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avec peine pendant près de quarante ans, ils songèrent à secouer le joug, et à se rétablir dans leur ancien AN.M.3320. état. Cette année était la quatrième de la 23° olympiade: la charge d'archonte à Athènes était pour - lors réduite à l'espace d'un an : Anaxandre et Anaxidame régnaient à Sparte.

Av. J.C. 684.

Leur premier soin fut de se fortifier du secours des peuples voisins. Ils les trouvèrent fort disposés à entrer dans leurs vues. Leur propre intérêt les y portait : ce n'était point sans crainte et sans jalousie qu'ils voyaient s'élever au milieu d'eux une ville puissante, qui paraissait manifestement vouloir étendre sa domination sur toutes les autres. Les peuples de l'Élide, ceux d'Argos, ceux de Sicyone, se déclarèrent en leur faveur. Avant qu'ils fussent assemblés, il se donna un combat. Aristomène 2, second de ce nom, était à la tête des Messéniens. C'était un chef d'un courage intrépide, et d'une extrême habileté dans le métier de la guerre. Les Lacédémoniens furent battus. Aristomène, qui voulait donner d'abord aux ennemis une idée avantageuse de lui-même, sachant qu'elle influe sur tout le reste des entreprises, eut la hardiesse d'entrer de nuit à Sparte 3, et d'attacher à la porte du temple de Minerve, surnommée Chalcioecos, un bouclier dont l'inscription marquait que c'était un présent qu'Aristomène offrait à la déesse, des dépouilles des Lacédémoniens.

et vincula, cæteraque captivitatis
mala perpessi essent, post longam
pœnarum patientiam, bellum instau-
rant. » (JUSTIN. lib. 3, cap. 5.)
I Trente-neufans (PAUSAN. Messen.
c. 15). —L

2 Selon plusieurs historiens, il y
avait eu un autre Aristomène dans la
première guerre de Messénie. (DIOD.

lib. 15, p. 378. [§ 66].)

Diodore de Sicile ne donne cela que comme un on dit. Voyez la note pag. 476. — L.

3 Ce qui put favoriser son projet, c'est que les lois de Lycurgue défendaient de porter de la lumière dans les rues de Sparte (PLUTARCH. Instit. Lacon., § 1). L.

I

Cette bravade en effet étonna les Lacédémoniens; mais ils furent encore plus alarmés de la puissante ligue qui se formait contre eux. L'oracle de Delphes, qu'ils consultèrent sur les moyens de réussir dans cette guerre, leur ordonna de faire venir d'Athènes un chef pour leur donner conseil et les conduire. La démarche était humiliante pour une ville aussi fière que Sparte; mais la crainte de s'attirer le courroux du dieu par une désobéissance si marquée, l'emporta sur tout autre motif. On députa donc vers les Athéniens. Cette demande les embarrassa. Ils n'étaient pas fâchés de voir ceux de Lacédémone aux mains avec leurs voisins, et n'avaient pas envie de leur fournir un bon général : d'un autre côté, ils craignaient aussi de désobéir au dieu. Pour se tirer d'embarras, ils leur présentèrent Tyrtée. Il était poëte de profession, avait quelque chose d'original dans l'esprit, et de choquant dans le corps, car il était boiteux. Malgré ces défauts, les Lacédémoniens le reçurent comme un chef que le ciel même leur envoyait. Le succès ne répondit pas d'abord à leur attente. Ils furent battus trois fois consécutivement.

Les rois de Sparte, abattus par tant de défaites, et n'espérant pas un meilleur succès pour l'avenir, voulaient absolument retourner à Sparte, et y ramener les troupes. Tyrtée s'opposa fortement à ce dessein, et les fit revenir à son avis. Il parla aux troupes, et prononça des vers qu'il avait préparés dans cette vue, et travaillés avec un soin extrême. Il les consolait de leurs pertes passées, qu'il attribuait, non à aucune faute de leur part, mais à un malheur et à un destin que nulle sagesse humaine ne peut surmonter. Il leur

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représentait la honte qu'il y aurait pour des Spartiates à fuir devant l'ennemi, et combien il leur serait glorieux de périr même, s'il le fallait, les armes à la main en combattant pour la patrie. Comme si tout danger fût disparu, et que les dieux, pleinement satisfaits et apaisés par les défaites précédentes, se fussent tournés entièrement de leur côté, il leur faisait envisager la victoire comme certaine et comme déja présente, et comme si elle-même les invitait au combat. Tous les lib. I de leg. Anciens qui ont parlé du caractère de la poésie de Tyrtée remarquent qu'elle était pleine d'un feu, d'une ardeur, d'un enthousiasme qui enflammait les esprits, [Diog. Laert. qui les élevait au-dessus d'eux-mêmes, qui leur inspirait je ne sais quoi de généreux et de martial, qui étouffait en eux tout sentiment de crainte des dangers ou de la mort, et qui les rendait uniquement attentifs au salut de la patrie et à leur propre gloire.

Plat.

pag. 629. Plut. in Agid. et Cleom. pag. 805.

II. § 43.]

ils

Ce fut véritablement l'effet que les vers de Tyrtée produisirent dans cette occasion sur les soldats. Ils demandèrent tous d'une voix commune qu'on les conduisît contre l'ennemi. Devenus indifférents pour la vie, ne songeaient qu'à s'assurer l'honneur de la sépulture. Ils attachèrent tous à leur bras droit des bandelettes où ils avaient inscrit leur nom et celui de leurs pères, afin que, s'ils périssaient dans le combat, et que les traits de leurs visages vinssent à se confondre par la longueur du temps, on pût certainement les reconnaître à ces marques. Des soldats déterminés à mourir sont bien forts: cela parut dans la bataille qui se donna.

1

Tyrtæusque mares animos in Martia bello

Versibus exacuit.

(HORAT. in Art. poet. [v. 402].)

Elle fut très-sanglante, et la victoire long-temps disputée; mais enfin les Messéniens cédèrent. Quand Tyrtée, dans la suite, passa à Sparte, il y fut reçu avec de grandes marques de distinction, agrégé au nombre des citoyens.

Le gain de cette bataille ne termina pas la guerre: elle avait déja duré trois ans. Aristomène ayant ramassé les débris de son armée, se retira sur une montagne qui était d'un difficile accès, appelée Ira. Les vainqueurs avaient compté l'emporter d'emblée; mais il s'y défendit pendant onze ans, et y fit des actions de bravoure extraordinaires. Ce ne fut même que par surprise et par trahison qu'il fut obligé d'en sortir, après avoir combattu comme un lion. Ceux des Messéniens qui tombèrent entre les mains des Lacédémoniens furent réduits au sort et à l'état des Ilotes: mais les autres, voyant leur patrie ruinée, allèrent s'établir à Zancle, ville de Sicile, qui depuis fut appelée de leur nom Messane; et elle est encore aujourd'hui nommée Messine. Aristomène, après avoir conduit une de ses filles à Rhodes, dont le tyran l'avait épousée, songeait à passer ou à Sardes, chez Ardys, roi des Lydiens, ou à Ecbatane, chez Phraorte, roi des Mèdes. Mais la mort le prévint.

La seconde guerre des Messéniens avait duré quatorze ans. Elle finit la première année de la 27° olympiade.

AN. M. 3334

II y en eut encore une troisième, qui commença du Av.J.C.670.1 temps et à l'occasion d'un grand tremblement de terre arrivé à Sparte. Il en sera parlé dans la suite.

Selon Corsini, 668 ans avant J. C.-L.

FIN DU TOME SECOND DE L'HISTOIRE ANCIENNE.

Tome II. Hist. anc.

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