soin de sa personne, et trouvant en eux du zèle et du mérite, leur confiât aussi la conduite de quelques affaires, et que peu à peu il se livrât entièrement à eux. Ces habiles courtisans surent bien profiter de ces moments favorables où les princes, delivrés du poids de leur dignité

qui leur est à charge, deviennent hommes, et se familiarisent avec leurs officiers. Par ce moyen, s'etant emparés de leur esprit et de leur confiance, ils s'accréditèrent dans le palais, dominèrent dans les cours, s'attirèrent le maniement et la conduite des affaires publiques, se rendirent maîtres de la distribution des charges et des honneurs, et parvinrent eux-mêmes aux premières dignités de l'état.

in Vit. Alex. Sever.

Mais les bons empereurs, tels qu'Alexandre Sévère, Lamprid. abhorraient les eunuques, comme des hommes vendus uniquement à leur fortune, et ennemis par principe du bien public; qui ne songeaient qu'à s'emparer de l'esprit du prince, à lui dérober la connaissance des affaires, à écarter d'auprès de lui tous les gens de mérite, et à le tenir resserré dans l'enceinte étroite de trois ou quatre officiers, qui le dominaient et le maîtrisaient absolument claudentes principem suum, et agentes ante omnia ne quid sciat.

Cyrop. 1. 8,

Après que Cyrus eut donné ordre à tout ce qui regarde le gouvernement, il songea à se donner en P. 213-220. spectacle au peuple nouvellement conquis et à ses propres sujets, dans une cérémonie auguste de religion, en allant en cavalcade et en pompe aux endroits consacres aux divinités pour leur offrir des sacrifices. Il affecta d'étaler dans cette marche tout ce que la magnificence a de plus brillant et de plus capable d'imposer aux peuples. Ce fut alors pour la première fois qu'il songea à s'attirer le respect, non-seulement par l'éclat de la vertu, mais, dit l'historien, par celui d'une parure extérieure, qui fût propre à éblouir les yeux', et qui tint quelque chose du charme et de l'enchantement. Il · Αλλὰ καὶ καταγοητεύειν ώετο χρῆναι αὐτούς.

manda les hauts officiers des Perses et des alliés, et leur donna à chacun des habits à la mode des Mèdes, c'est-à-dire de longues robes qui descendaient jusqu'aux pieds. Elles étaient de différentes couleurs, plus brillantes les unes que les autres, et toutes richement brodées d'or et d'argent. Il leur en donna outre cela un grand nombre d'autres, très-magnifiques aussi, mais moins riches, pour en faire présent aux officiers subalternes. Les Perses, en cette occasion, prirent pour la première Cyrop. 1. 8, fois l'habillement des Mèdes, et commencèrent, à leur imitation, à se peindre les yeux et à se mettre du au visage, afin d'avoir l'œil plus vif et le teint plus vermeil.

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rouge

Quand le jour de la cérémonie fut arrivé, tout le monde, dès la pointe du jour, se rendit auprès du roi. Quatre mille soldats des gardes, rangés quatre à quatre, se placèrent devant le palais, et deux mille autres aux deux côtés du même palais. Toute la cavalerie se trouva là, les Perses à droite, les alliés à gauche. Les chariots de guerre se rangèrent moitié de chaque côté. Quand les portes du palais furent ouvertes, on en vit sortir premièrement quantité de taureaux d'une beauté merveilleuse, qu'on menait quatre à quatre pour sacrifier à Jupiter et aux autres dieux, selon les cérémonies prescrites par les mages. Suivaient les chevaux qui devaient être sacrifiés au Soleil. Puis, d'abord un chariot blanc couronné de fleurs, dont le timon était doré; il devait être offert à Jupiter: ensuite un second chariot de même couleur, et paré de même, pour le Soleil: enfin, un troisième, dont les chevaux étaient caparaçonnés de housses d'écarlate. Derrière, marchaient les hommes qui portaient le feu sacré dans un grand

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