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[Diod. II, $ 24-25.]

Arbace, gouverneur des Mèdes, qui avait trouvé le moyen de pénétrer dans le palais, et qui avait vu de ses yeux Sardanapale au milieu de son infâme sérail, outré d'un tel spectacle, ct ne pouvant souffrir que que tant de gens de courage fussent soumis à un prince plus mou et plus efféminé que les femmes mêmes, forma contre lui une conspiration. Bélésis, gouverneur de Babylone, et beaucoup d'autres, entrèrent dans ses vues. Au premier bruit de cette révolte, le roi se cacha dans le fond de son palais. Obligé ensuite de se mettre en campagne avec quelques troupes qu'il avait ramassées, il remporta d'abord trois victoires consécutives sur ses ennemis; puis il fut vaincu, et poursuivi jusqu'aux portes de Ninive, où il s'enferma, dans l'espérance que les révoltés ne pourraient jamais venir à bout de prendre une ville si bien fortifiée, et munie de vivres pour un temps considérable. En effet, le siége traîna fort en longueur. Un ancien oracle avait declaré, du moins c'était le bruit commun, que Ninive ne pourrait jamais être prise, à moins que le fleuve ne devînt ennemi de la ville. Ces dernières paroles, où Sardanapale voyait de l'impossibilité, le mettaient en repos; mais quand il vit que le Tigre, en se debordant avec violence, avait abattu vingt stades du mur, et ouvert un passage aux ennemis, il comprit le sens de l'oracle et se crut perdu. Il voulut au moins finir par une mort qui, selon lui, couvrirait la honte de sa vie molle et efféAN. M. 3257 minée. Il avait fait préparer dans le palais un bûcher; Av.J.C. 747. il y mit le feu, et s'y brûla, lui, ses eunuques, ses

habebat, quàm fruebatur. (Cic. Tusc.
Quæst. lib. 5, n. 101.)

Ces deux vers cités par Strabon,

Athénée, Clément d'Alexandrie et autres, sont du poète Chœrile. — L. I Une lieue.

femmes et tous ses trésors. Athénée fait monter ces trésors à mille myriades de talents d'or, et dix fois autant de talents d'argent; ce qui, sans compter tout le reste, monterait à des sommes incroyables. Myriade signifie dix mille; une seule myriade de talents d'argent vaut trente millions. On se perd ici en voulant évaluer la somme entière; ce qui me fait croire qu'il y a beaucoup d'exagération dans ce calcul d'Athénée, mais ce qui laisse pourtant entrevoir que ces trésors étaient im

menses.

336.

Plutarque, dans le second des traités qu'il a consacrés Pag. 335 et à la louange d'Alexandre-le-Grand, où il examine en quoi consiste la véritable grandeur des princes, après avoir montré qu'elle ne peut venir que de leur mérite personnel, le prouve par deux exemples bien différents, tirés de l'histoire des Assyriens que nous venons de rapporter. Sémiramis et Sardanapale, dit-il, possédaient le même royaume. C'étaient, pour l'un et pour l'autre, mêmes peuples, même étendue de pays, mêmes revenus, mêmes forces, même nombre de troupes; mais ce n'étaient pas même caractère ni mêmes vues. Sémiramis, s'élevant au-dessus de son sexe, bâtissait de superbes villes, équipait des flottes, armait des légions, subjuguait les peuples voisins, pénétrait dans l'Arabie

'Non pas Athénée, mais Ctésias qu'Athénée a copié en cet endroit [XIII, 28]. Si l'on voulait faire à Ctésias l'honneur de croire qu'il s'est trompé (quand il est si vraisemblable qu'il a menti), on pourrait supposer qu'il a donné, par mégarde, le nom de talent à une somme d'argent infiniment moindre que la somme désignée chez

les Grecs par le mot talent.

Mais comme il ajoute ensuite que Sardanapale mit dans le bûcher 150 lits d'or et 150 tables du même métal, sans compter une infinité d'objets précieux, l'exagération devient palpable. Tout ce récit de Ctésias ne figurerait pas mal dans un conte des mille et une nuits. - L.

et l'Éthiopie, portait ses armes victorieuses jusqu'au extremités de l'Asie, répandant par-tout la terreu. la consternation. Mais Sardanapale, comme s'il e entièrement renoncé à son sexe, passait toute sa vie dans le fond de son palais, environné continuellement d'une troupe de femmes, dont il avait pris l'habit et encore plus les mœurs, maniant comme elles le fuseau et la quenouille, ne sachant et ne faisant autre chose que filer, manger, boire, et se livrer aux plaisirs les plus infames. Aussi, après sa mort, lui érigea-t-on une statue où il était représenté dans l'attitude d'un homme qui danse ; et on y mit une inscription dans laquelle il apostrophe ainsi le passant: Mange, bois, divertis-toi bien; tout le reste n'est rien: inscription bien conforme à celle que nous avons vu qu'il avait ordonné lui-même qur l'on mît sur son tombeau 3.

Plutarque juge ici de Sémiramis comme le font presque tous les historiens profanes, de la gloire des conquérants. Mais, à juger sainement des choses, l'ambition effrénée de cette reine est-elle bien moins condamnable que la mollesse de Sardanapale? Lequel des deux défauts a fait le plus de mal au genre humain?

1 Plutarque ajoute, en faisant craquer ses doigts au-dessus de sa téte: καὶ τοῖς δακτύλοις ὑπὲρ κεφαλῆς οἷον ὑποψοφοῦσαν. Aussi Strabon (XIV, pag. 672), et Athénée (XII, p. 530), rapportent-ils ainsi l'inscription : ἔσθιε, πίνε, παίζε· ὡς τ ̓ ἄλλα ΤΟΥΤΟΥ οὐκ ἄξια, c'est-à-dire, mange, bois, divertis-toi; car tout le reste ne vaut pas même CELA, voulant désigner par ce dernier mot le craquement de ses doigts. — L.

2

* ἔσθιε, πῖνε, ἀφροδισίαζε· τ' ἄλλα δὲ οὐδέν. C'est ainsi que la rap

porte Plutarque. — L.

3 Il est bien vraisemblable que ce tombeau n'a pas plus existé que la statue et les inscriptions. En un mot, tout ce que les auteurs grecs nous racontent de Sardanapale, mérite à peine le nom de roman.

Plusieurs chronologistes, pour expliquer la discordance des témoignages, ont reconnu deux et trois Sardanapale; on pourrait avec ce moyen multiplier beaucoup d'autres personnages de l'antiquité. —L.

Il ne doit pas paraître étonnant de voir finir l'eme des Assyriens sous un tel prince: ce fut sans doute rès avoir passé par beaucoup d'accroissements, d'afaiblissements et de révolutions qui sont ordinaires aux états, et même aux plus grands, pendant la suite de plusieurs siècles. Celui-ci avait duré plus de 1450 ans.

Des débris de ce vaste empire se formèrent trois grands royaumes: celui des Mèdes, qu'Arbace, le principal chef de la conjuration, rétablit dans leur liberté; celui des Assyriens.de Babylone, qui fut donné à Bélésis, qui en était gouverneur; enfin, celui des Assyriens de Ninive, dont le premier roi se fit appeler Ninus le jeune.

Pour entendre l'histoire du second empire des Assyriens, qui est fort obscure, et dont les historiens n'ont pas beaucoup parlé, il est utile, et même absolument nécessaire, de comparer ce qu'en disent les auteurs profanes avec ce que l'Écriture sainte nous en apprend, afin que, réunissant cette double lumière, on puisse avoir une idée claire et précise des deux empires de Ninive et de Babylone, qui ont été pendant quelque temps séparés, puis réunis ensemble et confondus. Je commencerai par ce second empire des Assyriens, après quoi je reviendrai à celui des Mèdes.

AN. M. 3257
Av.J.-C.747.

CHAPITRE II.

SECOND EMPIRE DES ASSYRIENS, TANT DE NINIVE
QUE DE BABYLONE.

CE second empire dura 210 ans, en le conduisant jusqu'à l'année où Cyrus, devenu maître absolu de l'Orient par la mort de Cambyse,. son père, et de Cyaxare, son beau-père, donna ce célèbre édit qui permettait aux Juifs de retourner dans leur patrie, après avoir été captifs à Babylone pendant 70 ans.

SI. Rois de Babylone. Bélésis ou Nabonassar,
Mérodach-Baladan.

BÉLÉSIS. C'est le même que Nabonassar, du règne duquel commence à Babylone une fameuse époque astronomique, appelée de son nom, l'ère de Nabonassar. Il est nommé dans l'Ecriture sainte Baladan. 2 Reg. 20, Il ne régna que douze ans. Il eut pour successeur son fils

12-13.

MÉRODACH BALADAN. C'est celui qui envoya des [Isai. xxxx, ambassadeurs au roi Ézéchias pour le féliciter sur sa 1-2.] Can. Ptol. convalescence, comme nous le dirons bientôt 1. Depuis lui, il y eut encore à Babylone quelques rois, dont l'histoire est absolument inconnue : c'est pourquoi je passerai aux rois de Ninive.

1 C'est le Mardokempad du canon des rois (attribué à Ptolémée). J'observe qu'entre Nabonassar et Mardokempad, ce canon, ainsi que les au

teurs cités par le Syncelle, placent les trois rois Nadius, Chinzerus, Zugæus. - L.

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