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à la vie,rien d'abfolument néceffaire, que d'obéir

à Dieu, en accompliffant la Loi du Décalogue CHA P. comprife en fubftance dans le double précepte XIII. de l'amour de Dieu & du prochain. L'homme peut fe trouver dans une fituation,où il lui feroit impoffible d'obferver les autres loix ; & alors il en feroit difpenfé. Mais il ne peut jamais être déchargé de l'obligation d'adorer Dieu en efprit & en vérité, de l'aimer de tout fon cœur, & son prochain comme foi-même ; parce qu'il n'y a point de moment dans la vie, ou l'homme faiTant ufage de fa raison, ne puiffe remplir ces grands devoirs. C'eft pour cela que Dieu dit aux Juifs par fon Prophéte, qu'il n'a point ordonné à leurs peres, au jour qu'il les a tirés de l'Egypte, de lui offrir des holocauftes des victimes; mais d'écouter la parole: montrant par-là que le devoir effentiel & indifpenfable de l'homme,eft une foumiffion d'efprit & de cœur à la volonté de Dieu manifeftée par fa parole: fans quoi tous les facrifices, & tous les actes extérieurs de religion, font comptés pour rien.

IV. Au refte, ces actes qui fe rapportent par eux-mêmes au culte divin, ne doivent pas être confondus avec ce que nous avons appellé les loix cérémonielles. Célébrer des fêtes en mémoire des bienfaits de Dieu; lui immoler des victimes; lui offrir des fruits de la terre ; avoir certains lieux deftinés pour les affemblées & les cérémonies de religion, & un ordre de Miniftres chargés de les exercer au nom du Peuple; toutes ces chofes ne font point étrangères à la loi naturelle: elles font plutôt des dépendances du premier précepté de cette Loi. Les facrifices offerts àDieu étoient auffi anciens que le monde. Il paroît par l'éxemple de Melchifedech appellé Prêtre du Très-haut, qu'il y avoit des Miniftres des chofes faintes diftin

gués des autres hommes;& nous voyons qu'avant CHAP. la publication de la Loi, Dieu avoit ordonné à XIII. fon Peuple la célébration de la fête de Pâques

& la confécration des premiers-nés. Quand donc les Ifraélites auroient rempli fidellementles claufes effentielles du traité 'Alliance; il y auroit toujours eu parmi eux des cérémonies de religion réglées par l'autorité divine; parce qu'il étoit du bon ordre qu'il y eût de l'uniformité dans le culte public: ce qui ne pouvoit être, s'il eut été abandonné au caprice de chaque particulier. Ainfi tout ce qui fait partie du culte religieux, tout ce qui eft une expreffion des fentimens intérieurs de l'homme envers fon créateur, ou qui a pour fin d'exciter dans fon cœur ces fentimens, est trèsdifférent de ces préceptes qui ne font pas bons, & de ces ordonnances où l'on ne trouve point la vie, dont Dieu achargé après coup le peuple Hébreu. 11. Les Juifs n'ont point obfervé les conditions de l'Alliance. Pourquoi.

1, Si les fecours extérieurs pouvoient fuffire pour rendre l'homme fidelle à Dieu; il ne manquoit rien aux Ifraélites de tout ce qui étoit le plus capable de les porter à l'observation de fa Loi. Dieu venoit de fignaler fa puiffance en Egypte par des prodiges fans nombre, aufquels le paffage de la mer Rouge avoit mis le comble. La colonne de nuée & de feu, l'eau tirée du roc qui les fuivoit dans le défert, la manne qui tomboit du ciel tous les matins, étoient des miracles fubfiftans d'une Providence attentive à tous leurs befoins. Dieu les fait avertir qu'il a réfolu de contracter Alliance avec eux : il se rend présent fur la montagne de Sinaï pour leur faire entendre fes volontés: il leur parle du milieu des feux, des éclairs, des tourbillons de fumée, & dans l'appareil le plus capable de leur infpirer un profond

refpect pour la Loi : il propofe les dix articles de cette Loi: il infifte principalement fur le premier, comme fur le plus effentiel à la religion: il le fait précéder du fouvenir de fes bienfaits & de fa puiffance: il le conclut par de terribles menaces : il a la précaution de ne fe montrer à eux fous aucune forme visible, de peur, dit l'Ecriture qu'étant féduits ils ne fe fiffent quelque figure d'homme ou d'animal, pour repréfenter la divinité. Tout le peuple lui jure folennellement une parfaite obéiffance. Cependant tout cela fe termine à une honteufe prevarication, & à la tranfgreffion manifefte du premier de tous les Commandemens. Il en a été de même dans tous les temps. Les enfans n'ont point été meilleurs que leurs peres : & quoique de temps en temps ils re nouvellaffent la promeffe de garder la Loi; ils en ont toujours été tranfgreffeurs, comme les prophétes le leur reprochent en mille endroits.

II. Il y a dans l'homme deux grands obstacles à l'accompliffement de la Loi de Dieu, l'ignorance & la concupifcence. La connoiffance que Dieu donna aux Ifraélites des commandemens de fa Loi,remédioit à l'ignorance où le genre humain avoit été à l'égard de fes devoirs depuis le péché d'Adam. Mais il reftoit un autre obstacle plus difficile à vaincre que le premier: c'étoit l'amour défordonné de foi-même & des créatures, qui rend l'homme fecrettement ennemi de la loi de fon Dieu; parce qu'elle le met à la gêne, en voulant le remettre dans l'ordre. Cet amour s'étoit emparé du cœur humain, depuis que le péché en avoit banni la Charité : & comme c'est par la Charité qu'on accomplit la Loi ; l'homme avoit befoin que Dieu créât dans lui un nouvel amour plus fort que le premier, qui changeât la pente de la volonté, en lui faifant hair ce qu'elle aimoit,

CHA P.

XIII.

XIII.

& aimer ce qu'elle haïffoit auparavant. Sans le CHA P. don de ce nouvel amour, tous les fecours extérieurs laiffoient le cœur de l'homme fous l'empire de la concupifcence.Ainfi leJuif comblé des bienfaits de Dieu, éclairé par la connoiffance de fa Loi, effrayé par fes menaces, excité par fes promeffes, mais dominé par un amour oppofé à fa fainte volonté, ne faifoit pas le bien que la Loi commande,& faifoit le mal qu'elle défend.Il pouvoit bien par un mouvement de crainte, par l'efpérance des biens temporels, ou par d'autres motifs humains, obferver à l'extérieur certains commandemens. Mais aimer Dieu de tout fon cœur, qui eft le premier & le plus grand de tous; s'abftenir des actions injuftes, & réprimer fes mauvais défirs par le mouvement de cet amour; c'étoit ce que ni la lettre de la Loi, ni les promesfes, ni les menaces', ne pouvoient donner; & l'homme ne trouvoit pour cela aucune reffource dans fon propre cœur ; parce que la Loi, dit faint Paul, eft fpirituelle, & que l'homme eft charnel, vendu pour être affujetti au péché, c'eft-à-dire, à la concupifcence.

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III. Il arrivoit de là, comme l'enfeigne le même Did.v.7.&e. Apôtre, que la Loi quoique jufte & lainte, étoit pour l'homme une nouvelle occafion de devenir

RO. 4. 5.

plus criminel: & c'eft pour cela qu'il l'appelle . Cor. 1.6. une lettre qui tue, un ministére de mort & de cond.v.7.&. damnation,la force du péché, une loi qui produit la Cor.1.6. colére. Car la concupifcence irritée par les défenfes de la Loi, s'eft rendue plus impérieufe,& plus dominante. Les digues qu'on lui oppofoit au dehors, loin de la refferrer,l'ont fait déborder avec encore plus de fureur:& au lieu que la Loi devoit fervir de frein à l'homme contre fes mauvais penchans, & contre fes vices; elle a paru leur donner un nouvelle activité, en lui rappellans

le. fouvenir de ce qui étoit défendu. Avant que la

Loi lui eût dit, Vous n'aurez point de mauvais de- CHA P. firs; il ne fçavoit ce que c'étoit que mauvais defirs. XIII, Il péchoit en s'y livrant, parce que l'ignorance où il étoit à cet égard, venoit de la dépravation de fon cœur : mais il étoit moins coupable; & il pouvoit en quelque façon s'excufer, en difant: Si j'avois connu que ce fut un mal, je ne l'aurois. pas fait. Il n'en eft pas de même depuis que la Lọi lui a montré fes devoirs. Il péche contre fa propre lumiére: il défobéit de propos délibéré à des Commandemens diftinctement connus ; & il ne peut rejetter fa défobéiffance que fur fav lonté perverfe, & fur le criminel ufage qu'il fait de fa liberté. Ainfi il s'eft trouvé que le Commandement qui devoit fervir à lui donner la vie, a fervi à lui donner la mort : & les Juifs, malgré tous leurs priviléges, demeuroient ou vifiblement coupables, ou fauffement juftes; étant, ou tombés ouvertement par une défobéiffance manifefte à la Loi de Dieu, ou follement enflés

vo

par

Ro. 7. 15.

la vaine estime d'un fantôme de juftice. Ita re- Aug. ad Bos manent, aut apertè iniqui,aut fallaciter jufti; in nit. 1.3 6.7. apertà iniquitate evidenter elifi, in fallaci juftitia n. 20. infipienter elati.

III. Si l'ancienne Alliance a quelque rapport à

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celle que Dieu avoit faite avec Abraham.

Pour peu qu'on fe fouvienne de l'histoire d'Abraham,& de nos réfléxions fur les promeffes que Dieu lui a faites, & fur la foi avec laquelle il les a reçûes; on appercevra aifément que l'Alliance avec fes defcendans eft d'une nature toute différente,& que l'une n'étoit rien moins que la fuite & l'accompliffement de l'autre.

I. Dieu avoit promis à Abraham, & à la nombreufe famille dont il devoit être le pere felon

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