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les hommes, et que c'était, non à la naissance, mais au
mérite, qu'on rendait ce glorieux hommage.

Æsopo ingentem statuam posuêre Attici,
Servumque collocârunt æterna in basi;
Patere honoris scirent ut cuncti viam,
Nec generi tribui, sed virtuti gloriam.

1

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HISTOIRE

DES PERSES ET DES GRECS.

AVANT-PROPOS.

AVANT que de commencer l'histoire des Perses et

des Grecs, je placerai ici premièrement quelques observations préliminaires qui y préparent; ensuite le plan et la division des quatre livres suivants, VI, VII, VIII et Ix; enfin une espèce d'abrégé de l'histoire des Lacédémoniens depuis l'établissement de leurs rois jusqu'au règne de Darius, où commence le vie livre.

ARTICLE PREMIER.

Idée abrégée de l'histoire renfermée dans les livres qui suivent. Fruit que l'on en doit tirer.

L'histoire que je donne ici au public présentera aux yeux du lecteur un spectacle tout nouveau et qui ne sera pas indigne de sa curiosité. Dans le volume précédent, on a vu sous Cyrus deux états assez médiocres, la Médie et la Perse, se répandre au loin comme un incendie ou comme un torrent, et, par une rapidité de conquêtes étonnantes, subjuguer un nombre considérable de provinces et de royaumes. Ici l'on verra ce vaste empire mettre en mouvement tous les peuples soumis

Tome II. Hist. anc.

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à sa domination, Perses, Mèdes, Phéniciens, Égyptiens, Babyloniens, Indiens et beaucoup d'autres, et venir fondre avec toutes les forces de l'Asie et de l'Orient sur un petit pays renfermé dans des bornes fort étroites et dénué de tout secours; je veux dire la Grèce. Quand on envisage d'un côté tant de nations réunies ensemble, des préparatifs de guerre faits pendant plusieurs années et avec une si grande vivacité, des armées de terre et de mer innombrables, des flottes auxquelles la mer peut à peine suffire; de l'autre, deux faibles villes, Athènes et Lacédémone, abandonnées de tous leurs alliés et réduites presque à elles seules; on aurait lieu de croire que ces deux petites villes vont être détruites et absorbées par une puissance si formidable, et qu'il n'en restera pas même de vestiges. Cependant ce seront elles qui demeureront victorieuses, et qui, par leur courage invincible, et par plusieurs combats qu'elles gagneront sur terre et sur mer, feront perdre pour toujours à l'empire persan le dessein de revenir attaquer la Grèce.

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Le récit de la guerre entre les Perses et les Grecs rendra sensible la vérité de cette maxime, que ce n'est point le nombre, mais la valeur des troupes et la duite des chefs qui décident dans les batailles. On admirera la fermeté d'ame et de courage des grands hommes qui étaient à la tête des affaires de la Grèce, que l'ébranlement de l'univers ne fut pas capable d'abattre; que les plus grands malheurs ne purent déconcerter; qui entreprirent de tenir tête avec avec une poignée d'hommes aux armées innombrables des Perses; qui osèrent, malgré une si prodigieuse inégalité, espérer un heureux succès; qui forcèrent la victoire à se ran

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du côté du mérite et de la vertu; et qui apprirent à tous les siècles quelles ressources on trouve dans la prudence, dans la valeur, dans l'expérience, dans le zèle pour la patrie et pour la liberté, dans l'amour du devoir, et dans tous les sentiments d'une ame noble et généreuse.

A cette guerre des Perses contre les Grecs en succédera une autre entre les Grecs mêmes, mais d'un caractère tout différent. Il n'y aura guère ici que des actions peu importantes en apparence, et peu capables, ce semble, de satisfaire un lecteur avide de grands événements des disputes particulières entre quelques villes ou quelques petites républiques; des siéges de places pour l'ordinaire peu considérables (j'en excepte le siége de Syracuse, l'un des plus importants de l'antiquité), mais qui ne laisseront pas de traîner souvent en longueur; des combats entre des armées peu nombreuses, et où quelquefois il y a peu de sang répandu. Qui a donc pu rendre ces guerres si célèbres? Salluste nous l'apprend : « Les exploits des Athéniens, « dit - il, peuvent être considérés en eux-mêmes <«< comme grands et magnifiques; on peut dire pourtant qu'ils sont en quelque sorte au-dessous de leur réputation. Mais parce qu'il y a eu dans la Grèce une « foule de beaux esprits et d'excellents écrivains, ces exploits sont vantés dans tout l'univers comme grands << et merveilleux. Ainsi les actions des Athéniens pa

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I a Atheniensium res gestæ, sicuti ego existimo, satis amplæ magnificæque fuerunt: verùm aliquantò minores tamen quàm famâ feruntur. Sed quia provenêre ibi scriptorum magna ingenia, per terrarum orbem

Atheniensium facta pro maximis celebrantur. Ita eorum quæ fecêre virtus tanta habetur, quantùm eam verbis potuêre extollere præclara ingenia.» (SALL. in bello catilin. [S 8].)

<< raissent grandes à proportion de l'esprit et de l'habi« leté des écrivains qui les ont célébrées. »

Salluste, assez jaloux d'ailleurs de la gloire qu'avaient acquise aux Romains les actions éclatantes dont leur histoire est pleine, rend ici justice à celles des Grecs, en reconnaissant qu'elles ont une vraie grandeur et une vraie magnificence, quoique inférieures, selon lui, à leur réputation. Qu'est-ce donc que cet éclat étranger et emprunté que les historiens y ont ajouté par leur éloquence ? C'est que par toute la terre on vante de concert les actions des Athéniens comme tout ce qui s'est jamais fait de plus grand : per terrarum orbem Atheniensium facta PRO MAXIMIS CELEBRANTUR. Toutes les nations, séduites et comme enchantées par les charmes des écrivains grecs, mettent les exploits de ce peuple au-dessus de tout ce qui s'est fait ailleurs de plus beau. Voilà, selon Salluste, le service qu'a rendu aux actions des Athéniens l'histoire écrite comme elle l'est par les Grecs; et il est bien fâcheux que la nôtre, faute d'une pareil secours, ait laissé périr une infinité de belles actions et de belles paroles, auxquelles l'antiquité eût bien su donner du relief, et qui feraient beaucoup d'honneur à la nation.

Mais, quoi qu'il en soit, on doit convenir qu'il ne faut pas toujours juger du prix d'une action, ni du mérite de ceux qui y ont eu part, par l'importance de l'événement. C'est dans les sièges et dans les combats, tels que ceux dont il est parlé dans la guerre du Péloponnèse, que paraît véritablement toute l'habileté d'un général. Aussi remarque-t-on que ce n'est qu'à la tête de petites armées, et dans des pays assez peu étendus, que nos plus grands capitaines du siècle passé

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