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selon les anciennes maximes, et selon les lois de Zoroastre, fils d'Oromase; et il lui donnait en même temps les principes du gouvernement. Le second l'accoutumait à dire la vérité et à rendre la justice. Le troisième lui enseignait à ne se laisser pas vaincre par les voluptés, afin d'être toujours libre et vraiment roi, maître de lui-même et de ses desirs. Le quatrième fortifiait son courage contre la crainte, qui en eût fait un esclave, et lui inspirait une sage et noble assurance, si nécessaire pour le commandement. Chacun de ces gouverneurs excellait éminemment dans la partie de l'éducation qui lui était confiée. L'un était recommandable sur-tout par la connaissance de la religion et de l'art de régner; l'autre par l'amour de la vérité et de la justice; celui-là par la tempérance et l'éloignement des plaisirs; un dernier, enfin, par une force et une intrépidité d'ame

'non communes.

Je ne sais si cette multiplicité de maîtres, qui avaient sans doute différents caractères, et peut-être différents intérêts, était fort propre pour le dessein qu'on se proposait, et s'il était possible que quatre hommes convinssent ensemble des mêmes principes, et tendissent de concert au même but. On craignait apparemment de ne pas trouver réunies dans une seule personne toutes les qualités qu'ils jugeaient nécessaires pour bien élever l'héritier présomptif de la couronne, tant ils avaient, même dans ces temps de corruption, une grande idée de l'éducation d'un prince.

Quoi qu'il en soit, tous ces soins, comme le remarque Platon au même endroit, étaient rendus inutiles par la pompe, le luxe, la magnificence qui environnaient le jeune prince de tous côtés; par le nombreux

cortége d'officiers qui le servaient avec une soumission servile; par tout l'attirail d'une vie molle et voluptueuse, où l'on ne paraissait attentif qu'à inventer de nouvelles delices: dangers que le plus excellent naturel ne pouvait surmonter. Les mœurs corrompues de la nation l'entraînaient donc bientôt dans les plaisirs, contre lesquels nulle éducation ne peut tenir.

Celle dont parle ici Platon ne peut regarder que les enfants d'Artaxerxe, surnommé Longue-Main, fils et successeur de Xerxès, du temps duquel vivait Alcibiade, qui est introduit dans le dialogue dont cette observation est tirée; car Platon, dans un autre endroit que nous citerons dans la suite, nous apprend que ni Cyrus, ni Darius ne songèrent à donner une bonne éducation aux jeunes princes leurs fils: et ce que l'histoire raconte d'Artaxerxe Longue - Main donne lieu de croire qu'il fut plus attentif que ses prédécesseurs à bien faire élever ses enfants; mais il fut peu imité par ceux qui lui succédèrent.

§ II. Conseil public, où s'examinaient les affaires de l'état.

Quelque absolue que fût l'autorité des rois chez les Perses, elle était pourtant retenue dans de certaines bornes par l'établissement du conseil que l'état leur donnait, conseil composé de sept des principaux chefs de la nation, plus recommandables encore par leur habileté et leur sagesse que par leur gaissance. Nous avons vu l'origine de cet établissement dans la conspiration des seigneurs de Perse, lesquels, au nombre de sept, conjurèrent contre Smerdis le mage, et le firent mourir.

I. Esdr. 7, 14.

L'Écriture marque qu'Esdras fut envoyé dans la Judée au nom et par l'autorité du roi d'Artaxerxe et de ses sept conseillers: a facie regis et septem consiliariorum ejus missus est. La même Écriture, longtemps auparavant, et sous le règne de Darius, appelé aussi Assuérus, qui succéda au mage, nous apprend que ces conseillers étaient instruits à fond de la disposition des lois, des maximes de l'état, des coutumes anciennes; qu'ils suivaient par-tout le prince, qui ne faisait rien, et ne décidait aucune affaire importante Esth. 1. 13. sans les avoir consultés : Interrogavit (Assuerus) sapientes, qui ex more regio semper ei aderant, et illorum faciebat cuncta consilio, scientium leges ac jura majorum.

Ce dernier passage donne lieu à quelques réflexions, qui peuvent beaucoup contribuer à faire connaître le genie et le caractère du gouvernement des Perses.

Premièrement, le roi dont il y est parlé, c'est-à-dire Darius, a été l'un des plus celèbres qui aient régné dans la Perse, et l'un des plus recommandables pour sa sagesse et sa prudence, quoiqu'il n'ait point été sans defauts; et c'est à lui, aussi-bien qu'à Cyrus, qu'on attribue la plupart des excellentes lois qui y ont toujours subsiste depuis, et qui ont fait comme le fond et la règle du gouvernement. Or ce prince, quoique fort habile et fort éclairé, crut cependant avoir besoin de conseil, et il ne craignit point, en s'associant ainsi des coadjuteurs dans la décision des affaires, qu'on le soupçonnât de manquer de lumières : en quoi il marqua une supériorité de genie qui n'est pas commune, et qui suppose un grand fonds de mérite; car un prince qui n'a qu'une lumière et un esprit médiocres est tout plein de ses

pensées; et plus il est borné, moins il est docile. Il croit qu'on manque de respect pour lui quand on veut lui découvrir ce qu'il n'aperçoit pas; et il s'offense comme d'une injure de ce qu'on ne paraît pas persuadé qu'étant le maître, il est aussi le plus clairvoyant. Darius pensait bien autrement, puisqu'il ne faisait rien sans conseil : illorum faciebat cuncta consilio.

En second lieu, Darius, quelque absolu qu'il fût, et quelque jaloux qu'il pût être de la prééminence de son rang, ne crut point y donner atteinte ni l'avilir en acceptant un conseil qui, sans partager avec lui l'autorite du commandement, qui réside toujours dans la personne du prince, n'avait que celle de la raison, et se bornait à lui faire part de ses lumières et de ses connaissances. Il était persuadé que le plus noble caractère de la puissance souveraine, quand elle est pure, et qu'elle n'a point dégénéré ni de son origine ni de sa fin, est de gouverner par les lois, de régler sur elles ses volontés, et de se croire interdit tout ce qu'elles defendent.

I

En troisième lieu, ce conseil, qui accompagnait partout le roi (ex more regio semper ei aderant), était un conseil subsistant et perpétuel, composé des plus grands seigneurs et des meilleures têtes de l'état, qui, sous la direction du prince, et toujours dépendamment de lui, étaient comme la source de l'ordre public, et l'origine de tout ce qui se faisait avec sagesse au-dedans et audehors de l'état. C'était sur ce conseil que le prince se déchargeait de plusieurs soins, qui l'auraient accablé s'il ne s'était fait soulager; et c'était par lui qu'il exé

I « Regimur a te, et subjecti tibi, sed quemadmodùm legibus, sumus. » (Paneg, Traj.)

cutait ce qui avait été résolu. C'était par ce conseil subsistant que les grandes maximes de l'état se conservaient, que la connaissance de ses véritables intérêts se perpétuait, que la suite des affaires commencées se liait et s'entretenait, que les surprises et les innovations étaient empêchées. Car, dans un conseil public et général, les matières sont examinées par des hommes non suspects tous les ministres sont mutuellement les inspecteurs les uns des autres; toutes leurs lumières sur les affaires publiques se réunissent; et ils deviennent tous également capables de tout ce qui regarde le ministère, parce qu'ils sont obligés de s'instruire de toutes les matières pour opiner sensément, quoiqu'ils ne soient chargés pour l'exécution que d'un emploi limité.

Enfin, et c'est la quatrième réflexion qui me restait à faire, il est marqué que ceux qui composaient ce conseil étaient instruits à fond des lois, des maximes et des droits du royaume scientium leges ac jura majorum.

Deux choses, que l'Écriture nous apprend avoir été observées chez les Perses, pouvaient contribuer beaucoup à donner au roi et à ceux qui formaient son conseil, les connaissances nécessaires pour bien gouverner: 1. Esdr. 5, premièrement, ces registres publics, où tous les arrêts, toutes les ordonnances du prince, tous les priviléges donnés aux peuples, toutes les graces accordées aux Esdr. 4. 15, particuliers, étaient écrits: en second lieu, les annales du royaume, où tous les événements des règnes passés,

17 et 6. 2.

et Esth. 6. 1.

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les résolutions prises, les réglements établis, les services rendus par les particuliers, étaient rapportés fort exactement et dans un grand détail; annales qui étaient

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