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mulet remplir le trône de Medie: il regarda cette reponse comme une assurance de l'eternité de son empire.

cap. 71.

En conséquence de l'oracle, Crésus fit alliance avec les Athéniens, qui avaient pour-lors à leur tête Pisistrate, et avec les Lacédémoniens, qui étaient sans contredit les deux peuples de la Grèce les plus puissants. Un Lydien, fort estimé pour sa prudence, donna à Herod. l. 1, Crésus un avis très-sensé. « Grand prince, lui dit-il, « à quoi songez-vous de vouloir tourner vos armes contre « des peuples comme les Perses, qui, nés dans un pays « rude et âpre, sont endurcis dès l'enfance à toute sorte «< de travaux et de fatigues; qui, vêtus grossièrement <« et nourris de même, se contentent de pain et d'eau; « qui ignorent absolument ce que c'est que commodités « et délices de la vie; en un mot, qui n'ont rien à perdre si vous les vainquez, et tout à gagner s'ils vous vainquent, et qu'il serait bien difficile d'écarter de nos << terres, s'ils en avaient une fois goûté les douceurs? « Loin donc de penser à porter la guerre contre eux, « je crois que nous devrions remercier les dieux de a n'avoir pas mis dans l'esprit des Perses de venir atta«quer les Lydiens. » Crésus avait pris son parti, et ne changea point.

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On trouvera le reste de l'histoire de Crésus dans celle de Cyrus que je vais exposer.

LIVRE QUATRIÈME.

COMMENCEMENT DE L'EMPIRE

DES PERSES ET DES MÈDES.

AVANT-PROPOS.

Les trois règnes de Cyrus, de Cambyse, et de Smerdis le mage, seront la matière du quatrième livre. Mais comme les deux derniers sont assez courts, et renferment peu de faits importants, ce livre, à proprement parler, sera l'histoire de Cyrus.

Je me suis trouvé embarrassé dans ce volume à l'occasion de quelques morceaux d'histoire que j'ai donnés ailleurs, qui reviennent ici, et y trouvent leur place naturelle. Le mieux eût peut-être été de les travailler de nouveau et de les faire reparaître sous une nouvelle forme; mais je ne me suis point senti pour cela assez de fécondité d'invention ni assez de variété de style, et d'ailleurs c'était un travail assez inutile. De renvoyer le lecteur à ces endroits, c'eût été couper mal à propos mon ouvrage, et donner un corps d'histoire imparfait et mutilé. J'ai donc pris le parti, et je ne l'ai point fait sans conseil, de remettre ici les endroits qui étaient nécessaires à la suite de mon histoire, et j'en userai

I Dans le second volume de la Manière d'étudier, où je traite de

l'histoire. [Liv. V, part. 111, ch. 2, art. 1.]

ainsi dans la suite. J'ai cru que le public me permettrait de me copier moi-même, d'autant plus qu'il m'a paru ne pas improuver la possession où je me suis mis de profiter même du travail des autres, et d'adopter tout ce qui me convient. Cette liberté que je me suis donnée, qui n'est pas fort honorable pour l'amour-propre, mais qui est favorable à la paresse, contribue beaucoup à avancer et à orner mon ouvrage, qui par-là se trouve rempli de beautés et de richesses que j'emprunte d'ailleurs. Mais je puis dire que mon ouvrage entier est de ce genre; car tout mon travail consiste à extraire des auteurs anciens ce qui s'y trouve de plus beau, soit pour les faits, soit pour les réflexions, sans presque jamais y rien ajouter du mien.

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On m'a fait, dans le Journal des Savants de Paris, un reproche qui me fait trop d'honneur pour n'y pas répondre: c'est sur l'exclusion que je parais avoir donnée dans mon plan à l'histoire romaine, qu'on souhaiterait que j'y eusse fait aussi entrer. J'avoue que je n'ai eu aucune pensée de l'entreprendre. Ce n'est pas faute de goût ni d'estime pour cette partie de l'histoire ancienne, la plus riche de toutes en grands événements, la plus variée et la plus intéressante. Les secours infinis et d'un prix inestimable qu'on trouve dans les anciens sur cette histoire seraient seuls capables de tenter un écrivain, et de l'engager dans ce travail, quelque pénible qu'il soit. Mais il faudrait pour cela bien des années; et je ne sais s'il y a eu de la sagesse à moi d'entreprendre, à l'âge où je suis, un ouvrage d'aussi longue haleine qu'est celui de l'histoire grecque, sans y apporter d'autre préparation que celle d'une étude générale des auteurs

Journal du mois de mars 1730.

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anciens, ordinaire aux personnes de ma profession, et faite sans aucun dessein particulier. Je sens bien que, pour réussir parfaitement dans cet ouvrage, il aurait été nécessaire d'employer trois ou quatre ans à relire avec attention tous les auteurs, et à faire des remarques par rapport à mes vues et à mon plan : car quelquefois on trouve dans des endroits écartés, et qui n'ont aucun rapport à la matière qu'on traite, des faits trèscurieux, et des réflexions importantes. Je n'ai point eu cet avantage, et n'ai pas cru devoir tarder si long-temps à me mettre à mon ouvrage. Ce que je puis dire, c'est que, par respect et par reconnaissance pour le public, qui n'en paraît pas mécontent, je me hâte, autant qu'il m'est possible, de l'avancer, y donnant tout mon temps et tous mes soins, et écartant sévèrement tout ce qui peut m'éloigner d'un travail que je regarde comme faisant maintenant une partie essentielle de mon devoir et de ma vocation dans l'heureux loisir que la Providence m'a procuré depuis plusieurs années, et dont j'aurais pu profiter bien avantageusement, si la pensée de travailler à l'histoire ancienne m'était venue plus tôt.

CHAPITRE PREMIER.

HISTOIRE DE CYRUS'.

L'HISTOIRE de ce prince est racontée diversement par Hérodote et par Xénophon. Je m'attache au dernier,

'OBSERVATIONS

sur l'autorité historique de la Cyropédie.

La préférence que Rollin donne à Xénophon sur Hérodote, dans l'his

toire de Cyrus, ne lui a pas permis de mettre en doute la vérité historique d'aucun des faits, des discours, des détails, sur la guerre, les mœurs, les usages, etc., contenus dans la Cyro

comme infiniment plus digne de foi sur ce point que l'autre; et je me contenterai, dans les faits où ils diffèrent, de rapporter sommairement ce qu'en dit

pédie cependant l'examen de cet ouvrage confirme pleinement le jugement qu'en a porté Cicéron, et montre que, si le fond de la Cyropédie et quelques-uns des événements qu'elle contient sont réels, cet ouvrage est un cadre où l'auteur a voulu faire entrer ses idées sur un bon gouvernement, sans trop s'embarrasser de prêter aux Perses des usages qu'ils n'ont jamais eus, de faire parler ses personnages comme ils n'ont jamais dû parler, de mêler et de confondre les faits historiques et géographiques dont il avait besoin pour animer ses tableaux.

Ceux qui ne veulent trouver que de l'histoire, dans la Cyropédie, opposent toujours ces paroles de Xénophon : « Nous essaierons de

raconter, ce que nous avons ap* pris de Cyrus, et ce que nous croyons en savoir; » car c'est là le vrai sens de ce passage et non celui que Rollin lui a donné: mais elles ne paraissent pas s'opposer à l'idée que Xénophon n'a voulu donner qu'un roman historique. Si Xénophon s'était proposé de suivre exactement l'histoire connue de Cyrus, d'où vient que, dans cette prétendue histoire, il aurait fait contre la chronologie et la géographie les fautes que Fréret a relevées(Académ. des Insc. t. VII, pag. 447, et suiv.)? Xenophon semble reconnaitre luimême qu'il a altéré les événements de l'histoire de Cyrus, puisque, dans la Retraite des Dix-Mille, il rapporte sur les villes de Larissa et de Mespila des circonstances intéressantes,

Tome II. Hist. anc.

relatives à la conquête de la Médie par les Perses, circonstances dont il ne dit pas un mot dans la Cyropédie.

Les erreurs géographiques qu'il a commises ne sont pas moins graves : elles sont telles, dit M. de Ste-Croix, qu'on aurait peine à les souffrir dans un poëte épique.

Si, des faits relatifs à la chronologie, à l'histoire et à la géographie, on passe aux détails de mœurs, aux préceptes de gouvernement ou de morale, répandus dans cet ouvrage, et qui en font le corps, on y découvre à chaque instant des traces de fiction. C'est un disciple de Socrate qui veut appliquer la doctrine de son maître au gouvernement d'un grand peuple, et prouver qu'un roi doit régner par la bienfaisance, et qu'avec cette seule vertu il aura plus de supériorité sur ses ennemis qu'avec ses armes.

Pour montrer la certitude de ces principes, Xénophon cherche à les mettre en action; il nous fait voir l'empire de Babylone renversé par la défection des peuples et des grands que les bienfaits de Cyrus ont gagnés. Les détails, concernant l'éducation de ce conquérant, ne sont amenés que pour faire sentir la nécessité de développer chez tous les hommes les heureuses qualités qu'ils ont reçues de la nature, et de perfectionner le caractère et les mœurs des peuples par de sages institutions. Quant aux usages des Perses, comme son objet n'était point d'en donner un tableau fidèle, il ne se fait aucun scrupule de leur prêter très-souvent ceux des

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