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les races futures des enfans d'Ifraël

CHAP. fçuffent de quoi le Seigneur avoit nourIX. ri leurs peres dans le défert, après les avoir tirés d'Egypte.

ÉCLAIRCISSEMENS ET RÉFLEXIONS.

[Après le paffage de la mer Rouge les Ifraélites entrérent dans un vafte défert, qu'il falloit traverfer pour aller dans la Terre promife. ] Ils ne paffent pas tout d'un coup dans ce lieu de repos mais Dieu les fait féjourner long-temps dans un défert aride, où ils fouffrent beaucoup. Ainfi nous n'arrivons pas auffitôt après le baptême à la gloire que Dieu nous promet : mais nous foupirons long-temps dans l'exil & dans le défert de cette vie, éxercés par toutes fortes d'épreuves, & attaqués par des ennemis invifibles, qui emploient tantôt la rufe & tantôt la violence , pour nous faire périr dans le che

min.

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[Le Seigneur lui montra un certain bois, qu'it jetta dans l'eau, & elle devint douce. ] La vertu de ce bois étoit naturelle, puifque le Saint-Efprit après avoir dit dans l'Eccléfiaftique que Eccli. 38.4.5. c'est le Très-haut qui a créé les remédes, & que· l'homme fage n'en aura point d'éloignement ajoûte auffitôt : L'amertume de l'eau n'a-t-elle pas été adoucie par le bois que Moife y jetta ? 11 eft néanmoins difficile de penser que cet effet foit arrivé ici fans miracle, & par des voies purement naturelles. Comment auroit-on pû avoir affez de ce bois & le laiffer tremper affez long-temps, pour corriger par la vertu

IX.

Sur l'Exod.

naturelle la prodigieufe quantité d'eau qui étoit continuellement néceffaire à deux millions CHAP. d'hommes ? Ce bois, dit S. Auguftin, dans fa nature & dans fes effets, a été la figure de la croix de Jesus-Chrift, & il nous en a représenté la vertu & les effets. C'eft ce bois fanctifié par le queft. 57. fang d'un Dieu, qui nous guérit de cette aigreur & de cette amertume, que notre propre corruption nous fait trouver dans toutes les chofes que Dieu nous commande. C'est ce bois facré qui rempliffant nos ames de la vertu céleste & fpirituelle de fa grace, nous rend doux ce qui nous fembloit amer, & qui a fait trouver aux martyrs & aux pénitens leur paix & leur joie dans ce que les tourmens ont de plus cruel, & la mortification de plus affreux.

[Ils fe mirent tous à murmurer contre Moïse

Aaron. ] L'occafion de ce murmure vint, comme l'hiftorien Jofeph le remarque, de ce que les Ifraélites ayant vécu jufqu'alors de ce qu'ils avoient apporté d'Egypte, & voyant qu'ils n'avoient plus rien, craignirent de mourir de faim, & le repentirent d'être fortis d'Egypte. Plut à Dieu, difent-ils, que nous fuffions morts dans l'Egypte, où nous étions affis auprès des marmites pleines de viandes, & où nous mangions du pain tant que nous voulions! Quel malheur pour une ame que Jefus-Christ a appellée à le fuivre, de fe décourager dès qu'il retire fes confolations, ou qu'il différe de la fecou-rir dans les épreuves; de compter pour rien les graces reçûes; de porter l'ingratitude & l'infidélité jufqu'à regretter l'efclavage dont elle a été tirée par miféricorde, & à préférer les délices criminelles de l'Egypte aux faints éxercices de La vie chétienne, & aux falutaires rigueurs de: La pénitence!

CHAP.
IX.

Seg. 1. 7.

ככ

[ Dieu a entendu vos murmures. ] «L'Efprit du Seigneur, dit la Sageffe, remplit l'Uni» vers ; & comme il contient tout, il connoît ce auffi tout ce qui fe dit. C'eft pourquoi celui qui profére des paroles d'iniquité ne peut fe cacher de lui ; & il n'échappera point au » jugement qui doit tout punir. L'impie fera » éxaminé fur fes penfées; & fes difcours iront ဘ jufqu'à Dieu, qui les entendra pour le punir de 32 fon iniquité. Car l'oreille jaloufe [ de Dieu ] » entend tout; & le moindre murmure ne lui » fera point caché. »

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[Pour nous, qui fommes-nous ? Ce n'eft pas nous que vos murmures attaquent: c'eft le Sei gneur.] Perfonne, au moins de ceux qui ont quelque fentiment de crainte de Dieu, n'oferoit jamais murmurer directement contre lui. Mais qu'il y en a peu qui ne fe donnent la liberté de parler mal de ceux que Dieu a établis pour les gouverner, dès qu'ils croient avoir fujet d'en être mécontens! On fe croit tout permis à leur égard ; & on ne pense pas que ces murmures attaquent Dieu même, dont ils tiennent la place, & dont ils éxécutent les ordres..

[C'eft-là le pain que le Seigneur vous donne à manger. ] Ce pain eft la manne ; & il y a quatrechofes à remarquer principalement dans ce que Ecriture en dit.

I. Il falloit la recueillir avant le lever du foleil autrement elle fe fondoit aux premiers Sag. 16. 28. rayons. C'étoit, dit la Sageffe. afin que tout le monde fçût qu'il faut prévenir le foleil pour be-nir Dieu, & qu'on doit l'adorer dès le point dw jour.

II. On ne devoit en recueillir que ce qui fuffifoit pour chaque jour ; & il n'étoit point permis d'en garder pour le lendemain.. Dieu

apprenoit par-là aux Ifraélites, & en leur perfonne aux Chrétiens, la même vérité que Jefus- CHAP Chrift enfeigne dans le fermon fur la monIX. tagne: Ne vous inquiétez point pour le lendemain: car le lendemain s'inquiétera pour lui- Mat. 6.34. même. A chaque jour fuffit fa peine. Dieu veut que nous aimions à dépendre de fa providence; à nous repofer de notre fubfiftance fur la bonté ; à fentir chaque jour le befoin que nous avons de lui; à ne point porter nos inquiétudes dans l'avenir, à ne lui demander que le pain de chaque jour.

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2. Cor.

III. Quand les Ifraélites eurent recueilli la manne pour la premiére fois, & qu'on vint à mefurer ce que chacun avoit ramaflé; l'Ecriture dit que celui qui en avoit plus recueilli n'en eut pas d'avantage; que celui qui en avoit mains pris n'en eut pas moins. Tout fut reduit à l'égalité. Chacun en eut pour vivre ce jourla, & rien davantage. Saint Paul en faifant ufage de ces paroles de l'Ecriture pour recommander 14. 15. l'aumône aux Chrétiens, nous apprend à regarder les biens de la terre comme une manne du Ciel, & un don de Dieu, qui eft auffi-bien pour les pauvres que pour les riches. La terre & tout ce qu'elle renferme appartient à Dieu. C'est lui qui la couvre réguliérement chaque année de toutes fortes de biens pour les befoins de fes créatures, comme c'étoit lui qui faifoit tomber tous les jours la manne pour la nourriture de fon peuple. Ce riche pere de famille a de quoi nourrir abondamment tous fes enfans & tous fes ferviteurs; & s'il paroît au dehors faire un partage fi inégal de fes biens en donnant beaucoup aux uns, & presque rien, aux autres; ce n'eft que parce qu'il veut que les riches foient les miniftres & les coopéra

teurs de fa Providence à l'égard des pauvres.

CHAP. Il met la portion de ceux-ci entre les mains IX. des riches. Le fuperflu des uns devient le néceffaire & le patrimoine des autres. Les riches ne font que des économes & des difpenfateurs, chargés de diftribuer aux pauvres la portion des biens de Dieu qui leur eft confiée, après qu'ils en ont pris ce qui eft néceffaire pour leur fubfiftance. Par-là tout eft rétabli dans l'ordre naturel: tout eft rappellé à une espéce d'égalité; & les deffeins du Créateur font accomplis. Que votre abondance, dit l'Apôtre, Supplée à leur pauvreté,.... afin que tout foit réduit à l'égalité, felon ce qui eft écrit de la manne : Celui qui en avoit recueilli beaucoup, n'en eut pas

Sag. 16. 20.

V.25.

plus que les autres; & celui qui en avoit recueilli

peu, n'en eut pas moins.

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IV. Le Saint-Efprit, dans le livre de la Sageffe, ajoûte une circonftance très-remarquable , que nous ne devons pas omettre. «<< Vous → avez donné à votre peuple, Seigneur, la → nourriture des Anges: vous leur avez fait pleuvoir du ciel un pain préparé fans aucun travail, qui renfermoit en foi tout ce qu'il ya de délicieux, & tout ce qui peut être agréa ble au goût. Car cette fubftance que vous » donniez à vos enfans, montroit votre bon» té envers eux; puifque s'accommodant à la » volonté de chacun d'eux, elle fe changeoit » en tout ce qu'il lui plaifoit; ... & fe tranf» formoit en toutes foites de goûts, pour obéir » à votre grace qui nourrit toutes choles ; . . . » afin que vos enfans que vous aimez, recon» nuffent, Seigneur, que ce ne font pas les » fruits nés de la terre, qui nourriffent les homɔɔ mes, mais que c'eft votre parole [ votre volonté] qui conferve ceux qui croient en vous. »

....

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