صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

nous avertit que cette folle et sacrilege crédulité est un juste châtiment de Dieu, qui punit souvent l'aveuglement volontaire des hommes par des ténèbres plus épaisses, et qui permet que les démons, pour les mieux retenir dans leurs filets, leur fassent prédire quelquefois des choses qui arrivent effectivement, mais dont souvent l'attente ne sert qu'à les tourmenter.

Dieu, qui seul prévoit l'avenir, parce qu'il en dispose seul avec une souveraine autorité, insulte souvent dans ses Écritures 2 à l'ignorance des astrologues de Babylone tant vantés, qu'il traite de fabricateurs de mensonges, fabricatores errorum; et il donne hautement le defi à tous les faux dieux de prédire quelque chose, consentant, s'ils y réussissent, qu'on les révère comme des dieux. Puis, apostrophant Babylone, il lui annonce dans le dernier détail toutes les circonstances des maux dont il l'accablera plus de deux cents ans après, sans que ses enchanteurs, qui la flattaient d'avoir lu dans les astres les assurances de sa grandeur éternelle, puissent en détourner l'effet, ni même en prévoir l'accomplis

[blocks in formation]

quels vous vous êtes appliquée avec tant de travail dès votre jeunesse, pour voir si vous en tirerez quelque avantage. Vous vous êtes fatiguée à consulter une multitude d'imposteurs. Que vos astrologues qui contemplent lé ciel, qui étudient le cours et la disposition des astres, et qui prédisent chaque mois ce qui vous doit arriver, viennent mainte nant, et qu'ils vous sauvent... Le feu les dévorera eux-mêmes, et ils ne pourront délivrer leurs ames des flammes ardentes.» (ISAI. ch. 47, vers. 11-14,)

sement. Mais comment l'auraient-ils fait, puisque dans le temps même de l'exécution, lorsque Baltasar, dernier Dan. cap. 5. roi de Babylone, vit sortir de la muraille une main qui y traçait des caractères inconnus, les mages, les Chaldéens, les augures, en un mot, tous les prétendus sages du pays, ne purent venir à bout de lire cette écriture. Voilà donc l'astrologie et la magie convaincues d'ignorance et d'impuissance dans le lieu mème où elles étaient le plus en vogue, et dans une occasion où il était certainement de leur intérêt d'étaler toute leur science et tout leur pouvoir.

ARTICLE IV.

Religion.

LA plus ancienne et la plus générale idolâtrie a été celle qui a eu le soleil et la lune pour objets. Elle était fondée sur une fausse reconnaissance, qui, au lieu de remonter jusqu'à Dieu, s'arrêtait au voile qui le cachait en le montrant. Avec la moindre réflexion on eût pu discerner le maître qui commandait, du ministre qui ne faisait que lui obéir.

On a toujours senti qu'il devait y avoir nécessairement un commerce entre Dieu et l'homme ; et l'adoration suppose que Dieu soit attentif aux desirs de l'homme, et capable de les remplir. Mais la distance du soleil et de la lune est un obstacle à ce commerce. Les hommes aveugles ont tâché de remédier à cet inconvénient 2, en

1 Chez les Hébreux, le nom ordinaire du soleil signifie ministre.

2 « Superstitiosus vulgus manum ori admovens, osculum labiis pressit.» (MINUC. pag. 2.) De-là est venu le mot adorare, c'est-à-dire,

ad os manum admovere.

D'autres font venir ce mot de ad et orare prier, venant de os bouche et cette étymologie de Vossius n'est pas la moins vraisemblable.

- L.

portant leur main à leur bouche, et en l'élevant ensuite vers ces fausses divinités, pour leur témoigner qu'ils voudraient s'y unir, mais qu'ils ne peuvent. C'est de cette coutume impie, usitée dans tout l'Orient, que Job. 31, 26, Job se trouvait heureux d'avoir été préservé 1 : Je n'ai point regardé le soleil dans son grand éclat, ni la lune lorsqu'elle avait plus de majesté. Mon cœur n'a été séduit en secret, ET JE N'AI POINT PORTÉ MA

27.

Herod. l. 1, cap. 131.

point

MAIN A MA BOUCHE POUR LA BAISER.

Les Perses adoraient le soleil avec un profond respect, et sur-tout le soleil levant. Ils lui consacraient un char magnifique avec des chevaux de grand prix, comme on l'a vu dans la célèbre cavalcade de Cyrus. (Cette même cérémonie était en usage chez les Babyloniens, et c'était d'eux que l'avaient empruntée quel4 Reg. 23,11. ques rois impies de Juda.) Ils lui immolaient aussi Strab. 1. 15, quelquefois des bœufs. Ce dieu était fort connu chez eux sous le nom de Mithra.

pag. 732.

Ibid.

Par une suite naturelle du culte qu'ils rendaient au soleil, ils honoraient aussi particulièrement le feu, l'invoquaient toujours le premier dans les sacrifices, le Xenoph. portaient par respect devant le prince lorsqu'il était en marche, ne confiaient qu'aux mages la garde de ce feu sacré 2, qu'ils prétendaient être descendu du ciel, et

Cyrop. 1. 8,
P. 215.

Amm.
Marcell. 1.23

Le texte est en forme de serment si vidi solem, etc.

2 Cet usage avait passé à Rome, on ne sait pas à quelle époque. On portait le feu devant les empereurs romains (LIPS. Excurs. ad Tacit. Annal. I,§7; REIMAR, ad Dion. Cass.

LXXI, § 35). Il parait même, d'après un passage d'Horace, que certains magistrats jouissaient de cette prérogative, et pouvaient se l'arroger sans autre inconvénient que celui de se donner un ridicule.

Tuendos Aufidio Lusco prætore libenter
Linquimus, insani ridentes præmia scribæ
Prætextam, et latum clavum, prunæque batillum.

(HORAT. I, Sat. v, v. 34 sq.) — L.

Zonar Annal. t. 2,

auraient regardé comme un grand malheur si on l'avait laissé éteindre. L'histoire nous apprend que l'empereur Heraclius, lorsqu'il porta la guerre contre les Perses, démolit plusieurs de leurs temples, et en particulier la chapelle où ce feu avait été conservé jusque-là, ce qui causa un grand deuil et une extrême désolation dans tout le pays. Ils honoraient aussi l'eau, la terre, les Herod. I. 1, vents comme autant de divinités. ́

La cruelle cérémonie de faire mourir les enfants dans le feu était sans doute une suite du culte qu'on rendait à cet élément; car ce culte était commun aux Perses avec les Babyloniens. L'Écriture le dit positivement des peuples de Mésopotamie, qui furent envoyés en colonie dans le pays des Samaritains: Comburebant filios suos igni. L'on sait combien cette barbare coutume était devenue commune dans plusieurs provinces de l'Asie.

cap. 131.

Plut. in lib.

de Isid. et

Osir. p. 369.

Les Perses avaient encore deux dieux d'une espèce particulière; savoir, Oromasdes et Arimanius. Le premier était regardé comme l'auteur des biens qui leur arrivaient, et l'autre comme l'auteur des maux dont ils étaient affligés. J'en parlerai plus au long dans la suite. Ils n'érigeaient ni statues, ni temples, ni autels à Herod. 1. 1, leurs dieux, et offraient leurs sacrifices en plein air, et presque toujours sur des hauteurs et des montagnes. Ce fut en pleine campagne que Cyrus s'acquitta de ce devoir de religion dans sa cavalcade. On croit que ce fut sur l'avis, et à la sollicitation des mages", que

[blocks in formation]

cap. 131.

Xenoph. Cyrop. 1. 8,

pag. 233.

S. Augustin.

1. 4, de Civit.

Dei, c. 31.

[ocr errors]

Xerxès, roi de Perse, brûla tous les temples de la Grèce, regardant comme une chose injurieuse à la Divinité de la renfermer dans l'enceinte des murailles, elle à qui tout était ouvert, et dont l'univers entier devait être regardé comme la maison et le temple.

Cicéron croit qu'en cela les Grecs et les Romains ont agi plus sagement que les Perses, en érigeant aux Dieux des temples dans leurs villes, et leur y donnant un domicile commun avec eux, ce qui était fort propre à inspirer aux peuples des sentiments de respect et de religion. Varron n'en pensait pas ainsi (c'est saint Augustin qui nous a conservé cet endroit): après avoir marqué que les Romains avaient honoré les Dieux sans statues pendant plus de cent soixante et dix ans, Varron ajoute que si l'on avait conservé cette coutume, le culte des Dieux en serait plus pur et plus saint ; Quod si adhuc mansisset, castiùs Dii observarentur; et il fortifie son sentiment par l'exemple de la nation juive.

Les lois ne permettaient à aucun Perse de borner le motif de ses sacrifices à un intérêt domestique et privé. Herod. 1.1, C'était une belle manière d'attacher les particuliers au bien public, que de leur apprendre qu'ils ne doivent jamais sacrifier pour eux seuls, mais pour le roi et pour tout l'état, où chacun se trouvait avec tous les

cap. 132.

autres.

Les mages, dans la Perse, étaient dépositaires de toutes les cérémonies du culte divin, et c'était à eux

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]
« السابقةمتابعة »