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lomniateur public, ni un médisant secret ] La CHAP. calomnie publique, qui attaque à vifage découXXI. vert la réputation du prochain par de fauffes accufations, eft affurément un grand crime, de quelque côté qu'on la regarde. Mais je ne fçai s'il y a rien de plus noir & de plus funefte que la médifance fecrette, qui confiste dans des rapports vrais ou faux, qu'on fait à une perfonne en confidence & fous le fecret, de ce qu'un autre a dit ou fait contre elle. De tels rapports, foit qu'il viennent de malignité ou de légèreté, font des traits empoifonnés qui percent le cœur, & qui y font des plaies mortelles & incurables de haine & de defir de vengeance; fans que l'accufé, qui ne fçait point ce qu'on a dit de lui,ait aucun moyen, ni de fe juftifier s'il eft innocent; ni de s'expliquer fi on l'a mal entendu, ni de faire fatisfaction s'il a tort. Prov. 26, 27. Les paroles du médifant fecret, dit le Sage, font Simples en apparence: mais elles pénétrent jufqu'au fond du cœur. Un feul mot lâché comme par hazard, produit ce: funefte effet. Maudit celui, dit encore le Sage, qui médit en fecret, parce qu'il met le trouble parmi ceux qui vivoient en paix.

Eccli. 17. 15.

En vain prétendroit-on s'excufer fur ce qu'on n'a rien dit que de vrai. La médifance ne peut jamais être innocente. Elle eft en elle-même moins criminelle que la calomnie: mais les fuites en font quelquefois plus fâcheufes; & le mal qu'elle fait eft toujours plus difficile à guérir. L'humble rétractation d'une calomnie peut reftituer au prochain l'honneur qu'on a voulu lui ravir: Mais que peut faire le médisant pour réparer le tort qu'il a fait à fon frere par un rapport, qui eft tout enfemble, & conforme à la vérité, & com traire à la charité?

Exod. 23. 1.

La loi de Dieu ne deffend pas feulement de médire: elle deffend auffi de prendre part à la médi- CHAP. fance, en y prêtant l'oreille: Vous ne prêterez XXI. point l'oreille aux paroles de menfonge. Un des caractéres de l'homme jufte, felon David, eft de ne point écouter les difcours qui déshonorent le prochain. Il met en pratique cet avis du Sage: Fai- Eccli. 28, 28. tes comme une baie d'épines à l'entrée de vos oreilles, n'écoutez point la méchante langue. Où seroient les médifans, fi tout le monde fermoit l'oreille à la médifance ?

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La même Loi qui condamne expreffément le menfonge, la médifance & la calomnie comme contraire à la vérité, & à la charité, condamne par une conféquence néceffaire, toute parole, tout jugement, & tout foupçon qui bleffe ou la vérité, ou la charité, ou qui eft tout ensemble contraire à l'une & à l'autre.

Pf. 14. 3

C'est donc pécher contre la Loi de Dieu, que de former un jugement défavantageux au prochain, fans y être en quelque maniére forcé par l'évidence. Un jugement eft injufte & téméraire, felon l'oracle de la vérité même, dès qu'il n'eft fondé que fur des apparences. Ne ju- Jean. 7. 240 gez pas fur les apparences, mais jugez felon la justice.

C'eft pécher contre la Loi, de Dieu, que de donner entrée dans fon efprit à un mauvais foupçon contre le prochain, à moins qu'on ne voie une apparence de mal; ; parce que la charité,dit S. 1. Cor. 13.50 Paul, ne penfe point le mal; & que fouçonner du mal où il n'en paroît point, eft l'effet d'une fecrette malignité, dont le prochain auroit raison de fe plaindre, fi elle lui étoit connue ; & dont nous nous plaindrions nous mêmes, fi cette Alé→ triffure nous regardoit

Mais rien n'eft plus injurieux à la vérité, ni CHAP. plus préjudiciable au prochain, que la flatteXXI. rie, c'est-à-dire des louanges ou fauffes, ou outrées, ou prodiguées fans néceffité, & par d'autres vûes que celle d'une véritable utilité. En général, toute louange, même la plus jufte & la plus néceffaire, eft très - dangereufe pour celui à qui elle eft donnée. La grande maladie de l'homme eft l'orgueil, & la bonnc opinion de foi-même ; & rien n'est plus capable d'augmenter cette maladie que les louanges, lors même qu'elles font conformes à la vérité, & données pour une bonne fin. Mais louer dans un homme de bonnes qualités & des vertus qu'il n'a point; ou faire valoir celles qu'il a, beaucoup au-delà de l'éxacte vérité ce qui fe fait prefque toujours par des vûes baf fes, & indignes du chrétien & de l'honnête homme; c'eft mentir au Saint-Efprit; c'est préfenter au prochain un poifon mortel dans un breuvage doux & agréable. Car quiconque s'eft une fois laiffé enyvrer par les louanges des flatteurs, n'eft plus capable de voir fes deffauts, ni d'écouter la vérité.

Mat. 1.44.

[Vous n'aurez point de haine dans le cœur contre votre frere, &c. jufqu'à la fin de l'article. ] Qui ne s'étonnera, après avoir lû ces loix, qu'on ait ofé avancer de nos jours contre l'évidence même, que la Loi ancienne ne deffendoit ni le reffentiment des injures, ni même le defir de la vengeance; & que l'amour des ennemis eft une perfection propre à la loi Evangé ique, qui n'obligeoit perfonne avant JesusChrift? Ne femble-t'il pas ici que c'eft JesusChrift lui-même qui parle, & qui nous dit; Aimez vos ennemis : faites du bien à ceux qui vous haiffent, & priez pour ceux qui vous perfé

autent &qui vous calomnient? Car Dicu ne

XXI.

deffend pas feulement les actions extérieures CHA P. de vengeance, & les fentimens de haine contre un ennemi: il veut qu'on étouffe jufqu'au fouvenir des injures qu'on a reçues : il exige que par des fecours & des fervices rendus au befoin , on montre qu'on aime fon prochain dans le temps même qu'on en eft haï enfin il déclare qu'on s'expofe à fe rendre coupable à fon fujet, fi, dans la vûe & par le défir de fon falut, on ne tâche de lui ouvrir les yeux fur fa faute, en la lui repréfentant. Et comme l'expérience nous. convainc que ce reméde ne peut réuffir, s'il n'est préparé avec adreffe, & tempéré par toute la douceur & les ménagemens que la charité feule peut apprendre; ce feul mot, faites-lui connoître fa faute, renferme tout enfemble l'obligation & les conditions de la correction fraternelle. Voilà toute la doctrine de l'Evangile, fur l'amour des

ennemis.

:

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Il est vrai qu'au temps de Jefus-Chrift il y avoit parmi les Juifs une maxime fort commune: Vous aimerez votre ami (a), & vous haï- Mat. 5. 43; rez votre ennemi. Mais ces derniéres paroles qui autorifent la haine des ennemis ne font pas du texte de la Loi c'eft une addition & une fauffe glofe des Docteurs Juifs, plus appliqués à fatter les inclinations perverfes de l'homme, qu'à conferver la pureté de la Loi de Dieu. Jefus Chrift n'a donc point propofé de nouvelles régles de perfection, en nous deffendant la vengeance, & en nous comman- Mat. 5. 44° dant d'aimer nos ennemis, & de leur pardon- Mat, 18, 35m ner du fond du cœur : il n'a fait que rétablir

par

fon autorité les régles anciennes & immuables que l'homme charnel s'efforçoit d'anéan

(a) Ou votre prochain.

tir, en leur fubftituant de fauffes maximes, plus CHA P. favorables à la corruption de fon cœur. XXI.

Exod: 21. 13. 13. 14.

AVANT que de fortir de cet article, je prie le lecteur chrétien de bien pefer toutes les loix qui regardent le prochain & d'observer avec quelle droiture, quel défintéreffement, quels égards, quelle bonté, Dieu veut que les Juifs traitent leurs freres; quels fentimens de compaffion il veut qu'ils aient pour les pauvres, les veuves, les orphelins, & les étrangers. Qu'après cela il éxamine la conduite de la plupart des chrétiens ou plutôt que chacun éxamine fa propre conduite fans fe flatter ; & qu'il avoue avec confufion, que parmi ceux qui font profeffion de la religion chrétienne, dont la charité eft l'ame, & qui ne commande proprement que la charité, il y a fouvent moins de justice, moins d'humanité moins d'attention aux befoins des miférables, que dans la religion Judaïque; & qu'il n'eft que trop ordinaire de voir des difciples de Jefus-Chrift, parmi ceux-même qui ont embraffé la perfection Evangélique, plus durs envers leurs frères, que les difciples de Moïfe.

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II. Loix pour l'adminiftration de la

juftice.

I. Si quelqu'un frappe

,

frappe un homme, & qu'il en meure qu'il foit puni de mort. Si cependant il n'a eu aucun mauvais deffein contre lui, mais que Dieu l'ait fait tomber entre fes mains [ par quelque rencontre imprévûe; ] je vous marquerai un lieu où il pourra fe réfu

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