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apprenoient à leurs enfans; & comme ils fe

chantoient dans les fêtes & dans les affemblées, CHA P ils étoient très-propres à perpétuer la mémoire VIII. des événemens éclattans des fiécles paffés. Le ftyle des Cantiques, hardi, extraordinaire, naturel toutefois en ce qu'il repréfente la nature dans fes tranfports, qui marche pour cette raifon par de vives & impétueufes faillies, affranchi des liaisons ordinaires que recherche le difcours uni, renfermé d'ailleurs dans des cadences nombreuses qui en augmentent la force, furprend l'oreille, faifit l'imagination, émeut & éléve le cœur, & s'imprime plus aifément dans la mémoire.

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Comme le paffage de la mer Rouge n'étoit qu'une ombre du bienfait ineffable] de la divine miféricorde, que nous recevons dans le baptême; le Cantiqué d'action de graces qui fuivit ce paffage, convient incomparablement mieux aux Chrétiens affranchis de la fervitude du démon, qu'aux Ifraélites délivrés de l'oppreffion des Egyptiens. Mais un mot de l'Apocalypfe nous apprend que ce Cantique fublime eft une prophétie du Cantique éternel de Jefus-Christ & de fes Elús. Je vis, dit S. Jean, les vain Apoc. 155-35queurs de la bête tenant des harpes devant Dieu; ils chantoient le Cantique de Moife ferviteur de Dieu, & le Cantique de l'Agneau, en difant 2 Vos œuvres font grandes & admirables, Seigneur Dieu tout-puiffant: vos voies, ô roi des fiécles font juftes véritables. C'est donc Jefus-Chrift & fa victoire qu'il faut regarder dans le Cantique de Moïfe, felon le fens, l'efprit & la vé-rité qui font renfermés en abrégé dans les pa-: roles que l'Apocalypfe met dans la bouche des Elûs. En effet, ce n'eft que dans le ciel qu'on découvre la beauté, & qu'on admire digne

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IX.

ment la grandeur des œuvres de Dieu. Les mer veilles de fa puiffance & de fa bonté dans la formation de fon Eglife; la fainteté de ses voies fur fes Elûs ; & la juftice de fa conduite fur les Réprouvés, ne peuvent être bien connues que de ceux qui voient dans l'accompliffement de fes deffeins, où fa mifericorde conduifoit les uns, & où fa juftice laiffoit aller les autres ; & comment tout contribuoit à la conftruction du temple de Dieu, & à la perfection du corps myftique de Jefus-Chrift.

CHAPITRE IX.

Le peuple dans le défert murmure contre Moife. Amertume des eaux adoucie. Nouveaux murmures. Dieu envoie premierement des cailles, & enfuite la Manne. Réglement pour la maniére de la recueillir. Ordre d'en garder pour en conferver la mémoire. Exod... 15. 16.

PRE's le paffage de la mer Rouge,

A les Ifraélites entrérent dans un va

fte defert, où perfonne n'avoit pû habiter, & qu'il falloit traverser pour aller dans la Terre promife. Ils y marchérent pendant trois jours, fans trouver d'eau. Ils arrivérent enfuite à Mara, où il y avoit de l'eau : mais elle étoit fi amére,

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IX.

qu'ils ne pouvoient en boire. Alors le peuple murmura contre Moïfe, difant: CHA P. Que boirons-nous? Moïfe invoqua le Seigneur : & le Seigneur lui montra un certain bois, qu'il jetta dans l'eau: & elle devint douce. Ce fut en ce lieu que le Seigneur commença d'éprouver fon peuple,& lui dit: Si vous obéiffez fidellement à la voix du Seigneur votre Dieu; & fi vous faites ce qui eft jufte à fes yeux; je ne vous frapperai d'aucune des maladies dont j'ai frappé l'Egypte : car je fuis le Seigneur qui vous gueris.

De-là les enfans d'Ifraël allérent à Elim, où il y avoit douze fontaines, & foixante & dix palmiers ; & ils campérent auprès des eaux. D'Elim ils pafférent dans le défert de Sin, entre Elim & Sinaï. Etant arrivés-là, ils fe mirent tous à murmurer contre Moïfe & Aaron. Plût à Dieu,difoient-ils,que nous fuffions morts dans l'Egypte par la main du Seigneur, lorfque nous étions affis auprès des marmites pleines de viandes, & que nous mangions du pain tant que nous youlions! Car vous ne nous avez amenés dans ce défert que pour nous y faire tous mourir de faim. Alors le Seigneur dit à Moïfe: Je m'en vais vous faire pleuvoir du pain du ciel : que le peuple aille en ramaffer ce qui fuffira pour chaque jour,

IX,

Car je veux l'éprouver, & voir s'il mar CHA P. chera, ou non, dans ma Loi. Moïfe & Aaron dirent donc aux enfans d'Ifraël: Ce foir vous fçaurez que c'eft le Seigneur qui vous a tirés de l'Egypte ; & demain matin vous verrez éclatter fa gloire car il a entendu vos murmúres contre lui. Moïfe ajouta : Dès ce foir le Seigneur vous donnera de la chair à manger ; & demain matin, du pain tant que vous en voudrez; parce qu'il a entendu les paroles de murmure que vous, avez proférées contre lui. Car pour nous, qui fommes-nous ? Ce n'eft pas nous que vos murmures attaquent : c'est le Seigneur.

Sur le foir il vint un grand nombre de cailles qui couvrirent tout le camp; & le lendemain au matin, la terre se trouva couverte d'une efpéce de rofée blanche, femblable à ces petits grains de gelée blanche, qui fe forment fur la terre durant l'hiver. Les enfans d'Ifraël l'ayant vûe, fe difoient l'un à l'autre : Man-bu, qui veut dire, queft-ce que cela? car ils ne fçavoient ce que c'étoit. Moïfe leur dit: C'eft-là le pain que le Seigneur vous, donne à manger. Que chacun en ramaffe: ce qu'il lui en faut pour fe nourrir. Et il 1 leur marqua la mefure qu'on devoit pren dre pour chaque perfonne, Les enfans,

'Ifraël firent ce que Moïfe leur avoit dit; & ils en ramafférent, les uns plus, CHAP les autres moins. Mais quand on vint à IX. le mefurer, celui qui en avoit plus amaffé n'en eut pas davantage, & celui qui en avoit moins pris n'en eut pas moins. Les enfans d'Ifraël donnérent à cette nourriture le nom de Manne. Chacun la recueilloit tous les jours au matin. avant le lever du foleil: car dès que le foleil commençoit à faire fentir fa chaleur, elle fe fondoit. Il n'étoit point permis d'en garder pour le lendemain. Ceux qui en gardoient, la trouvoient toute corrompue. Mais le fixiéme jour de la femaine, on en recueilloit pour deux jours; parce que le lendemain qui étoit le Sabbat, il n'en tomboit point : & alors celle qu'on avoit gardée de la veille fe confervoit fans fe corrompre. Le peuple la broyoit fous la meule, ou la piloit dans un mortier: il la mettoit cuire enfuite dans un pot, & en faifoit des tourteaux, qui avoient le goût du pain de la plus pure farine, partrie avec de l'huile & du miel. C'eft là le pain dont furent nourris les Ifraélites tant qu'ils demeurérent dans le de-fert. Aaron, par l'ordre de Dieu, en remplit un vafe, qui fut mis dans le Tabernacle devant le Seigneur; afin que

Nomb. 11.8

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