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Plut. in Solon. p. 95.

Id. ibid.

tournois, des festins magnifiques, des conversations où l'on agitait toutes sortes de matières. L'un d'eux, qui jusque-là l'avait emporté sur tous les autres, manqua ce mariage, parce que dans une danse il avait fait des gestes et des postures qui déplurent infiniment à Clisthène. Enfin, au bout de l'année, celui-ci se déclara pour Mégaclès, et renvoya les autres seigneurs, après les avoir comblés d'honnêtetés et de présents. Voilà qui était Mégaclès.

Pisistrate était un homme poli, doux, insinuant, prompt à secourir les pauvres, sage et modéré envers ses ennemis, le plus habile des hommes à dissimuler, qui avait tous les dehors de la vertu au-dessus même des plus vertueux, qui paraissait zélé, defenseur de l'égalité entre les citoyens, et absolument déclaré contre toute innovation et tout changement. Il n'eut pas de peine à tromper le peuple par cet air imposant; mais Solon connut tout d'un coup où il tendait par ses déguisements et ses artifices. Cependant il le ménagea dans le commencement, espérant peut-être de le ramener doucement à son devoir.

En ce temps-là Thespis commençait 2 à changer la tragédie; car elle avait été inventée avant lui3. Ce spectacle attira tout le monde par sa nouveauté. Solon alla

Il ne faut pas entendre ceux qui le premier qui jeta' dans ce chœur demandent l'aumône. Car en ce temps-là, dit Isocrate, il n'y avait point de citoyen qui mourût de faim, ni qui en mendiant déshonorát sa ville. (Orat. Areop., p. 309.)

2 La tragédie était long-temps avant Thespis: mais ce n'était qu'un chœur de gens qui chantaient et qui se disaient des injures. Thespis fut

un personnage, qui, pour le délasser et lui donner le temps de reprendre haleine, récitait une aventure de quelque personnage illustre. Et c'est ce récit qui donna lieu ensuite aux sujets des tragédies.

3 Vers la même époque, Susarion donna les premières représentations de comédie.-L.

cap. 59-64.

p. 95-96.

comme les autres entendre Thespis, qui jouait luimême, selon la coutume des poëtes anciens. Quand la pièce fut finie, il appela Thespis, et lui demanda s'il n'avait point de honte de mentir ainsi devant tant de gens. Thespis lui répondit qu'il n'y avait point de mal dans ces mensonges et dans ces fictions poétiques, qu'on ne faisait que par jeu. Oui, répartit Solon, en donnant un grand coup de son bâton contre terre ; mais si nous souffrons et approuvons ce beau jeu-là, il' passera bientôt dans nos contrats et dans toutes nos affaires. Cependant Pisistrate poussait toujours sa pointe; et Herod. 1. 1, pour arriver à son but, il employa une ruse qui eut tout le succès qu'il en attendait. S'étant blessé lui- Plut. in Sol. même, et ensanglanté par tout le corps, il se fit porter sur la place dans un chariot, et excita la populace en lui faisant entendre que c'étaient ses ennemis qui l'avaient mis en cet état, et qu'il était la victime de son zèle pour la république. On convoqua sur-le-champ l'assemblée du peuple, et il y fut résolu, quelques remontrances que fit Solon au contraire, qu'on accorderait cinquante gardes à Pisistrate pour la sûreté de sa personne. Il en augmenta bientôt le nombre autant qu'il lui plut, et par leur moyen se rendit maître de la citadelle. Tous ses ennemis prirent la fuite. Chacun tremblait dans la ville, et était dans le trouble, excepté Solon, qui reprochait hautement aux Athéniens leur lâcheté, et au tyran sa perfidie. Et comme on lui demanda ce qui pouvait lui donner une telle assurance et une telle hardiesse : C'est ma vieillesse, dit-il. En effet, il était fort âgé, et il semblait ne hasarder pas beaucoup, étant près de finir ses jours; si ce n'est qu'il arrive souvent qu'on devient plus attaché à la vie, à

proportion qu'on a moins de raison et de droit de souhaiter qu'elle soit prolongée.

Mais Pisistrate, après avoir tout soumis, regardait sa conquête comme imparfaite, s'il n'y ajoutait celle de Solon. Bien instruit des moyens par lesquels un vieillard peut être gagné, il n'y eut point de caresses qu'il ne lui fit, point de marques d'estime et d'amitié qu'il ne lui donnât, en lui faisant toutes sortes d'honneurs, en l'appelant souvent près de sa personne, en se déclarant hautement pour ses lois, qu'il observait effectivement lui-même, et qu'il faisait observer par tous les autres. Solon, voyant qu'il n'était pas possible de porter Pisistrate à renoncer à la 'tyrannie, ni de la lui ôter, crut qu'il était de la prudence de ne pas irriter l'usurpateur en rejetant les avances qu'il lui faisait ; et il espéra qu'en entrant dans sa confidence et dans son conseil, il serait en état de rectifier au moins et de conduire une domination qu'il ne pouvait abolir, et d'adoucir des maux qu'il n'avait pu empêcher.

Il ne survéquit pas deux ans entiers à la liberté de sa patrie; car Pisistrate s'était rendu maître d'Athènes sous l'archonte Comias, la première année de l'olympiade LI', et Solon mourut l'année suivante sous l'archonte Hégestratus, qui succéda à Comias.

Les deux partis, qui avaient pour chefs Lycurgue et Mégaclès, s'étant réunis, chassèrent Pisistrate d'Athènes. Il y fut bientôt rappelé par Mégaclès même, qui lui donna sa fille en mariage. Mais un différend survenu au sujet de ce mariage les ayant brouillés de nouveau, les Alcméonides eurent du dessous, et furent obligés de se

L'archontat de Comias est de la 3o année de la LIV olympiade (561

av. J. C.) et celui d'Hégestrate de la 2o année de la LV (559 av. J. C.)

L.

retirer. Pisistrate fut détrôné deux fois; et deux fois il sut remonter sur le trône. Les artifices l'y placèrent, la modération l'y maintint, et sans doute que son éloquence', fort grande, au jugement même de Cicéron, le fit beaucoup goûter aux Athéniens, déja trop sensibles aux charmes de la parole, puisqu'ils leur firent oublier le soin de leur liberté. Une exacte soumission aux lois le distingua de ceux qui, comme lui, avaient usurpe l'autorité, et la douceur de sa domination fit honte à plus d'un souverain légitime. Aussi a-t-il mérité qu'on l'opposât aux autres tyrans. Cicéron, dans l'incertitude de la manière dont César userait de la victoire après la journée de Pharsale, manda à son cher Atticus 2: Nous ne savons pas encore si le destin de Rome veut ou que nous gémissions sous un Phalaris, ou que nous vivions sous un Pisistrate.

Val. Max. Athen. l. 12,

t. 5, c. I.

A. Gell. 1. 6,

cap. 17.

En effet, ce tyran, s'il faut l'appeler de ce nom, se montra toujours fort populaire et fort modéré, jusqu'à souffrir tranquillement les reproches et les injures, qu'il pouvait venger d'un seul mot. Ses jardins et ses vergers étaient ouverts à tous les citoyens, en quoi il fut imite-pag. 532. depuis par Cimon. On dit que ce fut lui qui, le premier, ouvrit une bibliothèque publique à Athènes, laquelle s'augmenta beaucoup dans la suite, et fut transportée en Perse par Xerxès, lorsqu'il prit la ville. Mais Séleucus Nicanor, long-temps après, la fit reporter à Athènes. Cicéron croit que ce fut Pisistrate aussi qui, Lib. 3 de

Pisistrati?» (CIC. de Orat., 1. 3,
n. 137.)

1 « Pisistratus dicendo tautùm instructior fuisse traditur, quàm valuisse dicitur, ut ei Athenienses regium imperium oratione capti permitterent. (VAL. MAX. lib. 8, cap. 9.)

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Quis doctior iisdem illis temporibus, aut cujus eloquentia litteris

2 « Incertum est Phalarimne, an Pisistratum sit imitaturus. » (Ad Att. lib. 7, ep. 19.)

Orat. n. 137.

le premier, donna aux Athéniens la connaissance des poëmes d'Homère, qui en disposa les livres dans l'ordre où nous les avons, au lieu qu'auparavant ils étaient confus et dérangés, et qui les fit réciter publiquement In Hippar- dans les fêtes qu'on appelait Panathénées. Platon attribue cet honneur à son fils Hipparque 1.

cho, P.

228.

Arist. 1. 5, de rep. c. 12.

AN. M. 34-8

Av. J.C.526.

In Hipp. p.

228 et 229.

Pisistrate mourut tranquillement, et transmit à ses enfants la souveraineté qu'il avait usurpée il y avait trente-trois ans, dont il en avait régné dix-sept en paix. Ses enfants étaient Hippias et Hipparque. Thucydide en ajoute un troisième, qu'il appelle Thessalus. Il paraît qu'ils avaient hérité de leur père le goût pour les lettres et pour les gens savants. Platon, qui attribue à Hipparque 1 ce que nous avons dit des poëmes d'Homère, ajoute qu'il fit venir à Athènes le fameux poëte Anacréon, qui était de Téos, ville d'Ionie, lui ayant envoyé exprès un vaisseau à cinquante rames. Il avait aussi chez lui Simonide, autre poëte assez celèbre, qui était de l'île de Céos, l'une des Cyclades dans la mer Égée, à qui il payait une grosse pension et faisait de riches présents. Le dessein de ces princes, en faisant venir ainsi des gens savants à Athènes, était, dit Platon, d'adoucir et de cultiver l'esprit de leurs citoyens, et de leur inspirer du goût pour la vertu en leur en inspirant pour les sciences. Il n'y eut pas jusqu'aux gens de la campagne qu'ils songèrent à instruire, en faisant ériger, non-seulement dans toutes les rues de la ville, mais sur tous les chemins publics, des statues de pierre appelées Mercures, où étaient inscrites de graves sentences propres à former les mœurs, qui, par de

1 Le dialogue intitulé Hipparque, cité en marge par Rollin, appartient

à l'école socratique; mais on a lieu de croire qu'il n'est pas de Platon.-— L.

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