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Cyrop. 1. 8,

que les divers empires du monde, après avoir duré le temps que le souverain arbitre des royaumes leur a fixé, vont tous aboutir et se terminer à l'empire de Jésus-Christ, peut-il s'empêcher, au milieu de tous ces objets profanes qui l'environnent, de tourner les yeux de temps en temps vers ce grand et divin objet, et de l'envisager toujours, au moins en éloignement, comme le but et la fin de tous les autres?

§ III. Dernières années de Cyrus. Mort de ce prince.

Il faut revenir à Cyrus. Également aimé de ses sujets p. 233, etc. naturels et des nations conquises, il jouissait en paix

du fruit de ses travaux et de ses victoires. Son empire était terminé à l'orient par l'Inde; au nord par la mer Caspienne et le Pont-Euxin; au couchant par la mer Égée; au midi par l'Éthiopie et la mer d'Arabie. Il établit sa demeure au milieu de tous ces pays, passant ordinairement sept mois à Babylone, pendant l'hiver, parce que le climat y est chaud; trois mois à Suse, pendant le printemps; et deux mois à Ecbatane, durant les grandes chaleurs de l'été.

Sept années s'étant ainsi écoulées, Cyrus vint en Perse pour la septième fois depuis l'établissement de sa monarchie ce qui marque qu'il y allait régulièrement une fois chaque année. Cambyse était mort il y avait deja quelque temps, et lui-même était assez vieux, ayant pour-lors soixante-dix ans, dont trente s'étaient passés depuis qu'il avait été déclaré général des Perses, neuf depuis la prise de Babylone, et sept depuis qu'il avait commencé à régner seul après la mort de Cyaxare.

Il conserva jusqu'à la fin une santé forte et robuste 1, qui était le fruit de la vie sage et frugale qu'il avait toujours menée. Et au lieu que ceux qui s'abandonnent à la crapule et aux debauches ressentent souvent toutes les incommodités de la vieillesse, lors même qu'ils sont encore jeunes; Cyrus, dans un âge fort avancé, avait encore toute la vigueur de la jeunesse.

Sentant approcher le jour de sa mort, il fit venir ses enfants, car ils l'avaient suivi dans ce voyage, et assembla les grands de l'empire. Après avoir remercié les dieux de toutes les faveurs qu'ils lui avaient accordées pendant sa vie, et leur avoir demande une pareille protection pour ses enfants, pour ses amis, pour sa patrie, il déclara Cambyse, son fils aîné, son successeur, et laissa à l'autre, qui s'appelait Tanaoxare, plusieurs gouvernements fort considerables. Il leur donna à l'un et à l'autre d'excellents avis, en leur faisant entendre que le ferme appui des trônes n'était ni la vaste étendue des pays, ni le grand nombre des troupes, ni les richesses immenses, mais le respect pour les dieux, la bonne intelligence entre les frères, et le soin de se faire et de se conserver de fidèles amis. « Je vous conjure donc, leur dit-il, mes enfants, au nom des dieux, de vous porter respect l'un à l'autre, si vous «< avez encore quelque envie de me plaire à l'avenir; «< car je ne pense pas qu'à cause que vous ne me verrez plus après ma mort, vous estimiez que je ne sois plus << rien. Vous n'avez pas vu mon ame jusqu'à-présent :

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« vous n'avez pas laissé de connaître, par ses actions, qu'elle existait véritablement. Pensez-vous que l'on <«< continuât d'honorer ceux de qui les corps ne sont plus que cendre, si leurs ames n'avaient plus aucune puissance? Non, non, mes enfants, je n'ai jamais pu <«< croire que l'ame vécût tandis qu'elle est dans un corps <«< mortel, et qu'elle mourût lorsqu'elle s'en sépare. Que « si je me trompe, et qu'il ne reste plus rien de moi après ma mort, du moins craignez les dieux qui ne << meurent point, qui voient tout, et de qui la puissance « est infinie; craignez-les, et que cette crainte vous « empêche de rien faire jamais, ni même de rien mettre <«<en delibération qui soit contraire ou à la religion ou « à la justice. Après eux, craignez les hommes et les « siècles à venir. Les dieux ne vous ont point cachés << dans l'obscurité, mais vous ont exposés sur un grand théâtre à la vue de tout l'univers. Si vos actions sont pures et droites, soyez certains que vous en serez et plus honorés et plus puissants. Pour mon corps, mes <«< enfants, lorsqu'il sera privé de vie, ne l'enfermez ni « dans l'or, ni dans l'argent, ni dans quelque autre <<< matière que ce soit. RENDEZ-LE PROMPTEMENT A LA << TERRE. Y a-t-il rien de plus heureux que d'être mêlé, « et en quelque sorte incorporé à la bienfaitrice et à la «< mère commune de tous les hommes ?» Après avoir donné sa main à baiser à tous ceux qui étaient présents, se sentant défaillir, il prononça encore ces dernières paroles : «< Adieu, mes chers enfants; puissiez-vous << mener une vie heureuse! portez de ma part ce dernier « adieu à votre mère. Et vous, mes fidèles amis, tant << absents que présents, recevez mes derniers adieux, et << vivez en paix. » Après avoir dit ces paroles, il se

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couvrit le visage, et mourut également regretté de tous AN. M. 3475.

Ise peuples.

L'ordre que donne Cyrus en mourant de RENDRE SON CORPS A LA TERRE me paraît bien remarquable. Il regarderait son corps comme avili et dégradé, si on le couvrait d'or ou d'argent. Il veut qu'on le RENDE à la terre. Où ce prince païen a-t-il appris qu'il en tirait son origine? Voilà de ces traces précieuses d'une tradition aussi ancienne que le monde. Cyrus, après avoir fait du bien à ses sujets pendant toute sa vie, demande d'être incorporé à la terre, cette bienfaitrice du genre humain, pour perpétuer ce bien, en quelque sorte, même après sa mort.

Éloge et caractère de Cyrus.

On peut regarder Cyrus comme le conquérant le plus sage et le prince le plus accompli dont il soit parlé dans l'histoire profane. Aucune presque des qualités qui forment les grands hommes ne lui manquait : sagesse, modération, courage, grandeur d'ame, noblesse de sentiments, merveilleuse dextérité pour manier les esprits et gagner les cœurs, profonde connaissance de toutes les parties de l'art militaire autant que son temps le comportait, vaste étendue d'esprit soutenue d'une prudente fermeté pour former et pour exécuter de grands projets.

Il est assez ordinaire à ces héros qui brillent dans les combats et dans les actions guerrières, de paraître trèsfaibles et très-médiocres dans d'autres temps, et par rapport à d'autres objets. On est étonné, quand on les voit seuls et sans armées, combien il y a de distance entre un général et un grand homme; combien, dans

Av.J.-C.529.

le particulier, ils conservent de petitesses et de bas sentiments; combien ils sont dominés par la jalousie et gouvernés par l'intérêt; combien ils se rendent desagréables et même odieux, par une fierté et une hauteur qu'ils croient nécessaires pour conserver leur autorité, et qui ne servent qu'à leur attirer le mépris.'

Cyrus n'avait aucun de ces défauts. Il paraissait toujours le même, c'est-à-dire toujours grand, jusque dans les plus petites choses. Sûr de sa grandeur, qu'il savait maintenir par un mérite réel, il ne songeait qu'à se rendre affable et d'un facile accès; et le peuple lui rendait dans le fond de son cœur, par des sentiments d'amour et de respect, beaucoup plus qu'il ne quittait pour s'abaisser jusqu'à lui.

Jamais prince ne posséda mieux que lui l'art des insinuations, si nécessaire pour le gouvernement, et si peu pratiqué. Il savait en perfection ce que peut un mot placé à propos, une manière obligeante, une raison mêlée au commandement, une grace accompagnée d'un éloge, un refus adouci par des termes honnêtes. Son histoire est pleine de ces traits.

Il était riche dans une sorte de bien qui manque à la plupart des souverains, qui ont tout excepte des amis fidèles, et à qui l'abondance et l'éclat qui les environnent cachent cette secrète indigence. Cyrus était aimé parce qu'il aimait lui-même1; car, quand on n'aime point, a-t-on des amis? et mérite-t-on d'en avoir? Rien n'est plus beau que de voir dans Xenophon comment il vivait et conversait avec ses amis, retenant de la dignité avec eux tout ce qui était nécessaire aux bienséances, mais infiniment éloigné d'une mauvaise fierté qui prive Habes amicos, quia amicus ipse es. » (Paneg. Traj.)

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