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Ce philosophe fait les mêmes réflexions sur Darius et Xerxès. Le premier, n'étant point fils de roi, n'avait pas été élevé mollement à la manière des princes, et il avait porté sur le trône une longue habitude du travail, une grande modération d'esprit, un courage qui ne fut guère inférieur à celui de Cyrus, et qui lui fit ajouter à son empire presque autant de provinces que celui-ci en avait conquises;. mais il ne fut pas meilleur père que lui, et ne profita pas de la faute qu'il avait faite en négligeant l'éducation de ses enfants. Aussi son fils Xerxès fut, à peu de chose près, un second Cambyse.

De tout ceci, Platon, après avoir montré qu'il y a une infinité d'écueils presque inévitables pour ceux qui sont nés dans le sein de la grandeur et de l'opulence, conclut que la principale cause de la décadence et de la ruine de l'empire des Perses a été la mauvaise éducation des princes, parce que ces premiers exemples firent la règle, et influèrent sur presque tous les successeurs, sous qui tout dégénéra de plus en plus, le luxe des Perses n'ayant plus ni mesure ni frein.

§ IV. Manque de bonne foi.

p. 239.

C'est l'historien Xénophon qui nous apprend que Cyrop. 1. 8, le manque de bonne foi fut une des causes du renversement des mœurs parmi les Perses, et de la destruction de leur empire. Autrefois, dit-il, le roi, et ceux qui gouvernaient sous lui, regardaient comme un devoir indispensable de tenir leur parole, et de garder inviolablement les traités où la religion du serment était intervenue; et cela à l'égard même de ceux qui s'en étaient rendus le plus indignes par leurs crimes et leur mauvaise foi et c'est une conduite si sage qui leur

Cyr.

p. 267.

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avait attiré une confiance entière de la part de leurs sujets et de tous les peuples voisins. Voilà un grand éloge pour les Perses, qui tombe sans doute principaleDe exped. ment sur le règne du grand Cyrus, et que Xénophon applique aussi à Cyrus le jeune, dont il dit que le grand principe était de ne manquer jamais de fidelite, sous quelque pretexte que ce fût, à l'egard des paroles qu'il avait données, des promesses qu'il avait faites, et des traites qu'il avait conclus. Ces princes avaient une juste idee de la royaute, et ils pensaient avec raison, que la verite et la probite étaient bannies du reste de la terre, elles devraient trouver un asyle dans le cœur d'un roi, qui, etant le lien et le centre de la societe, doit être aussi le protecteur et le vengeur de la bonne foi qui en est le fondement.

P. 239.

si

De si beaux sentiments, et si dignes d'un homme ne pour le gouvernement, ne durèrent pas long-temps. La fausse prudence et l'artificieuse politique en prirent Cyrop. 1. 8, bientôt la place. Au lieu, dit Xenophon, que le vrai merite, la probité, la bonne foi etaient auparavant en honneur et en crédit chez le prince, on vit dominer à la cour ces prétendus zéles serviteurs du roi, qui sacrifient tout à ses intérêts et à ses volontés 1; qui croient que que le moyen le plus court et le plus sûr de faire réussir ses entreprises, c'est de mettre hardiment en usage le mensonge, la perfidie, le parjure; qui traitent de petitesse d'ame, de faiblesse d'esprit et d'imbecille stupidité, le scrupuleux attachement à sa parole et aux engagements qu'on a pris; enfin qui sont persuadés

· ἐπὶ τὸ κατεργάζεσθαι ὧν ἐπιθυμοίη, συντομωτάτην ὁδὸν ᾤετο εἶναι διὰ τοῦ ἐπιορκεῖν τε, καὶ ψεύδεσθαι,

καὶ ἐξαπατᾶν τὸ δὲ ἁπλοῦν τε καὶ

ἀληθὲς, τὸ αὐτὸ τῷ ἠλιθίῳ εἶναι. (De exped. Cyr. lib. 2, pag. 292.)

qu'on ne peut regner, si l'on ne préfère les considérations d'etat à l'observation exacte des traités le plus solennellement jures.

Les peuples d'Asie, continue Xenophon, ne furent pas long-temps sans imiter le prince qui leur servait d'exemple et de maître pour la duplicité et la fourberie. Ils s'abandonnèrent bientôt à la violence, à l'injustice, à l'impiete; et de-là est venu le changement etrange que l'on voit dans les mœurs, et le mépris qu'ils ont conçu pour leurs rois, qui est la suite naturelle et la punition ordinaire du peu de cas que ceux-ci font de ce que la religion a de plus sacré et de plus formidable. En effet, le serment par lequel on scelle les traités,

en y faisant intervenir la Divinité comme présente et comme garante des conditions, est une sainte et auguste ceremonie pour soumettre les rois au juge suprême, qui seul peut les juger, et pour tenir dans le devoir toute majesté humaine, en la faisant comparaître devant celle de Dieu, à l'égard de qui elle n'est rien. Or, est-ce un moyen d'attirer aux rois les respects du peuple, que de lui apprendre à ne plus craindre Dieu? Quand cette crainte sera effacee dans les sujets comme dans le prince, où sera la fidélite et l'obéissance, et sur quel appui le tròne sera-t-il fonde? Cyrus avait Cyrop. 1. 8, raison de dire qu'il ne reconnaissait pour bons serviteurs et pour fidèles sujets que ceux qui avaient de la religion et qui respectaient la Divinité; et il n'est pas etonnant que le mépris que fait de l'une et de l'autre un prince qui compte pour rien la sainteté des serments ebranle, jusque dans leurs fondements, les empires les plus fermes, et en cause tôt ou tard l'entière destruction. Les rois, dit Plutarque, quand il arrive des révolutions

Pag. 204.

Plut.

Pyrrh.

pag. 390.

dans leurs états, se plaignent amèrement de l'infidélité in Pyrb: des peuples; mais c'est bien à tort, et ils ne se souviennent pas que c'est eux-mêmes qui leur en ont donné les premières leçons en ne faisant nul cas de la justice et de la bonne foi, et en les sacrifiant toujours sans hésiter à leurs intérêts.

LIVRE CINQUIÈME.

HISTOIRE

DE L'ORIGINE ET DES PREMIERS

COMMENCEMENTS

DES DIFFÉRENTS ÉTATS DE LA GRÈCE.

De tous les pays connus dans l'antiquité il n'y en a guère d'aussi célèbres que la Grèce, ni qui fournissent à l'histoire des monuments si précieux et des faits si éclatants. De quelque côté qu'on la considère, soit pour la gloire des armes, soit pour la sagesse des lois, soit pour l'étude des sciences et des arts, tout y a été porté à un haut degré de perfection; et l'on peut dire, par rapport à tous ces objets, que la Grèce est devenue en quelque sorte l'école du genre humain.

Il n'est pas possible qu'on ne s'intéresse beaucoup à l'histoire d'un tel peuple, sur-tout quand on fait réflexion qu'elle nous a été transmise par des écrivains du plus rare mérite, dont plusieurs même se sont autant distingués par l'épée que par la plume, et ont été aussi bons capitaines et grands politiques qu'excellents historiens. C'est un grand secours, il faut l'avouer, d'avoir pour guides de tels hommes, d'un jugement exquis, d'une prudence consommée, d'un goût épuré et parfait en tout genre, qui fournissent, non-seulement les faits et

Tome II. Hist. anc.

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