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que le peuple s'adressait pour en être instruit, et pour savoir à quels dieux, quels jours et de quelle manière il convenait de faire des sacrifices. Comme ils étaient tous d'une même tribu, et que nul autre qu'un fils de prêtre ne pouvait prétendre à l'honneur du sacerdoce, ils réservaient pour eux et pour leur famille leurs lumières et leurs connaissances, tant sur la religion que par rapport à la conduite de l'état, et ils ne pouvaient les communiquer à aucun étranger sans la permission du roi. Elle fut accordée à Thémistocle, et ce fut, selon Plutarque, un effet particulier de la faveur du In Themist. prince à son égard.

Cette étude, cette science de la religion, qui a fait définir par Platon la magie, c'est-à-dire la science des mages, l'art d'honorer dignement les Dieux, - θεῶν θεραπείαν, leur donnait beaucoup de crédit dans l'esprit des peuples et du prince, qui ne pouvaient offrir aucun sacrifice sans leur présence et sans leur ministère.

Il fallait même que le roi', avant que de monter sur le trône, eût reçu de leurs leçons pendant un certain temps, et eût appris d'eux l'art de bien régner et l'art d'honorer dignement les Dieux. Il ne se décidait aucune affaire importante dans l'état, sans qu'ils eussent été auparavant consultés : ce qui fait dire à Pline 2 de son temps encore, ils étaient regardés dans tout l'Orient comme les maîtres des princes et de ceux qui se disent les rois des rois.

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que,

(auctoritas magorum) ut hodieque
etiam in magna parte gentium præ-
valeat, et in Oriente regum regibus
imperet.» (PLIN. lib. 30, c. 1.)

pag. 126.

1. 30, c. I.

Ils étaient les sages, les savants, les philosophes de la Perse, comme les gymnosophistes ou les brachmanes l'étaient chez les Indiens, et les druides chez les Gaulois. Leur haute réputation y attirait des pays les plus éloignés ceux qui desiraient s'instruire à fond de la philosophie et de la religion, et l'on sait que ce fut d'eux, aussi bien que des Egyptiens, que Pythagore emprunta les principes de cette doctrine qui le fit si fort respecter de tous les Grecs, si l'on en excepte pourtant la métempsycose, qu'il emprunta des Égyptiens, et par laquelle il dégrada et corrompit le dogme ancien des mages sur l'immortalité de l'ame.

On convient assez que Zoroastre fut le chef et l'instituteur de cette secte; mais les sentiments sont fort Hist. Nat. partagés sur le temps où il a vécu. Ce que dit Pline à ce sujet est fort propre à concilier les différentes opinions, comme l'a judicieusement remarqué M. Prideaux. On y lit qu'il y a eu deux Zoroastres, qui ont pu vivre à six cents ans l'un de l'autre. Le premier aura été l'instituteur de cette secte vers l'an du monde 2900; et le second, qui a vécu certainement entre le commencement du règne de Cyrus en Orient et la fin de celui de Darius, fils d'Hystaspe, en aura été le réformateur.

L'idolâtrie, dans tout l'Orient, était partagée en deux sectes principales, celle des Sabéens, qui adoraient les simulacres, et celle des Mages, qui adoraient le feu. La première commença chez les Chaldéens. La connaissance qu'ils avaient de l'astronomie, et l'étude particulière qu'ils firent des sept planètes, dans lesquelles ils croyaient que résidaient autant de divinités qui en étaient comme l'ame, les portèrent à représenter Saturne, Jupiter, Mars, Apollon, Mercure, Vénus

et Diane ou la Lune, par autant de simulacres et de statues, où ils s'imaginèrent que ces prétendues divinités résidaient aussi réellement que dans les planètes mêmes. Le nombre des dieux ensuite augmenta chez eux fort considérablement. Ce culte passa de Chaldée dans tout l'Orient, de là en Égypte, et enfin chez les Grecs, qui le répandirent chez toutes les nations de l'Occident.

Aux Sabéens étaient diamétralement opposés les Mages, autre secte née dans les mêmes pays orientaux. Comme ils avaient en horreur les images, ils n'adoraient Dieu que sous la figure du feu comme en étant le symbole le plus parfait par sa pureté, par son éclat, par son activité, par sa subtilité, par sa fécondité, par son incorruptibilité. Ils prirent leur commencement dans la Perse: c'est là, et dans les Indes seulement, que cette secte se répandit, et qu'elle a subsisté jusque aujourd'hui. Leur doctrine fondamentale était qu'il y a deux principes, l'un qui est la cause de tout le bien, l'autre qui est la cause de tout le mal. Le premier est représenté par la lumière, et l'autre par les ténèbres, comme leurs propres symboles. Ils nomment le dieu bon Yasdan ou Ormuzd, et le mauvais Abraman1. Le premier est appelé par les Grecs Oromasde, et le dernier Arimanius. Aussi, quand Xerxès souhaitait à ses ennemis qu'il leur vînt toujours dans l'esprit de chasser les meilleurs et les plus braves de leurs citoyens, comme les Athéniens avaient chassé Thémistocle, il adressait sa prière à Arimanius, le dieu mauvais des Perses, afin qu'il leur inspirât cette pensée, pag. 126. et non à Oromasdes, leur dieu bon.

Il faut lire Ahriman. L.

Plut. in Themist.

A l'égard de ces deux dieux, il y avait cette différence de sentiments parmi eux, que les uns croyaient que l'un et l'autre étaient de toute éternité; les autres, que le dieu bon seulement était éternel, et que l'autre avait été créé. Mais ils convenaient tous en ceci, qu'il y aurait une opposition continuelle entre ces deux dieux jusqu'à la fin du monde; qu'alors le bon prévaudrait sur le mauvais, et qu'après cela chacun d'eux aurait son propre monde, savoir : le bon, son monde, avec tous les gens de bien qui lui seraient unis, et le mauvais aussi son monde, avec tous les méchants qui le suivraient.

Le second Zoroastre, qui vivait du temps de Darius, entreprit de réformer, en quelques articles seulement, la secte des mages, qui, pendant plusieurs siècles, avait été la religion dominante des Mèdes et des Perses, mais qui, depuis la mort des chefs de cette secte usurpateurs de la couronne, et le massacre qui fut fait de ses sectateurs, était tombée dans un grand mépris. On croit que ce fut à Ecbatane qu'il commença à se produire.

Le principal changement qu'il fit dans la religion des mages, c'est qu'au lieu que ceux-ci posaient pour dogme fondamental qu'il y a deux principes suprêmes, l'un auteur du bien, qu'ils appelaient la lumière, et l'autre auteur du mal, qu'ils nommaient les ténèbres, et qu'étant toujours en opposition, c'était de leur mélange que toutes choses avaient été faites, il établit un principe supérieur aux deux autres, savoir : un Dieu suprême, auteur de la lumière et des ténèbres, et qui, par le mélange de ces deux principes, faisait toutes choses selon son bon plaisir.

Mais pour éviter de faire Dieu auteur du mal, voici ce qu'il enseignait. Il disait qu'il y a un être souverain, indépendant et qui existe par lui-même de toute éternité; que sous cet être souverain il y a deux anges, un ange de lumière, qui est l'auteur du bien, et un ange de ténèbres, qui est l'auteur du mal; que ces deux anges ont formé du mélange de la lumière et des ténèbres toutes les choses qui existent; qu'ils sont continuellement en guerre l'un contre l'autre ; que lorsque l'ange de lumière se rend le maître, le bien l'emporte sur le mal, et que lorsque l'ange de ténèbres a l'avantage, le mal prévaut sur le bien, et que ce conflit durera jusqu'à la fin du monde; qu'alors il y aura une résurrection universelle, et un jour de jugement, où chacun recevra la juste rétribution de ses œuvres; qu'après cela l'ange de ténèbres et ses disciples seront relégués dans un lieu où ils souffriront les peines dues à leurs crimes, dans une obscurité éternelle; et que l'ange de lumière et ses disciples iront aussi dans un lieu où ils recevront la récompense de leurs bonnes actions, dans une lumière éternelle; qu'ils seront séparés pour toujours, et que la lumière et les ténèbres ne seront plus jamais mêlées et confondues ensemble. Les restes de cette secte, qui subsistent encore dans la Perse et dans les Indes, retiennent encore aujourd'hui, depuis tant de siècles, tous ces articles, sans aucune

variation.

Il n'est pas nécessaire d'avertir le lecteur que presque tous ces dogmes, quoique altérés en plusieurs points, ont en général une grande conformité avec les saintes Écritures; et il est évident qu'elles n'ont point été inconnues aux deux Zoroastres, qui ont pu con

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