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IX.

La manne avoit donc deux fortes de goûts; l'un qu'on peut appeller naturel & ordinaire, CHA P. femblable à celui de la plus pure farine mêlée avec du miel; l'autre furnaturel & extraordinaire qui changeoit au gré de ceux qui en mangcoient. Mais S. Auguftin croit, & il y a Aug. retract. beaucoup d'apparence, que cet effet n'avoit liv. 2. c. 29, lieu que dans les Ifraélites fidelles à Dieu pleins de reconnoiffance pour la bonté, & qui aimoient à dépendre de få Providence ; & non dans les charnels, & les murmurateurs. Car comment ces derniers auroient-ils été dégoûtés de cette nourriture, & auroient-ils regretté les viandes d'Egypte, s'il avoit été en leur pouvoir de lui donner tel goût qu'ils auroient voulu ?

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TOUT ce qui vient d'être dit regarde la manne confidérée en elle-même. Mais les paroles du Livre de la Sageffe, & fur tout celles où la manne eft appellée, comme dans les pleaumes, le pain du ciel, la nourriture des Anges, nous infinuent clairement qu'il y a quelque myftére caché fous ce pain miracu

leux. S. Paul, qui l'appelle une viande mysté- 1.Cor.10.gi rieuse ne nous permet pas d'en douter Jefus-Chrift lui-même nous dévoile le mystére,

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&

& nous apprend que c'est lui qui eft le pain figuré par la manne. Les Juifs lui ayant dit, Nos Jean. 6. 31% peres ont mangé la manne dans le défert, fe- 32. lon qu'il eft écrit; Il leur a donné le pain du ciel à manger il leur répond: En vérité en vérité je vous le dis; Moïse ne vous a point donné le pain du ciel mais c'est mon Pere qui vous donne le vrai pain du ciel. Par où il montre d'abord, que la manne n'est appellée dans l'Ecriture le pain du ciel que par rapport à celui qu'elle repréfente. Il dit enfuite: Je fuis le pain v.51

IX.

vivant qui fuis defcendu du ciel. Si quelqu'un

...

CHA P. mange de ce pain, il vivra éternellement : & le pain que je donnerai, c'est ma chair que je dois donner pour la vie du monde.. Il n'en est pas de ce pain comme de la manne. Vos peres ont mangé la manne, & ils font morts. Celui qui mange ce pain, vivra éternellement. C'eft donc Jefus-Chrift qui eft le vrai pain du ciel, le vrai pain des Anges, non formé dans l'air, & répandu fur la terre comme la manne, pour empêcher pendant quelque temps les Ifraelites de mourir; mais né dans le ciel, envoyé aux hommes par l'Incarnation, toujours vivant,toujours vivifiant, toujours répandant la vie de la foi & de la charité dans les fidelles qui marchent dans le défert de ce monde ; toujours principe d'une vie immortelle dans les Saints, qui s'en nourriffent éternellement. Sa chair eft dans l'EuApoc. 2. 17. charistie une manne cachée dont fe nourriffent les vrais Ifraélites c'est-à-dire ceux qui étant fortis de l'Egypte, & délivrés de la captivité du démon, vivent dans cette terre déferte, fans route & fans eau, comme des étrangers & des voyageurs; qui cherchent la Terre promife, & dont le cœur ne connoît d'autre confolation que de foupirer après cet heureux féjour. La manne étoit une nourriture morte & inanimée, qui laiffoit les Juifs efclaves de la mort & de l'ame & du corps. La chair de Jefus-Christ eft un pain vivant, principe de la vie éternelle pour les ames; germe d'immortalité pour les corps; fource inépuifable de paix & de joie, de force & de courage pour les vrais fidelles ; viande délicieufe pour ceux qui fçavent la goûter; qui méprifent les trompeufes douceurs des viandes & des fruits de l'Egypte ; qui marchent fous les yeux de Dieu; dociles à fa lumiere

·

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X.

& à la voix de leurs conducteurs ; foumis aux
ordres de fa providence; pleins de reconnoif- CHA P.
fance pour fes dons; patiens dans les plus ru-
des épreuves, & dans les privations les plus
fenfibles à la nature. Mais pour ceux qui man-
gent cette manne adorable avec l'ingratitude,
f'infidélité, le dégoût, le murmure, l'indoci
lité des Juifs, & avec leur efprit de révolte à
l'égard des Pasteurs légitimes; elle devient un
poifon, qui leur donne une double mort,
loin
de les empêcher de mourir: elle les éloigne
& les exclut de la Terre promife aux Elûs, loin
de les en approcher, & de les y introduire.
Seigneur, donnez-nous toujours ce pain, fans Jean 6. 34.
lequel nous ne pouvons vivre. Mais loin de nous
le cœur d'ennemis ou d'efclaves, qui nous en
rend indignes. C'eft un cœur d'enfans que vous
demandez. Donnez-nous ce cœur, ô mon Dieu,
afin que nous mangions dignement & avec fruit
le pain des enfans.

- CHAPITRE X.

୭୧

Murmure des Ifraélites. Dieu fait fortir de
l'eau d'un rocher. Ifraël attaqué par les
Amalecites. Mains de Moife étendues
rendent Ifraël victorieux. Exod. 17.

Ous les enfans d'Ifraël partirent
du défert de Sin ; & ayant paffé
par les lieux que Dieu leur avoit mar-
qués, ils arrivérent à Raphidim. Le peu
ple n'y trouvant point d'eau, fe mit à

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X.

crier contre Moïfe,& dit: Donnez-nous CHAP. de l'eau pour boire.Moïfe leur répondit: Pourquoi criez-vous contre moi? pourquoi tentez-vous le Seigneur? Mais eux, preffés de la foif, & n'ayant point d'eau, s'emporterent contre lui. Pourquoi, dirent-ils, nous avez-vous fait fortir de l'Egypte, pour nous faire mourir de foif, nous, nos enfans, & nos beftiaux? Alors Moïfe cria au Seigneur, & lui dit : Que ferai-je à ce peuple? bientôt ils me lapideront. Dieu lui dit : Marchez devant le peuple: menez avec vous des Anciens d'Ifraël : prenez en main la verge dont vous avez frappé le fleuve, & allez au rocher d'Horeb. Je me trouverai là moimême préfent devant vous: vous frapperez le rocher,& il en fortira de l'eau, dont le peuple boira. Moïfe fit à la vûe des enfans d'Ifraël ce que le Seigneur Pf. 77. 15. lui avoit ordonné. A l'inftant Dieu fendit le rocher, & il en fortit de l'eau en fi grande abondance qu'elle couloit comme des riviéres dans ce lieu fec & aride. Et il appella ce lieu Tentation & Contradiction, à caufe du murmure des enfans d'Ifraël, & parce qu'ils avoient là tenté le Seigneur, en difant : Le Seigneur eft-il au milieu de nous, ou n'y eft-il pas ?

16.

PT. 104.41.

Lorfque les Ifraélites arrrivoient à

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CHAP.

X.

Raphidim, les Amalécites vinrent les attaquer. Ils les chargérent en queue; & fans être touchés d'aucune crainte de Dieu,tuérent ceux que la laffitude avoit Deut. 25. 8. obligés de demeurer derriére, & qui étoient épuifés de faim & de fatigue. Moïfe dit à Jofué: Choififfez-nous des gens de cœur, & aliez combattre contre les Amalécites.Demain je me tiendrai fur le haut de la colline, ayant en main la verge de Dieu. Jofué fit ce que Moïfe lui avoit commandé, & il marcha au combat contre les Amalécites. Mais Moïfe, Aaron, & Hur montérent fur le haut de la colline. Pendant le combat, lorfque Moïfe tenoit les mains élevées, les Ifraélites étoient victorieux, mais lorsqu'il les baiffoit, les Amalécites avoient l'avantage. Aaron & Hur voyant qu'il n'avoit plus la force de tenir fes mains élevées, le firent affeoir fur une pierre, & ils lui foutenoient les mains des deux côtés. Ainfi fes mains demeurerent fermes jufqu'au coucher du foleil. Jofué défit les Amalécites, & en fit paffer un grand nombre au fil de l'épée. Après cette victoire, le Seigneur dit à Moïfe: Ecrivez ceci dans un livre, pour en conferver la mémoire ; & faites fçavoir à Jofué que j'exterminerai le nom d'Amalec de

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