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lors il
y
avait différentes manières de raconter ces deux
grands événements. Hérodote a suivi celle qui était de
son goût, et l'on voit qu'il aimait les choses extraor-
dinaires et merveilleuses, et qu'il y ajoutait foi très-
facilement. Xenophon était plus sérieux et moins
crédule; et il nous avertit dès le commencement de
cette histoire qu'il s'était informé avec grand soin de
la naissance de Cyrus, de son caractère et de son
éducation.

CHAPITRE II.

HISTOIRE DE CAMBYSE.

à

AC 129:

Herod. 3,

cap. 1-3.

Dès que Cambyse fut monté sur le trône il songea à AN. M. 3475 porter la guerre en Égypte, pour une injure particulière qu'il prétendait, selon Hérodote, avoir reçue d'Amasis. Il y a plus d'apparence qu'Amasis, qui s'était soumis Cyrus, et qui était devenu son tributaire, n'ayant pas voulu, après sa mort, rendre les mêmes devoirs à son successeur, et s'étant soustrait à son obeissance, s'attira

par-là cette guerre.

Cambyse, pour la pousser avec succès, fit de grands Cap. 4-9. préparatifs tant par mer que par terre. Il engagea les Cypriotes et les Phéniciens à l'assister de leurs vaisseaux. Pour son armée de terre, il joignit à ses propres troupes un grand nombre de Grecs, d'Ioniens et

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Herod. 1. 3, cap. 10.

d'Éoliens, qui en faisaient la principale force. Mais nul ne lui fut d'un plus grand secours dans cette guerre que Phanès d'Halicarnasse, qui, étant chef de quelques Grecs auxiliaires qui étaient au service d'Amasis, se jeta, pour quelque mécontentement qu'il reçut de ce prince, dans le parti de Cambyse, et lui donna, touchant la nature du pays, les forces de l'ennemi et l'état de ses affaires, toutes les lumières dont il avait besoin pour réussir dans cette expédition. Ce fut en particulier par son avis qu'il engagea un roi arabe, dont les terres confinaient à la Palestine et à l'Égypte, à fournir de l'eau à son armée pendant qu'elle traverserait le désert qui était entre ces deux pays; ce que ce prince exécuta en lui faisant porter cette eau sur le dos des chameaux, sans quoi Cambyse n'eût pu passer avec son armée par ce chemin.

Ayant fait ces préparatifs, il attaqua l'Égypte la quatrième année de son règne. Lorsqu'il fut arrivé sur la frontière, il apprit qu'Amasis venait de mourir, et que Psammenite son fils, qui lui avait succédé, était occupé à ramasser toutes ses forces pour l'empêcher de pénétrer dans son royaume. Il ne pouvait s'en ouvrir l'entrée qu'en se rendant maître de Péluse, qui était la clef de l'Egypte de ce côté-là; mais cette place était si forte, qu'elle devait, selon toutes les apparences, l'arrêter long-temps. Pour s'en faciliter la prise, il s'avisa de Polyan.1.7. ce stratagème, s'il en faut croire Polyène. Ayant appris [c. 9.] que toute la garnison était composée d'Égyptiens, dans

un assaut qu'il donna à la ville, il mit au premier rang un grand nombre de chats, de chiens, de brebis, et d'autres animaux que les Égyptiens tenaient pour sacrés. Ainsi, les soldats n'osant lancer aucun trait ni tirer

aucune flèche de ce côté-là, de peur de percer quelqu'un de ces animaux, Cambyse se rendit maître de la place sans aucune opposition.

cap. 11.

Dans le temps que Cambyse venait de se rendre Herod. 1. 3, maître de cette ville, Psamménite s'avança avec une grande armée pour arrêter ses progrès. Il y eut entre eux un grand combat. Mais avant que d'en venir aux mains, des Grecs qui étaient dans l'armée de Psamménite, pour se venger de la révolte de Phanès, prirent ses enfants, qu'il avait été obligé de laisser en Egypte lorsqu'il s'enfuit, et, à la vue des deux camps, les égorgèrent et en burent le sang. Cette cruauté énorme ne leur procura pas la victoire. Les Perses, irrités de cet horrible spectacle, tombèrent sur eux avec tant de furie, qu'ils eurent bientôt renversé et mis en déroute toute l'armée égyptienne, dont ils tuèrent la plus grande partie : ce qui en resta se sauva à Memphis.

A l'occasion de ce combat, Hérodote rapporte une chose dont il avait été témoin. Les os des Perses et des

Égyptiens étaient encore dans le lieu où s'était donnée la bataille, mais séparés les uns des autres. Les crânes des Égyptiens étaient si durs, qu'on avait bien de la peine à les briser à grands coups de pierres ; et ceux des Perses si mous, qu'on les perçait avec la dernière facilité. La raison de cette différence était que les Égyptiens, dès le plus bas âge, allaient la tête nue et rasée, au lieu que les Perses l'ont toujours couverte de leurs tiares, qui est un de leurs grands ornements.

Cambyse, ayant poursuivi les fuyards jusqu'à Memphis, envoya à la ville par le Nil, sur lequel elle était située, un vaisseau de Mytilène avec un héraut, pour sommer les habitants de se rendre. Mais le peuple,

Tome II. Hist. anc.

15

Cap. 12.

Cap. 13:

Herod. 1. 3, cap. 16.

Cap 17 et 19.

transporté de fureur, se jeta sur ce héraut et le mit en pièces, aussi-bien que tous ceux qui étaient avec lui. Cambyse, s'étant en peu de temps rendu maître de la place, tira une pleine vengeance de cet attentat, faisant exécuter publiquement dix fois autant d'Égyptiens de la plus haute noblesse qu'il y avait eu de personnes massacrées dans le vaisseau. De ce nombre fut le fils aîné de Psamménite. Et pour Psamménite lui-même, Cambyse se trouva porté à le traiter avec douceur. Non content de lui avoir sauvé la vie, il lui assigna un entretien honorable. Mais le monarque égyptien, peu touche d'une telle bonté, se mit à exciter de nouveaux troubles pour recouvrer son royaume; en punition de quoi on lui fit boire du sang de taureau, dont il mourut à l'heure même. Son règne ne fut que de six mois. Toute l'Égypte s'était soumise au vainqueur. Les Libyens, les Cyrénéens et les Barcéens, à la nouvelle de ces succès, envoyèrent à Cambyse des ambassadeurs avec des présents pour lui faire leurs soumissions.

De Memphis il alla à la ville de Saïs, qui était le lieu de la sépulture des rois d'Égypte. Dès qu'il fut entré dans le palais, il fit tirer le corps d'Amasis de son tombeau; et après l'avoir exposé à mille indignités en sa présence, il ordonna qu'on le jetât dans le feu et qu'on le brûlat; ce qui était également contraire aux coutumes des Perses et des Égyptiens. La rage que ce prince temoigna contre le cadavre d'Amasis fait voir jusqu'à quel point il haïssait sa personne. Quelle que fût la cause de cette aversion, il paraît que c'est ce qui l'avait sur-tout obligé de porter ses armes en Égypte.

L'année suivante, qui etait la sixième de son règne, il résolut de faire la guerre en trois differents endroits:

contre les Carthaginois, contre les Ammoniens et contre les Éthiopiens. Il fut obligé d'abandonner le premier de ces projets, parce que les Phéniciens, sans le secours desquels il ne pouvait pousser cette guerre, refusèrent de l'assister contre les Carthaginois qui-descendaient d'eux, Carthage étant une colonie de Tyr.

Déterminé à attaquer les deux autres peuples, il Cap. 20-24. envoya des ambassadeurs en Éthiopie, qui, sous ce nom, devaient lui servir d'espions pour s'informer de l'etat et de la force du pays, et lui en donner connaissance. Ils portaient avec eux des présents, tels que les Perses ont coutume d'en donner, de la pourpre, des bracelets d'or, des compositions de parfums et du vin. Les Éthiopiens se moquèrent de ces présents, où ils ne voyaient rien d'utile pour la vie, à l'exception du vin; et ils ne firent pas plus de cas de ces ambassadeurs, qu'ils prirent pour ce qu'ils étaient, c'est-à-dire pour des espions. Mais leur roi voulut aussi faire un présent à sa mode au roi de Perse; et, prenant en main un arc qu'un Perse eût à peine soutenu, loin de le pouvoir tirer, il le banda en présence des ambassadeurs, et leur dit : « Voici le conseil que le roi d'Éthiopie donne << au roi de Perse. Quand les Perses se pourront servir « aussi aisément que je viens de faire d'un arc de cette grandeur et de cette force, qu'ils viennent attaquer « les Éthiopiens, et qu'ils amènent plus de troupes que << n'en a Cambyse. En attendant, qu'ils rendent graces << aux dieux, qui n'ont pas mis dans le cœur des Éthio<< piens le desir de s'étendre hors de leur pays. »

"

Cette réponse ayant mis Cambyse en fureur, il commanda à son armée de se mettre en marche sur-lechamp, sans considérer qu'il n'avait ni provisions, ni

Cap. 25.

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