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Hérodote. On sait que Xénophon servit long-temp sous le jeune Cyrus, qui avait dans ses troupes u grand nombre de seigneurs persans avec lesquels san

Grecs telles sont les trois libations qu'on faisait dans les festins (Cyrop. II. 3. I. et ibi SCHNEID.); telle est encore la marche nocturne de l'armée persane ( Id. V. 3. 52), tandis qu'on sait que les Perses ne se mettaient point en route après le coucher du soleil, à moins d'une nécessité pressante; c'est encore ainsi que Xénophon leur fait invoquer les dieux de la Grèce, à la manière des Grecs, et entonner le Paan, lorsqu'ils marchent à l'ennemi.

Mais ce qu'il y a de remarquable, c'est que l'auteur a donné aux Perses

presque tous les usages des Lacédémoniens; et là, se montre cette prédilection décidée et quelquefois injuste qu'il a constamment manifestée pour les institutions de Lacédémone: c'est une observation de Camerarius, confirmée par Zeune et Weiske (Disput. de Cyropæd., § 9).

Les Lacédémoniens marchaient au combat la tête ceinte d'une couronne (XENOPн. Rep. Laced. XIII, § 8.): Cyrus ordonne à ses soldats de couronner leurs têtes (Cyrop. III, 3, 40, 42).

Les Lacédémoniens portaient des tuniques rouges en allant à l'ennemi (Id. Rep. Laced. XI. § 3): nous lisons la même chose des Perses dans la Cyropédie (VI, 4, I).

Chez les Lacédémoniens, la puissance des rois était restreinte dans des limites fort resserrées; ils vaquaient aux fonctions du sacerdoce (Id. Rep. Laced. XIII, II): c'est ce que nous trouvons également chez les Perses (Cyrop. IV, 5, 17; VIII, 7, 1).

Lycurgue avait institué l'éducatio publique à Sparte, et les enfant étaient censés appartenir à la pa trie, plutôt qu'à leurs parents (PLUT in Lycurg., § 15; ARISTOT. Polit VIII, I, §3): Xénophon suppose précisément la même institution ches les Perses (Cyrop. I, c. 2).

Une ressemblance de ce genre existe dans beaucoup d'autres traits qu'il serait trop long de rapporter : et l'on voit que Xénophon, voulant nous montrer chez les Perses le modèle d'une nation civilisée, ne trouve rien de mieux que de leur prêter les usages de ses chers Lacédémoniens,

Le résumé fort court que je viens de présenter, suffit pour montrer que les Anciens ont eu pleinement raison dans l'opinion qu'ils s'étaient formée de la Cyropédie : admirable comme traité de morale appliquée au gouvernement, cet ouvrage n'a sous le rapport historique qu'une autorité très-faible. C'est le sentiment des critiques qui ont examine à fond cet ouvrage, d'Érasme, de Vossius, de Louis Vives, de Scaliger, de Calvisius, de Simson, de Fraguier, de Desvignoles, de Fréret, de Larcher, de Ste.-Croix, etc. Ils reconnaissent tous,dans laCyropédie un roman mêle de quelques vérités historiques, dans lequel la plupart des personnages sont d'invention, et presque tous les faits ou entièrement fictifs ou arrangés à plaisir ; en sorte qu'il est assez difficile d'y séparer le vrai du faux.

Il résulte de ces observations que ce chapitre de Rollin, qui contient la vie de Cyrus d'après Xénophon,

tenute cet écrivain, curieux comme il était, s'entretenait es juvent, pour s'instruire par leur moyen des mœurs Is scoutumes des Perses, de leurs conquêtes, et sur-tout

Educa

je celles du prince qui avait fondé leur monarchie, et ont il se proposait d'écrire l'histoire. C'est ce qu'il alous apprend lui-même dans le commencement de la "Cyropédie. « Comme ce grand personnage, dit-il, m'a stoujours paru digne d'admiration, j'ai pris plaisir à

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rechercher sa naissance, quel a été son naturel, de quelle façon il a été élevé, pour connaître par quels moyens il a pu devenir un si grand prince, et je « n'avance rien que je n'aie appris '. »>

Au reste, ce que dit Cicéron dans la première lettre à son frère Quintus, que Xénophon2 avait composé l'histoire de Cyrus, non suivant l'exacte vérité, mais je comme le modèle d'un bon gouvernement, ne doit rien diminuer de l'autorité de ce judicieux écrivain, ni de la créance qui lui est due. Ce qu'on en peut conclure, c'est que le dessein de Xénophon, aussi grand philosophe que grand capitaine, n'a pas été simplement d'écrire l'histoire de Cyrus, mais d'apprendre aux princes, dans la personne de celui-ci, l'art de régner et de se faire aimer de leurs sujets malgré le faste et l'élévation de la puissance souveraine. Il a pu, dans cette vue, prêter à son héros quelques pensées, quelques sentiments,

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Tom. 6,
P. 400.

Xenoph. Cyrop. 1 1, p. 3.

quelques discours; mais le fond des événements et des faits qu'il rapporte doit passer pour vrai, et leur conformité avec l'Écriture sainte en est une preuve évidente. On peut lire la dissertation de M. l'abbé Banier sur ce sujet dans les mémoires de l'académie des Belles-Lettres.

Pour plus grande clarté, je divise l'histoire de Cyrus en trois parties. La première s'étendra depuis sa naissance jusqu'au siége de Babylone; la seconde renfermera la description du siége et de la prise de cette ville, et de tout ce qui regarde ce grand événement ; la troisième contiendra l'histoire de ce prince depuis la prise de Babylone jusqu'à sa mort.

ARTICLE PREMIER.

Histoire de Cyrus, depuis son enfance jusqu'au siége de Babylone.

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Cet intervalle, outre l'éducation de Cyrus et le qu'il fit en Medie chez Astyage, son grand-père, renferme les premières campagnes de ce prince et les importantes expéditions qui en furent la suite.

§ I. Éducation de Cyrus.

Cyrus était fils de Cambyse, roi de Perse, et de Mandane, fille d'Astyage, roi des Mèdes. Il naquit un AN. M. 3405 an après Cyaxare, son oncle, frère de Mandane.

Av. J.C. 599.

Les Perses, divisés en douze tribus, étaient alors renfermés dans une seule province de cette vaste région qui depuis a porté leur nom, et ne faisaient tous en

1 Sur cette prétendue conformité, voyez Desvignoles ( Chronol. de l'Hist, sainte, T. II, p. 476.) — L.

semble que six-vingt mille hommes. Dans la suite, cette nation ayant acquis l'empire d'Orient par la sagesse et par la valeur de Cyrus, le nom de la Perse s'étendit avec leur fortune, et comprit ce vaste espace de pays qui s'étend du levant au couchant, depuis le fleuve Indus jusqu'au Tigre, et du septentrion au midi, depuis la mer Caspfenne jusqu'à l'Ocean. Ce nom a encore aujourd'hui la même étendue.

Cyrus était bien fait de corps, et encore plus estimable par les qualités de l'esprit ; plein de douceur et d'humanité, de desir d'apprendre, d'ardeur pour la gloire. Il ne fut jamais effrayé d'aucun péril, ni rebuté d'aucun travail, quand il s'agissait d'acquérir de l'honneur. Il fut élevé selon les lois des Perses, qui pour lors étaient excellentes par rapport à l'éducation.

pag. 3-8

Le bien public, l'utilité commune étaient le principe Cyrop. 1. 1, et le but de toutes leurs lois. L'education des enfants était regardée comme le devoir le plus important et la partie la plus essentielle du gouvernement. On ne s'en reposait pas sur l'attention des pères et des mères, qu'une aveugle et molle tendresse rend souvent incapables de ce soin: l'etat s'en chargeait. Ils étaient élevés en commun, d'une manière uniforme. Tout y était réglé le lieu et la durée des exercices, le temps des repas, la qualité du boire et du manger, le nombre des maîtres, les différentes sortes de châtiments. Toute leur nourriture, aussi bien pour les enfants que pour les jeunes gens, était du pain, du cresson et de l'eau; car on voulait de bonne heure les accoutumer à la tempérance et à la sobrieté; et d'ailleurs, cette sorte de nourriture simple et frugale, sans aucun mélange de sauces ni de ragoûts, leur

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fortifiait le corps, et leur préparait un fonds de santé capable de soutenir les plus dures fatigues de la guerre jusque dans l'âge le plus avancé.

Ils allaient aux écoles pour y apprendre la justice, comme ailleurs on y va pour apprendre les lettres et les sciences; et le crime qu'on y punissait le plus sévèrement était l'ingratitude.

La vue des Perses, dans tous ces sages établissements, était d'aller au-devant du mal, persuadés qu'il vaut bien mieux s'appliquer à prévenir les fautes qu'à les punir; et au lieu que, dans les autres états, on se contente d'établir des punitions contre les méchants, ils tâchaient de faire en sorte que parmi eux il n'y eût point de méchants.

On était dans la classe des enfants jusqu'à seize ou dix-sept ans, et c'est là qu'ils apprenaient à tirer de l'arc et à lancer le javelot; après cela, on entrait dans celle des jeunes gens. C'est alors qu'on les tenait de plus court, parce que cet âge a plus besoin que tout autre d'être veillé exactement. Ils étaient dix années dans cette classe : pendant ce temps, ils passaient toutes les nuits dans les corps-de-garde, tant pour la sûreté de la ville que pour les accoutumer à la fatigue. Pendant le jour, ils venaient recevoir les ordres de leurs gouverneurs, accompagnaient le roi lorsqu'il allait à la chasse, ou se perfectionnaient dans les exercices.

La troisième classe était composée des hommes faits; et ils y demeuraient vingt-cinq ans. C'est de là qu'on tirait tous les officiers qui devaient commander dans les troupes, et remplir les différents postes de l'état, les charges, les dignités. On ne les forçait point à porter

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