صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

soigneusement gardées, et souvent lues par les princes et par les ministres, pour s'instruire du passé, pour prendre une idée nette de l'état du royaume, pour éviter une conduite arbitraire, inégale, incertaine; pour conserver l'uniformité dans le maniement des affaires, et pour puiser dans la lecture de ces livres les lumières nécessaires pour bien conduire l'état.

§ III. Administration de la justice.

C'est la même chose d'être roi et d'être juge. Le trône est un tribunal, et la souveraine autorité est un pouvoir suprême de rendre justice. « Dieu vous a établi « roi sur son peuple, disait la reine de Saba à Salomon, << afin que vous le jugiez, et que vous lui rendiez

justice. » C'est pour mettre les princes en état de ne craindre que Dieu, qu'il leur a tout soumis. Il a voulu les attacher invinciblement à la justice, en les rendant indépendants. Il leur a donné tout son pouvoir; afin qu'ils ne pussent s'excuser sur leur faiblesse; et il les a rendus maîtres de tous les moyens capables d'arrêter l'oppression et l'injustice, afin que devant eux elles fussent toujours tremblantes et hors d'état de nuire à qui que ce fût.

Mais qu'est-ce que cette justice que Dieu a confiée aux rois, et dont il les a rendus garants? c'est la même chose que l'ordre et l'ordre consiste en ce que l'égalité soit gardée, et que la force ne tienne pas lieu de loi; que ce qui est à l'un ne soit pas exposé à la violence d'un autre; que les liens communs de la société ne soient pas rompus; que l'artifice et la fraude ne prévalent jamais sur l'innocence et la simplicité; que tout soit en paix sous la protection des lois; et que le plus

2. Paral. 9. 8.

faible d'entre les citoyens soit mis en sûreté par l'autorité publique.

Il paraît, par plusieurs endroits de l'histoire, que les rois de Perse rendaient la justice par eux-mêmes. C'était pour les mettre en état de remplir dignement cette obligation, que dès leur jeunesse on avait soin de les instruire dans la connaissance des lois du pays, et que dans les écoles publiques, comme nous l'avons dit de Cyrus, on leur apprenait la justice de la même manière qu'on enseigne ailleurs la rhétorique et la philosophie.

Voilà le devoir essentiel de la royauté. Il est juste et absolument nécessaire que le prince soit aidé dans cette auguste fonction, comme il l'est dans les autres; mais être aidé n'est point être dépouillé. Il demeure juge comme il demeure roi. Il communique son autorité, mais sans quitter sa place, ni la partager. Il paraît donc absolument nécessaire qu'il donne quelque temps à l'étude du droit public, non pour entrer dans un grand détail des lois, mais pour s'instruire des principales règles de la jurisprudence du pays, et pour se mettre en état de rendre justice, et d'opiner avec lumière sur des questions importantes. Les rois de Perse ne montaient point sur le trône sans s'être mis pendant quelque temps sous la conduite des mages, pour apprendre d'eux cette science, dont ils étaient seuls dépositaires, aussi-bien que de celle de la religion.

Puisque c'est au prince seul que la justice à été confiée, et qu'il n'y a dans ses états aucun autre pouvoir de la rendre que celui qu'il communique, c'est donc à lui à examiner entre les mains de qui il remet une partie de ce précieux dépôt, pour connaître si ceux

qu'il place si près du trône méritent de partager avec lui son autorité, et pour en écarter sévèrement tous ceux qu'il jugera indignes de cet honneur. Il paraît qu'en Perse les rois veillaient avec grand soin à ce que la justice fût administrée avec beaucoup d'intégrité et de désintéressement; et l'un de ces juges royaux, car Herod. 1. 5, on les appelait ainsi, s'étant laissé corrompre par des présents, fut impitoyablement condamné à mort par Cambyse, qui ordonna qu'on mît sa peau sur le siége où ce juge inique avait coutume de prononcer ses jugements, et où son fils, qui succédait à sa charge, devait s'asseoir, afin que le lieu même où il jugerait l'avertît continuellement de son devoir.

cap. 25.

P. 7.

Les juges ordinaires étaient pris dans le corps des Xenoph. vieillards, où l'on n'entrait qu'à l'âge de cinquante ans; Cyrop. 1. 1, ainsi personne n'exerçait la judicature avant ce temps, les Perses étant persuadés qu'on ne pouvait apporter trop de maturité à un emploi qui décide des biens, de la réputation et de la vie des citoyens.

cap. 137.

Il n'était permís ni aux particuliers de faire mourir Herod. 1. 1, un esclave, ni au prince d'infliger peine de mort contre aucun de ses sujets pour une première et unique faute, parce qu'elle pouvait être regardée moins comme la marque d'une volonté criminelle que comme l'effet de la faiblesse et de la fragilité humaine.

Les Perses croyaient qu'il était raisonnable de mettre dans la balance de la justice le bien comme le mal, les mérites du coupable aussi-bien que ses démérites, et qu'il n'était pas juste qu'un seul crime effaçât le souvenir de toutes les bonnes actions qu'un homme aurait faites pendant sa vie. C'est par ce principe que Id. 1.7, Darius, ayant condamné à mort un juge parce qu'il cap. 194.

avait prévariqué contre son devoir, et s'étant souvenu des services importants que ce juge avait rendus à l'état et à la famille royale, révoqua sa sentence dans le moment même qu'elle allait être mise à exécution, reconnaissant qu'il l'avait prononcée avec plus de précipitation que de sagesse1.

Mais une loi importante et essentielle pour les jugements, était, en premier lieu, de ne condamner jamais un coupable sans lui avoir confronté ses accusateurs, et sans lui avoir laissé le temps et fourni tous les moyens de répondre aux chefs d'accusation intentés contre lui; en second lieu, de condamner le délateur

aux mêmes peines qu'il voulait faire souffrir à l'accusé, Diod. 1. 15, s'il se trouvait innocent. Artaxerxe donna un bel exemple p. 333-336. de la juste sévérité qu'on doit employer dans ces occasions. Un de ses favoris lui avait rendu suspecte la fidélité de l'un de ses meilleurs officiers, dont il ambitionnait la place, et avait envoyé contre lui des mémoires pleins de calomnie, espérant de son crédit auprès du prince qu'il l'en croirait sur sa simple parole, et qu'il n'entrerait dans aucun examen : car tel est le caractère du délateur, il craint la lumière et les preuves; il desire fermer à l'innocence tout accès auprès du prince, et lui ôter tout moyen de se justifier. L'officier fut mis en prison. Il demanda au roi qu'on lui donnât des juges, et qu'on produisît les preuves. Il n'y en avait point d'autre que la lettre que son ennemi même avait écrite contre lui. Son innocence fut donc reconnue, et pleinement justifiée par les trois commissaires nommés pour l'examen de sa cause; et le roi fit tomber tout le poids de son indignation contre le perfide calom

· Γνοὺς ὡς ταχύτερα αὐτὸς ἢ σοφώτερα ἐργασμένος εἴη, ἔλυσε.

niateur, qui avait entrepris d'abuser ainsi de la confiance de son maître. Ce Prince, qui était fort éclairé et qui savait que la marque d'un sage gouvernement, c'est lorsqu'on ne craint que les lois et non les délateurs, aurait cru qu'en user autrement, ç'aurait été violer ouvertement les règles les plus communes de l'équité naturelle, et même de l'humanité 2; ouvrir la porte à l'envie, à la haine, à la vengeance, à la calomnie; armer de l'autorité publique la noire et détestable malice des délateurs contre la simplicité des plus fidèles sujets, et dépouiller le trône du plus auguste privilége qu'il puisse avoir, qui est d'être l'asyle de la justice et de l'innocence contre la violence et la calomnie.

Un autre roi de Perse, avant lui, avait donné un exemple encore plus mémorable de fermeté et d'amour de la justice: c'est celui que l'Écriture appelle Assuérus, et que l'on croit être le même que Darius fils d'Hystaspe, à qui les vives sollicitations d'Aman avaient arraché ce funeste édit qui ordonnait qu'en un certain jour les Juifs, dans toute l'étendue de son empire, seraient exterminés. Quand Dieu lui eut ouvert les yeux par le moyen d'Esther, il se hâta de réparer sa faute, non-seulement par la revocation de son édit, et par la punition exemplaire du fourbe et de l'imposteur qui l'avait trompé, mais encore plus par un aveu public de sa faute, qui devait servir de modèle à tous les siècles et à tous les princes, et leur apprendre que bien loin de dégrader par-là leur dignité ou d'affaiblir leur autorité, ils rendaient l'une et l'autre plus respectables.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Esther,

c. 16.

« السابقةمتابعة »