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de Cyrus contre les Arméniens, et ensuite contre les Babyloniens, des commencements et comme des essais de cette science, mais qui n'allaient pas encore fort loin. Le temps, les réflexions, l'expérience, apprirent depuis aux grands capitaines toutes ces précautions et ces ruses de guerre; et nous avons vu, dans les guerres des Carthaginois, quel usage Annibal, Fabius, Scipion et les autres généraux de l'une et de l'autre nation en ont fait.

§ VI. Attaque et défense des places.

Les anciens avaient imaginé et mis habilement en œuvre tout ce qu'on pouvait attendre de la portée des armes connues alors, aussi-bien que de la force et de la variété des machines, soit pour attaquer, soit pour défendre les places.

1o Attaque des places.

La première manière d'attaquer les places fut le blocus. On investissait la ville par un mur de maçonnerie que l'on bâtissait tout autour, et dans lequel on faisait d'espace en espace des redoutes et des places d'armes; ou l'on se contentait de l'envelopper de toutes parts par un profond retranchement bien palissadé, pour empêcher que les assiégés ne pussent faire de sorties, et qu'il n'entrât dans la ville ni secours ni vivres. On attendait ainsi tranquillement que la famine fit ce que l'art ou la force ne savait pas encore faire. De là venait la longueur des siéges dont il est parlé dans l'antiquité celui de Troie, qui dura dix ans ; celui

1 Homère ne parle point de bélier, ni d'aucune machine de guerre. Excepté des Crosses, Κρήσσαι (Iliad. XII, 258), qui paraissent

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avoir été une sorte d'échelle pour escalader les murs (DUREAU DE LA MALLE, Poliorcétique, pag. 540).

- L.

d'Azot par Psammétique, qui en dura vingt-neuf. Cyrus aurait été fort long-temps devant Babylone qui avait amassé des vivres pour vingt ans, s'il n'avait employé un autre moyen pour s'en rendre maître.

Comme l'on vit que les blocus traînaient extrêmement en longueur, on imagina l'escalade, qui consistait à appliquer contre le mur un grand nombre d'échelles pour y faire monter plusieurs files de soldats.

Pour la rendre inutile et impraticable, on y opposa la hauteur des murailles, et encore plus celle des tours dont elles étaient flanquées, de sorte que les échelles ne pouvaient plus y atteindre. Il fallut donc trouver un autre moyen pour arriver jusqu'à la hauteur des remparts; et ce fut de bâtir des tours de bois roulantes, plus hautes que les murs, et de les en approcher. Sur le haut de la tour, qui formait une espèce de plateforme étaient placés des soldats qui, à coups de traits et de flèches, et par le secours des balistes et des catapultes, nettoyaient les remparts; et alors, d'un étage qui était au-dessous, on faisait couler une espèce de pont-levis, qu'on appuyait sur les murs pour entrer dans la place.

On employa un troisième moyen, qui abrégea beaucoup la durée des siéges; c'est celui des béliers pour ouvrir les murs et y faire des brèches. Le bélier était une grosse poutre de bois, armée par le bout d'un bec de fer ou d'airain, que l'on poussait avec violence contre les murs. Il y en avait de plusieurs sortes. Je me réserve à en parler ailleurs avec plus d'étendue, aussi-bien que des autres machines.

Reste un quatrième moyen, savoir la sape et la mine qui avait un double usage. On conduisait un che

Tome II. Hist, anc.

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min souterrain au-dessous du fondement des murs, et le creusant jusqu'au-dedans de la ville, on s'en faisait un passage pour y entrer; ou bien l'on se contentait, après avoir étayé le fondement, de remplir le vide de toutes sortes de matières combustibles, auxquelles on mettait le feu, pour consumer les étais, calciner la maçonnerie, et faire tomber des pans de muraille.

2o. Défense des places,

Il paraît que, pour fortifier les places et les défendre, on employait tous les principes essentiels et toutes les règles fondamentales que l'art de la fortification suit aujourd'hui par les inondations pratiquées à propos autour de la place, pour en empêcher les approches ; par la profondeur et l'escarpement des fossés, couronnés de palissades, pour en rendre la descente plus difficile; par l'épaisseur des remparts terrassés ou de maçonnerie, pour les mettre à l'épreuve du bélier, et par leur hauteur pour les garantir contre l'escalade; par les tours saillantes, d'où sont venus les bastions modernes, pour flanquer les courtines; par l'ingénieuse invention de différentes machines propres à tirer des flèches, des dards, des traits, et à jeter avec roideur de grosses pierres; par les parapets et les créneaux des murs pour la sûreté du soldat, et par les galeries couvertes qui régnaient le long des murs et lui tenaient lieu de souterrains; par les retranchements derrière les brèches ou à la gorge des tours; par les sorties, pour renverser les travaux des assiégeants et mettre le feu à leurs machines; par les contre- mines, pour rendre inutiles celles de l'ennemi; par la construction des citadelles, pour servir de retraite et de dernière ressource

à une garnison près d'être forcée, et pour rendre inutile la prise de la ville, ou pour y faire une capitulation plus avantageuse 1. Ce sont là presque tous les moyens que l'art de la fortification avait appris aux Anciens, et ce sont les mêmes que le génie pratique aujourd'hui, avec quelques changements que la difference des armes a suggérés.

J'ai cru devoir entrer dans ce détail, pour donner au lecteur quelque idée de l'ancienne manière de defendre les places, et pour détruire le prejugé de bien des modernes, qui pensent que, parce qu'on a donné maintenant d'autres noms aux mêmes choses, elles sont bien différentes pour les principes et pour le fond. Depuis l'invention de la poudre, on a substitué le canon au bélier, et la mousqueterie aux balistes, aux catapultes, aux scorpions, aux javelots, aux frondes, aux flèches. S'ensuit-il pour cela que l'essentiel de la defense des places ait changé? non, certainement. Ils tiraient de la solidité des corps et des forces mouvantes tout ce que l'art le plus ingénieux en pouvait tirer.

§ VII. Qualité des troupes persanes depuis Cyrus.

J'ai déja averti plus d'une fois qu'il ne fallait pas juger du mérite et du courage des troupes persanes dans tous les temps, par ce qu'on en voit sous le règne de Cyrus. Je finirai l'article de la guerre par une judicieuse réflexion de M. Bossuet sur ce sujet. Il remarque que, depuis ce prince, les Perses, généralement parlant, ne surent plus ce que peuvent dans une armeę

1 D'après les renseignements qu'on trouve dans la Bible, on voit en effet que les Orientaux, plus de 600 ans avant notre ère, connaissaient pres

que tous les moyens d'attaque et de

défense, dont on a fait usage jusqu'à l'invention de la poudre. — L.

la sévérité, la discipline, l'arrangement des troupes, l'ordre des marches et des campements, et enfin une certaine conduite qui fait remuer ces grands corps sans confusion et à propos. Toujours occupés d'une vaine ostentation de puissance et de grandeur, et comptant plus sur la force que sur la prudence, sur le nombre que sur le choix, ils croyaient avoir tout fait quand ils avaient ramassé un peuple immense, qui allait au combat assez résolument, mais sans ordre, et qui se trouvait embarrassé d'une multitude infinie de personnes inutiles que le roi et les grands traînaient après eux; car leur mollesse était si grande, qu'ils voulaient trouver dans l'armée la même magnificence et les mêmes delices que dans les lieux où la cour faisait sa demeure ordinaire; de sorte que les rois marchaient accompagnés de leurs femmes, de leurs concubines, et de leurs eunuques. La vaisselle d'or et d'argent et les meubles précieux suivaient dans une abondance prodigieuse, et enfin tout l'attirail que demande une telle vie. Une armée composée de cette sorte, et déja embarrassée de la multitude excessive de ses soldats, était surchargée par le nombre démesuré de ceux qui ne combattaient point. Dans cette confusion, on ne pouvait se mouvoir de concert; les ordres ne venaient jamais à temps, et, dans une action, tout allait comme à l'aventure, sans que personne fût en état de pourvoir à ce désordre. Joint encore qu'il fallait avoir fini bientôt, et passer rapidement dans un pays; car ce corps immense, et avide non-seulement de ce qui était nécessaire pour la vie mais encore de ce qui servait au plaisir, consumait tout en peu de temps, et on a peine à comprendre d'où il pouvait tirer sa subsistance.

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